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Demande de démission du Premier ministre par l’ex-majorité : « Pourquoi ce n’est pas Nabéré qui a été retenu ? », s’interroge Etienne Traoré
Publié le jeudi 9 juillet 2015  |  Le Pays
Etienne
© Le Pays par DR
Etienne Traoré




Le Groupe de l’appel du 9 avril, composé de l’ex-majorité qu’est le CDP et ses alliés, exige la démission du Premier ministre, Yacouba Isaac Zida. Cela, il l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse animée le 7 juillet dernier à Ouagadougou. Pour ce groupe, le cas du RSP est devenu une question de l’Armée nationale, et si cette Armée demande à Yacouba Isaac Zida de partir, l’ex-majorité s’aligne derrière elle, en ce sens que cette crise pourrait entraver la bonne marche des institutions de la Transition. Suite à cette déclaration, certains acteurs de la vie politique ont réagi. Voici donc leurs avis sur la question.

Etienne Traoré, Burkina Yirwa

« La réalité, c’est que les gens ne veulent pas qu’on avance avec les dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo »

« Il faut préserver l’unité de l’Armée. Ce n’est pas du rôle de l’Armée de dicter comment les institutions doivent fonctionner, à moins qu’il y ait un coup d’Etat. Pour le moment, il n’y a pas de coup d’Etat, donc l’Armée n’a rien à imposer aux institutions de la République. En plus, il faut que l’Armée sache que si elle veut respecter les institutions, celles-ci ont été établies par la volonté du peuple et, dans cette ossature, il y a trois pieds qui constituent un ensemble.

Il y a les forces de défense et de sécurité, il y a les partis politiques et la société civile. Vous ne pouvez pas venir casser un pied et dire que vous n’êtes pas en train d’attaquer la Transition ; ils sont en train d’attaquer la Transition. Ils n’en ont pas le droit. En ce qui concerne l’unité de l’Armée, nous sommes entre nous au Burkina, on se connaît ici. Pourquoi au nom de cette unité, ils n’ont pas mis l’officier le plus gradé de l’Armée quand il y a eu le vide à la tête de l’Etat et que l’armée a pris le pouvoir ? Pourquoi ce n’est pas Nabéré qui a été retenu ? On a dit que c’était au nom de l’unité de l’Armée. Cette unité veut dire quoi ? Il faut que le RSP soit devant et les autres derrière ? Si c’est cela, ce n’est pas l’unité de l’armée. On sait qu’il y a une armée dans l’Armée.

Que le RSP veuille entraîner les autres en les menaçant, je n’en sais rien. Mais je retiens que l’unité de l’Armée signifie que le RSP maintient son hégémonie sur le reste, sinon Nabéré devait être le président aujourd’hui et devait répondre au nom de toute l’Armée. Or, cela n’a pas été le cas. Que l’on nous parle donc de l’unité de l’Armée de cette façon, non. Qu’ils ne nous prennent pas pour des oies sauvages. Ils ont aussi dit qu’ils sont exclus et tout. Je leur demanderai d’aller au Mali voir ceux qui étaient dans l’UDPR avec Moussa Traoré à sa chute, ce qu’ils étaient devenus.

Quand est-ce qu’ils ont eu le droit d’avoir la parole publique ? C’est des années après. Il y en a même qui ont fait la prison entre-temps. C’est ça l’exclusion. Ici, tous les partis peuvent se présenter et des gens comme ceux du CDP se permettent même de prendre un réfugié politique comme président d’honneur. Nulle part ailleurs dans le monde, cela ne se passe. Ces gens n’ont qu’à avoir un peu de modestie. Si vraiment leur demande de pardon est sincère, ils ne doivent pas se comporter de cette façon.

Cela me fait croire que certains ont des agendas cachés. J’ai entendu dire, il y a à peu près quatre mois, qu’il y a d’autres qui fanfaronnaient, disant qu’avant la fin du mois de juin, on va mettre fin à la récréation. La récréation, c’est la Transition ? Qu’un réfugié politique fasse la politique au point de devenir président d’honneur et jure tous les jours de chasser ceux qui l’ont remplacé comme si le pouvoir lui appartenait à titre individuel ? Personne ne peut nous empêcher de faire le lien que, quand il y a révolution, quelque part, il y a contre-révolution. La contre révolution est en train de s’organiser, avec la provocation et ce qui s’en suit. Les gens veulent se mettre derrière l’Armée qui n’a pas du tout le droit de dire comment les institutions doivent fonctionner.

Ce n’est pas un coup d’Etat, à ce que je sache. Il y a certainement des non-dits. Je vous fais remarquer aussi la coïncidence : le dossier Thomas Sankara est en train d’avancer de façon assez sérieuse. Hyacinthe Kafando a été entendu, mais il y a des gens qui ne veulent pas du tout qu’on ouvre le dossier Sankara. Si on veut avoir la paix dans ce pays, tant qu’il y aura ce dossier et des gens seront toujours gradés, ça va toujours être un problème. J’aurais proposé que l’on transfère les dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo à la CPI pour qu’on ait la paix. La réalité, c’est un peu ça : les gens ne veulent pas qu’on avance sur ces dossiers. Des gens qui sont là et dès que vous voulez les approcher, ils trouvent des alibis pour vous menacer. Tant que ces dossiers seront là, n’importe quel alibi sera bon pour que ces militaires interviennent dans les affaires politiques. »

Me Sankara, UNIR/PS

« Demander la démission du Premier ministre dans ces conditions, n’obéit ni à l’esprit de la Charte de la transition, ni à l’esprit de la Constitution »

« Je trouve la réaction de l’ex-majorité qui était un ramassis, agglutiné autour d’un front dit républicain, curieuse et même très ridicule. La question première que je me pose est de savoir où étaient ces oiseaux de mauvais augure dès le 31 octobre 2014, quand leur mentor a fui. Il me semble que certains comme Hermann Yaméogo et bien d’autres étaient de la partie des fuyards pour se retrouver du côté de la Lagune Ebrié.

Est-ce que ce retour soudain, à un moment où le Régiment de sécurité présidentielle a des velléités de remettre en cause le processus démocratique en cours, n’est pas synonyme d’un renouement avec une attitude qui a été à l’origine de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, c’est-à- dire une ex-majorité aujourd’hui aux abois, qui veut faire feu de tout bois, au besoin utiliser une élite militaire pour bloquer la volonté du peuple ? Demander la démission du Premier ministre dans ces conditions, n’obéit ni à l’esprit de la Charte de la transition, ni à l’esprit de la Constitution, encore moins à la volonté de la communauté internationale qui souhaite aujourd’hui que l’agenda électoral soit respecté.

De toutes les façons, en ce qui concerne le Premier ministre, dès le début, la classe politique de l’ex-opposition avait des appréhensions. L’autre préoccupation, c’était la cohésion et l’unité de l’Armée pour sécuriser le pays, encadrer la Transition afin que ses organes puissent exécuter leur feuille de route consensuelle qui a été déclinée par toutes les forces vives. N’oublions pas que cette fameuse ex-majorité a été signataire de la Charte de la transition. Elle est représentée au CNT (NDLR : Conseil national de Transition). Je pense donc qu’il y a des Hommes politiques en perte de vitesse qui cherchent, naturellement, à se faire valoir, mais de la mauvaise manière. Le peuple burkinabè est vigilant et apportera la réplique idoine et appropriée».

Tahirou Barry, président du PAREN

« Une démission du Premier ministre et de son gouvernement pourrait précipiter notre pays dans un vaste champ d’incertitudes »

« Cette demande est la conséquence de l’exacerbation de la tension politique et militaire dans notre pays, et doit interpeller chaque acteur de la vie nationale.
Nous sommes dans la dynamique d’un cheminement douloureux vers la restauration de la démocratie et la république dans notre pays, et chaque signal doit être entendu et analysé avec sagesse et responsabilité.

Pour l’heure, on doit éviter d’agiter l’éventail des solutions extrêmes, car une démission du Premier ministre et de son gouvernement pourrait précipiter notre pays dans un vaste champ d’incertitudes, à quelques semaines seulement des élections. Nous devons trouver en nous, des ressources morales fortes pour nous entendre sur l’essentiel, dans l’intérêt du peuple et préserver notre pays des abîmes de la déchirure. Le président Kafando qui est une personnalité de grande sagesse a déjà engagé des concertations et chacun doit œuvrer à faciliter la recherche de la sérénité et la cohésion nationale. Nous avons tous intérêt à apaiser le climat national, car aucun Burkinabè ne saurait séparer son destin de celui de son pays».

Propos recueillis par Christine SAWADOGO

Légende :

1 - Etienne Traoré, Burkina Yirwa

2 - Me Sankara, UNIR/PS

3 - Tahirou Barry, PAREN
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