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SN-SOSUCO «François Compaoré n’a jamais perçu 30 millions de FCFA »
Publié le jeudi 13 aout 2015  |  Sidwaya
François
© Autre presse par DR
François Compaoré élu à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives




Tenaillée par une mévente sans précédent de son sucre, la SN-SOSUCO connaît l’un des pires moments de son existence. Même les mesures conservatoires décidées par le gouvernement en fin mars 2015 afin d’assainir le marché du sucre ont montré leurs limites à la SN-SOSUCO. En tout cas, c’est la conviction de Mouctar Koné, directeur général de la SN-SOSUCO, qui évoque avec nous, les obstacles rencontrés par son entreprise à écouler son sucre. Il dément la rumeur faisant état que François Compaoré, frère cadet du président déchu, aurait perçu un salaire mensuel de 30 millions à la SOSUCO.


Sidwaya (S.): Le gouvernement burkinabè avait pris un ensemble de mesures avant le mois de jeûne musulman afin de permettre à la SN-SOSUCO d’écouler son stock de sucre. Cette mesure a-t-elle produit des effets sur vos ventes ?

Mouctar Koné (M. K.) : Les mesures prises par l’Etat sont intervenues après l’interception par les forces de sécurité à Banfora, de 43 camions-remorques chargés de sucre. Ces mesures portaient sur l’annulation d’un certain nombre d’autorisations d’importation délivrées par l’ancien gouvernement. Et au moment où le gouvernement de transition prenait ces mesures, une grande quantité de sucre était déjà rentrée sur notre territoire et une autre partie était en cours d’importation. Pour illustrer cela, du 1er janvier à fin mai 2015, il est rentré officiellement par les postes frontaliers de douane, 46 800 tonnes de sucre au Burkina, sans compter l’importation frauduleuse car il en existe beaucoup. Cela voudrait dire qu’une grande quantité de sucre a inondé déjà en début d’année le marché national. Nous, nous avons produit 33 000 tonnes. Ce qui nous a causé énormément des problèmes de vente. Bien que nous soyons au mois de jeûne où nous vendions facilement 15 000 tonnes de sucre pendant les deux ou trois mois en prenant les mois qui précèdent la période de jeûne, cette fois-ci, nous n’avons pu vendre qu’un peu et à ce jour, nous avons toujours encore en stock, 18 000 tonnes de sucre dans nos magasins. En moins de quatre mois du début de la campagne prochaine, cete situation nous inquiète.

S. : Que préconise SN-SOSUCO pour résorber cette question de mévente ?

M. K. : Nous étions en réunion à l’observatoire du sucre, il y a quelques jours, et la question a été effectivement posée, à savoir quelles sont les mesures à prendre pour réellement résoudre ce problème de marché de sucre au Burkina. Pour nous, il y a deux gros problèmes: la fraude et la subvention déguisée octroyée par l'Etat aux importateurs qui inondent le marché domestique. Nous avons toujours dénoncé cela car la valeur de référence est de 190 000 FCFA pour la tonne de sucre quel que soit le prix auquel l’importateur a payé son sucre à l’extérieur. Et quel que soit le prix d’achat du sucre à l’extérieur, on le dédouane comme si on l’avait acheté à 190 000F alors qu’il n’existe aucun sucre à ce prix en granulés ou en morceaux. Et si on fait le calcul entre la valeur d’achat, la valeur normale à laquelle le sucre doit être dédouané, on se rend compte que l’Etat donne une subvention de 50 000 F pour le sucre granulé et de près de 170 000 F pour le sucre morceau à l'importateur. Si l’Etat nous donnait à nous cette subvention, on n’en serait pas là.

S. : Face à la crise de mévente qui perdure, le Président de la transition lors de sa rencontre avec les forces vives de la région des Cascades, le 20 février 2015 à Banfora, a suggéré comme l’une des solutions à la mévente du sucre, le marché sous régional. Il y en a même qui pensent que la SN- SOSUCO aurait plus intérêt à vendre son produit en Europe où le sucre de canne serait plus coté et acheté. Qu’en pensez-vous ?

M. K. : Nous aurions pu essayer d’exporter notre production et importer du sucre de betterave pour le marché national. Nous avons essayé à un certain moment d’importer le sucre mais nous avons été confrontés à des problèmes. Je viens de parler de ceux qui font la contrebande et de ceux qui importent légalement. Ceux qui importent légalement ont eu beaucoup de problèmes pour écouler leur sucre vis-à-vis de la concurrence déloyale. Si nous importons, nous allons le faire légalement en payant tous les droits d’entrée et ceux qui ne paient pas ces droits pourront vendre en-dessous de nos prix et nous bloquer. Ensuite, il y a quelques années, nous avions obtenu au niveau de l’Union européenne ce qu’on appelle les quotas EBA (Everything but arms)(NDLR : Tout sauf les armes), qui aidait un certain nombre de pays à exporter leurs produits vers l’Europe sans payer certains droits. C’était un cadeau empoisonné puisque c’est l’Europe qui fixait le prix d’achat. Imaginez quelqu’un qui fabrique son produit, qui le transporte à gros frais et le livre à un client en Europe à un prix fixé d’avance par les Européens. Et ce prix n’était pas du tout bon pour nous. Pour ce qui est du sucre, il voulait du sucre brut, c’est-à-dire du sucre pas encore tout à fait propre à la consommation humaine qui va être livré aux raffineries européennes qui vont à leur tour le travailler et le revendre sur le marché européen. Le sucre déjà prêt à la consommation est frappé par des barrières de protection en Europe, si fait que la SN-SOSUCO doit payer en douane plus que son coût de production pour faire entrer son produit en territoire européen. Il y a quelques années, nous avons produit du sucre bio à la SN-SOSUCO. Nous avons obtenu la certification certes, mais pour l’exporter vers l’Europe, c’était pratiquement impossible. Les taxes étaient telles qu’on ne pouvait pas vendre. Eux, ils protègent leur marché mais quand leur sucre vient chez nous, ils le subventionnent pour qu’il puisse se vendre. Je me demande comment nous fonctionnons ici.

S. : Au vu de tout cela, comment entrevoyez-vous l’avenir de votre entreprise ?

M. K. : Vous avez évoqué tantôt la suggestion du président du Faso de voir dans les pays limitrophes pour pouvoir écouler notre sucre. Cela, nous l’avons entamé. A l’orée du mois de jeûne, c’était un peu difficile parce que la plupart des importateurs de ces pays s’étaient déjà ravitaillés mais nous sommes restés en contact avec eux. Il reste quelques mois pour démarrer la campagne et nous avons encore plein de sucre en stock. Parallèlement à la prospection du marché sous régional, nous sommes en train de repenser notre système de commercialisation. Le circuit dont nous disposons a montré ses limites et n’arrive pas à écouler notre sucre comme il se doit. Nous avons été interpellés par des clients pendant le mois de jeûne qui ont cherché notre sucre dans des points de vente et ne l’ont pas trouvé. Et pendant ce mois d’août, nous allons mettre en place un nouveau système de distribution. Il faut que notre sucre soit à la disposition de tous les consommateurs.

S. : Monsieur de directeur général, est-il vrai que François Compaoré, le frère cadet du président Blaise Compaoré recevait 30 millions de Francs CFA par mois de salaire comme l’a laissé entendre une certaine opinion au lendemain de la chute du régime ?

M. K. : Nous avons trouvé cela tellement puérile et grossier qu’à l’époque nous n’avons pas trouvé nécessaire de répondre à quelqu’un qui, manifestement, est de mauvaise foi. Il s’est assis, a inventé quelque chose et l’a balancé. Celui qui comprend comment fonctionne une société privée, saura tout de suite que ce n’est pas possible de sortir comme ça 30 millions pour donner à quelqu’un qui n’a rien à voir avec la société. Nous, nous gérons mais il y a des actionnaires qui contrôlent notre gestion tous les ans. Il y a un conseil d’administration et un commissaire aux comptes qui épluche les comptes tous les ans. S’il y avait une telle déperdition, les actionnaires nous auraient retiré la gestion de la société. Et puis cela se serait su depuis longtemps. En fait, je reste persuadé que c’est parce que nous avons commencé à combattre de manière très vigoureuse les trafiquants, qu’ils ont réagi ainsi avec ce genre de dénigrement. Ce n’est pas tout, il y a eu des gens instrumentalisés qui racontent des choses incroyables sur la SN-SOSUCO. Ils n’en voient pas la portée. Ils sont ignorants de l’impact social que représente une entreprise comme la SN-SOSUCO. C’est une industrie qui couvre les trois niveaux de la production. Nous intervenons dans l’amélioration directe des conditions de vie des populations avec plus de trois milliards de FCFA versés comme salaires. C’est parce qu’on crée des richesses que ça crée des revenus. Si on doit importer uniquement pour vendre sans créer des richesses, je ne sais pas ce que le pays va devenir. Aucun pays ne peut se développer sans créer de la richesse et à la SN-SOSUCO, la richesse est créée à 100 %. Ce n’est pas dribbler la douane pour vendre et se remplir les poches qui crée de la richesse pour le pays.

Entretien réalisé par
Frédéric OUEDRAOGO
ouedfredo2003@yahoo.fr
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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