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Jeûne, Transition politique, Boko Haram :les vérités du prêcheur Djafar
Publié le jeudi 16 juillet 2015  |  Sidwaya
Ouattara
© Aujourd`hui au Faso par DR
Ouattara Djafarma Héma dit Djaffar, chef spirituel musulman




Ouattara Djafarma Héma dit Djafar est un célèbre prédicateur à Bobo-Dioulasso. Connu pour son franc-parler, ses prêches ont toujours mobilisé du monde. Nous sommes allés à sa rencontre pour évoquer avec lui les enjeux du mois de jeûne, le déroulement de la Transition au Burkina Faso et bien d’autres sujets comme les agissements de Boko Haram dans la sous-région ouest-africaine.

Sidwaya (S.) : Que représente le mois de jeûne pour le fidèle musulman ?


Ouattara Djafarma Héma (O.D.H) : Le mois de jeûne pour le musulman a toujours été sacré depuis le temps d’Adam et Eve jusqu’au prophète Mohamed. Il est l’un des quatre mois sacrés dans le Saint Coran. Pendant ce mois, il est fait obligation aux musulmans et aux croyants de jeûner. Les personnes malades ou en déplacement et les femmes en règles doivent cependant s’abstenir de jeûner. Il leur est recommandé de rattraper les jours perdus. Le jeûne est obligatoire pour tout musulman. Mais la grande prière de la nuit après la rupture du jeûne n’est mentionnée nulle part dans le Coran. Aucun livre ne la recommande. Il est dit de jeûner dans la journée jusqu’au soir. On est après libre de manger, d’être avec sa femme jusqu’au lendemain. Le prophète Mohamed n’a jamais fait cette longue prière jusqu’à sa mort.


S.: Comment situer le mois de jeûne ?


O.D.H. : Le début ou la fin du mois de ramadan ne se détermine pas sur la base d’un calendrier ou des injonctions de la communauté musulmane, mais à partir de la lune. Lorsqu’on ne voit pas la lune, dès le 29e jour du jeûne, on continue de le faire jusqu’au 30e jour.


S.: Est-ce pour cela, qu’il vous arrive de fêter le ramadan avant ou après les autres ?


O.D.H. : Non, nous fêtons toujours après les autres parce que nous attendons de toujours voir la lune avant de commencer le jeûne ou de faire la fête de ramadan. On ne se réfère pas aux calendriers qui, souvent, n’ont pas les mêmes dates.


S.: Cela ne dénote-t-il pas de la mésentente entre les musulmans du fait de la multitude d’associations au sein de la religion ?


O.D.H. : Les différentes associations dont vous faites allusion n’ont pas été créées sur la base du Coran. J’ai créé mon association qui a pour repère le Coran, le Comité culturel de la génération des trois testaments (CCGT). Je suis les trois livres. J’ai eu toutes les difficultés pour la créer. Je suis musulman, mais je suis ami avec des chrétiens, parce que les chrétiens sont aussi des musulmans. Un musulman est celui qui se donne à Dieu alors que les chrétiens aussi se donnent à Dieu. Les associations des musulmans existent et se créent à tout moment. Et même les femmes musulmanes ont leur association, ce qui est proscrit dans les textes religieux.

S.: Pourtant les femmes font la politique ?


O.D.H. : La politique, c’est la politique. C‘est pas Dieu qui leur a demandé de la faire. Elles la font au nom de la politique et non au nom de Dieu et hors de l’Eglise.


S.: Le pèlerinage à La Mecque se prépare déjà et il faut débourser plus de 2 millions pour y aller. Votre commentare.


O.D.H. : Les gens partent en France, aux Etats-Unis ou à Dubaï, sans l’intervention des démarcheurs. Les chrétiens partent au Vatican sans ces intermédiaires. Mais, quand il s’agit de La Mecque, il faut des démarcheurs. Je crois qu’il faut laisser ceux qui veulent y aller faire eux-mêmes leurs courses. Pourquoi recourir aux démarcheurs ? L’Etat est aussi responsable de cette pratique autour du pèlerinage à La Mecque, lui qui n’a jamais sanctionné les fautifs. Si certains pèlerins inscrits n’arrivent pas à partir sur les lieux saints, il faut demander des comptes à qui de droit et sanctionner ceux qui ne font pas correctement leur travail. Même à La Mecque, c’est comme ça. Les frais de transport qui sont de 50 F CFA en temps ordinaire montent à 200 F CFA pendant la période de pèlerinage.


S. : Dans ce mois de jeûne, quelle prière formulez-vous pour le Burkina Faso?


O.D.H. : Nous ne prions pas pour le Burkina Faso au mois de jeûne seulement. Nous prions tout le temps pour le pays. Chacun prie pour son pays. Dans nos différentes prières, nous faisons toujours des bénédictions pour notre pays et pour tous les Burkinabè.


S. : Le Burkina Faso est dans une phase de Transition et il y a actuellement des bruits entre les militaires et le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida. Quel commentaire faites-vous de cette situation ?


O.D.H.: La Transition burkinabè reste une transition. Vous voyez, le Burkina Faso n’a pas pour l’instant une bonne politique. Au lieu de mener une politique pour bien diriger le pays, on mène certaines actions pour le détruire. Or, le pays n’a rien et c’est Dieu qui nous donne une chance pour pouvoir nous nourrir. Nous demandons aux militaires de bien réfléchir. On les a formés pour protéger le pays et non pour le détruire. Je pense qu’un militaire n’a pas le droit de s’immiscer dans les affaires politiques du pays. En demandant au Premier ministre, Yacouba Isaac Zida de partir, ils ne sont pas contre lui seulement, mais contre le peuple burkinabè. C’est le Premier ministre qui forme le gouvernement. S’il n’est pas là, il n’y a pas de gouvernement. Et s’il n’y a pas de gouvernement, il n’y a pas de transition. C’est un coup d’Etat. Zida connaît bien les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et ils ont peur qu’il ne dévoile ce qu’ils cachent. Je demanderais au peuple burkinabè de rester tranquille et de se mobiliser derrière le président Michel Kafando et son Premier ministre, Yacouba Isaac Zida afin que la Transition puisse bien se passer. J’invite les Burkinabè à être des hommes de parole et de rester sur leur décision. Nous avons accepté Zida. Il faut continuer avec lui et le soutenir. Il ne faut pas se laisser berner par ceux qui croient toujours que l’ancien président, Blaise Compaoré, peut revenir. Il ne peut plus revenir. S’il pouvait diriger le pays, il n’allait pas partir. Il faut voir plus loin et non à côté et avancer.


S.: Des attaques et les tueries sont perpétrées par certains groupes au nom de l’islam comme Boko Haram le fait au Nigeria et dans d’autres pays. Leur acte n’est-il pas de nature à ternir l’image de la religion musulmane ?


O.D.H.: Boko Haram dit qu’il est Boko Haram. Il n’a pas dit qu’il est musulman. Il ne faut pas confondre les choses. Ils font ce que le terme Boko Haram veut dire.


S.: Pourtant, ses membres disent agir au nom de l’Islam ?


O.D.H.: Les membres de Boko Haram agissent au nom de l’islam, mais ils n’ont jamais dit qu’ils sont musulmans. Ils tuent les musulmans. Ils tuent aussi les chrétiens. C’est dans quel pays musulman, on fabrique les armes ? Les armes se fabriquent dans les pays européens. Ce sont eux qui les financent et les arment. C’est un groupuscule dont l’objectif est de combattre la religion d’une façon. Je demande aux Africains de laisser Boko Haram comme ça.


S.: Mais ils vont continuer à massacrer les populations?


O.D.H. :Boko Haram n’attaque pas comme ça. Ils attaquent quand, ils sont à leur tour attaqués. Et aucun pays du monde ne peut combattre ce groupe.


S. : Pourquoi ?


O.D.H. : Il y a de nombreux jeunes qui, après leurs études, sont confrontés au chômage. Une bonne partie de la population vit dans la pauvreté. Des militaires sont chassés de l’armée et ne savent pas où aller. C’est parmi ces gens que Boko Haram recrute ses combattants. Il faut alors que les Etats offrent des emplois décents à leur jeunesse et nourrissent convenablement leurs populations. Il faut que les musulmans soient de bons musulmans et les chrétiens de bons chrétiens en suivant tous la parole de Dieu. Dieu a dit que si l’on suit convenablement la Bible ou le Coran, on sera tranquille sur la terre. C’est le non-respect de cette parole qui nous crée tous les problèmes que nous connaissons.


S.: La commune de Bobo-Dioulasso aura, après les élections municipales de 2016, de nouveaux conseillers et maires. Quels conseils avez-vous à leur donner ?


O.D.H. : On attend de connaître ceux qui vont venir afin de les conseiller. Les anciens maires ont été chassés à cause de ce qu’ils ont eu à faire. Si les futurs maires font autant, nous allons les dénoncer. Nous, nous allons les conseiller en tout cas.


S.: Vos séances de prêches mobilisent à chaque fois du monde. Quel est votre secret?


O.D.H. : Je n’ai pas de secret. Il faut dire ce que Dieu a dit. Il faut prêcher la vérité. Dans la Bible, quand Salomon est devenu roi, tout le monde venait écouter sa vérité. Mon seul secret, c’est le Coran ou la Bible. Nous n’insultons pas les gens, nous dénonçons les caractères. Ce sont ceux qui se retrouvent dans ces dénonciations-là qui se plaignent le plus.


S.: Comment entrevoyez-vous l’avenir du Burkina Faso ?


O.D.H. : L’avenir du Burkina Faso est dans les mains de Dieu. Pour l’avenir du pays, il faut mettre l’accent sur l’éducation des enfants. Nous avons des jeunes qui ont des diplômes, mais éprouvent des difficultés pour s’exprimer en français. Les maîtres ne peuvent plus corriger les élèves qui font ce qu’ils veulent. On fait la promotion des droits des enfants ou des femmes et non leurs devoirs. Les employeurs ne paient pas correctement leurs employés. La justice écoute beaucoup plus les riches que les pauvres. Chacun cherche à manger. Il faut changer les choses. Le sang ne sera pas versé au Burkina Faso comme certains le souhaitent. Il n’y aura pas de sang au Burkina Faso. C’est le sang de ceux qui pensent ainsi qui sera le premier à être versé. Avec les conseils et les bénédictions, l’avenir du Burkina Faso ne sera pas sombre. Pour cela, j’invite les Burkinabè à écouter les conseils. Les gens pensent que quand tu as tout, c’est fini. Or, quand tu as tout, tu n’as rien et quand tu n’as rien, tu as tout. Quand on tape dans de la cendre, on devient aussi tout blanc. Les Burkinabè doivent méditer à cela. Le monde est tranquille, travaillons à ce qu’il soit ainsi.


Propos recueillis par Adaman DRABO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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