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Article 37, une autre voie est possible !
Publié le mardi 9 avril 2013   |  Burkina24




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Dans le débat sur l’article 37 qui a repris du poil de la bête dans notre pays, nous avons reçu cette réflexion d’un citoyen qui entend par là contribuer à trouver une porte de sortie honorable et peut-être une alternance apaisée au Faso.

Les esprits sont surchauffés en ce moment au Burkina Faso et pour cause, la classe politique, l’opinion voudraient connaître les réelles intentions de Blaise Compaoré sur la modification ou non de l’article 37. Le débat a repris du poil de la bête après le passage du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, sur l’état de la nation, à l’Assemblée nationale. Beaucoup espérait que le chef du gouvernement burkinabè allait soit aborder le sujet, soit avoir une position claire sur la question. Mais que nenni !

A travers le pays, la seule question qui est suspendue sur les lèvres c’est : est-ce que Blaise Compaoré va respecter cette fois-ci la constitution ? Pour répondre à cette question, il faut être un devin ou dans le secret des dieux de Kosyam. Les partisans de la révision de la constitution par voie référendaire se sont mis en ordre de bataille et cela ne laisse pas de marbre les opposants qui rouspètent, pourfendent et menacent la main sur le cœur des pires conséquences pour notre pays si jamais le grand sachem, par des voies détournées tripatouille la constitution pour s’éterniser au pouvoir.

Dans ce débat passionnant qui montre si besoin en est encore de la vitalité de notre démocratie dans le concert des nations, j’apporte ici ma part de réflexion et de contribution car c’est ce qui nous permettra de trouver ensemble une porte de sortie honorable et peut-être une alternance apaisée. Alors que le débat devrait être sain, responsable et entouré de respect mutuel, on trouve souvent un débat, bas, dénudé de tout intérêt, à peine si ça ne vire pas souvent à une guerre des tranchées.

En 2005 alors que Blaise Compaoré s’apprêtait à briguer son troisième mandat, nous avions trouvé que l’esprit et la lettre des réformes de 2000 ne lui en donnait plus la possibilité. Contre vents et marées nous avions crée le Collectif pour la Défense de la Constitution (CODECO) avec des camarades engagés et prêts à dénoncer cette forfaiture et le dissuader de prétendre à un nouveau mandat. Pendant qu’on se faisait tabasser à travers les villes du Burkina Faso et qu’on subissait des pressions et des intimidations de toute part, la grande majorité des burkinabè « se cherchaient » et l’opposition burkinabè au lieu de boycotter et de faire front commun pour refuser cette candidature s’est quand même aligné avec Blaise Compaoré pour la compétition.

Alors que les concertations consensuelles, qui avaient amené l’Assemblée nationale à consacrer à nouveau la limitation du mandat présidentiel, étaient claires : aucun burkinabè ne peut briguer plus de deux mandats consécutifs dans notre pays. Là où tout était clair il s’en est trouvé des burkinabè et pas des moindres pour nous faire des cours de droit constitutionnel, nous parlant de la non rétroactivité de la loi et tout un baratin qu’ils étaient seuls à comprendre.

Légitimement et légalement nous avions considéré Blaise Compaoré comme n’étant pas un Burkinabè et à juste titre parce que ce n’était qu’après lui qu’allait commencer le règne des Burkinabè. En attendant il n’était pas Burkinabè parce qu’il pouvait briguer plus de deux mandats consécutifs. Le recours de Maitre Hermann Yameogo auprès du Conseil constitutionnel pour faire annuler la candidature de Blaise Compaoré n’ayant pas abouti, il a été réélu et c’est à juste titre qu’en 2010 il a encore rempilé.

Aujourd’hui le débat revient sous une autre forme sur le tapis, mais cette fois-ci, le militant que j’étais est devenu sceptique et surtout craintif sur plusieurs aspects de notre processus démocratique.

1- La crise et les troubles de 2011, me laisse perplexe sur l’état de la nation et sur la capacité de notre pays à ne pas sombrer après une alternance dans le désordre et le chaos. Plusieurs compagnons d’armes de Blaise Compaoré sont toujours en activité et je me demande si chacun ne verra pas dans son départ une aubaine pour aussi prendre son destin en main quitte à faire un coup d’Etat de palais comme en Mauritanie !

2- Tous les hommes politiques ou presque tous sont des produits dérivés de Blaise Compaoré. En plus, il n’y a pas de frontière entre le pouvoir en place et le monde des affaires ce qui est très dangereux à plus d’un titre. Surtout cela cause un tord énorme à l’opposition qui, si les choses étaient autrement, pouvait compter sur certains opérateurs économiques et hommes d’affaires en terme de soutien pour former leurs cadres et leurs militants afin de se préparer raisonnablement à une vraie alternance.

3- La grande majorité, des partis politiques de l’opposition, n’a pas d’idéologie et surtout de programmes de société auxquels elle s’y tient avec foi. Au cours de ces 20 dernières années, le peuple burkinabè a assisté à de rocambolesques retournements de situation tout aussi extraordinaire qu’exceptionnel comme en 2005 avec l’ADF-RDA. Je ne ferais pas de genèse ici mais nous avons tous en mémoire ces différentes péripéties.

Je ne doute pas de la capacité de certains hommes politiques de l’opposition à diriger ce pays, mais j’ai des réserves. Je pourrais m’étaler plus sur ces facteurs non négligeables, mais je vais en rester là. Je crois profondément que pour un pays comme le nôtre, pousser Blaise Compaoré à la porte sans réellement prendre le temps de réfléchir sur l’avenir et sur ces forces obscurs qui pilules dans les arcanes du pouvoir sera suicidaire et pour la personne qui va le remplacer et pour la stabilité politique, économique et sociale de notre pays.

Le mieux à faire c’est de concert avec l’intéressé réfléchir sur les voies et moyens à mettre en place pour que ce soit un consensus gagnant-gagnant pour tous les burkinabè. La peur du neuf, effraie bon nombre de burkinabè et ça se ressent d’autant plus dans les provinces et campagnes du pays. Elle n’est certes pas typique au Burkina Faso, mais c’est une donne à laquelle il ne faut pas négliger.

Nous avons la capacité de pouvoir penser par nous même, de ce qui pourrait arranger notre pays dans son développement sans esprit partisans et sans calcul pour un dessein inavoué. Pendant plus de 50 ans nous avons singé l’Occident mettant en rase campagne nos valeurs culturelles, notre sens de la repartie, du consensus et du respect de l’autre dans la différence. Que sommes-nous devenu ? Que voulons-nous pour l’avenir de notre pays ?

Que Dieu protège et bénisse le Burkina Faso

Aristide Ouédraogo Journaliste, analyste politique

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