Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Lassina Ouedraogo á propos de l’interpellation des anciens ministres : « Il faut étendre le nettoyage à tous ceux qui ont dirigé le pays pendant les 27 ans »
Publié le mercredi 26 aout 2015  |  Le Quotidien




Le Quotidien : Depuis le dernier congrès du CDP, le CRAC est inexistant. Le responsable du CRAC a même quitté le CDP. A quel niveau êtes-vous actuellement ?

Lassina Ouédraogo, ancien chargé de communication du Comité d’action et de réflexion pour le renouveau du CDP : Nous avons cheminé ensemble pendant 6 mois jusqu’au congrès. Le CRAC a œuvré au réveil du parti. A l’issue du congrès du parti, nous sommes restés dans les rangs. Mais le président du CRAC a claqué la porte pour créer son parti. Nous lui souhaitons bonne chance dans ses activités politiques. C’est une grande responsabilité qu’il a prise et qu’il assume. Personnellement, je suis resté militant du CDP par conviction personnelle. J’estime que lorsque l’on chemine ensemble pour un combat, il faut s’asseoir à un moment donné pour faire le point. Pour moi, il n’était pas temps de démissionner du parti que nous avons tous travaillé à son réveil après les événements des 30 et 31 octobre 2014. Voilà pourquoi je suis resté militant.

Les revendications du CRAC ont-elles été prises en compte lors du dernier congrès CDP ?

Pas forcément. Au vu du cheminement actuel du parti, je ne peux pas dire que les revendications du CRAC ont été entièrement prises en compte. Mais, il faut reconnaître qu’il y a eu un renouveau. On a Eddie Komboïgo comme nouveau président du parti. Il est l’incarnation de la rupture entre l’ancienne garde et la nouvelle génération. De ce point de vue, cela répond aux aspirations du CRAC. Mais au niveau des autres composantes, je ne vais pas m’attarder là-dessus parce que je suis militant du CDP, respectueux des valeurs, des statuts et du règlement intérieur du parti. Le parti a choisi des personnalités pour diriger les instances. Je n’ai pas d’autres commentaires à faire à partir du moment où je suis militant du parti. Seulement, je trouve que l’on pouvait mieux faire. Mais comme le linge sale se lave en famille, nous allons, en famille, tout faire pour rehausser l’image du parti avec ce que chacun peut apporter comme idée.

Avec le recul, pensez-vous que le CRAC a apporté un plus dans la vie du CDP ?

Absolument oui. Après l’insurrection populaire, il n’était pas facile de parler en tant que militant du parti. Je me rappelle que le CRAC a été le premier à arborer fièrement les tee-shirts du parti. Cela a donné du courage à d’autres qui ont suivi nos pas. Nous avons voulu montrer que ce n’était pas un crime d’être militant du CDP. Peut-être que la manière de faire la politique n’était pas toujours en phase avec les aspirations profondes de la jeunesse. Le CRAC, à travers ses activités, est arrivé à redonner confiance aux militants qui étaient terrés chez eux. Souvenez-vous que certains militants pensaient que le CDP était mort. A travers les activités du CRAC beaucoup ont compris qu’il ne l’était pas. Bien au contraire, il vivait toujours. Pour moi donc, le CRAC a eu sa raison d’être. Je peux confier aujourd’hui qu’il y avait quelques dirigeants du parti qui soutenaient le CRAC. Nous avons toujours eu des échos favorables lorsque nous tournions dans les arrondissements de la ville de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso pour nos activités. Après le congrès, quoique l’on dise, il y a eu quelques polémiques sur la survie du CRAC jusqu’à ce qu’il meurt de sa belle mort. Mais les animateurs sont toujours là en tant que jeunes et nous continuerons à œuvrer partout où nous sommes (au RPR pour Ali Badra Ouédraogo et au CDP pour nous autres) pour la construction de la nation burkinabè. C’est cela qui est le plus important à mes yeux.

Nous sommes à l’orée des élections, une période charnière. Aujourd’hui, le débat fait rage par rapport à la validité de certaines candidatures du CDP. Quelle lecture faites-vous ?

Il y a un sérieux problème de compréhension à ce niveau. Le code électoral à son article 135 décrit ceux qui ne peuvent pas être candidats aux élections législatives et présidentielle. Le CDP et ses alliés ont déposé un recours parce quequoi que l’on dise cette loi les visait directement. Devant le Conseil constitutionnel, ils n’ont pas eu gain de cause. Par contre devant la Cour de justice de la CEDEAO, la décision a été rendue en leur faveur. Avec le discours du président Michel Kafando intervenu après la décision de la CEDEAO, on s’attendait à ce que l’Etat burkinabè applique la décision automatiquement. Maintenant, il y a un problème. Je ne suis pas juriste mais si l’on doit se fonder sur le code électoral, l’article 135 est clair. Tous ceux qui ont soutenu la modification de l’article 37 ne peuvent pas prendre part aux élections. Il faut arriver à démontrer qu’il y a eu changement anticonstitutionnel. Là où l’on ne s’accorde pas c’est quand des gens brandissent la Charte africaine des droits de l’Homme et du peuple qui sanctionne tous ceux qui ont été auteurs de changement constitutionnel. Ici, il y a tentative mais pas de changement constitutionnel. Rien ne prouve aujourd’hui que le 30 octobre 2014, les 99 députés de l’ex-majorité allaient tous voté le projet de loi de modification de l’article 37. Rien ne prouve aussi que tous les députés de l’ex-opposition allaient tous rejeter le projet de loi. C’est pourquoi de mon point de vue, c’est un débat superflu et clanique. Pour revenir à la question, comme la CEDEAO a donné injonction au Burkina de revoir la loi, il était opportun d’avoir un consensus national. Le code électoral ayant été voté par le Conseil national de la transition qui représente l’Assemblée nationale, il fallait le mettre de côté et s’accorder sur un consensus national qui implique les acteurs des partis politiques, de la société civile, des religions. Les textes de la CEDEAO disent que l’on ne peut pas modifier les textes 6 mois avant les élections. Ce consensus national allait mettre de côté le code électoral voté par le CNT. Cela aurait pu éviter au Burkina de ne pas être un Etat voyou comme l’a dit le professeur Luc Marius Ibriga. En ce moment, on allait laisser les anciens dignitaires se présenter et le peuple allait élire ses futurs dirigeants. Maintenant que cela n’est pas fait, cela laisse libre cours aux acteurs de la société civile d’aller déposer un recours devant le juge constitutionnel pour l’invalidation des listes du CDP et de certains candidats de l’ex-majorité. Mais pour ma part, aucun pays ne peut prospérer dans l’exclusion. Cela n’est plus à démonter parce que l’on a vu le monde qu’il y avait lors de l’insurrection populaire. Si le monde qui est sorti représente le peuple burkinabè, il n’y a pas de raison qu’une loi puisse venir barrer la route à x ou y. Il faut laisser quelqu’un qui est déjà mort de mourir de sa belle mort. Si le CDP est donné pour un parti qui ne compte plus, qu’on le laisse aller aux urnes. Il devait être sanctionné par les urnes plutôt que par une loi.

Avec les récentes déclarations du parti, on a l’impression que vous vous ne faites pas confiance aux institutions en place notamment le Conseil constitutionnel…

C’est parti d’un constat. Le président du CDP a souligné que le Conseil constitutionnel a fait parvenir une lettre demandant au parti de préparer un mémoire en défense par rapport au recours de certaines OSC. Or, les OSC ont déposé leur recours le 12 août à 16h. On ne peut pas comprendre que pendant que l’affichage de la liste des candidats aux législatives n’est pas encore fait, il y ait déjà un recours. Selon les explications qui ont été fournies au sein du parti, le Conseil constitutionnel devait déclarer la requête des OSC irrecevable. Il y a un autre précédent encore. En effet, le Conseil constitutionnel s’est déclaré incompétent pour trancher des questions constitutionnelles. C’est là où en tant que citoyen lambda je ne suis pas d’accord. Mais je respecte la décision des juges. L’article 139 de la Constitution tranche la question du recours introduit par le CDP. Par rapport à la mise en accusation du président du Faso, Blaise Compaoré, l’article 139 de la Constitution est clair. Il faut les 4/5 pour mettre en accusation le président du Faso. A partir du moment où c’est inscrit dans la Constitution, pourquoi le Conseil constitutionnel s’est déclaré incompétent et a plutôt parlé de résolution ? Cette mise en accusation dont fait cas le CNT tire son fondement de la Constitution. C’est le régime Compaoré qui l’a instauré et cela fait partie de la Constitution. On ne peut pas aujourd’hui dire que cela n’est pas constitutionnel.

D’aucuns pensent que le fait de laisser les dignitaires de l’ex-majorité se présenter est une prime à l’impunité. Votre Commentaire !

Je comprends la volonté de la transition de bien faire les choses. Lorsqu’un régime perdure pendant 27 ans, il y a des gens qui subissent les conséquences de ce pouvoir surtout que nous sommes en Afrique. Mais je ne suis pas d’accord que certaines pensées puissent vouloir se substituer en droit. Heureusement ou malheureusement, nous sommes dans un Etat démocratique. Il faut passer par les règles de droit. Je veux parler des anciens ministres de Blaise Compaoré qui ont été dans un premier temps convoqués par la gendarmerie puis relâchés par la suite tout simplement parce que la Haute cour de justice n’avait pas été mise en place. Il y a eu de la précipitation. Il fallait tout mettre en œuvre d’abord. Aujourd’hui, je peux vous garantir qu’il n’y a aucun militant du CDP qui est contre l’interpellation de certains de ses militants. Mais, il y a un problème de procédure. Si la procédure n’est pas respectée, cela va de soi que le CDP donne de la voix. Quand on parle de 27 ans de régime de Blaise Compaoré, on ne peut pas me convaincre qu’ils l’ont été avec seulement Jérôme Bougouma, Jean-Bertin Ouédraogo , Arthur Kafando, Adama Zongo , Salia Sanou, etc. Il y a aussi des tout-puissants qui sont là. Je vous donne un cas palpable. Séraphine Ouédraogo a été maire de l’arrondissement de Boulmiougou. Elle est écrouée à la Maison d’arrêt et de correction de Kaya pour malversations sur des parcelles. Mais au même moment, on a Seydou Zagré de la mairie de Koudougou qui a été révoqué en Conseil des ministres mais qui est libre de tout mouvement parce qu’il a démissionné du CDP pour intégrer un parti que je ne vais pas nommer. Nous trouvons que la justice est à double vitesse. Si c’était équitable, personne n’allait parler. Il y a aussi l’ancien bourgmestre de la ville de Ouagadougou, Simon Compaoré qui a été épinglé par la Cour des comptes lors de la réfection de l’hôtel de ville. Il y a tous ces dossiers. On ne peut pas aujourd’hui arrêter Marin Casimir Ilboudo et laisser d’autres se pavaner. Vous avez vu que la Haute cour de justice va au-delà même du dernier gouvernement de Blaise Compaoré. Il y a le cas de Gilbert Noël Ouédraogo qui n’est pas membre du dernier gouvernement. Pour moi, il faut aller jusqu’aux Clément Sawadogo et d’autres.

Qu’est-ce qui leur est reproché ?

Je fais le constat en tant que citoyen.

Si des gens ont des éléments tangibles, ils peuvent saisir le CNT.

Je fais le constat. Vous ne pouvez pas me convaincre, pour reprendre un analyste politique, que sous le régime de Blaise Compaoré, même si on n’a pas traîné des casseroles, on a, au moins, traîné des cuillères. On ne peut pas dire qu’on peut être DG, ministre de l’Economie, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, sans traîner des cuillères. Je veux dire que je fais confiance à la justice de mon pays mais il faut étendre le nettoyage à tous ceux qui ont dirigé le pays pendant les 27 ans. En voulant nettoyer de façon sélective, cela pose problème. Je suis contre cela en tant que citoyen. S’il y a vraiment des faits qui pèsent contre ceux qui sont épinglés que voulez-vous que je dise ? Ce sont les règles de la démocratie. Je vous ai donné l’exemple du maire de Koudougou avec le verger. S’il est épinglé, c’est sûr que d’autres personnes vont suivre. Il faut nettoyer toute la classe politique que de vouloir tuer le CDP et permettre à l’autre classe politique qui a quitté la baraque, il y a seulement 8 mois, de prétendre diriger le pays. Cela m’écœure et je pense que c’est insulter l’intelligence de ceux qui ont une cervelle pour réfléchir.

Des bonzes du CDP ont clairement soutenu la modification de l’article 37 de la Constitution. Cela n’est-il pas une raison suffisante pour les sanctionner ?

En tant que député, l’article 95 de la Constitution est clair. Il stipule qu’aucun membre de l’Assemblée nationale ne peut être poursuivi, jugé ou puni en raison de ses opinions ou votes émis par lui pendant ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. La Constitution est claire là-dessus. Le tintamarre que l’on avait fait par rapport à l’article 37 est fini aujourd’hui. On parle d’une nouvelle Constitution. J’estime qu’il faut laisser le pouvoir qui va venir régler le problème du passage de la 4e à la 5e République. La transition est à moins de 2 mois de la fin de son mandat, il faudrait qu’elle se consacre sur l’organisation des élections. Nous voulons qu’au soir de l’élection présidentielle, le vaincu appelle le vainqueur pour le féliciter. Ce qui nous fait souvent rire est que l’on a l’impression que quand on critique la transition, on est contre elle. Non, ce n’est pas cela. Les critiques participent de l’amélioration de la gouvernance. La transition est censée baliser le terrain pour la suite. La transition, en principe, ne doit pas être politique. Mais avec ce que l’on voit, c’est regrettable. A travers certaines décisions, on voit une intention manifeste de nuire à certains partis politiques. A part cela, nous soutenons la transition parce qu’elle est celle du Burkina et non celle d’un autre pays. Je voudrais, pour finir, lancer un appel à la jeunesse. Elle ne doit pas être une échelle pour la vieille garde d’atteindre ses objectifs. Les jeunes ne doivent se haïr parce que le Burkina est seul et indivisible. On ne trouvera pas un autre Burkina. Nous avons tous, pour obligation, de construire le Burkina. Nous pouvons nous critiquer à travers les idées mais que jamais on utilise la violence comme moyens pour accéder au pouvoir. C’est ce que les anciens sont en train de nous enseigner. Mais, nous devons remettre cela aux calendes grecques1
Commentaires