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Burkina : à deux mois des élections, la crise au sein de l’armée semble éteinte
Publié le jeudi 13 aout 2015  |  AFP
Casques
© Autre presse par D.R
Casques bleus burkinabè tués au Mali : les dépouilles rapatriées au Burkina
Jeudi 9 juillet 2015. Ouagadougou. Le Premier ministre et ministre en charge de la Défense nationale, Yacouba Isaac Zida, s`est incliné sur les dépouilles des six casques bleus burkinabè tués au Nord-Mali le 2 juillet dernier et qui ont été rapatriées pour être inhumées




Ouagadougou - A deux mois d’une élection présidentielle cruciale, le Burkina Faso semble avoir surmonté une crise aiguë au sein de
l’armée, qui a fait trembler la population et ébranlé le régime de transition démocratique, dont le président Michel Kafando sort renforcé.

Au pouvoir depuis novembre, après la chute fin octobre de l’ex-président
Blaise Compaoré - renversé par la rue après 27 ans de règne -, les autorités
intérimaires ont été confrontées en juin et juillet à leur première crise de
régime, qui a fait craindre à la société civile un coup d’Etat militaire en
préparation.

"La tension a beaucoup baissé" depuis, a estimé à l’AFP Salam Kassem,
enseignant en sciences politiques à Ouagadougou.

"Les Burkinabè me paraissent plus sereins par rapport à une fin, sans gros
accroc, de la transition" démocratique, a-t-il poursuivi.

Au coeur de cette crise de trois semaines, le Régiment de sécurité
présidentielle (RSP): considéré comme le bras armé de l’ancien chef de l’Etat
Blaise Compaoré, le RSP est accusé fin juin par le gouvernement d’avoir ourdi
un complot contre le lieutenant-colonel Isaac Zida, Premier ministre des
autorités de transition et numéro deux de ce régiment d’élite.


Les compagnons d’armes de Zida ont catégoriquement nié ces accusations et
demandé en retour la démission du Premier ministre.


Plusieurs sources - diplomatique, société civile - avaient alors mis en
doute la réalité de ce "complot", évoquant un possible "truquage" du Premier
ministre lui-même pour discréditer le RSP et justifier sa dissolution.
Le Premier ministre aurait également froissé les hauts gradés de l’armée,
qui ont à leur tour réclamé sa démission, en faisant adopter une réforme du
code militaire controversée.


Longtemps silencieux, un temps alarmiste, le président Michel Kafando, un
civil à qui l’armée a proclamé son "soutien" durant cette période, a
finalement maintenu son chef de gouvernement. Mais il lui a retiré son
portefeuille de la Défense, qu’il s’est approprié.

- ’Hyper-président’ -

Il a ensuite limogé le ministre de la Sécurité (Intérieur) Auguste Denise
Barry, considéré comme le bras droit d’Isaac Zida. Le colonel Sidi Paré, nommé
fin juillet pour remplacer M. Barry, a rang de ministre délégué et doit donc
rendre des comptes directement au chef de l’Etat.


Devenu "hyper-président", Michel Kafando sort "renforcé" par ces "deux
ministères clés, régaliens" vis-à-vis de M. Zida, selon le professeur de
sciences politiques.


Une redistribution des cartes étonnante quand le Premier ministre a
longtemps été vu comme l’homme fort de la transition, à l’origine de la
nomination de M. Kafando, diplomate et ancien ministre, à la tête de l’Etat le
17 novembre 2014.


Michel Kafando est désormais le "vrai patron" de l’exécutif, il "a su
prendre les décisions qui lui permettent de tenir le gouvernail jusqu’au terme
de sa mission", renchérit Ablassé Ouédraogo, ancien ministre de Blaise
Compaoré devenu l’un de ses opposants.


"Le Burkina en sort gagnant, puisque nous aurons des élections
transparentes, justes et inclusives", veut croire ce candidat à la
présidentielle.


L’analyste Siaka Coulibaly se veut plus nuancé: pour lui, le chef de l’Etat
n’a "finalement fait que répondre aux ultimatums de l’armée".

- Loi électorale -

Mais pour l’ensemble des analystes et responsables politiques interrogés
par l’AFP, la tenue des élections présidentielle et législatives le 11 octobre
paraît "inéluctable".



"Tout est préparé pour qu’on aille aux élections le 11 octobre", assure
Michel Ouédraogo, du Congrès pour la démocratie et le progrès, le parti de M.
Compaoré.


Pour autant, des incertitudes pèsent encore sur ces élections générales.
Le CDP ne sait pas si son candidat à la présidentielle, Eddie Komboïgo,
pourra concourir: les députés ont voté en avril un nouveau code électoral
excluant des scrutins ceux qui avaient soutenu la révision constitutionnelle
voulue par M. Compaoré pour rester au pouvoir, et qui a finalement provoqué un
soulèvement fatal à son régime.


La justice ouest-africaine a depuis invalidé cette loi électorale, une
décision à laquelle Ouagadougou est tenu de se conformer. Mais les autorités
n’ont pas encore divulgué la nouvelle mouture du texte.


De même, les députés ont récemment voté la mise en accusation de Blaise
Compaoré pour "haute trahison" devant la Haute cour de justice, ainsi que
celle des membres de son gouvernement au moment de sa chute, notamment pour
"assassinats".


Comment réagiront les partisans de l’ancien régime si la cour débute ses
procès avant la présidentielle, comme elle en a affiché l’intention?
L’ex-président Compaoré est actuellement réfugié en Côte d’Ivoire voisine.
Lors d’une visite fin juillet à Abidjan, M. Kafando expliquait que le "cas"
Compaoré n’était "pas une question qui nous dérange tant".


roh/jf/fal/jhd
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