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L’Observateur N° 8349 du 9/4/2013

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Le péril du "sachet noir"
Publié le mercredi 10 avril 2013   |  L’Observateur


menace
© L’Observateur par DR
menace par le péril du plastique (sachets noirs, sachet d`eau minérale,...)


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La capitale, les villes moyennes et même les petits villages du Burkina sont menacés par le péril du plastique (sachets noirs, sachet d'eau minérale,...). Cela dérange à peine, tellement tout semble normal dans cet environnement pollué. Au-delà des populations qui ne voient pas venir le danger, les dirigeants qui manquent de bonnes initiatives et les partis dits écologiques qui n'ont d'écologique que leurs appellations, la question reste posée. Faut-il laisser la catastrophe se produire avant de réagir, puis réagir à rebours comme toujours en Afrique? Voici une réflexion des plus actuelles, qui mérite qu'on s'y penche comme au Nord et même comme l'ont déjà fait quelques rares pays du continent noir.

Si l'on attend la réaction des responsables du département de l'Environnement, il faudra attendre encore longtemps. Ils ont pris des initiatives, mais est-ce les bonnes ? Il y a quelques mois, le département a eu l'idée «lumineuse» de racheter le plastique ramassé... «C'est bon, mais c'est pas arrivé», comme on dit au Faso. Nous croyions à l'époque qu'il s'agissait du début d'une mesure qui aurait des suites. Aucune évaluation n'a été faite ni partagée avec le grand public. Une mesure aussi petite, soit-elle, et qui donne un rôle à jouer aux populations mériterait d'être rendue publique, du moins, ses résultats. Silence et on passe. Une occasion ratée pour ce département qui regorge d'intellectuels formés, qui font certainement des propositions intéressantes mais qui manquent d'être discutées avant d'être vulgarisées.

Quelques années plus tôt, les reboisements étaient légion et l'impact est ressenti jusqu'au aujourd'hui par les générations actuelles. Que ferons-nous pour nos successeurs ? Allons-nous leur laisser des zones totalement désertiques avec du plastique enfoui dans le sol et même le sous-sol ?

Jetez un coup d'œil autour de vous et vous verrez que le phénomène est réel et qu'il prend de l'ampleur chaque jour. Dans l'ensemble du pays, les ménagères qui, il y a quelques années, étaient fières d'aller au marché avec un sac traditionnel, l'ont abandonné tout simplement pour s'en remettre aux sacs plastiques. Tout est vendu dans des sacs plastiques de couleur noire en général et c'est là le pire.

Demandez aux experts combien de temps le sac plastique met pour se détériorer, (des centaines d'années). La nocivité d'un produit pour l'environnement dépend largement de sa durée de vie. La durée de dégradation d'un sac plastique est estimée entre 100 et 400 ans. Il fait partie des polluants les plus persistants. Il pose d'énormes problèmes quand il arrive au stade de déchet, puisqu'il n'est pas biodégradable.

Il faut également prendre en compte l'autre versant du problème, il s'agit de la pollution des terres et des mers. Combien d'animaux sont morts dans nos pays pour avoir ingéré des sacs plastiques? Une étude devrait être menée pour montrer l'ampleur du problème au Faso.

Exemples à suivre

Aux Etats-Unis, il n'y a plus de sac de caisse en plastique. Tous les supermarchés et magasins servent leurs clients avec des sacs en papier kraft. Certains pays, comme le Canada, la Suisse et l'Italie, utilisent des sacs biodégradables. Il est important de savoir que c'est à la fin des années 1950 que les sacs plastiques ont fait une entrée fulgurante aux USA. Aujourd'hui, vous n'en trouverez plus.

En Europe, la plupart des magasins sont en train de les supprimer. La France avait promis la fin du sac plastique en 2010, mais il reste encore tenace dans quelques rares magasins. Des efforts sont faits un peu partout sur la planète, mais il faut reconnaître que tout ce qui fait appel au changement de comportement n'est pas une affaire simple et nécessite un engagement de tous.

Heureusement il y a quelques bons exemples sur le continent africain. Le Rwanda, le Tchad, le Congo Brazzaville et bientôt la Mauritanie. Comment et pourquoi ces pays africains ont-ils jugé utile de prendre en charge cette question stratégique? Tous ont adopté des lois, c'est la clé. Pour interdire l'importation et l'usage du plastique, il faut légiférer.

A l'aéroport de Kigali au Rwanda, dès votre descente, un agent vous posera la question de savoir si vous avez des sachets plastiques... et il vous en délestera. Dans les magasins, pas de sacs plastiques. En pharmacie, les produits sont vendus dans des sacs en papier kraft. Il existe des emballages en plastique biodégradable, ils sont vendus en magasins et sont réutilisables.

Qu'est-ce que ces pays ont de plus que les nôtres ? Ils ont peut-être le sens de l'anticipation, ils regardent et savent répliquer les bons exemples pour en devenir eux-mêmes. Ils mesurent l'impact, s'engagent pour les générations futures. Dans nos contrées, on essaye tout juste de remplir le quotidien avec des mesurettes.

En attendant une loi...

A défaut d'avoir les moyens pour faire du recyclage à grande échelle, il serait moins coûteux d'opter pour la voie de la prévention en votant l'interdiction et de l'importation et de l'usage des sacs plastiques dans nos pays qui ressemblent de plus en plus à des cimetières de sacs plastiques, puisque partout ailleurs le combat est lancé et les impacts sont visibles.

Est-ce seulement l'affaire des gouvernants ? Bien sûr que non. Chacun doit pouvoir s'engager à préserver l'environnement, c'est un devoir. De petites initiatives de recyclage existent certes au Burkina, au Bénin et dans certains pays africains, mais entre le traitement et la prévention, le choix devrait être vite fait.

Dans l'attente du vote d'une loi par nos législateurs, on ne peut qu'inviter les individus à changer leur propre comportement. Dites non aux sacs plastiques lors de vos achats ! Adoptez des sacs réutilisables !

Nos magasins et boutiquiers devraient participer également au combat contre le sac plastique en mettant à la disposition des clients des sacs réutilisables.

Nos députés pourraient de leur côté aider activement et efficacement le ministère en charge de l'Environnement en prenant l'initiative de poser une question orale au ministre de l'Environnement sur le sujet. Peut-il donner une situation du problème au Burkina. A-t-il évalué son action de ramassage-rétribution des sacs plastiques ? Quelles est sa stratégie pour résoudre le problème ? S'il y a un succès qu'il pourrait mettre à son actif, en voilà un.

Terminons cette réflexion par un appel enfin aux associations de consommateurs. Sont-elles, elles aussi, de simples spectatrices? S'inscrire dans cette option serait le choix de mener un combat noble, pour les générations futures. Lançons d'ores et déjà ce mot d'ordre : LE SAC PLASTIQUE, JE DIS NON !

Leroy Rodney

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