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Recours en invalidité contre des candidatures CDP : « Les professionnels de la politique doivent être mis en quarantaine » (Désiré Guinko, porte-parole du CCNOSC)
Publié le mercredi 19 aout 2015  |  L`Observateur Paalga




Malgré la décision de la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant à l’Etat du Burkina Faso de « lever tous les obstacles à une participation aux élections tels que prévus par le Code électoral et nonobstant l’engagement du gouvernement, comme annoncé par le président de la Transition, Michel Kafando, le Cadre concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOSC) quant à lui, ne l’entend pas de cette oreille. En effet, il a introduit le 12 août dernier un recours aux fins de déclaration d’inéligibilité de candidats et de nullité de listes de candidatures devant le Conseil constitutionnel contre le CDP. Dans le viseur de ce groupe d’OSC, sept figures de proue de l’ex-majorité : Achille Tapsoba ; Fatou Diendéré, Olo Anicet Pooda, Salam Dermé, Jérôme Zoma, Moussa Nikièma, et du président du parti Eddie Komboïgo. Dans cette interview réalisée vendredi 14 juillet 2015, le porte-parole du CCNOSC revient plus en détails sur ces requêtes contre l’éligibilité de candidats CDP aux prochaines législatives.

Présentez-nous le Cadre concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOSC)

Je suis Désiré Guinko, porte-parole de la CCNOSC. C’est une organisation faîtière qui regroupe un certain nombre d’organisations qui ont, toutes, la particularité d’avoir participé activement à l’insurrection populaire de fin octobre 2014 qui a conduit à la démission du président Blaise Compaoré.

C’est une structure qui réunit une vingtaine de structures. Je peux citer entre autres, le CAR, le M21, les Patriotes du Faso, l’APDC, l’AOPS et bien d’autres. Nous menons aussi des actions sociales. On a apporté une aide aux blessés de l’insurrection et plus récemment aux victimes des dernières inondations à Bissighin. Pour me résumer, c’est une structure qui se bat au quotidien afin que les souvenirs et acquis de l’insurrection populaire soient préservés.

Vous avez introduit un recours aux fins de déclaration d’inéligibilité de candidats et de nullité de listes de candidature du CDP. Quand est-ce que cette plainte a été déposée ? Et quelles sont les personnes concernées ?

En tant que citoyens, le code électoral nous permet d’engager tout recours en invalidité contre des candidatures aux élections et l’article 195 du code électoral est très clair là-dessus. Il faut dire que notre structure faîtière a décidé de contester la candidature de certaines personnes dont les actes et comportements ont conduit le Burkina Faso dans le précipice à un moment donné de son histoire.

Ce recours a été introduit le 12 août 2015 contre certaines personnalités du CDP et par extension à d’autres qui ne sont pas forcément du CDP mais qui ont soutenu activement la modification du fameux article 37.

Alors, si ce n’est pas un secret d’Etat, quelles sont ces personnes ?

Je n’ai pas toute la liste en tête mais pour ce qui concerne le CDP, il s’agit principalement, d’Achille Marie Joseph Tapsoba qui est sur la liste nationale du CDP ; Fatou Diendéré, Olo Anicet Pooda, Salam Dermé, Jérôme Zoma du Boulkiémdé, Wendvenem Eddie Komboïgo, candidat dans le Passoré et de Moussa Nikièma dans le Kadiogo.

Voilà, entre autres, les noms de sept personnalités contre lesquelles nous avons introduit un recours en invalidité de leur candidature. Mais je dois préciser que la liste est loin d’être exhaustive car notre conseil travaille toujours afin que mêmes tous ceux qui ont soutenu le projet de modification de l’article 37 et qui ne sont plus ou pas du CDP ne passent pas entre les mailles du filet.

Vous faites allusion à quelles autres personnalités ?

Monsieur le journaliste, je ne rentrerai pas dans les détails que vous voulez. Mais je peux seulement vous garantir que Me Gilbert Noël Ouédraogo occupe une place de choix dans cette liste. Pour le reste, je vous invite à prendre votre mal en patience, la liste ne pourrait tomber d’un moment à l’autre.

Guinko, sur quelles bases fondez-vous ce recours ?

C’est assez logique ; nous nous inscrivons en droite ligne dans la lettre du code électoral dont certaines dispositions adoptées en avril dernier interdisent à toutes les personnes qui ont participé activement et ouvertement à l’initiative de modification de l’article 37 qui a conduit à l’insurrection populaire de fin octobre, d’être candidats aux élections pendant un certain nombre d’années.

Ces dispositions du code électoral doivent être appliquées sans état d’âme. Ces dispositions, je ne vous apprends rien, s’inspirent de la Charte de l’Union africaine sur la démocratie et les Droits de l’homme.

Nous ne vous apprenons rien aussi en vous rappelant que la Cour de justice de la CEDEAO a remis en cause ces dispositions qui disqualifient les personnes ayant soutenu l’initiative de modification de l’article 37. Mieux, le Président du Faso lors de son adresse à la Nation, s’est engagé à exécuter la décision. Finalement, votre action n’est-elle pas vouée à l’échec ?

Nous ne sommes pas dans cette dynamique, car la même CEDEAO a dit que l’on ne pouvait pas modifier un code électoral à six mois du scrutin. Alors que nous sommes dans une logique qui est, que soit on prend en compte la décision de la CEDEAO, ce qui signifie que l’on doit reporter les élections ; il ne faut même pas en rêver ; ou on applique le code électoral adopté dans sa dernière mouture et cela reste à la discrétion du Conseil constitutionnel. Donc, il ne faut présumer de rien. Ce recours ne peut être voué à l’échec.

Une chose est de clamer que ces personnalités ont soutenu le projet de modification de l’article 37, une autre sera d’en apporter la preuve et ce n’est toujours pas aussi simple devant le juge.

Les preuves foisonnent. Nous en avons à profusion. Je dirais même que nous disposons d’une batterie de preuves sur cette affaire-là. Il y a des preuves photographiques, écrites, vidéos et des enregistrements vocaux. Il y a une quantité de preuves que je ne vais pas présenter ici. Ces personnes ont soutenu le projet à travers des propos et des actes.

Elles ont même sillonné le pays pour faire aboutir le projet. Les preuves ne manqueront pas devant le juge constitutionnel, rassurez-vous. On ne peut pas fermer les yeux sur ce que des gens ont posé comme actes. Des gens qui sont à l’origine de la mort d’une trentaine de personnes et plus de 600 blessés.

Il faut envoyer un signal fort en sanctionnant, ici et maintenant, tous ceux-là qui seraient tentés à un moment ou à un autre comme Blaise Compaoré de tordre le cou à la Constitution pour assouvir leurs ambitions personnelles.

Ce recours ne donne-t-il pas finalement raison à tous ceux qui pensent que certaines OSC ne sont que des « mercenaires » à la solde de quelques partis politiques.

Je vous coupe tout de suite. Net. Mercenaires à la solde de qui ? Le 21 octobre 2014, lorsque le CFOP lançait l’appel à la population et aux OSC pour contrer Blaise et ses compagnons, on ne parlait pas de mercenaires. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va parler de mercenaires.

Vous avez peut-être raison. Il y a peut-être des OSC qui s’illustrent dans le mercenariat mais nous, nous restons attachés à l’esprit de l’insurrection populaire. Par ailleurs, le code électoral dans sa dernière mouture épouse parfaitement l’esprit de cette insurrection. Faut-il le rappeler, le peuple dans sa grande majorité a d’ailleurs soutenu le vote du nouveau code électoral le 7 avril dernier. Maintenant les gens peuvent raconter ce qu’ils veulent.

Nous, nous tenons à honorer la mémoire de nos martyrs, en empêchant ceux qui ont posé des actes répréhensibles et qui, en principe devraient porter sur leur conscience la mort d’une trentaine de jeunes gens dont le seul crime était de s’opposer au pouvoir à vie d’un homme et de son système, d’être candidats.

Notre objectif c’est une mise, auto-mise en quarantaine où une mise en quarantaine de ces personnes sur la scène politique ne serait-ce que pour un certain temps pour respecter la mémoire de ces jeunes gens tombés au champ d’honneur.

Est-ce qu’il y a une ou des mains invisibles derrière ce recours ? En clair, y a-t-il un ‘’bon de commande’’ pour cette action devant les grands juges ?

Jamais. Quel bon de commande ? Quelles mains invisibles ? Ce recours est une initiative qui découle des organisations de la société civile ayant participé activement à l’insurrection populaire de fin octobre. Vous ne m’avez pas bien suivi on dirait.

Il n’y a pas de mains invisibles, il n’y aura jamais de mains invisibles parce que nous sommes des organisations responsables, autonomes et soucieuses de l’intérêt général. Allez-vous-même constatez auprès de l’homme de la rue s’il réprouve ou apprécie l’action que nous avons engagée.

A une cinquantaine de jours du scrutin, n’y a-t-il pas urgence pour les OSC de canaliser leurs forces et moyens sur la mobilisation citoyenne d’autant plus que l’opération d’enrôlement biométrique complémentaire organisée par la CENI n’a pas atteint les résultats escomptés, plutôt que de s’engager dans des batailles judiciaires dont l’issue est incertaine.

Nous voulons que l’on sanctionne surtout pour l’exemple et pour l’avenir. Ceux qui ont eu de tels comportements ne peuvent pas s’en tirer à si bon compte. On ne saurait passer par pertes et profits les martyrs de l’insurrection.

Il faut par ailleurs, rappeler à certains d’entre eux, que si le droit de s’engager en politique et la liberté d’association leur sont reconnus, la politique ne saurait être une profession, un emploi à plein temps pour eux. C’est ahurissant, nous ne comprenons pas pourquoi, certains tiennent mordicus après les événements de fin octobre 2014 à être toujours candidats aux élections dans ce pays.

Ils se payent même le luxe de proférer des menaces si leur candidature était invalidée par le Conseil constitutionnel. Mais, on est où là ?

Quand vous parlez de professionnels de la politique, vous pensez à qui ?

Vous n’avez pas besoin d’un dessin pour cela. Je pense principalement au CDP et à ses compagnons. S’il vous plaît, regardez quelqu’un comme Gilbert Noël Ouédraogo qui avait toutes les cartes pour être un grand, un vrai leader, une référence politique dans ce pays.

Il lui suffisait tout simplement d’avoir un peu de charisme, de conscience et de courage politique pour s’opposer à l’initiative de Blaise Compaoré. Mais qu’est-ce qu’il a fait ? il choisi de soutenir, advienne que pourra, bec et ongles, le projet de révision de l’article 37.

Des gens sont morts en partie à cause de son aveuglément et de son égoïsme. Il y a même eu des morts dans son domicile à Ouahigouya et moins d’un an après, c’est le même Gilbert qui aspire à assumer les plus hautes charges de l’Etat. Et ce, rien que pour satisfaire ses ambitions personnelles et égoïstes.

Dites-moi où est ce que vous avez vu ça ? Dans quel pays du monde ? Je dis non ; nous ne pouvons pas oublier de sitôt nos martyrs. Accepter des dirigeants comme Gilbert et ceux du CDP dans les hautes sphères de l’Etat, ne serait ni plus ni moins qu’une trahison à la mémoire de nos martyrs. J’insiste, nous ne sommes pas prêts pour cela.

Nous ne sommes pas des traîtres parce que nous sommes et nous serons toujours du côté du peuple. Permettez-moi de rester sur le cas Gilbert, sa candidature est tout simplement regrettable, c’est la preuve que son mea culpa n’a jamais été sincère. Sinon comment comprendre ou décrypter une telle curiosité ? Il n’a pas fait amende honorable.

Bien au contraire, il tient même des propos arrogants. Il a refusé de se mettre en quarantaine mais nous userons de tous les moyens légaux pour l’obliger, lui et ses acolytes, à se mettre en quarantaine, un tant soit peu, le temps que les Burkinabè sèchent leurs larmes et pansent leurs plaies.

Pourquoi le CCNOSC se limite-t-il aux candidatures du CDP alors que certains responsables de partis politiques avaient soutenu, il y a peu, que la limitation de l’article 37 était anti constitutionnelle ?

Je vous ai bien dit que la liste n’était pas exhaustive. Nous avons parlé du CDP, de l’ADF/RDA, mais rassurez vous qu’en temps utile des personnalités politiques bien connues de ce pays viendront compléter ou allonger, selon ce que voulez, la liste. Vous parlez de Roch Marc Christian Kaboré ? Mais, c’est à quel moment qu’il a fait cette déclaration ? C’est avant ou après la lutte ?

Il faut prendre tous ces paramètres en compte. Il a participé activement à la lutte pour barrer la route à Blaise. Pendant qu’on y est, dites-moi pourquoi Gilbert ne s’est pas ressaisi à temps en faisant corps avec le peuple ? Pourquoi le général Bassolé n’a pas rejoint le peuple avant que le navire ne coule pour dire après voila je n’ai jamais soutenu le projet de modification de l’article 37 ?

Voilà autant de questions qu’il faut se poser. Nous ne voulons pas entrer dans ce débat, mais je tiens à rappeler que certains leaders politiques de ce pays ont pris des risques en se ralliant à la lutte parce qu’ils auraient pu comme les martyrs y laisser leur vie.

Une fois de plus, nous n’entrerons pas dans cette polémique, mais le constat est que à la date du 30 octobre, certains leaders politiques ont rejoint les jeunes, fer de lance de l’insurrection, pour contraindre Blaise à renoncer à son initiative pendant que d’autres ont clairement opté de rester du côté de l’oppresseur pour conserver leur privilèges et avantages. Ces derniers doivent donc en tirer toutes les conséquences. Et puis, à la fin, il faut savoir ce que l’on veut.

Vous savez bien que le verdict du Conseil constitutionnel est sans appel. Allez-vous vous plier à sa décision si toutefois il rejetait votre recours ?

Je ne cesserai jamais de rappeler que le CCNOSC est une organisation pacifique et respectueuse des lois de la République. C’est pour cela d’ailleurs que nous avons fait prévaloir notre droit constitutionnel devant les grands juges en introduisant un recours en invalidation contre la candidature de certains prétendants.

Ce que beaucoup ignorent ou feignent de méconnaître, c’est que la CENI en recevant les candidatures, a simplement fait une appréciation administrative des dossiers de candidature mais le Conseil constitutionnel, lui, fera une appréciation plus technique c'est-à-dire juridique de ces dossiers. Mais une chose est sûre : on ne peut plus continuer à sacrifier la justice et les générations futures au nom de la paix.

Il faut sanctionner pour que dans ce pays, dans dix, vingt ou trente ans, on se souvienne que des gens ont voulu tordre le cou à la Constitution et qu’ils ont été appréhendés et punis. C’est tout le sens de notre action devant le Conseil constitutionnel.

L’Etat de droit c’est l’Etat dans lequel on reconnaît la primauté du droit. Vous déclarez que votre organisation est respectueuse des lois de la République ; alors seriez-vous disposé à accepter une décision défavorable des grands juges ?

Nous aviserons ! Le Cadre de concertation des organisations de la société civile avisera en temps opportun. C’est tout ce que je peux vous dire pour le moment.

Interview réalisée par

Jean Stéphane Ouédraogo
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