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Le Pays N° 5319 du 19/3/2013

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Université de Ouagadougou : Le Premier ministre pris à partie par les étudiants
Publié le mardi 19 mars 2013   |  Le Pays


Assises
© Autre presse par DR
Assises nationales sur la corruption : Le premier ministre Luc Adolphe Tiao préside la cérémonie d`ouverture
Mercredi, 19 décembre 2012. Au palais des Sports de Ouaga 2000. Ouverture des assises nationales sur la corruption


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Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao est allé visiter les chantiers en construction à l’université de Ouagadougou et à l’université Ouaga II, le lundi 18 mars 2013. Visite à l’issue de laquelle il a rencontré la communauté universitaire et décoré des enseignants- chercheurs qui se sont distingués par leur ardeur au travail et leur dévouement. Ce sont des visites aux allures d’un parcours du combattant qu’a entrepris le chef du gouvernement en cette matinée et les étudiants n’ont pas manqué l’occasion de crier leur ras-le-bol quant aux conditions d’étude difficiles dans lesquelles ils acquièrent le savoir.

Luc Adolphe Tiao lors de sa visite sur le campus hier, avait prévu de s’entretenir avec toute la communauté universitaire mais c’était sans compter avec le mouvement que les étudiants avaient mis en place pour l’accueillir. Dans l’amphi D où il a été reçu avec sa délégation, l’ambiance était auparavant surchauffée. Des étudiants ont vite fait d’envahir la salle avant l’arrivée des visiteurs du jour. Restaient seulement les places de l’avant réservées pour la circonstance. Déjà dans la salle, les étudiants huaient, criaient à tue-tête au simple passage des hôtesses de circonstance qui distribuaient des bidons d’eau aux officiels. « Donnez-nous aussi de l’eau. On a soif, on a faim. C’est l’eau du peuple », pouvait-on entendre. A cette tribune de l’amphi D, le président de l’UO et le ministre des Enseignements secondaire et supérieur ont pris tour à tour la parole pour saluer la venue de Luc Adolphe Tiao et égrené un chapelet de difficultés que traversent l’université. Au nombre de celles-ci, les programmes d’enseignement inachevés depuis l’année 2009-2010, le manque de locaux, l’insuffisance d’enseignants, la vétusté des équipements, la faiblesse d’accès aux technologies de l’information et de la communication, les problèmes sociaux, etc. Ils ont reconnu que des efforts sont faits mais, selon eux, il reste encore beaucoup à faire. Aussi ont-ils espéré que beaucoup de choses changent à l’issue de cette visite.

Une coupure volontaire d’électricité

Le moment tant attendu de cette visite est arrivé lorsque le Premier ministre a pris la parole. Dans la salle, on pouvait entendre les étudiants siffler. Leurs camarades restés dehors n’ont pas cessé de tambouriner aux portes, voulant accéder à la salle. Toutes les occasions étaient bonnes pour se faire entendre des autorités. Dès l’entame de son propos, Luc Adolphe Tiao a dû s’interrompre pour raison de coupure d’électricité. Et un étudiant de se réjouir : « Héé, Dieu est très fort, il a coupé le courant ; comme ça, vous allez vivre les réalités du campus. Vous allez suffoquer comme nous le faisons ici tous les jours ; c’est notre quotidien comme ça. C’est la vraie réalité du campus. Dieu ne dort pas, il n’aime pas les injustices ». Cette coupure ne venait apparemment pas de la nationale d’électricité mais était plutôt volontaire. Pendant cinq à dix minutes, tout le monde a dû suffoquer dans la salle tant l’atmosphère était insoutenable. Quand l’électricité a été rétablie, le Premier ministre n’était plus visiblement très inspiré pour poursuivre son discours. Là encore, les huées se sont fait entendre et lorsqu’il s’est décidé à reprendre son discours, il a juste eu le temps de féliciter les enseignants chercheurs qui ont été retenus pour être décorés, d’encourager les autres à persévérer, de relever un certain nombre de réalisations avant qu’une seconde coupure n’intervienne à nouveau. « Malgré vos conditions d’études difficiles, vous restez des privilégiés », a-t-il déclaré à l’endroit des étudiants. Et de poursuivre : « Vous n’êtes pas des bannis de la terre, ne vous laissez pas abattre car chacun récoltera demain ce qu’il aura semé aujourd’hui. Beaucoup de gens parlent et se plaignent de l’UO, d’aucuns disent que l’Etat ne s’occupe pas de l’université mais ce n’est pas vrai ». Luc Adolphe Tiao a souligné qu’il sera procédé à un blanchiment technique des années antérieures pour permettre à l’université de se remettre sur les rails. La deuxième coupure est venue mettre fin à son intervention et s’en sont suivies les décorations des enseignants. Pour sortir de la salle, il a fallu le faire à toute vitesse tant les étudiants étaient en colère. D’aucuns se sont mis alors à lapider les véhicules du cortège et des journalistes ont même eu maille à partir avec certains des manifestants qui se sont déportés sur la chaussée pour poursuivre la manifestation. Pour une chaude journée, c’en était une et c’est donc en queue de poisson que les choses ont pris fin. C’est un Premier ministre pressé, très pressé qui est, plus tôt dans la matinée, allé visiter les sites de l’université Ouaga II à Gonsé en cette matinée du 18 mars 2013. La journée s’annonçait en effet très chargée. Le programme comportait plusieurs étapes à parcourir entre 8h et 18h. A sa suite, une forte délégation avec des ministres comme celui en charge des Enseignements secondaire et supérieur, Moussa Ouattara et le ministre de l’Economie et des finances, Lucien Marie Noël Bembamba. A l’université Ouaga II, le Premier ministre a visité le bloc administratif, les amphithéâtres, les blocs des toilettes, les chantiers des pavillons en construction, le chantier de la cité universitaire. A toutes ces étapes, il a recommandé aux entrepreneurs de tout mettre en oeuvre pour être dans les délais car, a-t-il dit, « nous ne pouvons pas vous laisser dormir parce que les étudiants aussi nous pressent ». A cette étape, il a été fait part à Luc Adolphe Tiao de problèmes techniques liés au terrain et qui ont été à l’origine du retard d’une partie des travaux dont la fin était prévue pour avril 2013. Et le Premier ministre d’annoncer que des réunions techniques seront organisées très prochainement pour débattre de toutes ces questions parce que, selon lui, il n’est pas normal que le projet tourne depuis 2008 et qu’au stade actuel, rien ne soit prêt.

Un chapelet de difficultés égrenées devant le Premier ministre

Après l’université Ouaga II, le cap a été mis sur l’université de Ouagadougou où le chef du gouvernement a également visité des chantiers notamment ceux des deux pavillons de 2 500 places en construction gérés par l’entreprise BTM (Bâtiment travaux maintenance) de l’entrepreneuse Henriette Kaboré. Là, il y avait un motif de satisfaction, les travaux étant bien avancés. Et c’est tout sourire que Mme Kaboré s’est confiée à la presse en ces termes : « J’apprécie bien la visite du Premier ministre et vous comprenez qu’en général, les femmes aiment les honneurs et j’ai été honorée qu’il soit passé parce que non seulement, il est très satisfait mais aussi, les images parlent d’elles-mêmes. Je n’ai pas grand-chose à dire pour le moment, il faudra peut-être attendre la fin et la réception pour pouvoir être plus à l’aise. Le chantier se déroule très bien. Nous n’avons aucun souci de paiement et c’est d’ailleurs la première fois. Tout le monde est acharné. Le ministre des Enseignements secondaire et supérieur passe à tous moments et aujourd’hui, c’est le Premier ministre qui est là. Quand les plus hautes autorités s’intéressent aux travaux, c’est qu’elles ont intérêt à ce que les choses se fassent vite parce que tout ce qui touche aux étudiants touche tout le monde et, en tant que femme, je suis très heureuse de faire ce chantier pour mettre les étudiants à l’aise. Nous sommes à un taux de réalisation de 45%. On a reçu officiellement l’ordre de commencer les travaux le 15 février et là, si nous sommes déjà au chaînage en un mois, comprenez que ça va. Il reste juste la pente à tirer, faire la charpente. Réglementairement, on a encore six à sept mois et demi mais avec BTM, ce délai est largement suffisant. Nous avons l’expérience et nous ne perdons pas de temps sur les chantiers

Les explications du Premier ministre

Après l’incident survenu à l’Université de Ouagadougou dans la matinée du lundi 18 mars 2013, empêchant le déroulement du calendrier de visite du Premier ministre, celui-ci a reçu en audience les différents syndicats dont le Syndicat national autonome des agents administratifs, techniques, ouvriers et de soutien des universités publiques du Burkina (SYNATOSUB), le syndicat des enseignants des universités publiques, dans l’après-midi. C’est à l’issue de ces audiences qu’il a animé une conférence de presse au Premier ministère, conférence au cours de laquelle il est revenu sur l’incident. Selon Luc Adolphe Tiao, ce qui est arrivé dans la matinée est l’œuvre d’un groupuscule d’étudiants, la majorité voulant le dialogue. A la question de savoir si le dialogue est rompu avec ces derniers, il dira que lorsque les esprits seront plus calmes et que les étudiants voudront dialoguer, sa porte restera grandement ouverte. A l’entendre, il pourrait se rendre à l’Université de Ouagadougou si les étudiants en expriment le besoin. Car, selon lui, ces derniers doivent être nécessairement impliqués dans la résolution des problèmes de l’université à condition qu’ils fassent preuve de responsabilité.

Christine SAWADOGO

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