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Explosion de Larlé : un an après, les sinistrés interpellent le chef de l’Etat
Publié le samedi 18 juillet 2015  |  Autre presse
Explosion
© aOuaga.com par A.O
Explosion de Larlé : un an après, les victimes marchent pour commémorer le drame
Mercredi 15 juillet 2015. Ouagadougou. Un an après l`explosion de Larlé, les victimes ont marché pour commémorer le drame et remis un message au ministère de l`Action sociale et de la Solidarité nationale




Ceci est une interpellation du président de la transition, président du Faso, Michel Kafando, par les sinistrés de l’explosion de Larlé survenue il y a de cela un an.

Excellence, Monsieur le Président,

Il y a de cela un an, le 15 juillet 2014, survenait dans le quartier Larlé de Ouagadougou, une terrible explosion meurtrière qui a provoqué une peur panique et une terreur jamais vécues par les populations du quartier, des environs et toute la ville de Ouagadougou.
Cette violente explosion a fait de nombreuses victimes et des dégâts matériels importants : 5 morts officiellement, plus d’une vingtaine de blessés, des sans-abris, une psychose générale des habitants traumatisés, des maisons d’habitation ou de commerce partiellement ou totalement détruites avec leur contenu, d’autres maisons et commerces soufflés, etc.

Excellence, Monsieur le Président,

Vous avez dû suivre cette situation à l’époque en tant que simple citoyen. Aujourd’hui, nous vous interpellons en tant que Président du Faso, chef de l’Etat, sur le sort des victimes de cette explosion qui ont été et continuent, depuis un an, d’être durement éprouvées par les conséquences de ce sinistre.
Jusque-là, aucune explication convaincante n’a été apportée aux causes réelles de cette
explosion.
Les services de sécurité du gouvernement d’alors se sont empressés d’orienter leurs enquêtes vers des causes accidentelles tout en écartant péremptoirement la cause criminelle ou terroriste ! Et dès lors nul ne fut surpris que, bouclant leurs enquêtes en quelques heures seulement, ces services de sécurité confirment la thèse accidentelle, pointant du doigt un dépôt d’explosifs, produits utilisés dans les carrières et mines, qui auraient causé la déflagration meurtrière.
Comme enchantées et soulagées par cette conclusion de la gendarmerie chargée de l’enquête, les autorités se sont désintéressées du sort des victimes qui ont tout perdu dans la catastrophe et qui attendaient, légitimement des secours prompts et réparateurs de l’Etat !
Que n’ont-elles pas enduré, ces victimes, depuis un an, pour survivre, traverser la saison des pluies et de l’harmattan sans abris dignes de ce nom, scolariser leurs enfants, manger, se soigner, etc., en un mot pour garder leur dignité d’êtres humains?
Et tout cela dans le cynisme et l’indifférence des autorités !

Excellence, Monsieur le Président,

N’est-ce pas du cynisme lorsque l’autorité municipale banalise les préoccupations qui lui sont exposées en s’agrippant à un «statut de victime aussi» que lui conférerait la fissure du plafond de son bureau suite à l’explosion ?
N’est-ce pas cynique de priver les sinistrés des vivres que la chaîne de solidarité a permis de rassembler pour eux en prétextant l’épuisement des stocks que l’on découvrira après la dissolution des conseils municipaux ?
Que dire du silence de madame le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale à qui notre correspondance reçue en ses services le 23 mars 2015 reste encore sans suite même si une rencontre précipitée a été organisée le 13 juillet dernier avec le secrétaire général du ministère ?
N’est-ce pas de l’indifférence sinon du mépris à l’égard du sort de ces sinistrés, victimes d’une situation dont ils ne partagent aucune responsabilité ? Où se trouve l’expression de cette solidarité que le gouvernement est sensé incarner si le ministre en charge de la solidarité peut ignorer pendant près de quatre mois un recours qui lui est adressé ?
Ces différentes attitudes des autorités nous conduisent à nous poser cette question : pourquoi toutes les autorités, aussi bien du régime Compaoré que de la Transition, fuient-elles ce dossier de l’explosion de Larlé ? Auraient-elles, toutes, une mauvaise conscience dans la survenue de ce qu’elles ont appelé « accident » ? Autrement, l’on ne comprend pas la froide distance qu’elles prennent, toutes, à l’égard de cette explosion et de ses victimes.

Excellence, Monsieur le Président,

Aucun Etat sérieux n’abandonne ses populations lorsque survient ce genre de drame. La raison en est toute simple ; c’est une question de responsabilité de l’Etat; en effet, faut-il vous rappeler que l’Etat est garant de la sécurité, de la protection des personnes et des biens? Qu’il a en devoir la prévention des catastrophes ou la lutte contre les produits dangereux pour la vie des populations tels ces explosifs incriminés?
En conséquence de cette responsabilité, consacrée par notre Constitution, lorsque de telles catastrophes qui plongent les populations de façon soudaine dans une précarité absolue se produisent sans que l’Etat n’ait pu les empêcher, il assume sa défaillance en tous points de vue; et l’exhibition d’un quelconque propriétaire ou dépositaire d’explosifs ne peut, d’aucune façon, exonérer l’Etat de cette responsabilité.
C’est à ce devoir de responsabilité que vous appellent, en ce jour anniversaire de l’explosion de Larlé, la CCVC/Baskuy, l’Association des victimes de l’explosion et toutes les populations, indignées par le non traitement de ce dossier qui n’est aucunement hors de portée des moyens de l’Etat.
En effet, que demandent les sinistrés de l’explosion depuis un an durant?
• Leur relogement sur le site explosé dans des maisons reconstruites ;
• Le dédommagement des victimes qui ont perdu leurs biens ou dont les biens ont subi une dégradation du fait de l’explosion ;
• Le remboursement des frais d’ordonnances et de scolarité péniblement honorés par les victimes ;
• L’indemnisation des ayants-droit des victimes décédées.
• Le point exhaustif du produit de la chaîne de solidarité qui s’est manifestée à leur égard et qui a été gérée par les services de l’Action sociale et de la mairie de l’arrondissement 2 ;
• La recherche active des véritables coupables de ce drame et leur sanction exemplaire.

Excellence, Monsieur le Président,

Ces attentes des victimes de l’explosion sont-elles, réellement, pour l’Etat burkinabè, insupportables? Et si cela était le cas, pourquoi ne lancez-vous pas, comme vous en avez le droit, un appel au secours à la communauté internationale en déclarant le sinistre et la détresse des sinistrés ?
A l’occasion de ce triste anniversaire, la CCVC/Baskuy rend hommage aux victimes décédées de l’explosion, renouvelle son soutien aux victimes vivantes.
Elle appelle les hautes autorités gouvernementales à accorder la considération qui sied à ce sinistre et à ouvrir, sans délais, les voies de réparation des conséquences désastreuses de l’explosion du 15 juillet 2014 à Larlé.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président, l’expression de notre vive attente de solutions aux préoccupations sus-indiquées et de notre très haute considération.

Fait à Ouagadougou, le 14 juillet 2015

Jean de Dieu OUEDRAOGO


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