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Loi contre l’homosexualité au Burkina Faso
Publié le mardi 15 septembre 2015  |  Le Quotidien
Prière
© aOuaga.com par Séni Dabo
Prière de l`Aïd El Fitr : des fidèles de l`arrondissement 3 sacrifient à la tradition
Lundi 28 juillet 2014. Ouagadougou. Arrondissement 3. Des fidèles musulmans de l`arrondissement 3 se sont retrouvés au grand air pour la prière de l`Aïd El Fitr marquant la fin du jeûne du ramadan




Les musulmans de l’Ouest du Burkina sont plus que jamais déterminés pour l’adoption d’une loi interdisant l’homosexualité au pays des Hommes intègres. Ils ont à cet effet initié une pétition pour recueillir 15 000 signatures. Au finish, ce sont 18 000 signatures qui ont été récoltées. Avec cette adhésion des fidèles à l’initiative, ils peuvent saisir le législateur pour exiger le vote d’une loi interdisant l’homosexualité dans le pays. Mais avant, la Coordination des associations islamiques de cette partie du Burkina, a voulu expliquer le bien-fondé de cette démarche aux fidèles. C’est ce qui justifie la tenue du «meeting d’information et de sensibilisation contre l’homosexualité au Burkina Faso ». C’était à Bobo-Dioulasso le samedi 12 septembre 2015.


18 000 signatures recueillies par les musulmans de l’Ouest
En effet, en début d’année 2015, le Parti pour la renaissance nationale (PAREN) préparait un projet de loi portant interdiction « de l’homosexualité et des pratiques sexuelles indignes dans notre pays ». Quelques jours après, la coordination des associations islamiques de l’Ouest du Burkina animait une conférence de presse pour soutenir le projet de loi du PAREN. Au-delà du soutien, les musulmans de l’Ouest du Burkina Faso ont voulu joindre l’acte à la parole. Pour ce faire, une pétition en vue de recueillir 15 000 signatures afin d’exiger du CNT le vote d’une loi interdisant l’homosexualité au Burkina Faso a été initiée par la coordination des associations islamiques de l’Ouest du pays des Hommes intègres. Avec au départ un objectif de 15 000 signatures, ce sont finalement 18 000 signatures qui ont été obtenues. Largement suffisant donc pour saisir le législateur. Mais avant de prendre la direction du bureau du président du CNT pour déposer la pétition, la coordination a jugé bon de prendre langue avec les fidèles musulmans de la région en vue de leur expliquer davantage les raisons pour lesquelles l’union entre deux personnes de même sexe doit être réprimée par une loi.

L’homosexualité, une union « contre nature »

Venus de 14 provinces des trois régions (Cascades, Boucle du Mouhoun et Hauts-Bassins), les musulmans n’ont pas manqué d’arguments pour étoffer leur plaidoyer. D’abord pour eux, interdire l’homosexualité, c’est préserver la cohésion sociale au pays des Hommes intègres. Paraphrasant Isabelle Levy qui dit dans son ouvrage intitulé « Soins et Croyances » que les spiritualités et les religions condamnent et interdisent l’homosexualité, les musulmans de l’Ouest se sont inscrits dans ce sens. « Pour toutes les traditions, comme c’était d’ailleurs le cas pour Freud, l’homosexualité est considérée comme « contre nature », « l’expression d’un déséquilibre » dans l’évolution de la personne et l’homosexualité est moralement condamnée », se sont-ils défendus. Et, disent-ils, cela reste l’opinion largement majoritaire de toutes les spiritualités et de toutes les religions. « L’Islam ne fait donc pas exception », se sont-ils insurgés. Pour eux, il serait insensé de vouloir nier ces faits, contredire les textes et imposer certaines « contorsions » intellectuelles aux croyantes et aux croyants afin qu’ils puissent prouver qu’ils sont à même de vivre avec leur temps. «Dans un Burkina où la morale semble agonisée depuis un certain temps, la légalisation de l’homosexualité contribuera à saper les bases de la société » craingnent-ils. C’est pour cela qu’il faut selon eux, une loi pour réprimer cette pratique afin de sauvegarder les valeurs morales.

Le « NON » à l’homosexualité des autres confessions religieuses

Certes, l’idée a été émise par les musulmans de l’Ouest du Burkina. Mais, ces derniers ont voulu associer les autres confessions religieuses à la lutte. C’est ce qui justifie la présence à la cérémonie de l’Eglise catholique de Bobo-Dioulasso et de l’Eglise de l’Alliance chrétienne de l’Ouest représenté respectivement par l’abbé André Sanou et du pasteur Thomas Traoré. Tout comme les musulmans, ces derniers ont fait savoir que la pratique de l’homo- sexualité est aussi bannie dans leurs religions respectives. « Les pratiques de l’homosexualité sont une dépravation très grave », a affirmé l’Abbé avant d’être rejoint par le pasteur. Se référant aux livres saints, l’Abbé a indiqué que l’homosexualité est contraire à la loi naturelle et donc ne saurait avoir leur approbation en aucun cas. « Nous ne sommes pas d’accord aujourd’hui, demain et toujours », a-t-il martelé. D’ailleurs, il pense que l’homosexualité est une plaie, une gangrène qu’il faut soigner avant qu’il ne soit trop tard. C’est pour cela d’ailleurs qu’ils se sont engagés à mener la lutte pour son interdiction au Bur-kina Faso et ce, aux côtés de leurs frères musulmans. « Nous sommes de cœur avec vous dans cette lutte », a indiqué le pasteur Traoré avant de dire que: « Si y a quelque chose que nous pouvons faire, n’hésitez pas » car, dit-il, c’est en énergie d’actions que cette lutte aboutira.

Les préoccupations des musulmans

Organisée pour parler d’homosexualité, la cérémonies a été le lieu pour les musulmans de mettre sur la place publique un certain nombre de leurs préoccupations reparties en trois points à savoir sur les plans politique, économique et socioculturel et éducatif. Sur le plan politique, les musulmans de l’Ouest du Burkina Faso exigent la création d’un ministère du Culte qui s’occupera essentiellement des questions religieuses ; une juste représentativité des cadre, musulmans dans la Haute administration et une application « positive et effective » de la laïcité au sens de l’ « équidistance » à l’égard de toutes les religions. Sur l’aspect d’ordre économique, ils souhaitent l’insertion des diplômes issus des structures éducatives musulmanes (notamment par l’ouverture aux examens et concours de l’Etat) ; le développement des projets de partenariat public-privé pour favoriser les initiatives permettant de résoudre la question de l’emploi des jeunes tout en encourageant leur esprit d’entreprenariat, le contrôle et l’exploitation des ressources naturelles au profit des populations locales ; la facilitation de l’intégration de la finance islamique dans le tissu économique au Burkina Faso.


Sur le volet d’ordre socioculturel et éducatif, ils souhaitent la valorisation des structures éducatives confessionnelles musulmanes à travers des acquis financiers et techniques ; la croissance de l’offre de santé et éducative ; la valorisation du patrimoine musulman ; une bonne compréhension de la liberté de presse ; la relecture du code des personnes et de la famille ; la reconnaissance du mariage religieux musulman par le code des personnes et de la famille ; l’interdiction et la pénalisation de l’homosexualité et toutes les dérives sexuelles « contre nature ».
Aussi, voudraient-ils la réintégration de la langue arabe dans l’enseignement secondaire ; la création d’un département de langue arabe dans les universités au Burkina ; l’augmentation des temps d’antennes pour les religieux pour une éducation morale de la société dans les médias publics. Outre ces préoccupations, les musulmans souhaitent la reconnaissance des cartes professionnelles pour les leaders religieux musulmans ; l’aménagement des horaires de travail ; prendre en compte la spécificité du vendredi pour les musulmans ; l’interdiction des scènes obscènes dans les médias audio-visuels et la constitutionnalisation des chefferies religieuses. Alors que l’activité se tient à environ un mois des échéances électorales, les musulmans se sont voulus clairs : « notre vote sera guidé par la position des candidats par rapport à nos doléances »1

Par Mady BAZIE
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