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L’Observateur N° 7379 du 20/3/2013

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Guinée : Voyeurisme judiciaire sur le tube cathodique
Publié le jeudi 21 mars 2013   |  L’Observateur




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Surchauffe de l’Audimat en Guinée. Depuis quelques jours, les Guinéens ont le nez collé au petit écran, où l’oreille callée sur le poste radio. Diffusion d’un nouveau feuilleton à la sauce télénovela dont sont friands beaucoup de téléspectateurs en Afrique ? Retransmission du championnat de football ? Vous n’y êtes pas.

Cette soudaine recrudescence de la radiotélémanie au pays de Sékou Touré vient, tenez-vous bien, du procès des présumés auteurs de l’attaque contre la résidence du président Alpha Condé le 19 juillet 2010. L’affaire passionne tant les Guinéens que ceux-ci menacent de descendre dans les rues si l’audience, suspendue vendredi dernier, n’est pas reprise.

En effet, le procès avait été interrompu par suite d’une plainte des avocats de la défense qui dénoncent l’arrêt de la retransmission des débats en différé le soir. Alors, ils ont demandé au président de la Cour d’assises de tout mettre en œuvre afin que les téléspectateurs puissent suivre en direct le déroulement du procès.

Comment expliquer cet engouement pour cette affaire judiciaire ?

Le rang des présumés auteurs du complot constitué à majorité d’officiers militaires ? La personnalité de la partie civile qui n’est autre que le président de la République, le professeur Alpha Condé ?

Si ça se trouve, c’est une manière pour la population de tromper son ennui dans un pays où tout tourne au ralenti ?

En tous les cas, ce procès en mondovision a au moins le mérite de décrisper un climat sociopolitique délétère provoqué et entretenu par une classe politique incapable de s’entendre sur une base minimale de sortie de crise.

Les autorités, qui n’avaient fourni aucune explication officielle à l’interruption de la retransmission, ont mis tout en œuvre pour une reprise, hier du procès qui dure maintenant deux mois. Au grand bonheur des téléspectateurs qui pourront retrouver ce qui passe désormais pour un feuilleton culte. «Nous avons estimé que, par rapport à tout ce qui a été dit par rapport à ces évènements, il était bon que tout le monde soit imprégné...», justifie Hassan Diallo, procureur général de Guinée.

Reste à savoir si cet exercice de transparence à la limite du voyeurisme judiciaire n’affectera pas la sérénité des magistrats dont le verdict, dans un contexte de crise politique est susceptible de menacer une paix sociale déjà fragilisée.

Alain Saint Robespierre

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