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Situation nationale : le "J’accuse" d’un citoyen
Publié le mardi 14 juillet 2015  |  Autre presse
Mouvement
© Présidence par DR
Mouvement d`humeur du RSP : le chef de l`Etat rencontre les chefs militaires
Vendredi 6 février 2015. Ouagadougou. Présidence du Faso. Le chef de l`Etat par intérim, Michel Kafando, a reçu en audience les différents chefs militaires de l`armée par rapport au mouvement d`humeur du 4 février du Régiment de sécurité présidentielle (RSP)




Ceci est une tribune d'un citoyen sur la situation nationale consécutive à une énième tension entre le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Il assène ses vérités à travers la genèse de l'insurrection et des tractations pour la mise en place des organes de la transition.

Les uns en république de Côte d’Ivoire, les autres au Bénin ou au Sénégal, d’autres encore en Europe, les Hommes forts ont été dispersés et se sont dispersés dans une stratégie accélérée, laissant dernière eux un développement durable en croissance pour l’émergence d’un Burkina Faso nouveau. Depuis la fin des 27 années de règne sans partage, le 31 octobre 2014, le peuple burkinabè fait parler de lui à travers le monde. Pour les démocrates, ce qui s’est passé au Burkina Faso et un bel exemple de démocratie en construction. Pour les partisans de règne à vie, le cas burkinabè est un exemple de désordre qu’un pays comme la France ne devait pas citer en exemple.
Ce départ précité du Président Blaise Compaoré et des dignitaires du pouvoir, qui n’est autre chose qu’un déshonneur, une humiliation de classe exceptionnelle, est difficile à avaler par un homme comme Blaise Compaoré, connu pour sa rancune tenace. Tout ce qui peut perturber la transition au Burkina Faso, quelle qu’en soit l’origine, ne lui fera pas du mal.
Le pays est donc actuellement dans une ‘’zone de turbulence’’. Les rumeurs se construisent et se développent. On s’accuse mutuellement. On court le risque de plonger le pays dans un chaos total. C’est là que doit intervenir le patriotisme ou l’apatridie de chaque Burkinabè.
Pour ma part, voyons comment on en est arrivé là et quelle sortie possible du malaise national pour les élections effectives le 11 octobre 2015.

Et l’insurrection arriva !

Si le régime de Blaise Compaoré est tombé aussi facilement, c’est parce que le Bon Dieu lui-même a fini par en avoir marre et a décidé de prendre son camp. On ne peut pas être juste toute sa vie face à l’injustice au risque d’être soi-même injuste vis-à-vis des autres que vous aimez de la même façon. Le régime du Président Compaoré renvoie à des images de familles endeuillées, de personnes disparues, de personnes exclues, de personnes en exil, bref à un pouvoir complètement aux antipodes des valeurs démocratiques et d’Etat de droit.
L’insurrection populaire telle que vécue les deux derniers jours du mois d’octobre 2014 a été la traduction exacte d’un peuple qui voulait déterrer toutes les racines d’un type de pouvoir qu’il ne veut plus jamais dans ce pays. Le monde ‘’fou’’ à travers le territoire national lors de l’insurrection a été la traduction de «pour vous c’est fini dans ce pays».
La fausse note de cette insurrection, c’est l’usage de feu pour détruire des domiciles entiers et de nombreuses pertes en vies humaines. Depuis, brûler commence à entrer dans le quotidien des Burkinabè : «Si tu fais, on brûle chez toi». Il est temps de mener des actions tout aussi déterminées pour arrêter cette culture qui commence à animer bien de jeunes. Le feu, dans un tel usage, est symbole de malheur et nul ne peut connaître les limites de ses effets inverses. Brûler et toujours brûler des maisons doit sortir de la tête des Burkinabè. C’est extrêmement dangereux pour l’avenir et la stabilité dans un pays.
Toutes celles et tous ceux qui ont été victimes de feu lors de cette insurrection et de pertes en vies humaines, il y a à déplorer. Mais le régime Compaoré mérite bien sa chute car le pays était devenu pour la famille présidentielle un kiosque dans un non-loti avec une gérance au gré des humeurs du vendeur.

La transition en négociation

J’ai entendu à plusieurs occasions des propos indiquant que l’Armée a pris les devants de la transition avec la caution des organisations de la société civile. Dès les premiers moments de l’insurrection, avant même que la plupart des Burkinabè ne découvre le nom ‘’ZIDA’’, l’Armée est venue vers les civils, notamment les leaders politiques et OSC qui étaient aux devants de la lutte. On sentait que l’intention était de voir ce que les insurgés voulaient faire de leur victoire. Les civils avec les partis politiques en tête qui ont vocation de conquérir et de gérer le pouvoir n’ont pas montré à l’Armée qu’ils étaient prêts à gérer eux-mêmes la transition quitte à solliciter l’Armée pour des questions précises, en cas de besoin.
Mieux, ce qui se dégageait, c’est que les partis politiques étaient prêts à accompagner l’Armée ou, tout au moins, à se mettre ensemble pour conduire la transition. On avait l’impression aussi qu’aucun parti ne voulait se déclarer intéressé au risque des interprétations déplacées. L’Armée a fini par comprendre qu’on ne disposait d’aucun plan de gestion du pouvoir en cas de victoire de la lutte. Dès lors, l’Armée pouvait passer de la prise de responsabilité demandée par les insurgés à l’implication dans la gestion de la transition en prenant les devants.

Et le Général se déclara Président !

Après la proclamation du Général Nabéré Honoré Traoré comme chef de l’Etat de la transition, les formalités de constatation de vacance du pouvoir étant remplies, celui-ci a été obligé de le remettre immédiatement au Régiment de Sécurité présidentielle. L’Armée a su trouver la formule et les mots pour ne pas choquer l’opinion et garder la cohésion fragile en son sein. On comprit tout de suite qu’il n’a pas eu de soutient du RSP avant de s’y engager. C’est eux qui gardent le Président et ils ne sont pas au courant que tu arrives. Ça ne passe donc pas. Ils ont donc choisi donc l’homme qu’il fallait.

Et ZIDA arriva !

Avec l’arrivée du Lieutenant-colonel Yacouba Isaak ZIDA, une contestation s’est engagée contre l’Armée au pouvoir à tel point que le Colonel Auguste Denise Barry livrait une déclaration dans laquelle il demandait aux insurgés de revenir vers l’Armée à qui ils ont demandé de prendre ses responsabilités, s’ils trouvaient qu’ils s’étaient trompés. La société civile était au cœur de cette contestation. La présence de certains leaders du mouvement Balai citoyen aux côtés du Lieutenant-Colonel ZIDA à ces moments précis, et qui a donné lieu à des interprétations, a une explication valable.

Des concertations tous azimuts

Le Lieutenant-Colonel ZIDA, assurant les fonctions de Chef de l’Etat, avait entrepris des concertations d’écoutes de toutes les forces vives. A ces occasions, les organisations de la société civile ont exigé, qu’en dehors du Président Compaoré et certains dignitaires qui avaient déjà quitté le pays, que certains des dignitaires encore sur place soient mis aux arrêts tout de suite et maintenant. Il a joué à l’apaisement en indiquant que la démocratie repose sur des règles nationales et internationales et que, par conséquent, toute arrestation doit avoir une justification acceptable afin d’éviter de faire crier des gens qui verraient en une telle opération ‘’une chasse aux sorcières’’.
Par contre, il trouvait la demande de la société civile pertinente si l’on s’était engagé dans une voie d’Etat d’exception. Et comme les insurgés eux-mêmes ont décidé qu’il faut poursuivre avec la démocratie et l’Etat de droit (ce qui est normal), ZIDA a indiqué aussi que cela a ses exigences qu’il faut accepter et respecter. Voilà pourquoi personne n’a été inquiété au départ, question de prendre le temps pour réunir des éléments de preuves et si arrestations il devait avoir par la suite, qu’elles s’inscrivent dans la voie de la démocratie et de l’Etat de droit.

Négociation de la charte de la transition

La période de l’élaboration de la charte a été la plus houleuse. Tout a été discuté et rediscuté. Une fois encore, la société civile n’a pas voulu la présence de l’Armée dans les organes de la transition. Elle a exigé une transition totalement civile tout en reconnaissant le rôle historique jouée par l’Armée dans cette insurrection. Elle a été fléchie par les partis politiques. Si les militaires se retrouvent aujourd’hui dans le gouvernement et au CNT, c’est donc du fait des partis politiques. La société civile a accepté ce compromis pour rester dans l’esprit de groupe qui animait les acteurs dans la lutte. C’était donc un grand compromis.
C’est fort regrettable voire incompréhensible que ce soit des partis politiques qui entretiennent aujourd’hui des propos, un flou total face à la demande du RSP du retrait des militaires du gouvernement ou tentent de ne pas trouver d’inconvénients que les militaires sortent du gouvernement.Sauf quelques chefs de partis qui sont restés cohérents. Tous ceux qui étaient aux négociations de la charte s’attendaient sans surprise à un Premier ministre militaire. La société civile veut être conséquente avec elle-même. Elle veut respecter la parole donnée. Il n’est donc pas question de remettre en cause le compromis. C’est en pareille situation que l’on mesure le niveau de sérieux et le respect de la parole donnée. C’est pourquoi l’AG du 11 juillet a demandé des concertations et des clarifications avec les partis politiques afin de leur permettre de revoir leur position. Visiblement, une rupture avec les partis dans la lutte n’est pas à exclure. Des noms de chefs de partis aux propos cohérents ont même été cités. «Si vous ne voulez plus lutter, on va voir qui va vous voter.»

Les organes de la transition

Le gouvernement de la transition a été mis en place en respectant le nombre de ministres tel que voulu par les signataires de la charte. C’est ce qui explique le cumul des postes à la primature avec la Défense et à la présidence avec les Affaires étrangères, même si cela n’est pas exempt de critique.
On a reproché au gouvernement de ne pas disposer d’une feuille de route claire. Le peuple lui-même n’a pas une vision claire de la transition. Certains ne se rendent pas compte qu’à un moment donné notre pays était dans unsituation critique, qu’il fallait obligatoirement qu’on s’organise rapidement pour sortir de la situation et reprendre le bon chemin et que nous avons convenu de mettre en place des organes qui sont les nôtres (ceux qui ont chassé Blaise, comme c’est l’expression) et qu’il nous appartient de les soutenir jusqu’au bout.
Mais, pour les uns, le gouvernement n’est pas là pour organiser les élections. Il doit arrêter tous les dignitaires du régime Compaoré, les juger et les jeter en prison «car c’est parce qu’ils sont dehors qu’ils parlent». Les élections, on verra après car ce n’est pas pressé. Pour les autres, ce gouvernement n’a rien compris. Il n’est pas habilité à arrêter et à juger des gens. Il n’a qu’à organiser les élections et partir, c’est ce qu’on lui demande. Pour les autres encore «on a chassé Blaise pour trouver du travail, ils nous parlent pas du travail et on ne sait même pas ce qu’ils font». Dans de telles conditions, aucune feuille de route ne donnera satisfaction. On oublie donc que ce n’est pas un gouvernement qui appartient à quelqu’un mais est notre affaire à tous.
Du côté du CNT, les députés de la transition impriment une nouvelle façon d’examiner et voter les lois. Leur façon de faire cadre avec ce qu’un citoyen attend d’un parlement. L’ex-majorité y est représentée par dix (10) députés. Leur admission au CNT n’a pas été facile pendant les négociations de la charte. Les organisations de la société civile et les partis politiques ont marqué un refus total. C’est le Lieutenant-Colonel ZIDA qui a encore pesé pour qu’enfin on finisse par accepter et admettre les dix (10) députés de l’ex-majorité au CNT. Pour ZIDA, nul ne peut dire que tous ceux qui sont au CDP sont mauvais et qu’une telle exclusion ne peut se justifier.

Le malaise dans la transition

Si la transition se poursuit normalement avec ses points forts et ses insuffisances, il faut tout de même relever l’intrusion du Régiment de Sécurité présidentielle (RSP) qui se présente comme l’obstacle majeur dans la «conduite heureuse de la transition». Les organisations de la société civile, depuis un certain temps, n’ont pas été tendres avec le RSP. Mais de plus en plus, elles recadrent les choses et précisent leurs idées. Elles ne luttent pas contre leurs frères, sœurs, amis et connaissances du RSP dont la presque totalité a les mains propres. Elles sont convaincues que le mouvement au sein de ce régiment est du fait de certains officiers des années 1980 qui ont des choses à se reprocher et qui n’ont pas intérêt à une bonne conduite de la transition. Et elles mettent l’accent sur un nom : Gilbert Diendéré. Lors de l’Assemblée générale nationale tenue le 11 juillet 2015 à l’Université de Ouagadougou, les OSC ont décidé que, dorénavant, le nom du Général Gilbert Diendéré doit être cité dans toutes les manifestations à travers le territoire national, car c’est lui la «force du mal» dans ce pays, selon l’expression du Président Kafando.
Elles ont saisi l’occasion pour réaffirmer leur soutien au Président Kafando tout en indiquant clairement que lui-même deviendra «une force du mal» qui sera combattue par les OSC et sans préavis si une décision venant de sa part faisait bouger un seul ministre de sa place dans le gouvernement. Les provinces sont réparties avec ce message en attendant des actions imminentes, tout en prenant l’engagement de descendre à Ouagadougou en convois pour renforcer l’action face à toute tentative de déstabilisation de la transition. Pour les OSC, toutes les OSC en lutte n’ont rien à voir ou à faire (sinon à foutre) avec le Premier Ministre ZIDA. Il y en a qui ont aussi des reproches envers ZIDA.
Mais elles sont unies sur un seul point : «gouvernement no bouging !». En effet, le plus grand mal qu’on puisse faire aujourd’hui à ce pays c’est de changer ce gouvernement de la transition. Et c’est lui qui viendrait à le faire qui répondra devant l’histoire et devant les institutions nationales et internationales. M’ba Michel lui-même a bien pris la mesure de la situation et son dernier message de moins de deux minutes est tenu sur trois points : aveu d’échec dans les concertations, appel au secours et mise en garde. M’ba Michel que nous sommes allé chercher dans la tranquillité a besoin de cette tranquillité pour conduire cette transition jusqu’à terme. Chaque Burkinabè doit être un soutien pour lui.
Les OSC lui ont déjà donné leur soutien et l’ont invité à toute décision dans le sens de l’insurrection populaire. Pour le reste, elles savent ce qui se trame : des réunions ici et ailleurs, des infiltrations dans le pays, l’argent circule, un plan de déstabilisation en cours, peut-être même qu’un projet de gouvernement déjà prêt en cas de renversement du pouvoir de la transition par la force. Eh oui! Quelqu’un de l’ex-majorité a dit sans tituber que «si on ne reprend pas notre pouvoir, on va demander à l’Armée de faire un coup d’Etat». Il ne s’est pas trompé. Il sait de quoi il parle. Il dégage une certaine assurance du retour du CDP au pouvoir. De quelle Armée parle-t-il ? Certainement du RSP. Quoiqu’on puisse dire, le RSP a surpris très agréablement le peuple lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre en montrant qu’ils sont aussi les enfants de ce pays et qu’il n’est pas question de massacrer leurs frères et sœurs. Même si les OSC demandent leur dissolution, elles reconnaissent cela.
Mais l’Armée c’est l’Armée. Le soldat obéit avant de chercher à comprendre. Peut-être qu’un coup d’Etat contre la transition avant ou pendant les élections peut réussir. C’est l’objectif et le peuple doit le savoir et le prendre au sérieux. Peut-être aussi qu’une surprise encore agréable viendra de dignes fils de ce pays. Et pour préparer l’opinion à toute déstabilisation, on dit que la hiérarchie militaire a demandé le retrait des militaires du gouvernement. Chacun n’a qu’à se renseigner pour connaître la vérité. Ça ne sortira pas de ma bouche.

Jonas HIEN

N.B : la titraille est du site
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