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L’Observateur N° 7379 du 20/3/2013

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Relation homme/cheval dans la Kossi : C’est donnant-donnant
Publié le jeudi 21 mars 2013   |  L’Observateur


Relation
© Autre presse par DR
Relation homme/cheval dans la Kossi : C’est donnant-donnant


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Cinq mille ? Dix mille ? Difficile de donner un chiffre, même estimatif. Tout ce que l’on sait c’est que la province de la Kossi regorge de chevaux, à tel point que ce mammifère est magnifié à travers un festival hippique organisé chaque année à Barani. Cet animal a, on le sait, marqué l’histoire du Burkina, au point de figurer sur les armoiries nationales. Les équipes nationales du Burkina Faso sont également surnommées les Etalons en référence à l’emblème du pays et à la légende de la princesse Yennenga et de son cheval. Animal de guerre durant des siècles, cet équidé joue encore un rôle très important dans la société et ce n’est pas dans la Kossi qu’on dira le contraire. Dans cette partie du Burkina, bien plus qu’un animal de compagnie et de loisir, le cheval est à l’origine de mains d’œuvres locales. Arrêt sur le métier de charretier à cheval.


C’est dimanche, jour de marché de Nouna. Aux environs de 10h, Séverin Coulibaly juché sur sa charrette chargée de sacs de sésame, arrive en provenance de Tienekuy, localité située à une cinquantaine de kilomètres de là. Sur chaque sac transporté, il doit percevoir la somme de 500 F CFA du commerçant qui a demandé ses services. Il repartira donc avec la poche pleine et son salut, il le doit au cheval qui a tiré la charrette. En guise de reconnaissance et de récompense Séverin lui doit 4 kg de sorgho.

C’est ça qui rythme le quotidien du jeune homme et de son équidé depuis 5 ans. "J’ai hérité le cheval de mon père qui lui aussi l’a hérité de son père. Nos grands parents utilisaient cette monture pour les simples voyages. Aujourd’hui, nous avons amélioré ce moyen de transport équestre en greffant au cheval une charrette. La conduite de l’attelage est mon principal métier depuis 5 ans. Je transporte des passagers et des marchandises vers les marchés et cela me permet d’avoir un revenu régulier pour subvenir à mes besoins", explique–t-il.

Les jours de marché de Djibasso et de Nouna qui se tiennent le jeudi et le dimanche sont des moments de bonnes affaires pour le jeune Coulibaly. Pour emprunter «Air Tiénékuy» comme il l’a fièrement imprimé à l’arrière de son char, il faut débourser la somme de 500 F CFA aux 20 km. En plus du conducteur, la charrette à traction équestre peut transporter une dizaine de personnes. Les femmes sont les plus nombreuses à l’emprunter.

A l’image de Séverin, ils sont nombreux surtout les jeunes à conduire les charrettes tirées par des chevaux. Très répandues dans la Kossi, elles supplantent de loin le transport automobile du fait de sa capacité à traverser les endroits difficilement accessibles. C’est incontestablement une grande particularité de cette province. Mamadou Sanogo, habitant de Goni à 20 km de Nouna qui s’investit dans le créneau depuis 7 ans salut le dynamisme et la force de sa bête, lui qui, grâce à son équidé aux muscles d’or, a pu s’acheter deux bœufs de labour et une moto pour son père.

«Il peut parcourir 100 km par jour avec une charge de plus d’une tonne, mais à condition que sa pitance quotidienne soit assurée. C’est du donnant-donnant. En récompense je lui dois 2 kg de sorgho le matin et autant le soir. Mais il arrive souvent que le cheval ne soit pas de bonne humeur et là personne ne peut le faire bouger. Si ça arrive en plein milieu de trajet, je suis obligé de m’arrêter jusqu’à ce qu’il revienne à de meilleurs sentiments», indique le jeune Sanogo. Il ne cache pas en outre sa satisfaction de participer au développement de sa commune en payant les taxes instaurées tout comme les autres charretiers.

De la conduite en passant par la fabrication de la charrette, c’est toute une série de métiers qui s’est développée autour du solipède. Benoît Zerbo, soudeur de son état, s’est spécialisé dans la confection des charrettes à chevaux. Il dit s’inspirer de l’expérience de Maliens au cours d’un voyage au Mali. Et depuis 2005 qu’il s’est lancé dans ce domaine, ses affaires prospèrent. Dans le mois ce soudeur peut fabriquer 4 charrettes, soit une charrette par semaine au prix unitaire de 250 000 FCFA.

«Je travaille avec mes 4 frères. certains s’occupent à placer les chevrons et d’autres des ornements (peinture, dessins et autre inscriptions sur la charrette). La plupart des commandes que nous recevons viennent de Djibasso, Koulerou, Barani et même souvent de villages maliens. Le secteur m’est vraiment porteur car de plus en plus de personnes s’intéressent à ce mode de transport dans la Kossi», se réjouit-il.

Dans cette partie du Burkina la vie du quadrupède n’est pas de tout repos car, en plus du transport, il est utilisé dans les travaux champêtres. Et c’est son cousin l’âne qui s’en frotte les pattes, voyant ses tâches réduites. Animal de guerre durant des siècles, le cheval est donc devenu un facteur de développement non négligeable dans la Kossi. Le métier de charretier à cheval connaît un grand essor, encore faut-il que le secteur soit réglementé. En effet, on assiste souvent à des stationnements anarchiques ou à la perturbation de la circulation dans la ville de Nouna, comme si ces animaux pensaient être partout dans leurs écuries.

Boureima Badini

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