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Présidentielle 2015 : quelle mouche a bien pu piquer Ablassé ?
Publié le mercredi 10 juin 2015  |  L`Observateur Paalga
Présidentielle
© aOuaga.com par Séni Dabo
Présidentielle d`octobre 2015 : Ablassé Ouédraogo dans les starting-blocks
Dimanche 7 juin 2015. Ouagadougou. Palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre Guingané. Ablassé Ouédraogo a été investi candidat à l`élection présidentielle d`octobre 2015 au terme du premier congrès ordinaire de son parti, Le Faso Autrement, tenu sur deux jours sur le thème "Ensemble construisons le Burkina Autrement"




On savait Ablassé Ouédraogo volontiers provocateur, parfois pour susciter le débat que ce brasseur d’idées aime tant ; ce qui n’est pas forcément mauvais quand on veut exister politiquement. Car en la matière, mieux vaut faire parler de soi, même négativement, que d’être trop lisse au risque de passer inaperçu.

Mais là, il faut dire qu’il a fait un peu fort. S’il voulait créer le buzz, c’est plutôt réussi puisque depuis hier, on ne parle que de ça. Pour autant était-ce bien malin ?

A Jeune Afrique, qui lui demandait dans une interview dans son édition en ligne quels étaient ses chances d’accéder au palais de Kosyam, le leader du parti « Le Faso Autrement », fraîchement investi dimanche dernier, a donné cette réponse décapante : «J’ai trois atouts principaux. Je suis moagha du plateau central et les mossis sont une forte composante du Burkina. Je suis aussi musulman, ce qui n’est pas rien dans un pays où 70% des gens le sont également. Enfin j’ai un vaste réseau de relations utiles… »

S’agissant du troisième avantage comparatif, on ne sait pas qui de lui, de Roch, de Zéphirin , de Natama, de Bassolet ou de Me Sankara a le carnet d’adresses le plus fourni du landernau politique, mais il n’est pas interdit à chaque prétendant de faire sa propre ‘’prodada’’ et on peut bien concéder à celui qui fut, entre autres, ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré son « réseau de relations utiles ».

Pour le reste, on ne sait pas quelle mouche a bien pu le piquer pour qu’il manipule de façon aussi désinvolte des sujets potentiellement inflammables que sont l’ethnie et la religion dans nos nations toujours en construction et par ces temps qui courent. C’est grave, c’est même très grave.

Surtout au lendemain de la signature, le 3 juin courant, d’un Pacte de bonne conduite au terme du séminaire organisé par le Conseil supérieur de la communication (CSC) sur le thème «Communication politique et cohésion sociale ». Et en vertu duquel les signataires s’interdisent de traiter de la vie privée, de l’appartenance confessionnelle, sociale, régionale ou ethnique d’un candidat ou d’un citoyen.

Ablassé ne se contente d’ailleurs pas de rappeler qu’il est de l’ethnie majoritaire, il précise « du plateau central » pour mieux faire comprendre aux mossis périphériques qu’il y a moagha et moagha. « Mossi et musulman » ! C’est un peu court comme argument de campagne et comme projet de société. Si l’objectif est de s’attirer les sympathies, et donc les suffrages, de ces franges de la population, on a bien peur que ce soit raté et que ce faisant, il se soit tiré une balle dans le pied.

Toutes proportions gardées, cette bévue scandaleuse rappelle la malheureuse sortie du fougueux Jo Wéder, qui avait usé de références à l’ethnie au second tour de la présidentielle de 1978 pour appeler à voter Macaire Ouédraogo, alors opposé au général Sangoulé Lamizana. Une saillie qui fut contreproductive et sema la zizanie, même dans son propre camp.

Que par instinct ethnocentrique primaire, le villageois de Bagaré tienne de tels propos dans le secret de sa chaumière, on peut le comprendre, mais que cela sorte de la bouche d’un homme politique qui pense avoir un destin présidentiel ; qui va battre campagne partout sur le territoire national ; et qui sera le président de tous les Burkinabè s’il est élu, c’est-à-dire non seulement des Mossis du plateau central et de ceux de la périphérie mais aussi de toutes les autres composantes de la société, qu’il s’agisse des Bissas, des Gourounsis, des Gulmacébas, des Peulhs, des Bwabas et même des Samos, c’est plus qu’une erreur mais plutôt une faute politique insupportable, il y a de quoi s’en inquiéter.

Et comme pour l’élection à la magistrature suprême, il aura besoin de toutes ces voix cosmopolites, on peut affirmer sans trop de risque de se tromper que son affaire est mal engagée, car en faisant grincer sa fibre mossicentriste, il indispose ipso facto ceux qui sont exclus, y compris au sein de sa propre formation, où il va créer plus qu’un malaise.

Comment un homme aussi intelligent et pétri d’expérience que lui a-t-il pu faire une telle sortie de piste qui nécessite qu’il soit dûment recadré et qu’il revienne sur le droit chemin afin que son mauvais exemple ne se propage pas dans une classe politique où, déjà, le débat ne vole pas toujours haut ?

Mossiterie pour mossiterie, tout moagha qu’il est, Ouédraogo blablabla n’a-t-il pas contribué, comme tant d’autres, à chasser du pouvoir son parent du Plateau central Blaise Compaoré ? Non, vraiment, on attendait beaucoup mieux de l’homme qu’on dit avoir été un de nos meilleurs ministres des Affaires étrangères, après Lompolo Koné sous Maurice Yaméogo.

D’où la question une fois encore, quelle mouche a bien pu piquer l’homme du Le Faso autrement ?

Ousseni Ilboudo
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