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Sidwaya N° 7382 du 25/3/2013

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Zhang Ming-Zhong, ambassadeur de la republique de Chine Taïwan en fin de mission : « Le Burkina Faso est comme mon deuxième pays natal »
Publié le lundi 25 mars 2013   |  Sidwaya


SEM
© Autre presse par DR
SEM ZHANG Ming-Zhong, Ambassadeur de la République de Chine (Taïwan) au Burkina Faso


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En fin de mission au « pays des Hommes intègres », l’ambassadeur de la République de Chine Taïwan, Zhang Ming-Zhong, a accordé une interview à Sidwaya, le vendredi 22 mars 2013 à Ouagadougou. Le diplomate a confié que le Burkina Faso est un pays en voie d’émergence, ce qui gagnerait à coordonner ses efforts pour accélérer le processus de développement.

Sidwaya (S.) : Quel bilan dressez-vous de votre passage au Burkina Faso ?

SEM Zhang Ming-Zhong (Z.M.Z) : Très positif et concret, parce que nous intervenons principalement dans quatre domaines tels que la formation professionnelle où nous sommes le premier partenaire du Burkina Faso depuis 2007. Le deuxième domaine, c’est l’agriculture, particulièrement dans le projet riz pluvial. Le troisième porte sur la santé avec de grands et petits projets. On peut citer l’assistance technique au niveau de l’hôpital national Blaise-Compaoré, la construction de Centres de santé et de promotion sociale(CSPS) et l’organisation d’ateliers de formation continue au bénéfice des sages-femmes et des infirmiers-majors des CSPS. Ce type de formation est organisé quatre fois par an, depuis 2011. Le quatrième domaine concerne l’introduction de l’énergie renouvelable, en particulier dans les domaines des biocarburants et de l’énergie solaire.

S. : La conception du développement par le peuple chinois c’est : « Ceux qui attendent de l’aide doivent d’abord s’aider ». De quoi s’agit-il concrèretement ?

Z. M. Z. : Au fait, nous avons deux idéaux dans la coopération internationale. Tout de suite, après la seconde guerre mondiale, les installations industrielles de Taïwan ont été détruites à 90% par les Américains. A l’époque, Taïwan était une colonie du Japon qui l’utilisait comme une base aéronavale. Pour les Américains, il fallait nécessairement bombarder les installations industrielles. Après la guerre, nous avons reconstruit notre pays à partir de zéro, c’est-à-dire à partir des ruines. Heureusement, nous avons bénéficié de l’aide américaine de 1951 à 1965. Jusqu’à nos jours, le peuple taïwanais se souvient encore de cette aide tellement précieuse qui a permis de faire la reconstruction nationale. C’est la raison pour laquelle, nous avons le sentiment d’avoir une responsabilité vis-à-vis de la communauté internationale. Et la solidarité internationale est très importante pour nous. Au Burkina Faso, nous concevons cette aide publique au développement différemment. Il ne s’agit pas seulement de donner mais d’aider vraiment. C’est très important. Dans les idéaux que j’ai mentionnés tantôt, le premier, c’est le partenariat pour le progrès et le second, c’est le développement durable. Avec ces idéaux, nous commençons à planifier les projets de coopération en concertation avec nos partenaires burkinabè ainsi que d’autres pays qui ont besoin de notre aide. C’est toujours autour de ces deux principes que nous entretenons la coopération.

S. : En dehors du soutien que le Burkina Faso réaffirme à la Taïwan au sein de la communauté internationale pour une reconnaissance, dans quel autre domaine, votre pays, a-t-il des attentes vis-à-vis du Burkina Faso ?

Z. M. Z. : C’est surtout le soutien politique et moral pour notre participation aux activités des organisations internationales ; spécialement dans le système des Nations unies. Car, nous avons été membre des Nations unies jusqu’en 1971. Après, nous n’avons pas eu l’occasion de participer directement à cette tribune de la communauté internationale. Pourtant, avec les progrès économiques et industriels réalisés par Taïwan, nous sommes tout à fait qualifiés et capables d’y prendre part.

S. : Le soutien politique du Burkina Faso suffit-il ?

Z. M. Z. : Très très satisfaisant. Le président du Faso, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et bien d’autres ministres comme celui en charge de l’Environnement nous ont toujours soutenus. Ce fut le cas avec notre participation à la convention 4 des Nations unies sur les changements climatiques. Le soutien a été très utile et précieux.

S. : A combien évaluez-vous le volume financier injecté par votre pays au Burkina Faso ces trois dernières années ?

Z. M. Z. : Nous avons une commission mixte qui délibère sur la coopération bilatérale. Chaque année, nous finançons différents projets de coopération. De 2011 à 2012, ce fut un peu plus de 24 milliards de francs CFA par an. A partir de cette année à 2014, c’est un peu plus de 26 milliards de francs CFA.

S. : 22 projets ont été retenus dans les secteurs prioritaires de développement du Burkina Faso, notamment dans les domaines de la production rizicole et de la santé. Que doit faire le Burkina Faso pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et assurer les soins de santé à tous ses habitants ?

Z. M. Z. : Disons que la République de Chine Taïwan est l’un des partenaires bilatéraux du Burkina Faso. Je ne peux pas être prétentieux en disant que c’est notre seul pays qui peut l’aider. Je crois que nous sommes utiles dans les deux domaines de coopération sus-cités. Notre contribution peut être petite, mais elle peut servir à accompagner le pays, notamment au niveau de l’assistance technique. Je prends l’exemple de l’hôpital national Blaise-Compaoré où depuis pratiquement deux ans, il y a une équipe d’assistance technique en gestion informatisée. Nous souhaitons que cette assistance technique soit utile pour une gestion moderne de l’hôpital qui compte 600 lits. En ce qui concerne le projet riz pluvial, nous sommes déjà à la cinquième année d’adoption par la septième commission mixte. Jusqu’à la fin de 2012, on a fait un peu plus de 8 200 hectares de bas-fonds aménagés. Or, la commission mixte avait fixé un objectif de 7 500 hectares pour les 5 ans.

S. : De votre point de vue, que devra faire le Burkina Faso lui-même ?

Z. M. Z. : Il n’y a pas mal de choses, mais je dirai que la coordination et la coopération sont très importantes. On constate qu’on fait des réunions, on adopte des résolutions, mais il n’y a pas de suivi. Cela se constate dans bon nombre de pays, ce n’est pas un problème spécifique du Burkina Faso.

S. : Que conseillez-vous alors ?

Z. M. Z. : Par exemple, pour atteindre la sécurité alimentaire, il faut impliquer tous les acteurs, y compris les agriculteurs eux-mêmes. Il faut voir comment rassembler les efforts de chacun pour un objectif commun. Je crois que c’est très important que le gouvernement burkinabè travaille très étroitement avec ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Ce n’est pas facile, mais il faut le faire.

S. : En tant qu’observateur ayant passé plusieurs années au Burkina, peut-on qualifier ce pays d’émergent ?

Z. M. Z. : Absolument, absolument, vous savez, dans la mentalité des Asiatiques, nous croyons toujours en l’effort collectif et au sacrifice personnel. Par exemple, les parents peuvent serrer la ceinture pour que les enfants réussissent dans leurs études. Avec l’éducation, la formation, on peut espérer que la future génération tire son épingle du jeu. Dans la plupart des pays en voie de développement, il y a un problème de pauvreté. La question qui se pose est de savoir comment s’en sortir. Il existe des exemples de pays qui sont venus à bout de la pauvreté, même s’ils ne sont pas nombreux. Il appartient au Burkina Faso de voir le mode de développement qu’il veut. Il faut tenir compte du contexte de ce pays. Il existe déjà plusieurs modèles de développement dans le monde. Et le pays dispose de nombreux partenaires. A lui de voir ce qui lui sied.

S. : Le Burkina Faso mise aujourd’hui sur des projets de pôles de croissance dont Bagrépôle. Les opérateurs économiques taïwanais sont-ils intéressés par ces projets ?

Z. M. Z. : Certainement, car personnellement, c’était moi qui ai promis la gestion du périmètre de Bagré avec des équipements et du matériel agricole de notre mission technique qui a séjourné à Bagré en décembre 2009. A l’époque, nous croyions que c’était le bon moment de remettre tout ça dans les mains de nos amis burkinabè pour la continuité. Nous sommes très heureux de constater que la Banque mondiale (BM) a participé au financement du projet de Bagrépôle. C’est un projet d’intérêt avec plusieurs acteurs de développement. Nous avons déjà une agence spécialisée pour notre coopération internationale qui s’appelle ICDF (Fonds international de coopération et de développement) qui est dirigée par mon prédécesseur. Il est venu quatre fois au Burkina Faso, l’année dernière. Souvent, il a discuté de la participation des hommes d’affaires et des entreprises taïwanaises de Bagrépôle. Jusqu’à présent, nous attendons la suite d’une proposition initiée par ICDF qui concerne la création d’une société mixte de semences améliorées pour le riz. Dernièrement, j’ai accompagné le ministre en charge des Ressources animales pour visiter le centre d’élevage et rizicole de Bagré. Nous avons constaté qu’il y a des agriculteurs qui étaient en train de repiquer le riz pendant que des plants avaient poussé sur d’autres périmètres. Cela explique que les agriculteurs ne respectent pas le calendrier enseigné par nos experts en riziculture. Cela entraîne toujours des inconvénients. Par exemple, avec une récolte de 5 hectares de riz paddy, peut-on demander à des commerçants de venir pour l’achat ? Ces derniers croient que la zone de production est située très loin et la quantité en vente insuffisante pour susciter leur déplacement. Si à la fois, ce sont 500 hectares, 1000 hectares, 1500, 2000 hectares, certainement, ce serait beaucoup plus rentable. Un fait, c’est que tous les trois ans, en principe, il faut renouveler la variété de riz, sinon le riz se croise dans la nature. Ce qui entraîne la réduction du rendement et de la production. Pour éviter ces genres de problèmes, il faut mettre en place une coordination entre les riziculteurs pour ne pas repiquer le riz à n’importe quel moment. L’avantage, c‘est qu’il y a de l’eau à côté.

S. : Que gardez-vous comme souvenirs du Burkina en quittant ce pays ?

Z. M. Z. : Excellent, le Burkina Faso est comme mon deuxième pays natal. A vrai dire, c’est avec un sentiment accompagné de joie et de tristesse que je retourne aux côtés de mes parents et amis. Je suis tout de même triste de quitter un pays où on a tout donné. Sentimentalement, c’est difficile.
Je l’ai mentionné dans mon discours (NDLR : à l’occasion du dîner d’au revoir organisé en son honneur le 21 mars 2013 à Ouagadougou) devant le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, que chaque jour, quand je me lève, je me sens complet, car je sais que je fais du bien aux gens et au pays qui m’a accueilli avec une générosité inégalité.

S. : Si ce n’est un secret, à quelle fonction êtes-vous désormais appelé ?

Z. M. Z. : Jusqu’à présent, je ne sais pas. De toutes façons, je retourne dans mon pays au département des Affaires étrangères. En raison du système de rotation en vigueur, je devrais y rester deux ou trois ans avant d’être muté dans une représentation diplomatique à l’étranger.

La rédaction

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