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Discours sur la situation de la nation : le Premier ministre Yacouba Isaac Zida sacrifie à la tradition
Publié le samedi 13 juin 2015  |  Le Quotidien
Situation
© aOuaga.com par Séni Dabo
Situation de la nation : le Burkina en 2014 vu par le Premier ministre
Vendredi 12 juin 2015. Ouagadougou. Conseil national de la transition (CNT). Le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a prononcé son tout premier discours sur la situation de la nation (DSN) devant les députés de la transition




Le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida , a présenté, le vendredi 12 juin 2015, aux députés du Conseil national de la transition le discours sur la situation nationale. C’est un exercice consacré par la Constitution et qui participe du contrôle de l’action gouvernementale, une des trois missions du député. Une radioscopie assez encourageante du Burkina a été présentée aux députés qui n’ont pas manqué de poser des questions.
Le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, a sacrifié à la tradition en présentant, devant l’hémicycle, pour la première fois, le bilan de l’action de son gouvernement depuis sa prise de fonction. Le speech du Premier ministre sur la situation de la nation a duré deux heures environ. Tous les domaines de la vie du Burkina ont été consignés dans un document de 64 pages subdivisées en 5 parties : la gouvernance politique, institutionnelle et juridictionnelle, la gouvernance administrative et locale, la gouvernance économique et financière, le développement durable et des infrastructures et la gouvernance sociale. Le Premier ministre a laissé entendre que l’une des options retenues par son gouvernement a été le report du vote de la diaspora, le couplage du scrutin présidentiel avec les législatives, le décalage du scrutin pour les municipales, en janvier 2016. Le coût global de l’organisation de ces élections s’élève à 68 milliards 780 millions 451 mille 483 F CFA, a-t-on appris avec le Premier ministre. Le Premier ministre dit être attaché à la Justice, aux Droits humais et à l’Etat de droit, valeurs qui sont les attentes exprimées par les populations lors de l’insurrection populaire. En 4 mois, a précisé le Premier ministre, le gouvernement a enregistré des acquis dans les domaines de priorité suivants : l’adoption de la loi portant prévention et répression de la corruption, la reprise en main des chantiers de relecture des textes sur le statut de la magistrature, du Conseil supérieur de la magistrature et du statut des greffiers, etc. Le Premier ministre a ajouté que son gouvernement attachait un point d’honneur au traitement des grands dossiers de crimes économiques et de sang. En témoigne la réouverture des affaires Thomas Sankara, Norbert Zongo et le jugement très prochainement de l’affaire Ousmane Guiro. Côté sécuritaire, le Premier a confié que le Burkina fait des bonds en avant. Le maillage sécuritaire est passé de 55% en 2013 à 56,8% en 2014. Le nombre des infractions est passé, quant à lui, de 42 102 en 2013 à 39 148 en 2014, soit une baisse de 7%. Le ratio agent de sécurité/habitant a été amélioré en 2014 avec le recrutement de 3 170 agents de sécurité. Concernant la gouvernance administrative et locale , le gouvernement, a relevé le Premier ministre, 10 codes d’éthiques ont été validés au profit des départements ministériels pour l’amélioration de la bonne gouvernance. Yacouba Isaac Zisa a annoncé que le gouvernement poursuivra les réformes engagées dans le domaine de la fonction publique, notamment la relecture de la loi 013 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique et des textes d’application. On aura appris aussi que 20 653 postes sont pourvus cette année. Le dialogue social a été abordé par le Premier ministre qui a soutenu que dans le cadre de la résolution des conflits collectifs, les dossiers importants tels que ceux de la Sofitex, de la Socoma et de Canal 3, ont fait l’objet d’avancées significatives. Sur le plan de la gestion des libertés publiques, le suivi des élections et des partis politiques, il a été mis en place l’Observatoire des faits religieux, la relecture du code électoral, la mise à jour du répertoire des partis politiques qui fait ressortir 114 partis politiques et 3 formations politiques reconnues, la mise à jour du répertoire des Organisations de la société civile qui fait ressortir 1884 associations reconnues. Parlant de la gouvernance économique et financière, le discours sur la situation de la nation fait ressortir que l’activité économique a été influencée par la crise sociopolitique qui a atteint son paroxysme avec l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la mauvaise pluviométrie. Ces facteurs ont induit un taux de croissance de 4% en 2014 pour une prévision de 5,5%. L’inflation, quant à elle, s’est située à une moyenne de -0,3% en 2014 contre 0,5 en 2013. Toute chose qui a motivé la mise en place d’un budget d’austérité qui s’établit en dépenses à 1 804,1 milliards de F CFA et en recettes à 1 516,5 milliards de F CFA avec un déficit de 287,6 milliards de F CFA. Malgré cela, le gouvernement, a relevé le Premier ministre a adopté le Programme socioéconomique d’urgence de la Transition d’un coût de 25 milliards de F CFA qui met particulièrement l’accent sur le soutien aux initiatives des jeunes et des femmes et le renforcement des infrastructures éducatives et sanitaires. Par rapport au développement durable et des infrastructures, le Premier ministre a relevé que l’agriculture, les ressources hydrauliques, l’assainissement et la sécurité alimentaire constituent le socle de l’économie nationale et les déterminants de la croissance. Par exemple, il y a eu l’aménagement de près de 4 000 hectares de bas-fonds et 1564 hectares de périmètres irrigués et maraîchers et l’aménagement de 2 240 ha à Di dans le cadre du projet de développement de l’agriculture avec le soutien du Millenium Challenge account. Au titre de la gouvernance sociale, il ressort que l’Etat a consenti, en 2014, d’énormes efforts en vue de garantir l’accès à l’éducation pour tous les enfants burkinabè.
Le discours sur la situation de la nation a été suivi des questions des députés. Le passage de la 4e à la 5e République, la réforme de l’armée, la culture du coton génétiquement modifié, la reprise des lotissements, le recouvrement des créances de l’Etat ont été, entre autres, des préoccupations des députés 1
Quelques députés donnent leur appréciation
Député Léopold Somé, des organisations de la société civile (OSC)
«Un discours sur l’état de la nation doit refléter l’état de la nation »
Je crois que l’on a eu à faire à un discours très fouillé, qui embrasse tous les secteurs de la vie de la nation. Il est allé dans le fond des problèmes vécus par les Burkinabés et je crois que c’est un discours dans lequel tout le peuple burkinabé va se retrouver. Un discours sur l’état de la nation doit refléter l’état de la nation. Comme il l’a dit, la mission de la Transition est courte et dans les mois qui suivent nous allons mettre l’accent sur l’organisation d’élections apaisées. Tout le monde à conscience de cela et va œuvrer dans ce sens.
Député Mariam Ouédraogo du groupe Liberté-Démocratie-Justice
«Quand on donne des chiffres sans des justificatifs, c’est difficile d’apprécier convenablement »
Je trouve que c’est un point qui a été fait sur ce qui a été réalisé. De façon générale, j’apprécie positivement ce qui est ressorti comme réalisation, depuis le début de la transition jusqu’à l’heure actuelle. Nous constatons qu’il y a des acquis qui ont été engrangés, mais il y a également des défis aussi à relever, en témoigne la question sur l’autonomisation des femmes. Il y a un fonds qui a été mis en place, pour permettre de créer des activités économiques, mais, dans le discours je n’ai vu nulle part où on a cité le nombre de femmes bénéficiaires de ces fonds. J’aurai voulu au moins, voir ressortir dans le discours le nombre de femmes bénéficiaires de ces fonds. En plus du cas des femmes, il y a aussi la question de la création d’emplois pour les jeunes. Ils ont donné le nombre d’emplois créés mais ils n’ont pas fait cas du nombre de demandes enregistrées sur la période et ni le nombre de jeunes qui ont été bénéficiaires par exemple des concours de ces fonds. Quand on donne des chiffres sans des justificatifs, c’est difficile d’apprécier convenablement. Il y a également le programme national de plateforme multifonctionnelle dont le Premier ministre Yacouba Isaac Zida n’a pas fait cas dans son intervention.

Député Aboubacar Gamsonré, de l’Alliance des jeunes pour l’indépendance et la république (AJIR)
«Ils ont donné des chiffres, c’est beau, mais, il y a beaucoup de choses à éclaircir »
Nous constatons que le discours est lourd de sens, avec un contenu assez diversifié sur tous les différents secteurs stratégiques de notre Nation. Mais nous avons quelques préoccupations qui ne ressortent pas dans ce discours et que nous allons soumettre pendant la phase des questions pour espérer avoir des réponses. Ils ont donné des chiffres, c’est beau, mais, il y a beaucoup de choses à éclaircir surtout au niveau de la question du continuum éducatif.

Député Aziz SANA du collectif 3D ex Mouvement ça suffit
« Le bilan fait par le Premier ministre a un pourcentage supérieur à la moyenne »
J’apprécie le bilan fait par le Premier ministre. Il a un pourcentage supérieur à la moyenne en ce sens qu’il y a beaucoup de zones d’ombre qui méritent d’être élucidées. Parlant de ces zones, il y a la question du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), les mines, l’emploi et bien d’autres sujets que nous allons soumettre au Premier ministre afin d’avoir de plus amples détails. Nous pensons que c’est une transition de rupture, nous croyons qu’on devait partir de cette base pour faire ce bilan.

Député Jean Bosco Kiénou
«C’est un discours très réaliste et mérite d’être encouragé »
De mon point de vue, je crois que c’est un discours qui a embrassé tous les domaines de la vie nationale. Dans le contexte actuel, ce discours avait sa place. Effectué par moment des bilans, ce sont des processus qui sont à saluer. C’est à travers cet exercice que l’on peut découvrir ses forces et ses faiblesses et voir dans quelle mesure on peut apporter des corrections. A mon avis, c’est un discours très réaliste et mérite d’être encouragé car aucune œuvre humaine n’est jamais parfaite, il y a toujours des imperfections qui peuvent être corrigées à tout moment.

Député Gilbert Bouda du groupe LDJ
«Nous n’avons pas perçu dans le discours, la part de contribution de la transition dans ce laps de temps »
Je dirais que c’est un bilan pas assez satisfaisant, car il devrait mettre une rupture avec le passé du moment où l’insurrection est survenue. C’est un bilan qui porte sur une année, or nous n’y percevons pas la responsabilité de la Transition dans l’élaboration de ce bilan par rapport à l’action gouvernementale. Nous avons l’impression d’avoir affaire à un gouvernement ordinaire tandis que nous sommes dans un cas de gouvernement de rupture. Nous n’avons pas perçu dans le discours, la part de contribution de la transition dans ce laps de temps. Tout compte fait, nous pouvons féliciter le Premier ministre d’avoir pu effectuer ce travail sur la situation de la nation. Dans l’ensemble, nous avons constaté que sur tous les plans, il y a eu de l’amélioration sans pour autant omettre aussi les insuffisances à certain niveau. Le fait de rassurer le peuple que les élections auront lieu à bonne date, cela constitue un projet majeur qu’il faudrait relever.

Député David Moyenga, du groupe parlementaire des OSC
«Ce discours pioche beaucoup dans les années 2014 »
De façon générale, je pense que ce discours pioche beaucoup dans les années 2014 alors que l’on pourrait recadrer le bilan sur la période de la transition à savoir l’année 2015. C’est un discours sur la nation ce qui suppose qu’il devrait avoir un point de départ qui est la fixation de directives au niveau du discours de politique générale. Comme, il n’y a pas eu cela, apprécier à partir du néant, serait vide de sens. Je crois que c’est un discours d’ordre général. Au niveau des perspectives, nous n’avons pas perçu les actes à poser pour le reste du temps de la transition. Ce sont juste des objectifs globaux voire des visions globales que l’on nous a présenté, chose qui ne situe pas exactement les bases des actes à poser à l’avenir. Je pense que ce discours nous laisse dans une confusion générale par exemple la question de la Constitution qui n’a pas été évoquée or qui est un sujet d’actualité. Nous avons quelques questions que nous avons réunies et que nous allons poser au Premier ministre pour qu’il puisse nous donner des explications.
Jean Hubert Bazié
«Ce discours ressemble plus au discours des premiers ministres du temps de Blaise Compaoré »
Le Premier ministre a eu une intervention très intéressante. Il a abordé de multiples questions à savoir la question de l’eau, de l’énergie, et bien d’autres qui engagent l’avenir du Burkina Faso. La seule chose que nous avons reprochée à ce discours, c’est qu’il ressemble au discours des Premiers ministres du temps de Blaise Compaoré. Nous pensons que ce qu’il aurait dû faire, c’est aller au-delà en faisant un zoom sur la gestion antérieurs avec ses limites et ses faiblesses et faire le bilan de la Transition, les grandes autoroutes morales, économiques et sociales que ce gouvernement a pu tracer durant tout ce temps. Il devrait, dans ce discours, dégager les grands axes et enjeux qui pourraient nous permettre de bâtir un Burkina Faso solide à l’image de nos valeurs humaines, morales et intellectuelles1

Propos recueilli par : Raogo Hermann Ouédraogo, Inès Ouédraogo et Lawakila Rodrigue KABARI (Stagiaires)
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