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A propos du RSP : Pourquoi ce clair-obscur de Zida ?
Publié le lundi 15 juin 2015  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Le président Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida




Le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, a annoncé, le vendredi 12 juin dernier devant les députés du Conseil national de transition (CNT) que le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ne serait pas dissous. Cette déclaration, on ne peut plus laconique, élude bien des questions que des Burkinabè, à juste titre, se posent sur la pertinence d’une institution dont les dérives, à elles seules, suffisent pour justifier certains griefs que d’aucuns avaient nourris vis-à-vis du régime Compaoré et ce, pendant 27 ans. Avec l’avènement de la transition, l’on pouvait s’attendre à ce que le slogan prisé des nouvelles autorités selon lequel « plus rien ne sera comme avant », s’appliquât au RSP. A défaut de le dissoudre comme l’exigent certaines associations de la société civile, le Premier ministre aurait dû ne pas se contenter de cette phrase lapidaire selon laquelle le RSP ne sera pas dissous.
Yacouba Isaac Zida sait qu’il ne peut pas toucher à un seul cheveu de cette unité
En effet, cette annonce laisse sans réponse des questions pertinentes à propos de cette unité. Ces interrogations pourraient être formulées en ces termes : le RSP va-t-il changer de dénomination et de missions ? Où sera-t-il localisé ? Sera-t-il toujours un appendice de la présidence ? Ou sera-t-il placé sous l’autorité du chef d’Etat-major général des forces armées nationales ? Ces questions intéressent le peuple burkinabè. Malheureusement, Yacouba Issac Zida ne les a pas abordées devant les députés du CNT. Et curieusement, sauf omission ou oubli de notre part, aucun de ces députés n’a eu la présence d’esprit de l’interpeller sur ces bonnes questions auxquelles les Burkinabè auraient souhaité que le N°2 de l’exécutif apportât des réponses qui ne souffrent d’aucune lecture plurivoque et qui soient à la hauteur de leurs attentes. Dans le cas d’espèce, Yacouba Isaac Zida a fait dans le clair-obscur. L’on peut dès lors se poser la question suivante : pourquoi ce clair-obscur ? Voici quelques éléments de réponse.
D’abord, Yacouba Isaac Zida qui connaît le mode opératoire du RSP pour y avoir servi pendant 20 ans et pour en avoir été l’un des patrons, sait qu’il ne peut pas toucher à un seul cheveu de cette unité. Il le sait d’autant plus que c’est cette institution qui l’avait fait roi, au détriment de tous les principes de fonctionnement de la Grande muette, et qu’elle a toujours le pouvoir de lui nuire. Les velléités d’indépendance qu’il avait entre-temps affichées vis-à-vis de ses anciens frères d’armes, l’ont suffisamment édifié pour qu’il ne se mette pas aujourd’hui en porte-à-faux avec eux. N’eût été sa promptitude, en effet, à trouver refuge auprès du Mogho Naaba après qu’il a tenté d’opérer quelques réaménagements au sein du RSP, l’on pouvait parier que le pire aurait pu lui arriver. Le deuxième élément de réponse qui découle d’ailleurs du premier, est que Yacouba Isaac Zida donne l’impression, à propos du RSP, qu’il lit désormais sur le téléprompteur des vrais gourous de cette unité pour se maintenir à son poste. Ces gourous, tout le monde les connaît. Certains sont au centre, ironie du sort, de la commission mise en place par la transition à l’effet de réfléchir sur la problématique du RSP. Tant que le Premier ministre se fera l’écho de leur vision sur le RSP, il a toutes les chances de terminer son mandat dans la tranquillité. Et cerise sur le gâteau, au bout du compte, il pourrait être gratifié du titre de général pour « services rendus à la Nation », comme le stipule une des disposition de la loi portant statut des personnels des forces armées nationales, adopté récemment par les députés du CNT.
Sur la question de cette unité, les personnalités politiques observent une prudence de Sioux
Ces deux éléments de réponse tiennent la route. Ils viennent apporter de l’eau au moulin de ceux qui ont eu le mérite d’avoir perçu, dès les premières heures de la transition, que l’insurrection dont l’acteur principal a été le peuple burkinabè, a été récupérée par l’armée et plus particulièrement le RSP. C’est cette triste réalité qui pourrait expliquer entre autres l’incapacité du régime de la transition à poser des actes forts allant dans le sens de la rupture. Les choses avaient été agencées dès le départ pour qu’il en soit ainsi. C’est ce péché originel qui est à la base des limites des acteurs visibles de la transition. Michel Kafando lui-même qui doit son poste à l’armée et qui n’a pas manqué de la remercier pour cela de façon officielle, sait qu’il n’a pas intérêt à fâcher le RSP. C’est pourquoi, sur la question de cette unité, lui et son Premier ministre sont sur la même longueur d’onde. Un pacte semble avoir été signé au niveau des deux têtes de l’Exécutif pour faire la part belle au RSP. Pour ne pas arranger les choses, l’on peut faire le constat que sur la question de cette unité, les personnalités politiques qui sont parties prenantes de la transition observent une prudence de Sioux pour ne pas s’attirer les foudres de ce corps d’élite qui a les moyens, à tout moment, d’interrompre l’expérience politique en cours dans notre pays. En dehors, en effet, de quelques rares organisations de la société civile et de quelques rares hommes politiques qui se sont ouvertement et courageusement positionnés pour la dissolution du RSP, tous les autres ne pipent mot sur cette unité, si fait qu’ils donnent l’impression de vouloir sortir au plus vite de la transition sans grosses encombres. C’est ce souci qui pourrait expliquer qu’ils soient obligés d’avaler certaines couleuvres à eux servies par Yacouba Isaac Zida à propos du RSP. Mais l’on peut avoir envie de leur dire qu’ils courent le risque, de ce fait, de voir la bâtisse démocratique qu’ils s’échinent aujourd’hui a vouloir édifier, s’écrouler sans délai, parce que simplement ils ont raté l’occasion historique de la faire reposer sur des assises républicaines. Un traitement sans complaisance de la problématique du RSP dans le sens de l’intérêt général, est l’une de ces assises. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
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