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Invalidation de candidatures par le Conseil constitutionnel : prise de conscience citoyenne et réalisme de l’ex-majorité
Publié le lundi 31 aout 2015  |  Le Pays
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© Autre presse par G.S
Conseil constitutionnel : le nouveau président installé dans ses fonctions
Vendredi 13 mars 2015. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Le nouveau président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, a été installé dans ses fonctions au cours d`une cérémonie solennelle de prestation de serment dirigée par le président de la transition, président du Faso, Michel Kafando




L’on se souvient, en avril 2015 dernier, qu’un citoyen roumain avait été l’objet d’un rapt dans le Sahel burkinabè, alors qu’il officiait comme agent de sécurité pour le compte d’une entreprise minière. Le groupe salafiste Al-Mourabitoune, qui avait revendiqué l’acte, vient de publier un élément vidéo dans lequel l’infortuné supplie le Gouvernement de son pays et celui du Burkina, d’œuvrer dans le sens de sa libération. Dans le même registre, l’on peut évoquer l’attaque récente de la brigade de gendarmerie de la localité de Oursi, toujours dans le Sahel du Burkina. Un gendarme avait, à cette occasion, perdu la vie. La gestion de ces deux événements, de toute évidence, représente un défi à relever pour les autorités de la Transition. Ces deux événements interviennent dans un contexte politique tendu, lié à l’invalidation de candidatures de l’ex-majorité par le Conseil constitutionnel.

Le scénario catastrophe semble être conjuré, au regard de l’apaisement désormais prôné par l’ex-majorité

L’un dans l’autre, l’on pouvait craindre le pire pour le Burkina. Fort heureusement, le scénario d’une catastrophe semble être conjuré, au regard de l’apaisement désormais prôné par l’ex-majorité. Il pourrait en résulter une décrispation politique susceptible de donner plus de répit à la Transition pour gérer au mieux non seulement les questions d’insécurité d’inspiration djihadiste dans le Sahel du pays, mais aussi celles relatives à la tenue des élections du 11 octobre prochain. La posture donc de légaliste et de colombe affichée officiellement par le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) et alliés, vaut son pesant d’or pour le devenir du pays. C’est pourquoi elle doit être saluée et encouragée par tous les Burkinabè épris de paix. Mais, à l’analyse, le changement de ton opéré par le CDP, précédé en cela par l’attitude des dirigeants de son allié, l’ADF/RDA (Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain), qui, bien avant le verdict du Conseil constitutionnel, s’étaient déjà engagés à respecter le jugement de cette juridiction à propos des candidatures des uns et des autres quelle que soit sa nature, pourrait avoir été dictée par les considérations suivantes qui relèvent avant tout du réalisme.
La première est que le CDP semble s’être rendu à l’évidence que dans un pays qui se veut républicain, il est difficile pour un parti politique et ce, quelle que soit son envergure, de régner sans discontinuer. De ce point de vue, l’on peut dire que le moindre mal pour cette formation, contrairement au boycott des élections qu’il avait envisagé de façon immédiate, aussitôt après le verdict du Conseil constitutionnel, est de continuer à exister politiquement, même si cela doit se faire dans le cadre de l’opposition républicaine. Cette vision, si elle venait à être traduite dans les faits, pourrait donner plus de vitalité à la démocratie burkinabè qui, depuis le retour du pays à une vie constitutionnelle normale en 1991, péchait essentiellement
du fait de l’absence d’une opposition de grande envergure. Cette pathologie de notre démocratie avait fini par faire de la rue, le seul arbitre crédible des dérives politiques du pays.

Il reste à souhaiter que la prise de conscience citoyenne se traduise dans les jours à venir dans les faits

La deuxième considération est liée à la fissure qui s’est produite au sein de la coalition des partis qui avaient milité consciemment pour le tripatouillage de la Constitution, à propos de l’appréciation du verdict du Conseil constitutionnel. L’ADF/RDA en l’occurrence, à qui l’on peut imputer la responsabilité d’avoir incité le CDP à se lancer dans l’aventure du vote de la modification de l’article 37 par la voie parlementaire, semble avoir perçu très tôt que le verdict du Conseil constitutionnel pouvait être mis à profit pour lui permettre de faire amende honorable. Elle n’a donc pas voulu rater cette occasion ultime pour signifier aux Burkinabè qu’elle a conscience de la faute commise et qu’elle bat sa coulpe. Cette posture de l’ADF/RDA, qui, au demeurant, peut lui permettre de renaître politiquement, ne laisse pas au CDP d’autre choix que celui qu’il affiche aujourd’hui.
La troisième considération est qu’au sein même du CDP, le verdict du Conseil constitutionnel pourrait

faire l’affaire de tous ceux qui trépignaient d’impatience de voir la vieille garde du parti s’éclipser pour permettre à de nouvelles têtes d’émerger. Le Conseil constitutionnel, inconsciemment, aura donc travaillé à apporter de l’eau à leur moulin. A moins de faire preuve d’égoïsme politique et au risque d’exposer le parti à une deuxième implosion qui pourrait lui porter le coup de grâce, le CDP a l’occasion en or de travailler pour l’alternance en son sein, en faisant en sorte que les éternels porteurs de valise du parti montent en grade en figurant sur ses listes. Et cela peut apporter l’oxygène et la cure de jouvence qu’il faut pour relancer le parti.
A ces 3 considérations qui pourraient expliquer le fléchissement de la position du CDP par rapport au verdict du Conseil constitutionnel, l’on pourrait ajouter le fait que les rapports de force du moment ne lui permettent pas d’engager un bras de fer contre la République en s’installant dans une logique de défiance des institutions. A ce propos, l’on peut parier sans grand risque de se tromper que la désobéissance civile qu’il avait initialement prônée et sur laquelle il est revenu, avait beaucoup de chances de ne pas prospérer. Et pire, cette option pourrait conduire à des affrontements tragiques dont la responsabilité pourrait incomber aux dirigeants de ce parti. Le dernier fait qui a dû motiver la posture de légaliste du CDP, pourrait être la caution que vient d’apporter aux autorités du pays, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Ibn Chambas, par rapport à la gestion de la Transition.
Pour toutes ces raisons, Eddie Komboïgo et ses camarades, peut-on dire, ont plutôt fait preuve de prise de conscience citoyenne et de réalisme. Il reste à souhaiter que cela se traduise dans les jours à venir dans les faits. Car, autrement, ils courent le risque d’exposer le pays à la chienlit. Et dans ce cas, ils peuvent être sûrs qu’ils répondront devant l’Histoire. Et ce jugement, pour sûr, pourrait être implacable.

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