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Dialogue intérieur/Drames de l’immigration : Angela Merkel, Mère Teresa de l’Europe
Publié le mardi 8 septembre 2015  |  Le Pays




Depuis quelques mois, le continent européen fait face à une déferlante d’immigrés sur son sol. Ainsi, pendant plusieurs mois, le vieux continent a subi les assauts d’immigrants venus d’Afrique, à la recherche d’un mieux-être. Dans cette traversée de la méditerranée, beaucoup d’Africains, la plupart du temps à bord d’embarcations de fortune, ont perdu la vie dans des conditions qui interpellent la conscience humaine. Les plus chanceux qui parvenaient à atteindre les côtes européennes étaient simplement cueillis par les garde-côtes italiens, quand ils ne se retrouvaient pas face aux barbelés presqu’infranchissables de Melilla à la frontière espagnole.

Bref, même si des voix se sont élevées pour dénoncer un certain égoïsme de l’Europe et demander plus de solidarité envers les immigrés africains, le cœur des dirigeants européens ne s’est pas attendri à l’endroit de ces derniers. Pire, dans leur quête de solutions à cette question, ils n’ont trouvé rien de mieux que de renforcer la surveillance de leurs côtes, allant même jusqu’à envisager, avec l’aval des Nations unies, la destruction des embarcations de fortune qu’empruntent ces « indésirables » pour envahir leurs territoires. Pour autant, le phénomène n’a pas cessé. Et ni les barrières, ni les garde-côtes, ni les barbelés, ni l’enfer libyen, ni les naufrages successifs dans la méditerranée, n’ont véritablement réussi à endiguer un phénomène qui a la peau dure, malgré les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles les migrants africains abordent leur traversée.

L’Allemagne d’Angela Merkel s’est montrée le plus solidaire des pays européens envers les immigrés

Mais si le phénomène n’est pas véritablement nouveau, l’on pourrait noter qu’à l’immigration des Africains vers l’Europe considérée à tort ou à raison comme l’eldorado pour eux, est venue se greffer, plus récemment, celle de ressortissants de pays de l’Asie mineure et du Moyen orient, principalement de la Syrie et du Pakistan, reléguant quelque peu le problème des Africains au second plan.

Naturellement, le débat du sort de ces migrants d’un genre nouveau, fuyant principalement la guerre en Syrie et les exactions de l’Etat islamique, s’est posé au vieux continent qui peine toujours à ouvrir ses frontières aux réfugiés. Toutefois, dans cette nouvelle épreuve à laquelle l’Europe est confrontée, l’Allemagne d’Angela Merkel s’est montrée le plus solidaire des pays européens envers ces immigrés en assouplissant ses règles d’accueil. Vu d’Afrique, l’on ne peut que saluer un tel geste d’humanisme et de solidarité envers des personnes en difficulté, même si, à bien des égards, cette mansuétude de l’Allemagne ne semble pas totalement dénuée d’intérêt.

En effet, alors que les migrants voient en ce pays un nouvel eldorado, celui-ci voit en eux une solution à son déficit criard en main-d’œuvre. Mais peut-on lui en vouloir pour cela ? Assurément non ! Et dans le contexte actuel, il ne serait pas exagéré de voir en Angela Merkel la Mère Teresa de l’Europe pour ces migrants, d’autant plus qu’au même moment, beaucoup de ses pairs occidentaux rechignent à ouvrir leurs frontières pour accueillir les migrants. La France n’a jamais caché qu’elle ne saurait accueillir toute la misère du monde. Et on la comprend, confrontée qu’elle est au problème crucial de chômage qui la frappe de plein fouet. Quant à l’Angleterre, il a fallu les images touchantes du petit Ilan, ce petit Syrien mort noyé la semaine dernière et dont le corps sans vie a été retrouvé sur une plage, pour décider les autorités à lâcher du lest en acceptant de revoir à la hausse leur quota de migrants à accueillir.

Les Européens ont aussi leur part de responsabilité dans le drame syrien

Dans tous les cas, il est difficile de reprocher à l’Europe de chercher à se protéger. Ceux qui se montrent peu enthousiastes à accueillir des migrants ont de bonnes raisons d’agir de la sorte, confrontés qu’ils sont eux-mêmes à des problèmes domestiques et pas des moindres, surtout en matière de chômage. C’est pourquoi il faut saluer le courage de pays comme l’Allemagne qui se montrent sensibles à la question en faisant preuve d’ouverture. En outre, par le geste de bonne samaritaine de sa chancelière, l’Allemagne se rattrape historiquement, après les atrocités de la Deuxième Guerre mondiale.

L’on ne peut pas non plus passer sous silence l’appel du pape François à plus de solidarité envers les migrants.
La question que l’on pourrait maintenant se poser est de savoir jusqu’où ira l’Europe d’une part, et quelle aurait été l’ampleur de sa générosité si les migrants avaient majoritairement été des Africains d’autre part ? Certainement pas la même, si l’on en juge par le sort qui a jusque-là été réservé aux naufragés de la méditerranée.

En tout état de cause, les Européens ont aussi leur part de responsabilité dans le drame syrien. S’ils s’étaient accordés sur le cas Bachar El Assad, peut-être qu’ils n’en seraient pas aujourd’hui à chercher des solutions au casse-tête des nombreux migrants venus de ce pays. Si fait que ces vagues sans cesse croissantes de réfugiés venant de cette contrée, apparaissent comme l’effet boomerang de leurs hésitations à prendre le taureau Bachar par les cornes. Aujourd’hui, la Syrie est un état désarticulé dont la situation d’insécurité sert de terreau fertile aux croisés de ce XXIème siècle que sont l’Etat islamique, Al Nostra et autre groupes terroristes aux motivations obscures qui veulent imposer des pratiques rétrogrades à des populations qui ne demandent qu’à vivre dans la paix et le respect de leurs croyances. Et après les populations de ce pays, celles de l’Europe sont les premières à en payer les pots cassés.
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