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Expulsion journaliste RFI : que peut bien cacher cette paranoïa tchadienne ?
Publié le jeudi 25 juin 2015  |  L`Observateur Paalga




« Super » Deby, comme on l’appelle, a-t-il perdu le nord pour ne pas dire la raison ? C’est la question que beaucoup se sont posée et se posent toujours après l’expulsion manu militari, mardi dernier, de l’envoyé spécial de RFI à N’Djamena, Laurent Correau, alors qu’il était à son hôtel en compagnie du porte-parole de l’ONG Human Rights Watch, Reed Brody.


Et comble de violence, pour montrer qu’ils ne badinent pas, les deux gros bras qui se sont présentés comme des « agents de la police des airs et des frontières » ont giflé l’indésirable journaliste, au point de faire tomber ses lunettes, avant de le conduire à l’aéroport où il a été embarqué à bord d’un avion d’Air France pour Paris.

Qu’est-ce qui peut bien expliquer cet accès de fébrilité, voire de paranoïa de la part des autorités tchadiennes ?

En tout cas, la raison officielle avancée et selon laquelle notre confrère ni disposait pas d’accréditation ne saurait expliquer un tel comportement qui, il faut le dire, jure avec les principes de la liberté de la presse.

On savait que depuis que N’Djamena a été touché par un double attentat la semaine dernière et qui porte probablement la signature de Boko Haram, le président Idriss Deby, sans doute atteint dans son orgueil de guerrier, qui plus est, sur ses propres installations, a pris des mesures sécuritaires draconiennes au point même d’attenter à certaines formes de libertés individuelles et collectives.

Mais est-ce vraiment une raison de frapper dans le tas et, pire, de s’en prendre à un journaliste dont l’objet de la présence dans la capitale tchadienne, il faut le signaler, n’était même pas liée à ces récentes attaques ?

En effet, l’envoyé spécial de la rue 80 Camille Desmoulins séjournait dans la capitale tchadienne pour une série de reportages en prélude à l’ouverture du procès de l’ancien président Hissen Habré, prévue pour le 20 juillet prochain à Dakar au Sénégal.

Alors une autre question qu’on ne manque pas de soulever est de savoir que peut bien cacher cette paranoïa.

Les autorités tchadiennes, à commencer par Deby lui-même, avaient jusque-là donné des gages pour la tenue du jugement de celui qu’on surnomme le « Pinochet noir ».

Certaines d’entre elles se sont-elles subitement senties menacées par les investigations de Laurent Correau, lequel a rencontré plusieurs témoins dans cette affaire Habré où ont peut-être trempé bien d’autres dignitaires du pouvoir de l’époque ? Car ne l’oublions pas, Idriss Deby a été conseiller militaire, puis chef d’état-major de celui qui est aujourd’hui poursuivi pour « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de torture » au moment où ce dernier faisait régner une véritable chape de plomb sur son pays. Si cette voie de fait contre l’envoyé spécial de RFI visait à cacher quelques responsabilités de certains responsables actuels dans ce qui est reproché à l’exilé de Dakar, ce serait vraiment peine perdue. Autant ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait baisser la fièvre, autant ce n’est pas chassant Correau que l’on dissimulera toute la vérité sur les responsabilités dans l’affaire Habré.

A moins que, grisé par son statut de partenaire stratégique de la France dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélienne, le «Warrior» de N’Djamena ne se croie tout permis.

Adama Ouédraogo

Damiss
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