Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Editorial
Article
Editorial

Contre-analyse/Passe d’armes entre Washington et Kigali à propos de la démocratie : à quand une armée de l’UA contre les dictateurs ?
Publié le lundi 7 septembre 2015  |  Le Pays




Washington est contre un 3e mandat présidentiel de Paul Kagamé au Rwanda. Les autorités américaines ne font pas mystère de cette position. C’est ce que vient de réaffirmer le secrétariat d’Etat, en fin de semaine passée. Une sortie qui a provoqué le courroux de Kigali, comme il fallait s’y attendre. Le ministre des Affaires étrangères de Paul Kagamé a fait observer que Washington reconnaissait le fait que la dernière décision incombait au peuple rwandais.

Les Etats-Unis d’Amérique sont humiliés par les cancres africains de la démocratie

En fait, les Etats-Unis ont réaffirmé tout le mal qu’ils pensent des dirigeants qui modifient les Constitutions pour se maintenir au pouvoir. Cela, les officiels rwandais semblent l’ignorer royalement. En effet, avec des dictateurs comme Paul Kagamé et autre Pierre Nkurunziza, les mises en garde de ce genre sont sans effet aucun.
Les appels à la démocratie sont, pour eux, comme de l’eau glissant sur les plumes d’un canard. In fine, les Etats-Unis d’Amérique sont humiliés par les cancres africains de la démocratie. Cela est fort regrettable. Mais, il faut reconnaître que l’Occident dans son ensemble et particulièrement les Etats-Unis d’Amérique, prêtent le flanc. En effet, ils ne font pas preuve de rigueur ni de constance dans la défense, des valeurs démocratiques. Il arrive que ces pays louvoient, composent avec des dictateurs, conformément au principe selon lequel les Etats n’ont pas d’amis, mais seulement des intérêts à préserver. C’est au nom de ses intérêts que l’Occident a pendant longtemps composé avec bien des dictateurs sur le continent. Ses atermoiements face à la dictature de Nkurunziza, de Joseph Kabila et de bien d’autres encore, n’ont nullement rendu service aux peuples africains.
Des pays comme la France s’inquiètent surtout des pertes de marché qu’ils viendraient à subir en prenant fait et cause pour le parti des peuples africains au détriment de leurs oppresseurs. Face à ces réalités, ils sont prêts à pactiser avec le diable pour se mettre à l’abri de la menace chinoise et de celle plus récente de la Turquie. C’est dire que ces calculs plombent les capacités d’action des grandes puissances en faveur de la démocratie. Ces puissances n’interviennent de façon décisive que quand leurs propres intérêts sont menacés. Ils ne sont prêts à invoquer le devoir d’ingérence humanitaire que lorsque cela leur permet de sauver leurs intérêts. Il serait donc illusoire de compter sur ces pays pour mener de façon franche et hardie, le combat pour la démocratie en Afrique.
C’est cruel, mais c’est compréhensible. Il appartient donc aux peuples africains eux-mêmes, de prendre leurs responsabilités. C’est aussi aux organisations comme l’Union africaine (UA), de créer un environnement défavorable aux dictateurs. Les mécanismes de prévention et de résolution des conflits de l’UA seront-ils un jour opérationnels ? A quand une armée de l’UA contre les dictateurs ? Les textes pertinents en matière de protection et de promotion de la démocratie ont-ils une chance d’être appliqués ? Ces questions méritent d’être posées, au regard de l’immobilisme de l’UA face à la mal gouvernance politique qui fait le lit de bien des conflits dans ses pays membres.
Il n’y a qu’à considérer ce qui se passe au Burundi. Alors même que la commission de l’Union africaine a condamné un changement anticonstitutionnel de gouvernement, aucune sanction n’a été, à ce jour, prise contre le régime de Nkurunziza. Cette impunité n’est pas de nature à dissuader d’autres apprentis-sorciers tapis dans l’ombre et attendant le bon moment pour tripatouiller leur loi fondamentale. Tant que les institutions et les textes de l’UA seront là, juste pour meubler le décor, ils n’ont pas de souci à se faire. Il urge que la communauté internationale prenne le taureau par les cornes au Burundi. Les menaces du pouvoir burundais ne sont pas à négliger. Il faudra surtout veiller à ce que le régime Nkurunziza ne tire pas prétexte de ce qu’il y aurait encore des civils armés, pour massacrer les populations des quartiers qui lui sont hostiles.

L’Union africaine devrait s’engouffrer dans la brèche ouverte par Washington

Le pouvoir de Bujumbura ne brille pas par son sens des responsabilités. C’est peu de le dire. Il est, de ce fait, capable des coups les plus tordus, pourvu que cela lui permette de rester en place. La légitimité que le pasteur- président a perdue ne le gêne pas outre mesure. Il se fait un malin plaisir à trucider tous les Burundais qui osent contester sa forfaiture. Certes, la responsabilité première de briser la coque dure de la tyrannie incombe aux peuples, comme les Burkinabè ont su le faire en octobre 2014. Mais, la psychologie des peuples n’est pas la même selon qu’on est à Ouagadougou, Kigali, Kinshasa ou Brazzaville. Il convient donc que la communauté internationale s’implique beaucoup plus pour contraindre le dictateur de Bujumbura à se plier aux règles de son pays et de celles de l’UA en matière de gouvernance politique. Il devra en être de même pour les autres satrapes avérés ou potentiels. L’Union africaine devrait pour sa part s’engouffrer dans la brèche ouverte par Washington, en jouant un rôle de père fouettard contre les autocrates. Elle en a toute la légitimité, à travers notamment les textes signés par les Etats dirigés par ces mêmes satrapes. Elle ne doit pas faire l’économie du respect de ses propres textes. Elle devra, en sus, rendre opérationnels ses mécanismes de prévention et de gestion des conflits. Mais pour marquer son autorité, encore faut-il qu’à sa tête, il y ait une personnalité forte, qui s’impose par son charisme et sa droiture en termes de démocratie. Il serait ainsi heureux que soient portés à la tête de la Commission de l’UA, des anciens chefs d’Etat ayant fait leurs preuves en matière de bonne gouvernance, des anciens présidents qui sachent cracher leurs vérités, parler d’égal à égal (pour avoir aussi été chefs d’Etat) à tous ces satrapes boulimiques de pouvoir. Des anciens dirigeants de la trempe de Alpha Omar Konaré, l’ex-chef d’Etat malien, et John Jerry Rawlings du Ghana, feraient bien l’affaire de la démocratie sur le continent, etc. En tout état de cause, le silence de l’UA face à la dictature est indigne, et même infamant. A elle de changer son fusil d’épaule, si elle veut être utile aux peuples africains et gagner en respectabilité.
Commentaires