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Deux personnes emportées par les eaux du barrage de Tougou
Publié le mardi 11 aout 2015  |  Sidwaya
Hivernage:
© Autre presse par DR
Hivernage: le taux de remplissage des principaux barrages au 25 juin 2015




Suite à une forte pluie tombée dans la matinée du 5 août 2015, les eaux du barrage de Tougou, à 26 kilomètres de Ouahigouya, ont débordé et bloqué pendant trois jours, la voie menant à Titao. Une situation qui a provoqué un véritable calvaire pour les usagers. Deux personnes, qui ont tenté une traversée, y ont perdu la vie.

Du 5 au 7 août 2015, il était difficile voire impossible de joindre Ouahigouya en provenance de Titao par la route et vice versa. Le pont au niveau du barrage de Tougou a été littéralement envahi par les eaux, après la pluie diluvienne qui s’est abattue dans la région du Nord, le 5 août dernier. Dans la cité de Naaba Kango, l’on a appris que des véhicules qui se rendaient à Djibo ont dû simplement rebrousser chemin. Des informations faisant cas de noyade alimentaient également les débats. Lorsque nous nous sommes rendus sur les lieux le 7 août, le spectacle était ahurissant. Déjà à environ 500 mètres du pont, une colonne de camions attire l’attention. Leurs occupants les ont abandonnés pour aller se renseigner sur une éventuelle possibilité de traverser. Un peu plus loin, la chaussée qui fait également office de digue du barrage est fortement dégradée par les ruissellements des eaux. De grands ravins y sont perceptibles. Au niveau du pont et au bord de l’eau, des individus sont attroupés en amont comme en aval. Certains sont des badauds, d’autres improvisés en maîtres-nageurs. Aussitôt, des jeunes nous accostent et proposent leur service pour nous faire traverser, mais nous déclinons l’offre. Ils vont tenter leur chance chez d’autres. La rapidité avec laquelle l’eau ruisselle et le bruit des flots ne rassurent guère tout étranger, même si elle ne monte pas plus qu’aux genoux de ceux qui y entrent. Moumouni Ouédraogo, alias Wobgo, habite Solgome, un bourg à quelques enclabures de Tougou. A l’image de ses camarades, il aide les usagers à traverser, moyennant des pièces d’argent. C’est lui qui va nous renseigner sur les deux cas de noyade. Selon ses explications, un jeune homme portant derrière sa moto un vieux, est arrivé au bord de l’eau le 5 août. Il a refusé les services des «maîtres-nageurs«, arguant qu’il peut traverser seul.



‹‹ A peine a-t-il atteint le milieu du pont qu’il a été emporté par les eaux avec sa moto. Aussitôt, j’ai plongé avec mes camarades pour le sauver mais c’était peine perdue. On ne l’a pas retrouvé ››, se souvient M Ouédraogo. Et d’ajouter, alertés, les sapeurs-pompiers sont venus à la rescousse et ce n’est que le troisième jour après sa disparition (Ndlr: 7 août) que le corps de la victime a été retrouvé loin du lieu du drame. La moto reste jusque-là introuvable, selon ses dires. Wobgo précise que l’infortuné et le vieux qui sont du village de Kononga se rendaient à Koumané (3 kilomètres environ de Tougou) pour présenter des condoléances à une famille éplorée. Le 6 août, une jeune fille a aussi perdu la vie au cours de la traversée des eaux, nous apprend notre interlocuteur, Moumouni Ouédraogo. Il précise que la victime était en compagnie d’un jeune homme et elle lui tenait la main pour traverser. ‹‹ Arrivés au bord de l’eau, la fille et le jeune ont vu des hommes qui traversaient et ils se sont lancés eux-aussi. Malheureusement, la fille n’arrivera pas à destination car emportée par le courant d’eau››, raconte-t-il, mélancolique. Selon ses dires, les sapeurs-pompiers ont pu repêcher le même jour le corps sans vie de la seconde victime qui a été inhumé sur place.

Le malheur des uns,
fait le bonheur….

M. Ouédraogo et ses camarades demandent aux autorités compétentes de revoir la construction du pont, un cassis sans protection qui constitue en même temps le déversoir du barrage. ‹‹ S’il y avait un grillage de protection sur tout le long du pont, les victimes n’auraient pas été emportées, car elles allaient se bloquer contre le grillage ››, se convainc, Oumarou Savadogo, un autre «secouriste«. A défaut d’un grillage, il propose des fils de fer qui vont relier les piquets longeant le pont. Mais en attendant, lui et ses camarades recommandent la prudence aux usagers de la route. Un véritable business s’est développé en quelques jours au niveau du barrage de Tougou. Par dizaines, des jeunes accostent, discutent et aident les usagers à traverser.



En contrepartie, ils empochent des sous. A l’aide des bras ou de bâtons, les motos sont transportées d’un point à l’autre tandis que leurs propriétaires sont tenus par la main comme des bambins qui apprennent à marcher. 500 francs CFA, c’est la somme proposée en général au client pour la traversée. Mais Wobgo précise que ce prix n’est pas figé mais discutable. Combien peut-il gagner par jour? La réponse de Wobgo reste ambiguë: ‹‹ Ce que nous gagnons est insignifiant, car nous faisons du social. Nous ne voulons pas voir les gens souffrir ››. Son camarade Oumarou Savadogo, lui, est plus précis: ‹‹ Je peux gagner 10 000 F CFA par jour ››. Lorsque le service est rendu, l’argent récolté est partagé au prorata entre tous ceux qui ont contribué. Un petit marché de mets s’y est également développé. Dans la soirée du 7 août, le trafic a plus ou moins repris. Quelques camions et des véhicules de transport en commun en partance pour Djibo ont pu franchir le pont sous les regards médusés des badauds. Les passagers, eux, ont dû le faire à pieds. Se tenant solidement en groupe et sous la surveillance des «secouristes», c’est avec la peur au ventre que beaucoup ont affronté les eaux. ‹‹ J’ai vraiment peur, mais on n’a pas le choix ››, lâche l’un des passagers.


Mady KABRE
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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