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Assassinat de Bernadette Tiendrébéogo: le caporal Lompo condamné à la peine de mort
Publié le mercredi 1 juillet 2015  |  Le Quotidien




Alphonse Bahanla Lompo, caporal en service au Régiment de sécurité présidentielle (RSP), a été reconnu coupable des faits d’assassinat sur la personne de son ex-copine, Bernadette Tiendrébéogo. L’accusé a été condamné à la peine de mort lors de son procès, le mardi 30 juin 2015, à la Cour d’appel de Ouaga 2 000.
Les assises criminelles se sont refermées, hier mardi 30 juin 2015, avec le procès du caporal Bahanla Lompo, connu par certains sous le nom de Alphonse Lompo. Accusé de meurtre avec préméditation et guet-apens, l’ancien élément du RSP (il a été radié de l’armée suite à l’éclatement de l’affaire), comparaissait devant la Chambre criminelle de la Cour d’appel. A l’issue du procès, qui aura duré 7 heures d’horloge et une délibération de 1h 30 mn, l’accusé a été condamné à la peine capitale.

A l’ouverture de l’audience, peu avant 11 heures, l’accusé a reconnu les faits à lui reprochés, à savoir l’assassinat de Bernadette Tiendrébéogo, le 9 mars 2013. Interrogé sur les raisons de son forfait, le caporal Lompo a expliqué à la Cour que l’affaire avait débuté en 2012, alors qu’il était en stage à Bobo Dioulasso. « Je lui envoyais 50 000 F CFA chaque mois. Je faisais toutes les dépenses (…). Puis, elle est allée au Niger. Un jour, je l’ai appelée et un monsieur a décroché et dit que c’est sa femme et qu’ils allaient bientôt se marier. C’était comme ça chaque fois que j’appelais », a-t-il relaté. Ce fut ainsi, jusqu’au retour de la victime. Après avoir su que celle-ci était de retour, le caporal Lompo est revenu le 9 mars 2013, aux environs de 18h : « Je suis rentré. J’ai causé avec le papa. Mais quand j’ai voulu la voir pour discuter, elle n’a rien voulu savoir. J’étais hors de moi. Je suis reparti au service pour prendre mon arme et je suis revenu dans le quartier à pied. »

« Je n’arrivais plus à me contrôler »

Une fois dans le quartier, l’accusé dit avoir acheté de la cigarette qu’il a fumée, dans une buvette située à quelques mètres du domicile de la victime. Il a dit avoir été traumatisé par les agissements de son ex-copine. « Quand je suis rentré dans la cour, dès qu’elle m’a vu, elle a commencé à courir. Je l’ai suivie. J’ai entendu du bruit dans une chambre et j’ai su qu’elle était dedans. Je n’arrivais plus à me contrôler. J’ai tiré sur la porte. Je suis entré et je l’ai vue accroupie et j’ai tiré », a-t-il relaté. A la question du procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Ouagadougou, de savoir s’il ne pouvait pas régler le problème à mains nues, l’accusé répondra qu’il est allé chercher l’arme, non pas pour faire du mal à Bernadette Tiendrébéogo, mais juste pour lui faire avouer. En effet, selon le caporal Lompo, il aurait été témoin d’un certain comportement de cette dernière. Elle aurait avorté à deux reprises, en 2010 et 2012. Puis, il l’aurait vu, à deux reprises, se faire déposer en voiture par un homme : « J’étais très énervé et j’ai voulu porter la main sur elle ». Après ce récit, le président de la chambre a demandé à l’accusé ce qu’il ressentait après son acte. Celui-ci a dit qu’il regrettait sincèrement d’avoir ainsi agit. Ce après quoi, il lui a été demandé d’observer pendant une minute une des images de l’incident, ce qu’il n’a pas pu faire, confiant qu’il aimait beaucoup la victime.

Comme un fantassin sur un champ de bataille

Revenant sur la nuit du meurtre, le procureur du Faso a laissé entendre que l’accusé en position de fantassin, dans ses habits civiles, sa kalachnikov AK 47 à crosse escamotable, le tout dissimulée sous un blouson militaire. Revenant sur les détails, l’accusé s’enfonça davantage en confiant qu’après avoir tiré le coup de feu fatal dans la tête de sa victime, l’arme s’est enrayée. Dans sa plaidoirie, l’avocat de la famille, Me Ambroise Farama a décrit une scène de crime macabre et un crime abominable. Après avoir, à son tour, rappelé les faits, il a ajouté : « Après avoir commis son crime, il appelle son chef de corps et lui rend compte de son forfait ». Revenant, sur les propos de l’accusé, il fit remarquer que si l’arme ne s’était pas enrayée, il se serait acharné sur la victime. Me Farama a requis une peine exemplaire, la plus lourde possible pour que cela serve de leçon : « Rien ne peut soulager la famille, ni les millions, ni des milliards ».
Pour sa part, le procureur du Faso, Pinguédewindé Désiré Sawadogo, a insisté sur la préméditation. Il a rappelé que lors de son interrogatoire, l’accusé avait confié qu’il avait pris sa résolution dès l’instant que la victime avait refusé de l’écouter : « avec la circonstance que son acte a été commis avec préméditation et guet-apens, en l’espèce le fait de prendre la résolution de donner la mort à la victime ». S’appropriant le rapport psychologique de l’accusé, le procureur a fait savoir que ce dernier était apte à purger une peine d’emprisonnement. Revenant également sur l’enrayement de l’arme, il a avancé que si l’arme n’était pas enrayée, Bahanla Lompo pouvait tirer sur le père de la victime, son frère et sur toute autre personne qui se serait mise en travers de son chemin. Enfin, le procureur a requis une peine de mort qui serait transformée en prison à vie.

La carte du crime passionnel
La défense, assurée par Me Stéphane Ouédraogo du cabinet de Me Mamadou Sawadogo, s’est évertuée à trouver des circonstances atténuantes. Ce dernier a qualifié l’affaire « d’histoire ordinaire » faite de trahisons et d’infidélité, avant de dire qu’elle n’était pas simple. « Lorsqu’il était en stage, mon client a appris qu’elle le trompait qui plus est, dans son propre domicile, elle a qui il consacrait une grande partie de son salaire. C’est une histoire qui a dérapé », a expliqué Me Stéphane Ouédraogo. Pour la défense, le refus d’appeler Bernadette pour qu’il puisse parler avec elle a mis le caporal Lompo dans un état de folie : « Je n’ose pas imaginer dans quel état un homme sans antécédent peut se trouver dans une situation pareille ». Avançant que la préméditation et le guet-apens n’étaient pas constitués, Me Ouédraogo a laissé entendre que son client devait bénéficier de circonstances atténuantes. « L’acte n’était pas prémédité. Si c’était le cas, il aurait pu tirer quand il était dans la buvette, à 30 mètres du domicile alors qu’il portait une arme d’une portée de 400 mètres. Mais, il ne l’a pas fait », a-t-il rappelé. Par ailleurs, il a indiqué que ce n’est que pour ouvrir la porte fermée à clef et pouvoir parler avec la victime que son client a usé de son arme, ce qui explique l’impact sur la serrure de la porte et que c’est dans un état de folie qu’il a tiré sur la victime qu’il aimait toujours, même un mois après les faits : « La plus grande punition qu’on puisse lui infliger est celle dans laquelle il se trouve actuellement. » Aussi, l’avocat de la défense a demandé aux jurés de lui permettre de se racheter.
A l’issue des plaidoiries, le jury a pris environ 1h 30 minutes pour délibérer et condamner le caporal Bahanla Lompo à la prison à vie.

Par PBB
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