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Adaptation aux changements climatiques : les bassins de collecte des eaux, l’alternative des producteurs burkinabè
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  Sidwaya
Au
© Autre presse par DR
Au Burkina Faso, le changement climatique épuise les sols et les populations




Les effets néfastes des changements climatiques se font de plus en plus sentir au Burkina Faso, en témoignent, la hausse de la température, l’installation tardive de la saison hivernale et les nombreuses inondations. Pour mieux s’adapter au phénomène, le gouvernement s’est engagé dans la recherche de solutions au profit des producteurs, parmi lesquelles, on peut citer, la technique de collecte des eaux de ruissellement (BCER) à travers la réalisation de bassins, des boulis, l’opération brigade mobile d’irrigation, l’appui-conseil en techniques culturales (espacement des semis de 20 cm et des lignes de 80 cm). A Gorgho, à 15 km de Koupéla, Tasséré Sayoré est un promoteur modèle de bassins de collecte des eaux de ruissellement.


Jusqu’au mois de juillet 2015, la tristesse se lisait sur le visage des producteurs du Burkina Faso. Et pour cause. Les caprices de dame pluie, qui se faisait de plus en plus attendre, n’auguraient rien de positif. L’arrivée tardive des premières précipitations, selon les spécialistes, est l’un des effets néfastes des changements climatiques que subissent la plupart des producteurs burkinabè installés aux quatre coins du pays. Or, malgré ce sombre tableau créant la mélancolie et l’anxiété, d’autres producteurs poursuivaient allègrement leurs activités agricoles. Tasséré Sayoré, exploitant agricole vivant à Gorgho (à une dizaine de km de Koupéla) est l’un de ces bienheureux producteurs. En effet, grâce à son Bassin de collecte des eaux de ruissellement (BCER), celui-ci est parvenu à recueillir de précieuses quantités d’eau qui lui ont permis d’arroser ses semis. Le maïs, le sorgho, le riz, le niébé et le sésame occupent une superficie emblavée de 10,06 ha. Avec son bassin, de 15m de long sur 7 m de large et 2 m de profondeur, le producteur affirme recueillir régulièrement environ 210 mètres cube d’eaux. «En cas de poche de sécheresse de deux à cinq semaines, j’arrose mes cultures par voie d’irrigation», nous confie-t-il fièrement, le regard optimiste pour l’avenir promoteur de ses semailles. «Avec cette technologie, sur une superficie de 0,25 ha de maïs cultivé l’an passé, j’ai pu récolter environ 12 sacs de 100 kg. Et pour la présente campagne, j’espère aller au-delà de ce rendement», renchérit-il, le front perlé de gouttes de sueurs.


La technologie doit être vulgarisée


Le Bassin de collecte des eaux de ruissellement (BCER), en plus d’être à la portée de tous, permet, non seulement aux producteurs, de s’adapter aux aléas climatiques, mais aussi d’augmenter leur productivité. C’est pourquoi, M. Sayoré n’entend pas dormir tranquillement sur ses lauriers. Notre « brave » homme compte, en effet, profiter à souhait de tous les effets bénéfiques de cette «miraculeuse» technologie. Ainsi, en plus de la production agricole, il diversifie ses sources de revenus à travers la culture maraîchère et la pisciculture. «En 2014, j’ai eu 174 kg de silures que j’ai vendus à 750 le kg. J’ai eu plus de 200 000 F CFA et avec la vente des légumes (tomate, aubergine, melon et courgette) j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille», raconte notre promoteur, vêtu d’un boubou Faso dan fani. «Pour renforcer ma production, j’ai construit en 2014, un 2e bassin d’une longueur de 31 m sur 21 m de large. Et je compte atteindre les 2 m de profondeur dans les prochains jours», nous annonce-t-il, le sourire aux coins des lèvres. Malheureusement, la sempiternelle question d’insuffisance des ressources matérielles et financières trouble quelque peu la béatitude dans laquelle baignent M. Sayoré et les siens.
A cet effet, il sollicite l’accompagnement de l’Etat dans la réalisation des bassins. «En plus du coût du matériel et de la main-d’œuvre, la construction d’un bassin nécessite plus de 2 500 000 FCFA», explique-t-il, délimitant avec les mains un bassin imaginaire.


Qu’est-ce que le BCER


Le Bassin de collecte des eaux de ruissellement (BCER) est un ensemble de retenues d’eau. Celles-ci sont utilisées pendant les poches de sécheresse pour arroser les champs. Pour la réalisation d’un bassin, il faut de la main-d’œuvre qualifiée rompue à l’art d’excaver, du petit matériel (pelle, pioche, brouette…), du film plastique et du fer de 6 (3 barres de 12m). Selon le technicien Abdoulaye Sanou, Il faut creuser tout en tenant compte de la pente du terrain. Une fois le bassin creusé, il faut le rendre imperméable avec le film plastique et le fer.
Pour vulgariser cette technologie, «l’Etat à travers un projet, lancé depuis 2012, a réalisé, à ce jour, près de 9 500 bassins», révèle le Directeur général des aménagements agricoles et du développement de l’irrigation (DGADI), Alassane Guiré. Il ajoute que 351 personnes ont été formées à la maîtrise de la technologie. Chaque commune dispose, à l’en croire, aujourd’hui d’un tâcheron et près de 400 personnes formés en appui-conseils sur l’ensemble du territoire. «Nous avons budgétisé l’appui des producteurs et le gouvernement s’engage pour cette année 2015 à assurer la réalisation d’environ 3 000 bassins sur l’ensemble du territoire», souligne-t-il.


Fleur BIRBA
fleurbirba@gmail.com
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