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« L’électricité pour tous se poursuit normalement sous la Transition »
Publié le jeudi 10 septembre 2015  |  Sidwaya




Porté à la tête du Fonds de développement de l’électrification (FDE) en janvier 2015, l’actuel Directeur général Yacouba Camara joue pleinement sa partition dans la mise en œuvre des opérations d’électricité pour tous dans ce contexte sociopolitique particulier de Transition. Partagé entre la volonté de préserver les acquis et le souci de combler les insuffisances, ce juriste d’affaires spécialiste des questions d’énergie passe en revue le processus d’électrification rurale au Burkina Faso, relève les enjeux et les défis.

Sidwaya (S.) : Quels sont les principaux indicateurs susceptibles de témoigner d’une avancée certaine dans la mise en œuvre du programme national d’électrification rurale, dénommé « Electricité pour tous » au Burkina Faso ?

Yacouba Camara (Y.C.) : L’électricité pour tous vise à assurer un accès universel des populations burkinabè à l’électricité. Et cela passe par la couverture électrique des zones actuellement non desservies, notamment celles rurales. L’un des indicateurs permettant d’apprécier les efforts consentis en matière d’électrification des zones rurales est le nombre de localités électrifiées. Cet indicateur permet d’évaluer la performance des actions engagées et d’apprécier l’efficacité de la politique de promotion de l’accès au service de l’électricité par les ménages en zone rurale à travers le mécanisme de subvention et de facilités de paiement pour les branchements. En plus de ce dernier, d’autres indicateurs sont également considérés. Il s’agit notamment du taux d’accroissement des ménages raccordés et du taux d’accroissement du nombre des infrastructures sociocommunautaires raccordées. Cela participe de la volonté du FDE d’accompagner le bien être socio-éducatif et sanitaire des populations des zones rurales électrifiées par leur prise en compte dans la couverture du réseau.

S.: Dans l’exécution du Programme spécial d’urgence de la Transition (PSUT) par le gouvernement, quelles sont les actions majeures que le FDE entend mettre en œuvre pour sa contribution au vaste processus de démocratisation de l’électricité au Burkina Faso ?

Y.C. : Au cours de cette période transitoire, l’électricité pour tous suit son cours normal. Sept actions majeures seront réalisées par le FDE. Celles-ci consistent à électrifier dix localités sur financement TDE 2015, à achever l’électrification des huit localités sur financement TDE 2014, à démarrer les travaux d’électrification du Projet d’Accès au Secteur de l’Electricité (PASEL). Il s’agit aussi de démarrer la mise en œuvre du Projet d’Electrification rurale décentralisée des provinces du Ziro et du Gourma (ZIGO), ainsi que celle du Projet d’électrification rurale décentralisée par énergie renouvelable sur financement de la Banque Islamique de Développement (BID). Nous travaillons également à mettre en œuvre le Projet pilote d’électrification par kits solaires photovoltaïques sur financement du Conseil de l’Entente et enfin, à finaliser l’élaboration de la deuxième phase du contrat plan Etat-FDE 2016-2020.

S. : Quels sont les principaux défis auxquels l’électrification rurale se trouve aujourd’hui confrontés au Burkina Faso ?

Y.C. : Le défi majeur demeure celui de la mobilisation des financements. Certes, beaucoup d’efforts sont faits aussi bien par l’Etat que par les partenaires techniques et financiers ; mais les défis restent énormes. L’électrification pour tous ne saurait être une réalité que si des financements conséquents sont mobilisés à son profit. Et pour y arriver, il faudra d’une part accentuer le plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers et d’autre part, réussir à intéresser le secteur privé à l’électrification rurale, afin de diversifier les sources de financements. Un autre défi concerne celui de l’accès des ménages à l’électricité. Puisque les ressources sont limitées, la plupart des localités électrifiées bénéficient d’un réseau minimum de distribution ; ce qui ne permet pas de satisfaire une grande partie des demandes de branchements. Un besoin d’extension se pose alors avec acuité dans toutes les localités rurales électrifiées sur financement du FDE.

S. : Comment entendez-vous améliorer les relations entre les Coopératives d’électricité (COOPEL) et le FDE afin de mieux dynamiser leur entière participation aux opérations « Electricité pour tous», étant donné que les rapports n’ont pas toujours été au beau fixe ?

Y.C. : Il convient de rappeler que les rapports entre le FDE et les Coopel ainsi que les autres opérateurs intervenant dans l’électrification rurale sont réglementés par Loi 053-2012/AN du 17 décembre 2012, portant réglementation générale du sous-secteur de l’électricité au Burkina Faso. En effet, l’article 48 stipule que «les activités de production et de distribution de l’électricité dans le second segment s’exercent librement dans le respect des dispositions de la présente loi, sous le contrôle du FDE et de l’Autorité de Régulation du Sous-secteur de l’Electricité». A ce titre, le FDE est en droit d’élaborer des outils de contrôle et de les soumettre aux Coopel. Ces outils permettent en outre de participer à l’amélioration de la gestion coopérative. Si par moment les rapports ne sont pas au beau fixe, c’est certainement parce que le contrôle révèle souvent des irrégularités dans la gestion de certaines Coopel. Il faut préciser que le FDE, à travers l’Etat, apporte des subventions d’exploitation aux Coopel dont les systèmes électriques fonctionnent par une centrale diésel autonome.

S. : Quels sont vos constats de l’expérimentation de l’affermage dans l’exécution des projets d’électrification rurale ?

Y.C. : Selon les paradigmes qui ont été élaborés pour la mise en œuvre de la politique d’électrification rurale en 2003, l’affermage et le modèle Coopel sont tous deux des approches complémentaires. En effet, la Coopel joue un rôle administratif et le fermier, un rôle technique. Cette approche a été expérimentée il y a maintenant plus de dix ans. C’est une approche qui a eu le mérite d’être partagée avec d’autres pays de la sous-région avec quelques réaménagements dans une moindre mesure. Avec du recul, nous pensons qu’il s’agit d’une des meilleures approches jamais implémentée. Toutefois, comme toute autre approche, des insuffisances ont été constatées après plus d’une dizaine d’années de mise en œuvre de cette approche. D’abord, du point de vue de l’efficacité de l’intervention de certains fermiers, mais également de la cherté de leurs prestations. Pour venir donc à bout de ces insuffisances, d’autres modèles tels que le regroupement des localités pour une gestion fermière groupée, sont en train d’être expérimentés. Du reste, une étude sur l’optimisation de l’approche coopérative d’électricité et l’exploitation des infrastructures par des fermiers a été commanditée. Les résultats qui en sortiront nous permettront certainement d’opérer les réajustements nécessaires afin d’aboutir à une synergie d’action entre les différentes parties prenantes de l’électrification rurale dans notre pays. La finalité de cette étude, pour nous, est la pérennisation des infrastructures et la sécurisation des financements consentis par l’Etat et ses partenaires au développement.

S. : Quel bilan dressez-vous du financement, en partie, du Programme national d’électrification rurale par la Taxe de développement de l’électrification (TDE) collectée par la SONABEL ?

Y.C. : La TDE est un prélèvement de 2 F CFA sur chaque kWh vendu et recouvré par la SONABEL. Elle constitue une source importante et permanente de financement des investissements en milieu rural. Introduite en 2010, cette taxe a permis de mobiliser sur la période 2010-2013, la somme de près de 8 milliards 300 milions de francs CFA, favorisant ainsi l’électrification de cinquante localités à travers les treize régions du Burkina. À la faveur de cette taxe, une dizaine de localités rurales sont annuellement électrifiées.

S. : Quels sont les principaux chantiers ouverts actuellement par le FDE ? Bénéficient-ils du soutien des Partenaires techniques et financiers (PTF) étant donné que le Burkina Faso traverse une période transitoire ?

Y.C. : Le FDE a su, en l’espace de dix années de fonctionnement, bénéficier de la confiance des partenaires technique et financiers au regard de l’efficacité et de l’efficience dont il fait montre dans la mise en œuvre des projets d’électrification rurale. Cette période transitoire n’a pas altéré les relations que le FDE entretient avec ses partenaires qui continuent d’apporter leurs contributions pour l’électrification de nouvelles localités à travers le pays. Trois principaux projets sont actuellement ouverts. Il s’agit du Projet d’Accès au Secteur de l’Electricité (PASEL). Financé par la Banque mondiale à hauteur de 25 millions de dollars US, le PASEL permettra à terme, l’électrification de plus d’une centaine de localités à travers les treize régions du Burkina d’ici à 2018. Il y a ensuite le Projet d’Electrification rurale décentralisée des provinces du Ziro et du Gourma (ZIGO) qui bénéficie du financement de la facilité énergie II de l’Union européenne, pour un montant de 7, 136 millions d’euro. Il permettra l’électrification de 45 localités en milieu rural d’ici à 2018. Enfin, le Projet d’électrification rurale décentralisée par énergie renouvelable, notamment solaire, sur financement de la Banque Islamique de Développement (BID). Financé par la Banque islamique de développement pour un montant de ) millions de dollars US, il permettra d’électrifier 41 localités rurales d’ici à 2018.

S. : Au regard des difficultés de fourniture d’électricité rencontrées sur le réseau de la SONABEL auquel la plupart de vos projets sont raccordés, certains n’hésitent pas à penser que les activités du FDE sont des «coups d’épée dans l’eau». Que répondez-vous à un tel pessimisme ?

Y.C. : Il y a lieu de préciser que les activités du FDE sont complémentaires à celles conduites par la SONABEL, l’objectif étant de tout mettre en œuvre pour apporter l’énergie électrique au plus grand nombre de Burkinabè. En effet, malgré les difficultés que vous avez évoquées, l’électrification de nouvelles localités tant par la SONABEL que par le FDE est en cours. Les difficultés de fourniture de l’électricité ne sauraient donc donner un coup d’arrêt au programme d’électrification rurale engagé depuis 2003. En tout état de cause, le Gouvernement travaille à accompagner la SONABEL afin d’atténuer et d’enrayer à termes les difficultés liées à la production de l’électricité.

S. : Quelle assurance adressez-vous aux partenaires (bailleurs de fonds, COOPEL, entreprises d’affermage) du FDE et aux populations qui attendent l’électricité pour se réaliser sur le plan socio-économique afin qu’un vent d’optimisme s’empare de toutes les parties prenantes ?

Y.C. : L’électricité constitue un levier certain de développement économique et social. Ainsi, tant qu’il y aura des zones rurales non couvertes par le réseau électrique et des populations qui aspirent à un mieux-être et au développement de façon globale, nous irons partout où il faut pour mobiliser les financements nécessaires à la mise en œuvre de projets d’électrification rurale au profit des populations rurales. Tout est mis en œuvre pour que les fonds reçus de l’Etat et des partenaires financiers soient utilisés dans la transparence. Il sied de rappeler que les missions du FDE visent, entre autres, de promouvoir une couverture équitable du territoire national en énergie électrique en développant l’électrification rurale, de faciliter l’accès des populations rurales à l’électricité en servant de fonds de garantie et en intervenant sous forme de subvention dans les investissements ou sous forme d’appui aux études. Le Fonds a aussi en charge la recherche des financements auprès des Partenaires Techniques et Financiers pour atteindre les objectifs fixés en matière de taux d’électrification rurale. Ce sont des objectifs nobles pour développer les localités rurales grâce à leur électrification. Leur atteinte requiert l’implication réelle et une synergie d’action de toutes les parties prenantes.

Propos recueillis par
Koumia Alassane KARAMA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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