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Visite chez le Moogho Naaba : les forgerons de Saaba perpétuent la tradition
Publié le mercredi 1 juillet 2015  |  Sidwaya




Une fois tous les trois ans, les forgerons de Saaba rendent visite au Moogho Naaba Baongo, chef des Mossé. C’est ainsi que le mardi 30 juin 2015, ils ont encore consacré à cette coutume en marchant de leur village au palais du Moogho, avec des fagots de bois pour maintenir la flamme qui, dans l’histoire, a anéanti un dragon qui dévorait les sujets d’un roi.

Il est 7 heures, ce mardi 30 juin 2015 dans la commune rurale de Saaba. Des hommes et des femmes de la famille des forgerons se rassemblent pour effectuer une marche d’environ une quinzaine de kilomètres. Direction, le palais royal du Moogho Naaba au centre de la ville de Ouagadougou. L’exercice loin d’être anodin, obéit, en réalité, à un rite traditionnel qui consiste à rendre visite au chef des Mossé une fois tous les trois ans. Les uns portant des fagots de bois et les autres des produits de la forge (couteaux, dabas, pioches, etc.), les marcheurs d’une matinée prennent la direction du centre-ville de la capitale. Après deux heures de trajet, ils se retrouvent chez le Baloum Naaba, un des ministres du Moogho. Celui-ci est chargé à son tour de les conduire chez le roi. Arrivés aux environs de 10 heures et demie devant la cour royale, les «marcheurs» annoncent leur présence par des coups de canon, des sons de tam-tams et des chants. Le nombre impressionnant des visiteurs finit par susciter la curiosité des passants qui n’hésitent pas, pour la plupart, à marquer un arrêt pour comprendre ce qui se passe. Une fois à l’intérieur de la cour, la foule de forgerons s’installe sur la terrasse pour attendre la sortie du Moogho, comme le veut la tradition. Une dizaine de minutes plus tard, celui-ci fait son apparition de manière solennelle. L’eau de bienvenue, le « zoom kom » est servie aux hôtes. Après les salutations d’usage, la délégation dévoile au Moogho Naaba l’objet de sa visite. Le président de l’Association des forgerons de Saaba Baag mong kon baag koum (AFS/BKBK), initiatrice de l’événement, Joël Kietga rappelle que depuis des années, leurs grands-parents rendaient visite au chef des Mossé une fois tous les trois ans. «C’est une tradition familiale et il est de notre devoir de la perpétuer dans le strict respect de nos coutumes », a-t-il déclaré précisant au passage que le rituel se répète pour la 4e fois. Puis d’ajouter que pour garder toujours ce rite, des fagots de bois sont remis au Moogho pour « que la flamme reste allumée ». Selon Joël Kietga, le Moogho a invité ses hôtes à œuvrer toujours pour le développement du Burkina Faso. « Il nous a dit que nous devons construire et non détruire et cela nous va droit au cœur », a-t-il confié.


L’histoire des fagots de bois


Selon une légende bien connue des forgerons de Saaba, c’est dans le désir de fonder son royaume que le roi Yandfo, fils du roi Oubri s’est retiré dans la brousse. On l’appelait « roi de la broussaille » d’où l’expression en langue moré « Moog-naaba ». Pendant son règne, un dragon maléfique faisait,régulièrement, son apparition dans le royaume. «Trois jours après son apparition, un sujet du roi mourrait », raconte la légende. Le roi fit venir des guerriers, des chasseurs, des charlatans et des marabouts pour tuer le dragon,mais en vain. Après réflexion, le chef de guerre (le Ouidi-Naaba) proposa au roi d’envoyer des gens à Barama (village d’origine des forgerons) pour leur exposer le problème que vit le royaume. Informés, les forgerons envoyèrent des émissaires qui constatèrent les faits et demandèrent au roi de rassembler des fers, des dabas usées et des cailloux sauvages en vue de la construction d’une forge. Ce qui fut fait. Ils se préparèrent pour attendre la sortie de l’animal. Quand il fut son apparition, ils jetèrent le fer rougi dans sa gueule, il l’avala et se retourna dans sa tanière. Quelques jours plus tard, on retrouva le dragon devant une de ses portes de sortie mort et en état de putréfaction. Une fois, le monstre anéanti, les forgerons demandèrent au roi de retourner à Barama. Mais, selon la légende, celui-ci les supplia de ne point quitter son royaume. L’un des frères forgerons s’installa alors à l’est du royaume et donna le nom de Saaba (village des forgerons) à son nouveau lieu d’habitation. Le roi envoya des hommes pour garder le village des forgerons et empêcher ceux-ci d’envisager un retour à leur terre natale. «Ce sont les Dapoya». C’est pour maintenir la flamme qui a «tué» le dragon et sauvé les sujets du roi que les forgerons envoient chaque fois au Moogho du bois mort appelé « Noèka » en mooré.


Joseph HARO
Amadou DICKO
(stagiaire)
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