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« Je me sens emporté comme dans une mission divine pour sauver le CDP et pour des victoires futures », Eddie Komboïgo, président du CDP
Publié le mardi 2 juin 2015  |  Le Quotidien
CDP
© aOuaga.com par A.O
CDP : la nouvelle direction face à la presse
Mardi 19 mai 2015. Ouagadougou. Palace hôtel. La nouvelle direction du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-parti au pouvoir) a rencontré les hommes et femmes de média à l`occasion d`un déjeuner de presse. Photo : Eddie Komboigo, président du CDP




Le nouveau président du CDP est maintenant bien connu il s’agit de la personne de Eddie Komboïgo. A 51 ans, cet homme d’affaire chevronné se voit confié les destinées du parti de l’ex-majorité au moment où ce parti a été ébranlé par des événements politiques nationaux notamment l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. A l’instar de sa réussite dans le monde des affaires, Eddie Komboïgo entend faire preuve de ténacité et de courage pour porter haut le flambeau du parti de Blaise Compaoré, en dépit des difficultés du moment. Pour réussir à ce challenge l’homme a expliqué dans l’interview qu’il nous a accordée dans la soirée du 28 mai 2015, qu’il ne fera pas un pas sans la jeunesse, fer de lance de l’avenir et du développement du Burkina Faso. L’enfant du Passoré ambitionne conduire avec ses camarades le CDP à des victoires futures notamment pour l’élection présidentielle de 2015. Conscient de l’adversité sur le terrain politique, il rassure qu’avec le dévouement de l’ensemble de ses camarades et le message apaisé et conciliateur entre les Burkinabè, le CDP va activer ses forces qui ont été peut-être en « léthargie » suite aux événements des 30 et 31 octobre 2015. « Nous avons montré que le CDP n’était pas mort parce que nous sommes sortis lors du VIe congrès du parti avec nos ainés et la jeunesse », a-t-il dit. Il compte s’attaquer prioritairement dans une démarche de concertation à la nouvelle loi sur le code électoral adoptée le 7 avril 2015. Dans un ton posé et avec une assurance deconcertante, le nouveau président du CDP a répondu à toutes nos questions.
Que retenez-vous de votre VIe Congrès qui vient de s’achever le 10 mai dernier ?
Le congrès avait un thème assez évocateur à savoir « face aux défis actuels et futurs, bâtissons un CDP nouveau en phase avec notre temps». Lors de ces 48 h, nous avons échangé et diagnostiquer le CDP en faisant une analyse sur la situation des événements des 30 et 31 octobre 2014. Cela nous a permis de faire le point sur ce qui a marché et ce qui ne l’a pas été. Toute chose qui a abouti à la proposition de solutions qui consiste, entre autres, au rajeunissement du parti. L’un des points abordés a été de revoir la communication de notre parti et de proposer un nouveau programme de développement au peuple burkinabè. Et comme les grands chantiers ne peuvent se faire sans avoir un staff adéquat, nous avons réussi à mettre en place un bureau plus démocratique ouvert aux 45 provinces. Cela est une première et cela place le CDP comme le seul parti qui regroupe un bureau exécutif qui prend en compte les 45 provinces du Burkina Faso. Nous avons pu c configurer le parti de la sorte, en vue d’être en adéquation avec les requêtes et aux sollicitations des populations et de nos militants de façon particulière.

Quelles sont les grandes conclusions et recommandations qui sont ressorties de ces 48 h de réflexion ?
Nous avons des objectifs à court, moyen et long terme. En ce qui concerne les objectifs à court terme, il s’agit de faire en sorte que le parti soit bien réorganisé avec de nouvelles têtes, une jeunesse au sein du parti. Nous avons pu mettre en place également un Haut conseil qui regroupe les anciens du parti et cela permettra de bénéficier des conseils de ceux-ci. Ce Haut-conseil peut être vu comme un organe consultatif en ce sens qu’il regroupe des camarades qui sont pétris d’expériences. Comme le dit l’adage : « Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait». Il s’agit simplement de faire en sorte que la jeunesse puisse se fonder sur l’expérience des anciens pour agir efficacement, en vue d’implémenter le développement auquel le peuple burkinabè aspire. C’est une volonté de synergie d’actions entre les anciens et les jeunes pour un CDP plus restructuré près à aller sur le terrain. L’autre objectif à court terme, est de réussir à reconquérir le pouvoir d’Etat le plus rapidement possible avec un nouveau programme politique. Ce nouveau programme prend en compte l’ensemble des requêtes de toutes les couches sociales, notamment celles des jeunes, des femmes et des anciens. Nous entendons relever le défi du développement en nous focalisant sur une agriculture moderne avec des moyens modernes pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Tout ceci va avoir une conséquence au niveau macroéconomique. Il faut dire que nous importons beaucoup de choses et cela déséquilibre la balance commerciale avec l’extérieur. Nous allons travailler à instaurer des unités industrielles dans le domaine agricole. Nous avons également un autre pilier de la croissance économique qui doit être pris en compte. C’est le secteur minier qui est assez important malgré la fluctuation du coût du dollar. L’industrie minière occupe une grande place dans la macroéconomie et nous devons faire en sorte que l’intérêt revienne à la population à la base. Nous allons actionner certains leviers économiques avec beaucoup d’ambitions. Il faut consolider les acquis en construisant un aéroport qui répond à l’ordre du niveau mondial. Il y a plus de 500 milliards de FCFA qui seront investis en première phase en vue et au delà, nous allons vers 750 milliards FCFA. Cela sera un levier de croissance qui emploiera beaucoup de jeunes. Les infrastructures routières telle la construction de la route Ouaga-Bobo, Bobo-frontière d’Abidjan pour concrétiser le projet d’autoroute Ouaga – Abidjan. Ces infrastructures pourront résoudre le problème d’enclavement de notre pays en nous ralliant avec les autres capitales de la sous-région. Chaque jour, il y a plus de 1200 camions de 40 tonnes qui rentrent et qui sortent du Burkina Faso. La construction de telles infrastructures adaptées pourra permettre l’approvisionnement de l’économie burkinabè. C’est en cela que nous pourrons influer sur le coût de facteurs qui revient lourd. Nous importons la cherté de vie rien que par l’approvisionnement. Les gens parlent de cherté de vie mais ils ne savent pas ce que c’est. Nous attendons nos partis adversaires pour ce qu’ils proposent pour résoudre la cherté de vie. Nous avons la solution et cette solution se fera avec les populations du Burkina Faso. Nous sommes convaincus que nous sommes le meilleur parti qui a le meilleur programme politique qui pourra nous faire gagner, au soir du 11 octobre 2015.

S’agit –il d’une réécriture du programme politique du CDP ? Hier c’était « Bâtir ensemble un Burkina émergent ». Qu’en est –il aujourd’hui ?
Pour qu’il y ait l’émergence, il faut nécessairement l’économie. Les pays émergents font des investissements de cette nature que nous avons cités précédemment. Le développement n’est pas de se contenter de faire des bitumages des six mètres. Quand on fait par exemple trois fois la route Ouaga-Bobo, Bobo-Ouaga, on comptabilise 1 080 kilomètres à l’aller et pareil pour le retour. La sommation est de 2160 kilomètres. Si le bitumage d’au moins 50 kilomètres de distance est confié à chaque société de BTP, on imagine aisément combien de personnes les différentes sociétés pourront employer. C’est dire donc que les revenus reviendront aux travailleurs qui vont certainement consommé. Il y aura un effet multiplicateur et on gagnera du temps. Par exemple, nous pouvons faire de Bobo-Dioulasso une vraie ville économique en gardant Ouagadougou comme la capitale politique.

Le Haut-conseil au sein du nouveau format de votre parti à l’issue du VIe congrès n’est-il pas un garage politique pour vos anciens camarades ?
Nous réitérons que nous voulons faire une synergie de forces entre l’action de la jeunesse et celle des anciens. C’est cela la force du CDP. Nous avons ouï dire que le CDP est mort. Nous avons montré que le CDP n’était pas mort parce que nous sommes sortis avec nos ainés et la jeunesse. Ces ainés sont dans un organe consultatif et ils pourront nous donner des conseils et des orientations. Ce n’est donc pas un garage.

Les conseillers politiques n’existaient-ils pas dans l’ancien bureau exécutif que vous substituez ? Qu’ont –ils pu bien faire pour empêcher votre parti d’aller au gouffre ?
Ce n’était pas un Haut conseil comme nous l’avons dénommé et ce n’était pas animé par des personnalités aussi expérimentées. Je prends l’exemple de la micro-entreprise. Si nous devrons prendre l’initiative de développer la micro-entreprise, nous pouvons consulter le Haut conseil pour leur présenter notre plan d’actions. Ils peuvent nous orienter en nous conseillons qu’ils l’ont fait à une telle période et nous dire comment ces choses se présentent. Cela peut nous éviter de nous tromper. C’est pareil pour le domaine agricole. Pensez-vous, par exemple, que nous serions à mesure de dire que nous allons envoyer des étudiants dans le bas-fond du Sourou pour que ceux-ci fassent l’exploitation agricole ? Ce serait une erreur. Ceux qui disent qu’ils consacreront 90 jours à des jeunes dans les bas-fonds, c’est faux. Ce sont des « has been ». C’est en nous appuyant sur les échecs de ces anciens que nous ferons mieux. Nous allons aider les jeunes à concevoir les projets de développement par eux-mêmes et pour eux. Lorsque que l’on conçoit un projet avec son cœur, on s’engage à fond pour que cela soit un succès. Par exemple parlant de Eddie Komboïgo. On dira que c’est un « self made man », qu’il vient du « celibatérium » de Wemtenga. Si mon exemple peut servir à la jeunesse de se retrouver, ainsi soit-il. Je leur donnerai la substance, la démarche pour réussir dans la vie. Nous avons passé le temps à nous former et maintenant, nous pouvons transférer cela aux plus jeunes. Ce qui nous convainc que nous sommes le bon choix pour le CDP qui a un nouveau programme intégrateur des jeunes et des anciens.

Vous avez été porté à la tête du CDP mais il semble que votre famille n’approuve pas cette promotion politique ?

Laquelle ?

La grande famille ?
Au regard de la position de votre parti suite à l’insurrection populaire, votre famille a dû vous conseiller le refus ?
Cela est normal. Il n’y a pas que la famille, il y a quelques amis qui sont anxieux. Mais, je me sens emporté comme dans une mission divine de venir pour sauver le CDP en vue d’engranger des victoires futures. Les gens se posent des questions. Qu’est ce qu’il n’a pas ce monsieur Eddie Komboïgo ? Il semble avoir réussi intellectuellement, socialement, financièrement. Du coup, ils se demandent ce que je fais en politique. Cela est tout à fait légitime. Je répondrai par la pyramide du Maslow. C’est dire qu’à un moment donné l’homme n’est plus attiré par le gain qu’il peut faire mais son besoin se tourne vers l’utilité qu’il peut avoir pour sa société. On inverse la pyramide. Il s’agit de l’utilité pour le CDP, la société. C’est à ce niveau que je suis. Quelques parents peuvent ne pas me comprendre mais de plus en plus, ils me donnent raison parce qu’ils ne s’attendaient pas à ce que je sois le premier responsable du CDP.

En tant qu’homme d’affaires et politiquement engagé, ne craignez-vous pas que votre casquette de chef de parti porte un coup à vos affaires ?
J’ai mis 20 ans à conduire et diriger mes affaires. Ces 20 ans m’ont permis d’accumuler dans les affaires. 20 ans consacrés à dispenser des cours à des étudiants. Si je dois partir physiquement mais mon cœur y reste. Il faut dire que l’organisation qui a été mis en place permet de continuer dans mes affaires et c’est un de mes jeunes associés qui poursuit les enseignements à l’université. Il faut savoir passer la main. Nous pensons qu’après 20 ans dans l’Ordre des experts comptables agréés et après avoir dirigé le club des hommes d’affaires Franco-Burkinabè, il est de bon ton de passer la main à d’autres personnes pour se consacrer à autre chose. Mon engagement dans le monde des affaires m’a permis d’acquérir une expérience certaine et de m’engager politiquement pour être utile à mon parti.

Est-ce le début de votre retraite des affaires ?
Pas du tout. C’est une continuité des affaires à travers des structures et une personne morale qui fonctionne d’elle-même. Je ne doute pas un seul instant que ceux qui travaillaient avec moi ne soient pas à la hauteur de mon œuvre, de sorte que je puisse me dégager pour servir la Nation.

A peine le CDP a tenu son congrès, vous parlez de la reconquête de Kosyam alors que la rancœur du peuple est toujours réelle. Le CDP ne met –il pas les bœufs avant la charrue ?
Non. Je ne pense pas que notre peuple ait une rancœur contre qui que ce soit.
On peut comprendre que quelques groupuscules aient une rancœur contre certains dirigeants du CDP. Le peuple est mature. Notre peuple est souverain pour aller voter et censurer politiquement les uns et les autres. Nous n’avons pas besoin de code électoral comme ce que nous avons sous la main. C’est parce qu’il y a la rancœur de quelques personnes que nous arrivons-là. Nous invitons tous les protagonistes à savoir les autorités de la Transition, les organisations de la société civile à transcender cela pour qu’on aille aux négociations. La Charte de la Transition que nous avons tous signée a bien consigné que nous ferons une Transition et des élections inclusives. Le code électoral a été modifié comme tel parce que l’article 24 de la Charte de l’Union africaine, de la démocratie et des élections, a été le texte de base. En réalité que dit cet article ? Cet article dit que lorsque, dans un pays, le Conseil de paix et de sécurité constate un changement anticonstitutionnel, il sanctionne le pays en le suspendant. Il maintient le pays pour qu’il continue à payer les cotisations mais il travaille pour que la démocratie revienne. Les auteurs de ce changement anticonstitutionnel qu’il aurait désigné ne pourront pas prendre part aux élections. Si nous, nous voulons transposer une réglementation internationale, nous ne devons pas l’interpréter mais nous devons la citer. Il fallait reprendre l’article textuellement mais cela n’a pas été le cas parce que l’article a été interprété et biaisé en faveur d’une partie. En ce que je sache, le Conseil de paix et de sécurité n’a pas encore constaté un changement anticonstitutionnel chez nous. Un auteur d’un changement anticonstitutionnel n’a aucunement été désigné. On ne peut pas être plus royalistes que le roi. Si ceux qui ont opéré ce changement voulaient être conformes à l’esprit de la Charte de l’Union africaine et de la démocratie, il fallait tout simplement faire recours à l’Union pour qu’elle constate le changement anticonstitutionnel. Si l’Union approuve cela, elle aidera à trouver les auteurs de ce changement anticonstitutionnel. Les autorités de la Transition ne sont pas anticonstitutionnelles mais sont conformes à l’esprit de la Charte, c’est-à-dire une continuation de la Constitution et cela veut dire qu’il n’y a pas de changement anticonstitutionnel. Que les autorités de la Transition ne se prennent pas dans leur propre piège en se tirant une balle dans le pied. S’il y a changement anticonstitutionnel, qui en est l’auteur ? A ce que je sache lorsque le président Blaise Compaoré a démissionné, il a activé l’article 43 de la Constitution qui dit, en substance qu’en cas d’absence ou d’empêchement du président du Faso, c’est le président de l’Assemblée nationale qui le supplée. Celui-ci organise les élections dans les 60 à 90 jours, au plus tard. Le président de l’Assemblée nationale n’est pas mort. Il est là. Pourquoi ne nous l’avons t- on pas emmené ? En réalité l’Assemblée nationale n’a pas été dissoute officiellement. Je défie quiconque m’emmènera un texte qui stipule que l’Assemblée nationale est dissoute. On n’a pas voulu que le président de l’Assemblée nationale revienne à sa place parce que le CDP y avait la majorité. Qui a empêché le président de l’Assemblée nationale de venir à sa place ? Si je continue cela ressemblerait à la polémique alors que je n’aime pas la polémique. Nous connaissons la démarche administrative et judiciaire. Il faut arrêter d’opposer des Burkinabè à des Burkinabè. Les intellectuels ont une responsabilité. En parlant de mes anciens collègues, Marius Ibriga et Augustin Loada tous constitutionnalistes et Salifou Dembélé enseignant en droit, cela me fait de la peine que ces constitutionnalistes tronquent la lecture de la Constitution. Tout en souhaitant qu’ils l’acceptent, nous irons discuter avec eux pour qu’ensemble nous remettons tout à plat afin de permettre à tout Burkinabè désireux d’être candidat, puisse l’être. Il appartient au peuple de censurer. La sanction politique partout dans le monde où il y a une démocratie, se fait à travers les urnes. Un groupe de personnes certainement éclairées ne doivent pas faire un usage abusif de leurs connaissances pour amener les gens dans le décor.

Avec la loi sur le nouveau code électoral adopté, depuis le 7 avril 2015, on pourrait dire que le vin est tiré et qu’il faut le boire ?
Si vous tirez un vin amer ou aigre, allez-vous le boire ? Rires. Je ne bois pas du vin amer ou aigre. Il faut le goûter d’abord pour s’assurer qu’il est bon avant de le boire. S’il n’est pas bon, il est encore préférable de le jeter.

Que ferez-vous concrètement alors qu’un premier recours introduit par un groupe de représentant au CNT favorable à l’ex-majorité devant le Conseil constitutionnel, a été déclaré irrecevable ?
Je ne fais pas un jugement de fond parce que le Conseil constitutionnel a donné un avis sur la forme. Nous avons également fait un recours judicaire auprès de la Cour de justice de l’OHADA. Au dernier sommet de la CEDEAO des chefs d’Etat tenu à Accra, les porte-paroles ont demandé à ce que le Burkina Faso accepte organiser des élections transparentes, libres et inclusives. Cela ne peut être autrement. Si nous refusons cela, c’est comme si on défiait, non seulement la communauté internationale mais aussi les organes auxquels on appartient. Nous sommes sûrs d’avoir raison et si nous avons raison les autorités de la Transition sont obligées de tirer les conséquences pour mettre les choses à plat. Ce n’est pas parce que nous avons raison que nous n’allons pas entamer des démarches de dialogue. C’est pourquoi, nous sommes allés voir le Mogho naba, le cardinal, les communautés protestante et musulmane. Nous allons écrire à l’ensemble de nos adversaires politiques, notamment les plus représentatifs pour aller leur rendre visite à leur siège s’ils le souhaitent. Pour qu’ensemble nous accompagnions le pays vers la paix durable, à travers des élections inclusives de sorte qu’au soir du 11 octobre 2015, les perdants aillent féliciter les gagnants. En ce moment, c’est le peuple burkinabè qui s’en tire vainqueur.
Lors d’une sortie récente, Djibrill Bassolé a affirmé n’avoir pas fait de déclaration favorable à la révision de l’article 37. Ces propos sont-ils de votre avis ?
Je ne sais pas si Djibrill Bassolé a soutenu ou non l’article 37 de la Constitution. Toujours est-il que ses déclarations n’engagent que lui. Je ne fais pas de jugement de fond sur les positions des uns et des autres. Je l’invite comme les autres à venir au dialogue pour qu’ensemble nous puissions trouver une solution. Nous en avons la responsabilité morale, intellectuelle et politique et nous n’avons pas le droit de faillir.

Vous héritez d’un parti dont certains observateurs politiques disent être « moribond ». Comment entendez redorer le blason de votre parti?
Je n’ai pas besoin de le dire. Vous avez vu la démonstration lors de notre Congrès. Le palais était archicomble. Je ne dirai plus recto-verso pour ne pas donner l’impression de choquer certaines personnes. Nous effectuerons incessamment des tournées à l’intérieur du pays et vous verrez le monde. Il n’est pas possible d’écarter cette grande partie du CDP, que nous pensons toujours majoritaire, de participer aux élections. Si nous prenons la loi sur le code électoral qui stipule que tous ceux qui auraient soutenu la modification de l’article 37 de la Constitution, pourtant cette loi ne précise pas à partir de quand on a soutenu la modification de l’article 37. Ceux qui rusent en disant qu’il faut changer de Constitution pour éviter de toucher à l’article 37 mais en attrayant les mêmes objectifs, sont ou ne sont pas concernés par la loi ? Ceux qui ont soutenu et qui se sont écartés, ne sont-ils pas concernés ? Imaginez si un jour le Conseil constitutionnel soutient qu’il invalide la candidature de Roch Marc Christian Kaboré, quel tollé cela provoquerait ? Nous souhaitons qu’on n’invalide aucune candidature. Que ce candidat soit de l’UPC, du MPP, du PAREN ou de l’UNIR-PS. Nous avons réuni dans des stades de Bobo-Dioulasso 35 000 personnes et de Ouagadougou plus de 45 000 personnes lors d’un meeting dans ces deux villes. Nous nous demandons si le Conseil constitutionnel a des moyens pour détecter toutes ces personnes. Il faut reconnaître que la loi sur le nouveau code comporte les germes de sa propre inapplicabilité. Comment faire en voulant l’appliquer sans être subjectif ? On dira qu’on a vu Assimi Kouanda, Alain Yoda mais qu’on n’a pas vu tel ou tel autre par exemple Ouédraogo Adama ou Tassembedo Edwige qui étaient également des militants de base présents au stade. Nous demandons tout simplement de retirer la loi pour que l’ancien code électoral soit en vigueur.

Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le CDP est resté dans l’ombre pendant que vos adversaires étaient sur le terrain politique. Pensez-vous pouvoir vous mettre au pas pour aller à la concurrence ?
Cela est juste une impression. Les militants du CDP étaient silencieux. Pour la majorité des militants, le CDP était dissout. L’Assemblée en majorité CDP, les communes en majorité CDP, les conseils régionaux ont été dissouts. Toutes ces situations ont plongé les militants dans la torpeur. Lorsque nous sortirons, vous verrez que nous n’avons pas besoin de battre trop le tam-tam pour la victoire au soir du 11 octobre 2015.

Le CDP prévoit pouvoir passer au premier tour et Salif Diallo le vice-président du MPP a lancé le quart de tour. A qui le peuple doit-il se fier ?
Si un militant du CDP osait dire qu’on passera au quart de tour, on aurait qualifié cela d’arrogance. L’ex-camarade Salif Diallo, utilise de tels propos pour haranguer les populations. Le parti politique, c’est l’activisme. On ne fait pas les élections pour être élus au quart de tour. Si on doit prendre ses propos à la lettre, c’est dire qu’à 10h, les résultats seraient déjà proclamés.

Le CDP est-il dans la même logique d’activisme politique ?
Nous ne sommes pas dans cette logique. Nous avons dit que nous gagnerons au premier tour. Nous passerons au premier tour et pas au quart de tour comme disent les autres. Nous n’haranguons pas. Nous disons ce qui est réel et vous le constaterez vous-même. Malgré tout ce qui s’est passé, nos militants sont restés fidèles. Et lorsque nous avons sonné le son de cloche pour dire de venir au congrès, les uns et les autres ne se sont pas fait prier.

Des sondages récents donnaient le MPP et l’UPC au second tour sans le CDP. Commentaire
C’est de la manipulation intellectuelle. On peut donner tout le monde gagnant mais le vrai gagnant c’est lorsqu’on videra les urnes et comptera les résultats. Notre sondage se saura le soir du 11 octobre 2015.

Pour quel parti politique le CDP votera effectivement en cas de second tour entre le MPP et l’UPC ?
Nous n’envisageons même pas cela. Il est hors de question et vous verrez vous-même.

On parle d’élection présidentielle mais on ne connaît pas encore le candidat du CDP. Peut-on s’attendre à ce que ce soit vous le candidat ?
Le candidat du CDP sera connu. Nous vous demandons un peu de patience. Ce n’est pas forcement le président du CDP qui est le candidat. Si c’est moi, j’assumerai. Toujours est-il que quel que soit le candidat du CDP, il assumera et nous le soutiendrons.

Peut –on dire que le CDP, sous l’ère Eddie Komboïgo, fonctionne sans injections financières de Blaise Compaoré depuis Abidjan ? Les affiches de votre mentor lors du Congrès n’en disaient –ils pas long ?
Il est fondateur du parti.
Devons-nous nier l’histoire de notre parti ou renier l’histoire tout court ?
Il faut reconnaître à César, ce qui est à César. Nous sommes héritiers des acquis et des erreurs. Comment peut-on effacer l’amour des militants pour Blaise Compaoré ? Ce n’est pas une propagande pour Blaise Compaoré. De la même manière que d’autres militants aiment leur mentor, au sein du CDP, nous ne pouvons empêcher les militants d’aimer Blaise Compaoré.

Vous avez annoncé le retour prochain de 17 formations politiques au sein du CDP. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette coalition que vous envisagez ?
Il s’agit d’un groupe de partis politiques qui nous ont écrit et qui ont commencé à venir. Tous les jours, nous sommes sollicités et même aujourd’hui NDLR : 28 mai 2015, nous avons été contactés par 250 personnes. Les gens approchent notre parti parce qu’ils sont en phase avec le changement qui s’y opère actuellement, notamment par le rajeunissement du parti.

Actualité oblige, pensez-vous qu’avec la chute de Blaise Compaoré la vérité éclatera enfin sur le dossier Thomas Sankara ? L’exhumation des tombes qui a eu lieu n’est-elle pas un pas décisif pour l’éclatement de la justice ?
Je comprends qu’une famille veuille savoir la vérité sur la mort de leur mari, de leur père. Nous comprenons également qu’une famille veuille savoir si dans la tombe, c’est Thomas Sankara qui s’y trouve. Nous comprenons que la famille veuille faire des coutumes pour rendre hommage à notre président. Nous comprenons la démarche sociale, culturelle mossi. Nous craignons qu’elle soit utilisée abusivement sur le plan politique et que cela ne nous enfonce davantage. Nous n’avons pas d’observation particulière ou de reproches particulières à faire. Nous souhaitons à la famille Sankara force et courage.

L’opération mains propres initiée par le gouvernement de Transition permet de traquer ceux qui sont auteurs de crimes économiques sous le régime Compaoré. Vous qui étiez dans les affaires sous l’ère Compaoré quelle analyse vous faites de cette situation ?
La caricature fait que l’opération mains propres n’a plus de raison d’être. S’il y avait des crimes économiques annoncés, les procureurs auraient dû se saisir des dossiers. Subitement les autorités de la Transition ont décidé de faire une opération mains propres. Quand on regarde, ce sont nos ex-ministres, nos ex-maires, nos ex-gestionnaires de l’administration qui sont interpellés et traqués. Tout porte à croire que cette opération n’a rien de « mains propres ». Dans ce pays, il y a des procédures administratives et judiciaires qu’il faut respecter. Ces procédures ne sont aucunement suivies, en ce sens que seul l’officier de police judicaire prend son téléphone pour interpeller telle ou telle personne. Lorsque vous allez répondre, l’OPJ pose deux, trois, quatre questions pendant des heures et au finish, il vous dit qu’il vous retient. Nous ne sommes pas dans un Etat d’exception parce que même si c’est une Transition, les textes fondamentaux sont-là. Lorsqu’on voit que le dossier est vide, on évoque la liberté provisoire. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités de la Transition de respecter les procédures administratives et judiciaires afin de donner à l’opération son sens réel. Nous ne sont pas contre le fait que nos camarades rendent comptent au peuple burkinabè de leur gestion. Nous souhaitons que cela se passe dans les règles de l’art. Lorsque l’on arrête également deux ou trois personnes, d’autres partis pour pouvoir dire que ce n’est pas une opération ciblée, cela constitue une manœuvre pour tromper l’opinion publique. Nous n’avons rien contre l’opération « mains propres », si ce n’est pas la procédure que nous dénonçons.

Vous étiez personnellement interpellé dans l’affaire de l’arrestation du directeur général de la Banque de l’Habitat puisque vous y êtes commissaire aux comptes. Qu’en est –il exactement ?
Ce sont des dossiers professionnels sur lesquels je ne voudrais pas m’étaler. Le directeur général de la Banque de l’Habitat ainsi que quelques responsables administratifs de la Banque ont été interpellés. Dans une banque, il y a des gens qui déposent leurs fonds. La banque est tellement suivie, non seulement par les commissaires aux comptes pour s’assurer que les opérations sont régulièrement effectuées sinon, il faut un rapport circonstancié. Toutes les opérations bancaires internationales sont tracées par la Banque centrale et notamment par les contrôles de la commission bancaire. C’est dire donc que les livres bancaires ne peuvent être effacés. Lorsque les gens ont été interpellés, nous avons cru que cela se passerait en une journée. Après le constat de l’arrestation du directeur général, nous avons jugé bon, en tant que co-commissaire aux comptes d’interpeller le PCA pour comprendre la situation. Lorsque ceux qui sont habilités à accorder des signatures dans une Banque, ils sont arrêtés. Nous craignons que la banque ne puisse fonctionner. Il y a un risque de briser le principe de continuation de la gestion de l’entreprise. Ainsi, les déposants peuvent venir retirer tous leurs fonds. En ce moment qu’est ce qui permettra de soutenir les crédits accordés. Les ratios seront transgressés et cela peut précipiter la faillite de la banque. C’est au moment que nous apprêtions à faire cette réunion qu’un OPJ nous a interpellés par rapport à la gestion du directeur général. Nous nous sommes présentés et des questions nous ont été posées. Ce faisant nous avons exigé d’être convoqué par écrit parce nous relevons d’un Ordre des experts comptables et des comptables agréés. A ce titre, nous ne pouvons parler à propos des dossiers de nos clients à qui que ce soit. Il aurait fallu une réquisition du procureur plutôt que d’un coup de téléphone d’un OPJ. La note de convocation a été immédiatement faite et elle m’a été remise. Par la suite, ils ont voulu retirer la note. Toute chose que j’ai refusée afin de pouvoir me justifier avec cette note auprès de l’Ordre des experts comptables. Des questions qui ne relevaient pas du mandat du commissaire aux comptes m’ont été posées. Nous avons pu répondre en fonction de ce que nous savons. Il faut également relever que chaque année, les commissaires aux comptes vont un rapport qu’ils remettent à la commission bancaire. Les observations faites par les commissaires sont consignées dans ce rapport. Ces rapports permettaient d’apporter des réponses aux questions posées et qu’en se procurant ce document, toutes les réponses étaient fournies. Permettez que je m’arrête- là parce que c’est la vie d’une banque.

Par Soumoubienkô
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