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Tensions entre des militaires du RSP et le premier ministre Zida : des responsables de partis politiques et de la société civile se prononcent
Publié le mercredi 1 juillet 2015  |  Le Quotidien




Depuis hier lundi 19 juin 2015, la tension entre le Premier ministre Isaac Zida et son unité d’origine a pris une tournure inquiétante. Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a vu deux de ses officiers auditionnés pour atteinte à la sécurité du Premier ministre. Dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 juin 2015, des éléments du régiment tirent en l’air et érigent des barricades aux alentours de la présidence pour manifester leur opposition à l’audition de leurs supérieurs. Le mardi 30 juin 2015, des interrogations circulent partout. Les organisations de la société civile se concertent, les autorités engagent des échanges, les partis politiques expriment leurs inquiétudes. Nous vous proposons ce que certains représentants de la société civile et des partis politiques pensent des différents rebondissements dans ce qu’il convient d’appeler « Affaire RSP-ZIDA ». Lisez plutôt !

« Il faut que nous arrivions à la mise à l’écart du Premier ministre dans la conduite de la transition », Frédéric Zoungrana, Coordonnateur national du « Mouvement Soyons Sérieux »
Nous avons effectivement constaté un dernier développement dans ce qu’il convient d’appeler « affaire RSP-Zida ». Des informations que nous avons c’est une énième crise qui montre l’incapacité du Premier ministre qui est issu de ce corps de pouvoir assurer une certaine sérénité au sein de ce corps afin que tous, en tant que Burkinabè, puissions être en phase avec cette unité de l’armée qui a joué un rôle depuis son existence. Nous avons appris, qu’après le palais du Moogho Naaba, c’est à la base aérienne que le Premier ministre a trouvé refuge. Nous n’avons pas les éléments de fond en rapport avec cette crise, mais nous osons croire que le Premier ministre sortira de son silence pour nous expliquer clairement les problèmes qui existent entre lui et ses frères d’armes du RSP. Le problème, ce n’est pas l’institution RSP mais c’est le Premier ministre. Qu’il sorte et explique au peuple pour que les uns et les autres soient tranquilles dans leurs maisons et dans leurs activités. Que les investisseurs qui sont au Burkina Faso soient tranquilles par rapport à cette situation qui n’a que trop duré. Nous pensons qu’après cette sortie du Premier ministre le président de la Transition qui est le chef suprême des armées va prendre ses responsabilités et démettre le Premier ministre de ses fonctions. Ensuite qu’il présente lui à son tour la démission de son gouvernement afin que nous puissions avoir un gouvernement purement civil et que les élections soient tenues à bonnes dates parce que nous voyons que la présence de ces militaires issus du RSP constituent le goulot d’étranglement par rapport au déroulementtranquille et serein de la Transition. Nous voyons que c’est une partie du RSP qui se retrouve au gouvernement et au CNT. Cela crée des tensions au-delà des revendications que le RSP a eu à poser lors de la précédente crise qui a jalonné le parcours du Premier ministre. Il faut que nous arrivions à la mise à l’écart du premier ministre de la conduite de la transition pour qu’il retourne dans les casernes résoudre ses problèmes avec ses frères d’armes et laisser l’exécutif conduire sereinement afin que nous puissions avoir des élections au soir du 11 octobre. Pensez-vous que le RSP a intérêt à prêter le flanc pour que ceux qui veulent sa dissolution puisse avoir une raison de plus pour demander cette dissolution et l’obtenir ? Par rapport aux informations que nous avons de cette crise, il semblerait que ce soit des éléments proches du Premier ministre même qui ont tiré en l’air, hier soir, (dans la nuit du lundi 29 juin). Nous n’avons pas la certitude mais c’est l’information qui a été publiée sur la page facebook du RSP. Avant, le Premier ministre n’était pas un politicien, maintenant il s’est mis dans la peau d’un politicien. Tout ce qu’il dit maintenant, il faut prendre avec réserve. On connait les accointances de cette organisation dite de la société civile dite Balai citoyen avec le premier ministre au début de la Transition et de ce qu’il s’est passé pour qu’il soit maintenu comme Premier ministre. Nous savons leur proximité, nous savons leur affinité et nous savons leur complicité. Quand on voit qu’il y a un langage discordant entre les deux acteurs clés de la Transition, nous pensons qu’il y a anguille sous roche. Nous ne voulons donc pas que ces acteurs de la Transition qui sont parvenus aux hautes fonctions, de façon accidentelle, mettent en péril l’intérêt supérieur de la Nation de par leurs intérêts égoïstes, inavoués et inavouables. Le principal responsable de ce désordre chaotique au sein de l’armée et notamment du RSP c’est le Premier ministre. Il ne faudrait pas qu’il instrumentalise les populations à travers des scènes de théâtre dignes de films hollywoodiens. Nous pensons que le seul problème de la Transition c’est le Premier ministre. Les élections qui sont attendus, au soir du 11 octobre dépendent très sérieusement de la gestion de cette affaire RSP-Zida. Nous avons toujours voulu le maintien du RSP qui a sa raison d’être. Le Premier ministre aussi l’a dit, sauf qu’on se demande s’il est sincère. Il appartient à l’armée qui, dans les reformes des forces armées nationales de donner la nouvelle configuration ou les nouvelles missions du RSP afin qu’il soit en phase avec l’assentiment du vrai peuple. Le peuple n’a jamais dit qu’il faut dissoudre le RSP. L’expression du peuple c’est par référendum. On n’a pas fait un référendum pour demander au peuple s’il faut dissoudre le RSP. Il ne faudrait donc pas que certains profitent de cette situation pour sortir dire quoi que ce soit. Le RSP doit être maintenu avec un effectif et des moyens conséquents parce que le terrorisme est à notre porte. Le RSP doit exister malgré les velléités de sa dissolution. Nous pensons que la démission de Zida constitue une partie de la solution à cette crise interminable. Il est le Premier ministre, chef du gouvernement, ministre de la Défense nationale et la tension aujourd’hui est perceptible entre le RSP et Zida. C’est l’occasion pour nous d’extirper les éléments du RSP des organes de la Transition pour que la Transition civilement souhaitée au début puisse exister réellement. Leur départ peut n’est pas être la solution mais ça serait un gage pour le bon déroulement de la transition. Nous ne disons pas que le RSP est un danger pour la transition mais que le premier ministre qui est issu de ce RSP est un danger pour la Transition. Il faut donc que le chef de l’Etat prenne ses responsabilités, en tant que chef suprême des armées, pour que ce cafouillage entre le RSP et le Premier ministre prenne fin. Les populations sont traumatisées et terrorisées parce que le conflit ouvert qui semble ne pas avoir un dénouement alors que tant qu’il n’y a pas de dénouement, nous sommes toujours dans l’incertitude et dans l’inquiétude et ce n’est pas bon pour le climat des affaires, ni pour les activités ni pour le pays. Nous disons aux populations de ne pas penser que cette énième crise montre que le RSP n’a pas sa raison d’être au sein des forces armées nationales. Ça serait une grave erreur. Nous souhaitons donc que ce corps continue de communiquer.

Pascal Zaïda : « Si le RSP est divisé aujourd’hui à cause de Zida, qu’il rende le tablier »
C’est une question qui engage la vie de la République. Il faut donc la traiter de façon consciente, responsable et républicaine. Les autorités ont passé le temps à jouer avec l’affaire du RSP de concert avec les OSC. Nous avions dit que c’était un élément fondamental qu’il ne faut pas s’amuser avec. Le RSP est composé de 1 300 personnes. Il n’appartient pas à la Transition de décider du sort de cette unité. Il n’appartient pas non plus à une quelconque organisation de la société civile de décider du sort du RSP. Il appartient aux autorités qui seront élues démocratiquement de décider du sort du RSP. Nous sommes face à un dilemme aujourd’hui. Il faut prendre cette question avec prudence et avec diplomatie. Il appartient au président de la république de prendre ses responsabilités face à cette situation à la place de Zida. Si c’est lui qui va constituer un danger pour le RSP, pourquoi ne pas démissionner ? Si le RSP est divisé aujourd’hui à cause de Zida, qu’il rende le tablier pour garder l’union et la cohésion au sein des forces armées nationales. Nous faisons des propositions objectives. Une affaire militaire doit rester une affaire militaire et les affaires civiles aux civils. Qu’est-ce qu’un civil a à voir dans une affaire militaire ? Ce qui nous met en retard c’est l’immixtion. Il faudrait trouver un consensus minimal rapidement dans cette affaire du RSP. Pour garantir la cohésion au sein du RSP j’aurai rendu ma démission si j’étais à la place de Zida.

Issa Tiemtoré, président du Parti national pour le développement et la paix, membre du CNT
« Que le RSP sache taire les plaintes et les réclamations et agir dans le sens de la cohésion non seulement militaire mais sociale »
Notre appréciation par rapport à ce énième mouvement du RSP est que cela s’inscrit dans le cadre des actions qui ont été posées depuis 2011, ou même immédiatement après l’insurrection. Cela s’inscrit dans un cadre d’incompréhension au sein de nos forces armées nationales et vivement que la paix et la cohésion reviennent. Et surtout que la hiérarchie soit rétablie au sein des forces armées. Autrement dit chaque jour nous ferons face à des situations où des factions peuvent se lever pour dire le contraire de ce que le grand groupe dit. Nous avons reçu le Premier ministre ici au CNT et nous l’avons interpellé par rapport à l’organisation générale de l’armée, il nous a fait comprendre que le RSP ne sera pas dissout, mais que ce régiment sera pris en compte dans le cadre général de la reforme de l’armée. Le Burkina Faso est à une période où tous les fils de ce pays doivent se mettre ensemble pour pouvoir sortir de cette Transition avec un pays qui tendrait vers les voies de la démocratie. Et je voudrais inviter le RSP à faire montre de patriotisme et à concilier leurs actions. Nous sommes d’accord qu’ils ont des réclamations et autres que nous ignorons, parce qu’il y a une commission d’enquête qui a été mise en place et que les choses ne sont pas véritablement claires, il y a des plaintes et des réclamations, mais nous voudrions qu’ils sachent taire cela et agir dans le sens de la cohésion non seulement militaire mais sociale. Aujourd’hui si l’armée est fragilisée, il va de soi que la démocratie ne va pas aller bon train. Nous sommes dans une Transition et nous préparons les voies pour aller à une démocratie et sortir de la Transition et laisser le pays démocratique et gouvernable pour l’ensemble des Burkinabè. Si nous retombons, nos détracteurs d’hier auront raisons et c’est véritablement la chose que nous ne devrions pas faire.

Aziz Sana, coordonnateur général du collectif 3D, membre du CNT
« Je suis pour une réorganisation profonde de ce corps pour l’aligner aux besoins démocratiques »
Face à cette situation, certains éléments du RSP ont confirmé ce que le peuple tout entier pense de ce corps, c’est-à-dire, un corps désorganisé, une armée dans une armée et un corps qui n’est pas soumis à l’autorité politique tel que le ministre de la Défense, également aussi au Premier ministre. Ce qui est dommage pour un Etat de droit et dommage pour un Etat qui se veut démocratique. Cela est bien dommage même pour l’armée en général et encore bien dommage pour le RSP qui se dit corps d’élite. Un corps d’élite n’est pas élite par rapport seulement à la formation, on est élite par le comportement démocratique, on est élite aussi par sa philosophie pour le bien-être du peuple. Même si l’on est formé de façon tangible sur tous les aspects de l’armement et que cet élitisme n’est pas mis au service du peuple, cela veut dire qu’il y a quelque chose qui manque à cet élitisme. Je salue, certains partis de l’armée qui ont fait preuve de patriotisme en se soumettant aux autorités de la Transition, en se soumettant à la démocratie. J’applaudis également le comportement de la gendarmerie que j’appelle corps d’élite noble qui a su se mettre au-dessus de la question politique et s’est mis au service de la volonté populaire. Il y a également d’autres corps de l’armée qui ont fait preuve d’élitisme dans leur comportement. C’est bien dommage et ces évènements nous interpellent une fois de plus, et également les éléments qui sont dans ce corps et qui sont des éléments démocratiques à essayer de raisonner leurs camarades qui n’ont pas encore adoptés ce comportement. Nous savons que ce ne sont pas tous ceux qui sont au RSP qui ont un comportement anti-démocratique, anti-soumission aux autorités. Il y a ceux qui restent à l’intérieur, hier par exemple, (ndlr : dans la nuit du lundi 29 au 31 juin dernier) il a eu dès les premiers instants, ceux qui se sont montrés vraiment à la disposition des autorités politiques et ce sont ces genres de comportements que nous encourageons et nous appelons ceux qui ont ce comportement d’échanger toujours avec leurs camarades pour leur faire comprendre qu’ils doivent être au service du peuple, au service de la démocratie, au service de la Nation et non pas au service d’une personne ou d’un supérieur qui les manipulent au détriment du reste du peuple. C’est cet appel que nous lançons à l’endroit du RSP que nous savons bien formés, nous les appelons à accepter les reformes. Particulièrement, je suis pour une réorganisation profonde de ce corps pour l’aligner aux besoins démocratiques. Vous savez que qu’on a connu au cours de cette Transition plusieurs reformes, que ce soit sur des questions judiciaires ou sociales, on a fait des reformes pour les aligner au principe démocratique que nous avons tant recherché. Donc nous croyons qu’au sein de l’armée, on doit faire ces différentes reformes pour que ce régiment soit compartimentalisé au sein de l’armée et soumis à l’autorité du chef d’Etat-major général de l’armée. Ce n’est qu’à ce prix, que ce soit le RSP, que ce soit l’armée, que ce soit la population ou les hommes politiques qu’on pourra avoir l’esprit net et être dans une situation de paix, dans une situation d’émergence, du salut de la République et du bonheur du peuple tout entier. Il n’y a que ces reformes au sein de l’armée qui peut nous satisfaire.

Mamadou Kabré, président du PRIT Lanaya, membre du CNT,
« La structure actuelle du RSP nécessite une refondation, mais pas au point que ce soit des passions pour demander sa dissolution ou son redéploiement »
D’abord, il faut éviter de tourner la tête des gens quand on dit que le RSP est un corps d’élite parce que toutes les unités de l’armée sont spécialisées dans quelque chose. Parfois quand on dit corps d’élite, corps d’élite et on laisse la gendarmerie, le RPC ou les autres éléments et cela fait que certains peuvent avoir peur pour trancher la question du RSP ou bien donner certaines ailes au RSP. C’est un corps spécialisé dans la protection des hautes personnalités et ça s’arrête là, car le maniement des armes tout le monde sait le faire. Je ne sais pas vraiment quels sont les mobiles du mouvement, car lorsque j’ai reçu l’information, cela m’a fait penser automatiquement au 19 septembre 1989, lorsque le président Blaise Compaoré de retour de cette même partie du monde où le Premier ministre Zida y était, on a annoncé un coup d’Etat avec le commandant Jean Baptiste Lengani et le capitaine Henri Zongo et après, nous avons eu l’exécution des 6 militaires autour de cette affaire. Je me suis donc demandé si c’était un parallèle ? Et si c’était un parallèle, qui-est-ce qui faisait le parallèle ? C’est celui qui est au pouvoir qui fait le parallèle comme Blaise l’a fait, ou bien ce sont ceux qui sont dans cette position d’attaque si c’est fondé qui sont en train de prendre une stratégie de guerre que certains ont voulu expérimenter en 1989 ? Dans tous les cas de figures, j’estime que la question du RSP doit être posée calmement, que l’on demande à la hiérarchie militaire avec les acteurs politiques que nous sommes, parce que c’est nous qui sommes appelés à prendre le pouvoir, de discuter sur le traitement qui doit être réservé maintenant au RSP. Mais, si cela se pose en terme de subjectivisme ou en terme de untel a envoyé l’autre pour faire sa mission, mais il n’obéit plus à ses ordres ou bien tel autre élément avait commis tel impair, nous n’en voulons plus. La susceptibilité met à mal l’indépendance du jugement. C’est pourquoi, si j’étais le président de la Transition, j’allais savoir que la structure actuelle du RSP nécessite une refondation, mais pas au point que ce soit des passions pour demander sa dissolution ou son redéploiement. J’ai entendu dire que cela va mettre balle à terre pour que tous les militaires qui sont aux affaires quittent les affaires politiques pour se retrouver dans les casernes. Ce n’est pas le premier chant du coq, cela a été dit sous le colonel Louis Johanny Yaméogo qui était le chef d’Etat major des armées en son temps, qui a dit qu’il fallait que l’on travaille à ce que les militaires restent dans les casernes et non en politique, d’autres l’on dit avant lui, d’autres certainement après lui. Mais, dans tous les cas de figure, il faut que l’on se dise une chose, le RSP, ce sont des militaires burkinabè qui peuvent trouver un emploi ou qui peuvent trouver leur place dans la Transition sans que personne ne perd la face. Mais si l’on veut aller à l’affrontement, je ne m’aligne pas. Ce n’est pas parce que je suis civile, mais l’affrontement pour l’affrontement ne peut pas apporter grande chose. Toutefois si les gens pensent que chaque élément peut avoir sa place dans la Transition, il suffit de savoir comment confiner chacun dans son rôle1

Par Salif OUEDRAOGO, Roland S. KI, G. Maurice BELEMNABA et Rodrigue L. KABARI

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