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Régiment de sécurité présidentielle (RSP) : Origines et missions
Publié le jeudi 1 octobre 2015  |  Le Quotidien
Burkina
© AFP par Sia Kambou
Burkina Faso : les soldats burkinabè prennent d`assaut les casernes militaires de l`ex-RSP
Mardi 29 Septembre 2015. Ouagadougou. Des soldats burkinabè en position près de la caserne de l`ex-Régiment de la sécurité présidentielle (RSP)




Depuis le coup d’Etat du 16 septembre 2015, un nom revient sur toutes les lèvres : le RSP (Régiment de sécurité présidentielle). Si bon nombre de Burkinabè appelaient de tous leurs vœux à la dissolution du RSP, beaucoup ignorent comment ce régiment a été mis en place. Le mercredi 30 septembre 2015, nous avons rencontré Lona Charles Ouattara, secrétaire à la sécurité et à la défense de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), colonel à la retraite, qui a fait l’historique de l’ex-RSP. Comment est né le RSP et comment fonctionne-t-il ? Voilà autant de questions dont les réponses permettent de mieux suivre l’évolution du RSP, aujourd’hui dissous.

La naissance du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), aujourd’hui dissous, est partie du Centre national d’entrainement national commando (CNEC) de Pô, selon Lona Charles Ouattara, secrétaire à la sécurité et la défense à l’Union pour le progrès et le changement (UPC), colonel à la retraite. Du récit qu’il a fait, on retient que l’idée de la création du CNEC est venue du commandant Fidèle Guebré qui estimait qu’il était temps de doter l’armée burkinabè d’une unité commando, en 1975, après l’accord signé entre Sékou Touré, Sangoulé Lamizana et Moussa Traoré mettant fin aux hostilités entre le Burkina Faso et le Mali alors en guerre. C’est ainsi que le CNEC a été créé. Mais, par la force des événements, ce centre ne sera pas commandé par le commandant Fidèle Guebré, mais plutôt par Thomas Sankara. Pourquoi ? Selon Lona Charles Ouattara, Thomas Sankara s’était mal illustré au front pendant le conflit entre le Burkina Faso et le Mali (1974 à 1975), pour avoir attaqué une unité malienne pendant que les deux pays étaient sous les accords qui avaient été passés par l’entremise du président guinéen, Sékou Touré. Les deux pays avaient conclu de retirer leurs troupes du front sur une centaine de kilomètres. Le général Baba Sy, qui commandait l’armée entière, avait estimé que Thomas Sankara ne méritait plus d’être gardé au front. Aussi a-t-il envoyé Thomas Sankara à Pô pour prendre le commandement du CNEC. Il lui sera affecté comme commandant en second, le lieutenant Christophe Ilboudo qui est aujourd’hui colonel à la retraite. Lorsque ce dernier est allé en France pour se former comme sapeur-pompier, il a été remplacé par le lieutenant Christian Gouba, aujourd’hui colonel à la retraite. Enfin, le lieutenant Blaise Compaoré sera le troisième commandant en second du CNEC. Et, c’est lui qui a remplacé Thomas Sankara, vers les années 78, à la tête du CNEC. « C’est ce CNEC qui va être utilisé le 4 août 1983, comme fer de lance pour renverser le régime de Ouédraogo Jean Baptiste et auquel Sankara, naïf, va confier toute la responsabilité de défense de la révolution malgré le fait de créer le CDR (Comité de défense de la Révolution) », a fait savoir le secrétaire à la sécurité et à la défense de l’UPC. Blaise Compaoré était à la fois vice-président et ministre de la Justice. Gilbert Diendéré, sous lieutenant, fut affecté au CNEC comme étant le principal bras droit de Blaise Compaoré, en 1983. Le coup d’Etat de 1983 s’est donc fait avec Gilbert Diendéré. Mais, alors que Thomas Sankara pensait que le CNEC serait le fer de lance pour contrer les contre-révolutionnaires, le CNEC a été progressivement phagocyté par les éléments de Blaise Compaoré. « Comme vous le savez, les premières années de la Révolution, il est apparu une dissension entre Blaise et Sankara. Tout est parti du mariage de Blaise Compaoré avec Chantal l’Ivoirienne que Sankara ne cautionnait pas tellement », a expliqué Lona Charles Ouattara. Progressivement, le CNEC a été totalement confisqué par Blaise Compaoré et ses hommes. En 1987, Blaise Compaoré utilisera le CNEC pour renverser Thomas Sankara.

Les germes du RSP

En 1995, l’idée de mettre en place une garde prétorienne germe dans la tête de Blaise Compaoré. C’est ainsi qu’il crée le RSP qui est l’avatar du CNEC, avec près de 1 200 hommes. Des officiers de l’armée normale seront affectés à cette unité prétorienne. Une garde prétorienne, a précisé Lona Charles Ouattara, sert un homme, un régime. « Le RSP servait exclusivement à la protection des autorités qui servent Blaise Compaoré. Ses éléments étaient formatés à décourager toute tentative de soulèvement de l’armée régulière contre le régime », a-t-il fait remarquer.

Le RSP pas mieux formé
que les autres

Pour le secrétaire à la sécurité et à la défense de l’UPC, Lona Charles Ouattara, « personne n’avait la preuve que le RSP était mieux formé que les autres ». « Les gens disent que le RSP est une troupe d’élite. Mais une troupe d’élite se définit à l’aune des fonctions que cette troupe est appelée à exercer. Cette troupe s’occupait des fonctions de police politique qui n’a rien à voir avec le combat. A quel moment a-t-on confronté le RSP avec une troupe étrangère pour mesurer sa capacité opérationnelle ? Une troupe ne peut pas dormir dans sa caserne, protéger des autorités politiques et être opérationnelle au combat », a-t-il fait remarquer. Concernant le général Gilbert Diendéré, Lona Charles Ouattara qui l’a eu comme élève en 1979, trouve qu’il « n’a jamais été un homme courageux ». Pour illustrer ses propos, il a raconté cette anecdote : « Djibril Bassolé et Gilbert ont pris le risque de faire la grève à l’Université de Ouagadougou avec des étudiants civils qui faisaient la grève pour des raisons politiques. J’ai cherché à en déterminer les meneurs. Ils se sont camouflés alors qu’ils en étaient les meneurs. Dès lors, je considère que Diendéré n’a jamais été un homme courageux ». Effectivement, à peine l’assaut lancé sur le camp Naba Koom II par les forces loyalistes que le général Gilbert Diendéré a capitulé et abandonné ses troupes, le mardi 29 septembre 2015. Sur les antennes de Radio Oméga, l’ex-chef putschiste a affirmé ne pas pouvoir raisonner la poignée d’éléments incontrôlés qui refusaient de déposer les armes. Cet épisode donne bien raison à Lona Charles Ouattara qui soutient que Gilbert Diendéré n’a jamais été un homme courageux.
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