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Décès d’une dame suite à un accouchement au CSPS de Wemtenga/Ouagadougou : la famille accuse/Le personnel soignant se défend
Publié le mardi 18 aout 2015  |  Le Quotidien
Trafic
© Autre presse par DR
Trafic de bébés




A propos du décès d’une patiente qui a accouché au CSPS de Wemtenga, nous avons approché la famille de la défunte pour recueillir leurs versions des faits ainsi que celles des acteurs de la santé, représentés par l’infirmier chef de poste du CSPS en question et du médecin chef de district sanitaire du secteur 30 de Ouagadougou. Selon le MCD, c’est suite à des convulsions que la dame concernée a mis son bébé au monde avant de rendre l’âme. Par contre, la famille de la défunte croit dur comme fer que c’est par la négligence de la sage-femme que la mort a emporté la femme. Quant au bébé, il est vivant et serait avec son père.

Pour avoir la version des faits de la famille de la défunte en vue de mieux comprendre les circonstances de la mort suite à un accouchement d’une dame, nous nous sommes rendus dans la concession familiale sise à la zone non lotie du quartier communément appelé « zone I ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que la famille était toujours sous le choc suite à la mort brutale de la mère du nouveau-né. Nous avons pu recueillir la version d’une accompagnante qui se trouve être la sœur de la défunte. Il s’agit de Edith Ouédraogo qui dit avoir suivi de bout en bout l’hospitalisation de sa sœur dans un premier temps au CSPS de Wemtenga là où elle estime qu’il y a eu de la négligence jusqu’au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, où la dame a perdu la vie.

L’accompagnante de la dame décédée, Edith Ouédraogo, donne sa version des faits

« Nous étions dans la salle d’attente dans un premier temps lorsque ma sœur devrait accoucher. Je me souviens que la sage-femme était entrain de la gronder à l’intérieur de la salle d’accouchement parce que celle –ci n’avait pas suivi les visites prénatales. La sage-femme lui a reproché d’être allée qu’une seule fois en visite prénatale. Celle-ci a tenté d’expliquer que c’est parce qu’elle avait voyagé que les visites n’ont pas pu être faites. C’est en cz moment que la sage-femme a alerté ses collègues par des cris « à l’aide » et ils ont accouru pour l’aider. Par la suite, elle a été mise sous perfusion ». Et de poursuivre :
« J’ai bel et bien vu que c’est à terre qu’elle a accouché »
« Nous avons constaté qu’elle baignait dans son sang à même le sol. J’ai bel et bien vu que c’est à terre qu’elle a accouché. Nous n’avons pas entendu ni les vagissements de l’enfant ni les cris de la maman. C’est en ce moment précis que l’enfant a été remis à notre maman. L’époux de ma sœur n’a pas assisté à tout cela parce qu’au début j’étais seule avec ma sœur. Tout ce que nous avons constaté, c’est qu’elle saignait au niveau de la bouche. Au regard de la situation, le personnel soignant a contacté les ambulanciers, mais finalement ce sont les Sapeurs-pompiers qui sont venus. Lorsque nous étions dans l’ambulance, ma sœur qui parlait difficilement à cause du choc qu’elle a eu, m’a demandé où on allait. Je l’ai informée qu’elle avait mis au monde un garçonnet et elle a souri. Une fois à l’hôpital Yalgado, le personnel soignant a questionné ma sœur par rapport à son choc à la tête. Malheureusement, elle n’arrivait pas à parler. Mais ceux-ci ont questionné si elle était tombée tant ses blessures faisaient croire à un accident. Sans même la toucher, les docteurs ont indiqué qu’il s’agissait d’un accident ou bien qu’elle est tombée. Il fallait en ce moment faire le scannage et la radiographie. Nous avons acheté des produits qui ont été prescrits à hauteur de 45 000 FCFA. Le docteur même était étonné de voir qu’on a été rapide. Mais finalement c’est le 6 août 2015 aux environs de 2h qu’elle a succombé. Tout ceci s’est déroulé le mercredi, mais le mardi déjà, elle ne pouvait même pas boire d’eau toute seule. Après avoir tourné dans tout l’hôpital à la recherche de gaz, dans la nuit du mercredi au jeudi, son état s’est aggravé. C’est là que j’ai constaté que sa salive était ensanglantée. Au regard de son état, le docteur a demandé aux autres accompagnants de libérer la salle. Mon frère m’a dit qu’ils l’ont pompée et pincée mais elle n’a pas réagi aux mouvements. Pourtant le jour de l’accouchement, lorsque ma sœur a senti qu’elle devrait accoucher, nous sommes allées ensemble sur la moto. Nous avons même marché à un moment donné parce que l’essence de la moto était finie ».

« Elle ne présentait aucun signe grave»

« Elle ne présentait aucun signe grave. C’est aux environs de 4 h du matin du 4 août 2015 que ma sœur m’a contactée par téléphone, son mari étant absent parce qu’il exerce son travail nuitamment. C’est avec la moto appartenant à notre petit frère que je suis allée chercher Emma Ouédraogo pour l’envoyer au CSPS de Wemtenga.
« Ce sont les docteurs mêmes qui ont enlevé la bande tout en nous disant qu’ils auraient appris que la dame est tombée »
Quand nous étions à Yalgado Ouédraogo, ce n’était pas facile. On nous a mis dans la salle d’accouchement, mais comme il y avait beaucoup de gens, par conséquent, nous avons attendu dans le couloir. Je leur ai demandé en pleurant et en les interrogeant si les pauvres n’avaient pas droit à un bon traitement. C’est une femme qui a plaidé en ma faveur en leur disant de me trouver une place. Ainsi, ce sont les docteurs mêmes qui ont enlevé la bande tout en nous disant qu’ils auraient appris que la dame est tombée. Après tout cela, les docteurs ont recommandé le scannage pendant qu’elle respirait avec le gaz », a-t-elle expliqué.
« Je demande aux agents de santé, de prendre leur travail au sérieux et d’abandonner la télévision et les autres distractions »

« Moi, ce que je demande aux agents de santé, c’est de prendre leur travail au sérieux et d’abandonner la télévision et autres distractions. Même si une femme n’est pas à jour de son carnet, ils doivent s’occuper d’elle avant de la réprimander car une femme qui est en accouchement est entre la vie et la mort. C’est moi qui ai vécu toute la scène. Le mari de ma sœur n’était pas là à toutes les étapes. Il m’a fait savoir que c’est la peur qui l’a poussé à renoncer parce que les docteurs allaient être solidaires face à la situation. Même s’ils sont solidaires, ils ne peuvent pas nier la vérité. Les agents du CSPS sont venus au nombre de quatre personnes accompagnés du major pour saluer notre maman et pour demander pardon. Quant à l’enfant je pleure avec lui en le consolant et en lui disant que c’est « Wendémi ». Toute chose qui signifie que c’est Dieu qui connait l’avenir. C’est cela le nom de l’enfant que ma sœur nous a laissé. Le frère de la défunte a expliqué également les circonstances de la mort de sa sœur. « Le personnel soignant du CSPS avait pris le soin de mettre une bande blanche tant elle saignait. Lorsque, nous sommes arrivés à l’hôpital Yalgado, les médecins nous ont laissé entendre que le cas de notre sœur était grave. Finalement, elle a rendu l’âme. Notre maman est véritablement sous le choc de ce qui s’est passé », a-t-elle indiqué. Notre équipe a pu également se rendre au CHU/YO après avoir écouté la version des faits du médecin chef de district du CMA du 30 et le major du CSPS de Wemtenga pour entendre le personnel qui a accueilli la dame, Emma Ouédraogo car c’est d’elle qu’il s’agit.

La version des faits du docteur Moussa Sana, MCD du CMA du 30

« Nous déplorons le décès de la dame et présentons nos sincères condoléances à la famille. Il faut dire que nous disposons des services d’écoute au niveau des centres sanitaires pour faire enregistrer les plaintes. Cela a été instauré dans le sens de promouvoir la bonne gouvernance dans les centres sanitaires. Si les informations diffusées à travers le journal sont avérées, nous allons interpeller les auteurs. A travers nos échanges et à travers nos recherches, nous n’avons pas pu faire vérifier l’information. Tous les cas que nous recevons sont enregistrés dans un registre avec les références du symptôme du mal. S’il s’avère que la personne doit être référée à un échelon supérieur, on le fait avec une fiche de référence mentionnant la destination et même l’identité de l’agent qui l’a référé. Le 7 août 2015, nous n’avons pas enregistré de cas pareil. C‘est le 4 août 2015 qu’une femme a été admise au niveau du Centre de santé et de promotion sociale de Wemtenga/ Ouagadougou. Cette dame qui devrait accoucher avait une grossesse dont le suivi a été irrégulier. Celle-ci n’est pas allée pour les consultations prénatales. Elle a présenté une crise d’éclampsie. L’éclampsie est une convulsion qui se manifeste comme une épilepsie. Comme la grossesse n’a pas été bien suivie, cela peut expliquer le fait que la crise n’a pu être décelée à temps. Pourtant, lorsqu’il y a des convulsions, il faut arriver à stabiliser le malade. Par conséquent, il faut mettre quelque chose dans la bouche pour empêcher les morsures de langue par le malade. C’est pourquoi des compresses ont été utilisées. L’ambulancier du CMA a été contacté pour chercher le malade, mais celui-ci était déjà en sortie pour un cas. Ainsi, les sapeurs-pompiers sont venus évacuer la dame. Selon les agents du CSPS, l’époux de la dame est repassé pour demander à ce qu’on le conseille par rapport à l’allaitement de l’enfant. Nous estimons que quelqu’un qui n’a pas été bien pris en charge ne va pas repasser pour des conseils. Selon les explications, c’est peut-être les compresses qui ont été mises dans la bouche qui sont à l’origine de ce qui a été dit. Toujours est-il que ce sont des questions que l’on se pose par rapport aux preuves des blessures sur la mâchoire. Il y a tout un protocole en matière de santé et il est conseillé que lorsqu’il y a un problème d’approcher les services. La dame a accouché avant d’être évacuée et pour la suite, nous ne savons pas si c’est à l’hôpital Yalgado qu’elle a perdu la vie. Nous estimons que ce qui a été fait est normal sur la base des rapports fournis par les agents ». Au regard de la situation, nous nous sommes rendus à l’hôpital Yalgago Ouédraogo pour comprendre ce qui s’y était passé lors de l’évacuation de la dame. Le Docteur Adama Ouattara, à la maternité CHU-YO nous a déroulé les faits tels qu’ils se sont produits suite à l’accueil de la dame. Il a indiqué que la patiente a été effectivement reçue à l’hôpital et qu’elle a été inscrite sur le tableau des cas d’éclampsie aiguë avec quatre croix, selon le jargon médical. « La dame a 30 ans et mère de trois enfants habitant au secteur 28 de Ouagadougou. Elle a été transportée par la brigade nationale des sapeurs-pompiers au CSPS de Wemtenga.

« Elle a présenté les crises convulsives que l’on appelle dans notre jargon l’éclampsie »

Elle a présenté les crises convulsives que l’on appelle dans notre jargon l’éclampsie. La grossesse peut être bien ou mal suivie et ça peut arriver. C’est la troisième cause de mortalité des femmes enceintes. Nous avons compris qu’elle avait déjà accouché. Elle est arrivée et ne s’est pas réveillée. Le coma est de levée variable d’une personne à l’autre. Certaines personnes se réveillent une heure après, deux heures après ou jamais. Lorsqu’une personne convulse de la sorte, il faut protéger ses organes vitaux à savoir le cœur, les reins et la langue. On essaie d’immobiliser la langue à travers des compresses pour éviter que les dents blessent la langue », a-t-il dit. Et de poursuivre : « Nous avons cherché à savoir lorsqu’elle a été admise, si elle a reçu le traitement adéquat. Ce traitement est gratuit et c’est le sulfate de magnésium que l’OMS donne.
« Transférée d’urgence à l’hôpital Yalgado, elle a bénéficié de l’ensemble des soins dont elle devrait avoir besoin, mais l’organisation de sa prise en charge au niveau de la grande réanimation a été confrontée à des difficultés financières »
Nous avons vérifié que la dose normale lui a été administrée. Nous ne devrons pas la répéter mais continuer la dose et nous devrons moduler la tension. Nous avons continué les mesures de réanimations mais elle ne s’est pas réveillée de son coma. Transférée d’urgence à l’hôpital Yalgado, elle a bénéficié de l’ensemble des soins dont elle devrait avoir besoin mais l’organisation de sa prise en charge au niveau de la grande réanimation a été confrontée à des difficultés financières. Elle ne s’est pas réveillée de son coma et nous l’avons perdue autour de 2h15 mns alors qu’elle avait été reçue autour de 10h 15. C’est un décès que nous avons déploré lié aux complications de l’hypertension artérielle sur la grossesse. Cette hypertension est liée à des désordres au niveau du rein dont l’origine est du placenta. Dans les pays en Afrique centrale comme le Gabon, il y a des services spécifiques créés rien que pour ces cas », a expliqué le docteur. A la question de savoir si la patiente saignait de la bouche, le docteur Ouattara a répondu que cela est normal avec les morsures et que c’est pour cela que les compresses sont utilisées pour bloquer la langue. Avez-vous reçu vous-même la dame? A cette question, le docteur a laissé entendre ceci : « Nous sommes organisés et il y a un nombre important de personnel à savoir les sages-femmes, les médecins, les professeurs au-dessus. Je ne peux pas recevoir tous les malades mais si un malade cause problème nous intervenons. Si je dois recevoir tous les malades, cela veut dire que je suis mal utilisé par l’hôpital et je ne suis plus rentable. Il y a un profil de personnel pour l’accueil des malades et un autre personnel spécialisé pour la prise en charge. Nous avons décrit les choses telles que nous les avons vues au niveau du tableau et selon ce que nous savons de la maladie, nous ne sommes pas au CSPS pour dire ce qui s’y est passé. Nous savons seulement que dans la fiche qui a accompagné la patiente, il était clairement consigné le traitement qui devait être fait. Si elle est tombée nous ne savons pas dans quelles conditions et nous ne pouvons répondre à cette question. Toujours est –il que lorsqu’on a reçu la patiente, nous n’avons vu nulle part des fractures ou des lésions corporelles vers une chute de sa hauteur. Il y avait du sang dans la bouche lié au fait que les mâchoires se contractent », a relaté le docteur Adama Ouattara1

Par SRK, RO, RHO
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