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Salam Sanfo, directeur général de la SONAPOST : « La SONAPOST a réussi à se transformer, à se réadapter à chaque moment de l’évolution technologique »
Publié le lundi 1 juin 2015  |  Le Quotidien
Hôpital
© aOuaga.com par G.S
Hôpital Yalgado Ouédraogo : la SONAPOST fait don de matériel
Vendredi 7 novembre 2014. Ouagadougou. Conseil économique et social (CES). La Société nationale des postes (SONAPOST) a fait don au centre hospitalier universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo de tables d`examen et d`un aspirateur. Photo : Salam Sanfo, directeur général de la SONAPOST




La Société nationale des postes serait une des sociétés de l’Etat en perte de vitesse. Pour s’en convaincre, nous sommes allés à la rencontre du premier responsable de la structure. Le directeur général actuel, Salam Sanfo, administrateur des services postaux et financiers est un pur produit de la SONAPOST. Cela fait en gros, deuxans qu’il est à la tête de l’entreprise. En réalité, ça fait 25 ans qu’il travaille à la SONAPOST. Il a servi au ministère des Postes pendant au moins sept ans avant de revenir en 2013 à la SONAPOST, comme DG. C’est donc un pur produit de l’entreprise. Dans l’interview qu’il nous a accordée, il revient entre autres sur la santé financière de la Poste, les défis actuels, les relations de la Poste avec les banques. Malgré la concurrence, ce « grenier des banques » a su s’adapter à l’évolution technologique et tient encore les comptes de quelques 500 mille Burkinabè.
Le Quotidien : Comment se porte la SONAPOST ?
Salam Sanfo (SS) :Je peux dire que c’est une entreprise qui se porte assez bien. Tous ceux qui abordent la SONAPOST se posent la question de savoir comment on fait pour vivre ? J’allais même demander que les uns et les autres nous posent la question de savoir quand est-ce que nous allons mourir? Parce que l’activité principale, le cœur de métier de la SONAPOST, c’est les courriers, la messagerie, les paquets alors que tout le monde sait qu’aujourd’hui, les technologies de l’information et de la communication ont pris le pas sur l’activité physique. Aujourd’hui, on est dans les mails, le transfert de fichiers, les sms, et on a oublié le courrier traditionnel. Donc les gens se posent la question de savoir comment on fait pour vivre ?Mais en tout cas, c’est une entreprise qui a réussi à setransformer, à se réadapter à chaque moment de l’évolution technologique. Nous avons toujours réussi à créer des produits nouveaux qui sont en vogue avec l’évolution du moment. Aujourd’hui, l’entreprise fait des résultats positifs depuis plus de dix ans. Je dois donc dire que c’est vraiment l’effort de tous les postiers. Dans la sous-région, c’est une entreprise qui est respectée. Les pays voisins n’ont pas d’entreprisespostalesaussi dynamiques que la SONAPOST du Burkina Faso.

A l’origine, la SONAPOST et l’ONATEL étaient une seule entité. Pouvez-vous nous dire comment s’est opérée la scission ?
Nous sommes arrivés à un moment où la scission est déjà réalisée. Mais ce que nous savons, c’est que dans les années 1980, c’était l’Office des postes et des télécommunications (OPT) qui existait et c’est en février 1987 que la scission s’est réalisée. Il y a eu donc, l’ONATEL d’un côté et l’office nationale des postes (ONP) d’un autre côté. L’ONPétait un établissement public à caractère commercial (EPIC). De 1987 à 1994, il y a eu donc ONP. A partir de 1994, il y a euun autre changement pour devenir la société d’Etat, SONAPOST, à la suite du statut d’EPIC. Je sais que la scission a été douloureuse. Nous entendons parfois nos aînés dire qu’à l’époque, la peau de la SONAPOST n’a pas été vendue cher. Tout le monde disait que c’était une entreprise qui allait mourir parce qu’elle vivait des télécoms etc. Les postiers ont su résister à cette posture et ont travaillé à redresser notre entreprise. Depuis 1987, elle produit des résultats. C’est vers les années 2003 qu’elle a eu quelques difficultés en terme de fonctionnement, en terme de résultat. C’est une entreprise qui paie régulièrement ses salaires et qui n’attend pas l’Etat pour le faire. Elle paie des dividendes et des impôts à l’Etat et elle contribue énormément au développement de l’économie nationale. Les choses se passent assez bien sur le terrain.

Donc on peut dire que la scission a eu un impact positif sur la SONAPOST ?

On peut le dire ainsi. Parce que cela a amené la Poste à aller puiser dans ses ressources pour être à la hauteur des attentes des autorités qui ont opéré cette séparation. Quelque part, la Poste a été obligée de travailler dur pour être à la hauteur des attentes des autorités. Donc, la Poste a réussi son pari, on pourrait le dire.

Combien de produits la SONAPOST a mis sur le marché aujourd’hui ?
Les prestations de la SONAPOST se subdivisent en deux grandes parties. Il y a les prestations liées au service courrier et messagerie. Au titre de cette catégorie, il y a les lettres ordinaires, les envois générés par les banques, les factures, les colis postaux, les paquets-postes etc. Il y a un autre produit qui a été ajouté, depuis quelques années, notamment les courriers d’entreprise. C’est à la fois un produit et un service. On a mis aussi en place le courrier officiel pour aller vers les services de l’Etat, notamment les ministères et les services déconcentréspour collecter les envois de l’Etat et les traiter. On a mis en place également le service Post’Eclair, qui est un service qui permet d’acheminer et de distribuer les courriers express sur toute l’étendue du territoire. C’est un produit très connu qui fait des résultats positifs au sein de l’entreprise. Nous avons aussi des prestations du genre Philatélie, c’est-à-dire la vente des timbres à des buts de collection, qu’on peut mettre dans l’activité courrier. Par ailleurs, Il y a la machine à franchise que nous mettons à la disposition de tous ceux qui traitent de gros volume de courrier. Au lieu d’acheter des timbres pour coller aux enveloppes, on passe l’enveloppe à la machine. Voilà le premier volet des prestations courriers-messageries.
Le deuxième volet, ce sont les prestations liées aux services financiers postaux. La prestation phare c’est l’épargne avec la Caisse nationale d’épargne.Là, nous avons trois types d’épargnes : L’épargne ordinaire, l’épargne retraite et l’épargne des étrangers. Pour ce dernier type de produit, nous avons des Burkinabè qui sont à l’étranger et qui ont des comptes ouverts et détenus par la caisse nationale d’épargne. Ils font des versements régulièrement. Nous avons aussi les chèques postaux qui sont une banque publique. Le client y est, comme dans une banque et dispose d’un chéquier. C’est un compte courant. Vous pouvez faire des transferts et vous pouvez faire toutes les opérations que vous faites dans une banque. Sauf que pour l’instant, on n’a pas franchi le cap pour offrir des crédits à nos clients. Sinon, c’est véritablement un service de banque publique. Il y a des clients qui font virer même leur salaire au niveau des Chèques postaux. On sait que par le passé, les gendarmes, les militaires et des fonctionnaires qui sont en province viraient leurs salaires au niveau des chèques postaux. Compte tenu du fait que le réseau de la SONAPOST est disponible en province, ça facilitait les retraits des salaires.
Le dernier volet des services financiers, c’est le transfert électronique de fonds. Ceux qui sont d’un certain âge savent que par le passé, on parlait de mandat-carte, lettre, télégraphique etc. Quand on disait qu’on a reçu un mandat de la Côte d’Ivoire, c’est le bonheur dans la familleparce que c’est de l’argent qui a été envoyé. Avec le développement des technologies, ces mandats papiers sont passés à l’électronique. Ce sont les transferts électroniques de fonds qui sont d’actualité aujourd’hui. La SONAPOST exploite aujourd’hui environ cinq ou six types de transfert électronique de fonds. Il y a les transferts nationaux et il y a les transferts internationaux. Nous signons des partenariats avec des opérateurs qui existent pour exploiter ces moyens. Aujourd’hui, un Burkinabè qui se trouve en Italie, aux Etats unis, en Arabie Saoudite, au Japon etc. et qui veut envoyer de l’argent au Burkina Faso peut le faire en utilisant un des canaux pour lesquels, son correspondant peut avoir un paiement au niveau des agences de la SONAPOST.

Comment vous faites pour résister à la concurrence ?
SS :Contrairement à ce que les gens pensent, la population fait confiance à la Caisse d’épargne. Nous avons eu peur du développement des banques mais ce qui nous a, à un moment, créé plus de peur, c’était le développement des Caisses populaires. On n’avait sensiblement la même clientèle que les Caisses populaires. Elles aussi, elles sont en province. Ce sont des clients qui ont des revenusmodestes.. Mais curieusement, nous avons constaté que même avec le développement des caisses populaires et des banques, nous avons toujours une clientèle qui fait confiance à la Caisse d’épargne. Nous avons testé cela l’année dernière. Nous avons lancé un projet pour voir si la clientèle continue de nous faire confiance. Ce projet s’appelait « Freelance ». Leur mission c’était de rentrer dans les marchés et de proposer aux clients d’ouvrir des comptes à la SONAPOST. Après l’extension du projet à Ouahigouya et à Bobo Dioulasso, nous avons ouvert 6 000 comptes en six mois. On a fait un chiffre d’affaires de plus de 150 millions. C’est pour vous dire que les clients font confiance aux services financiers de la Poste notamment à la Caisse d’épargne. Entre 2013 (ndrl : année de sa prise de fonction) et aujourd’hui, nous sommes passés de
450 000 à plus de 500 000 comptes ouverts à la Caisse d’épargne. Le volume de dépôt s’est aussi accru. Quand bien même aujourd’hui nous n’offrons pas de prêts, les clients viennent. Ils veulent la sécurité de leurs fonds et de leurs avoirs. Il y a des caisses populaires et il y a des institutions financières qui sont allées vers les populations et qui les ont trompées. J’avais lu, entre temps,qu’une caisse populaire avait disparu avec les fondsdes clients. Mais quand c’est la poste, il y a une assurance parce qu’il y a l’Etat derrière. Sur le plan mondial, le magazine Financial avait publié un article après la crise financière de 2008 qui démontrait que les institutions financières qui avaient résisté à la crise, c’était les banques Postales. Les institutions financières postales qui existent dans le monde comme aux USA, en Grande Bretagne, au Japon, en Allemagne, n’ont pas fait des investissements hasardeux. Ils n’ont pas acheté les actions toxiques qui leur ont causé des problèmes. Tous les retraités en Europe qui ont placé leur argent dans ces institutions s’en sont bien sortis. Depuis 2008, même au niveau mondial, il y a un regain de l’activité financière de la Poste. Les gens ont tiré expérience de ce qui s’est passé et ils sont revenus vers la Poste. Je peux vous dire qu’au Japon par exemple, la première banque jusqu’à une date récente, c’était la Poste. C’est des institutions puissantes dans les autres pays qui collectent l’épargne et garantissent les retraites pour les populations.

Quelles sont les difficultés particulières que vous rencontrez dans la gestion de votre boite?
Déjà il faut noter que le courrier traditionnel est en perte de vitesse. On peut dire que c’est un courrier qui va mourir de sa belle mort. Le courrier traditionnel, c’estpar exemplece que nous écrivions à nos oncles en Côte d’Ivoire etc. Curieusement les nouvelles technologies de l’information et de la communication, (TIC), offrent beaucoup d’opportunité. La SONAPOST a su exploiter cette technologie. En 2001, la SONAPOST a créé TELIMAN qui est un produit de transfert de fonds domestiques. C’est exactement le principe de WESTER UNION. Nous utilisons une plateforme web. C’est-à-dire que si vous envoyez de l’argent tout de suite dans les dix minutes qui suivent, votre mandat est arrivé et si le bénéficiaire est là on le paie. C’est une application qui a été développée par les informaticiens de la Poste en s’inspirant de ce qui se passe ailleurs. Ce n’est pas un logiciel qu’on a acheté. C’est un produit qui existe depuis 2001 et fonctionne bien. TELIMANfait la fierté de la SONAPOST.En 2014, nous avons fait un plus grâce à ce produit. Aujourd’hui, quand vous faites un transfert à quelqu’un, il reçoit automatiquement un smsdans son téléphone.C’est aussi une plate forme qui a été développée par la SONAPOST. Dès que le destinatairereçoit le sms et il se présente à l’agence SONAPOST, avec uniquement le sms, on le paie et automatiquement il y a un autre sms qui repart chez l’expéditeur pour lui signifier que le receveur vient de recevoir son argent. Quelque part, nous sommes en train d’exploiter les technologies de l’information à notre profit. Depuis 2014, on a mis le sms au cœur des valeurs ajoutées de nos prestations. A la Caisse d’épargne, dès que vous finissez une opération vous recevez un message qui vous indique que vous venez de faire une opération. Aux chèques postaux, chaque fois qu’il y a un virement de salaire, automatiquement, un sms vous signale que vous avez un virement. Exactement comme dans une banque. Si vous faites un retrait c’est pareil. Au niveau de post’Eclair qui fait la transmission des envois àl’intérieur, c’est la même chose. Dès que l’envoi est remis au destinataire, il signe ce qui veut dire qu’il a reçu. L’expéditeur reçoit un sms qui lui dit que son pli a été transmis. On est en train d’implémenter cette fonctionnalité avec les boites postales pour que celui qui a une boite postale souscrive, qu’il reçoit un colis dans sa boite qui lui indique qu’il vient de recevoir un pli dans sa boite. On est entrain de collecter les données téléphoniques afin que les clients puissent souscrire. Nous avons aussi un souci de modernisation. La Poste a été considérée comme une entreprise des grands pères, des tanties, des vieilles etc. Il faut que nous modernisions cette entreprise. Nous avons trois objectifs principaux depuis que je suis là : Innovation, modernisation, rentabilité. Nos informaticiens sont en formation avec des confrères européens pour déboucher sur la mise en place de la banque en ligne. Cela veut dire que les clients CNE, CCP vont, à un moment donné,pouvoir suivre leurs comptes sur le site .Ils utiliseront des codes pour accéder à leurs comptes et pouvoir faire des opérations.

Beaucoup de clients se plaignent du mauvais état de la connexion au niveau de vos services notamment de transfert de fonds. Comment arriverez-vous à moderniser sans une bonne connexion ?
Le problème de la connectivité est un problème qui n’intéresse pas seulement la SONAPOST. Beaucoup d’entreprises souffrent régulièrement de ces problèmes. Nous nous referons à notre opérateur qui est l’ONATEL. On a acquis plusieurs lignes spécialisées. Aujourd’hui, 60% de notre réseau qui fait 107 agences est connecté à des lignes spécialisées avec un débit assez régulier pour faire les opérations. Il reste quand même 40% du réseau qui n’est pas connecté. On a fait les demandes mais quelquefois, l’ONATEL n’arrivepas à satisfaire la demande. C’est notre partenaire et nous savons qu’il ya des zones où il n’y a pas de lignes spécialisées. Depuis quelques temps, on a acquis une quarantaine de clés de connexion universelles rechargeables qui nous a permis d’augmenter le taux de connectivité de notre réseau. Il y a des agences qui fonctionnent donc avec des clés de connexion aujourd’hui. Il y a environ deux mois de cela, nous avons écrit à l’ONATEL pour augmenter le débit de la connexion ordinaire. Elle a livré et nous l’avons testé avec nos informaticiens. On est passé maintenant de deux mégas à quatre mégas. On a sensiblement amélioré notre connectivité. Nous avons signé une convention avec un opérateur qui va travailler dans notre réseau pour nous mettre dans un système de boucle local radio pour nos agences de Ouaga et de Bobo qui font énormément d’activités. Les clients ont parfaitement raison, mais ils vont constater dans les jours à venir qu’il y a une nette amélioration. La connectivité est une préoccupation chez nous. C’est pourquoi, nous l’avons liée avec un de nos projets qui est l’électrification de nos agences.

Des clients se sont plaints également de la localisation de leurs comptes d’épargne. Est-ce que le problème est résolu aujourd’hui ?
C’est une question qui est en train d’être résolue ou qui est pratiquement résolue. La SONAPOST a acquis un logiciel bancaire, bien que nous ne soyons pas une banque. On exploite aujourd’hui un logiciel bancaire pour opérer avec les chèques postaux ainsi qu’au niveau de la CNE. Du coup, les difficultés qu’on avait, en terme de localisation, c’est-à-dire que si votre compte n’est pas localisé dans une agence,vous ne pouvez pas y retirer telle somme d’argent ne se pose plus. En terme technique, on fonctionne aujourd’hui comme une banque. Avant, on plafonnait les retraits à 50 mille francs CFA si ce n’est pas dans le l’agence dans laquelle vous avez votre compte ouvert. Mais aujourd’hui, tout cela est résolu.

Depuis votre arrivée, en avril 2013, qu’est-ce que vous avez apporté à la SONAPOST en terme d’innovation?
Déjà le projet « Freelance » que nous avons lancé était une innovation majeure parce que cela ne se faisait pas avant. Cette opération nous a permis d’ouvrir 6 000 comptes. En général, l’action commerciale a joué pour que l’on passe de 450 mille comptes à plus de 500 mille comptes aujourd’hui. Les directeurs régionaux et les chefs d’agences ont apprécié l’action commerciale. L’autre élément que nous avons réussie, en 2013, qui est une innovation majeure également, c’est la sécurité de nos agences. Nous avons signé une convention avec la direction générale de la police, en juillet 2013, pour la sécurité de nos agences. Dès août 2013, les policiers étaient présents dans nos services pour sécuriser, à la fois nos agences, les travailleurs mais aussi nos revenus et nos fonds qui sont dans nos agences. Tout ce qui est sms, a été élaboré, en 2013, avec nos informaticiens. Ce qui n’existait pas avant. En 2014, nous avons opté pour la journée continue dans nos agences. Les gens se sont plaints et depuis le début de l’année 2014, on ne ferme plus à midi dans les grandes agences comme au siège ici, à Bobo, à Ouahigouya et à Fada. On est en train d’élargir cette faculté à Tampouy, à Gounghin, aux 1200 Logements, en attendant plus tard de généraliser cette journée continue au profit de la clientèle. En fin 2013, nous avons changé les textes de manière à ce que le receveur ne s’appelle plus receveur. On l’appelle aujourd’hui, Chef d’agence. On ne parle plus de bureau de poste mais d’Agence SONAPOST. C’est pour lui donner du poids, de la responsabilité mais aussi qu’il sache qu’il a l’obligation de rentabiliser son agence. Il doit donc se comporter comme un chef d’entreprise. Nous avons aussi procédé à l’élection de délégués du personnel. Depuis la création de la SONAPOST, c’est une question qui n’a pas été réglée. C’est l’une des rares structures qui n’avait pas de délégué du personnel. Elle a un syndicat certesmais pas dedélégués du personnel. Le délégué général du personnel est venu nous rendre visite et ena profité présenter le bureau. Nous avons mis en place un projet d’électrification solaire pour nos agences. On a estimé que les délestages causent des problèmes en terme de prestation. Il ya déjà une dizaine d’agences qui fonctionnent avec l’énergie solaire. Aujourd’hui, si vous allez par exemple à l’agence des1 200 logements ou à celle de Gounghin, il n’y a pas de coupure de courant et cela va s’étendre à d’autres agences. L’objectif c’est que d’ici trois ans, le réseaude la Poste surtout les agences qui sont en province soient connectées au solaire surtout dans le volet éclairage et alimentation des ordinateurs. S’il y a une agence parmi elles, qui a un climatiseur ou un frigo, elle va les connecter à la SONABEL. La SONAPOST est entrain de travailler pour avoir le financement parce que ce projet coûte cher. On a lancé ce programme, le 5 octobre 2013, à Bagré parce que nous avons construit une agence à Bagrépole qui fonctionne totalement sur le solaire. Comme autre innovation, nous avons commencé à former nos retraités. C’est l’une des rares entreprises qui prépare ses retraités à la sortie.Nous avons estimé qu’il faut les former aux métiers qu’ils peuvent exercer après leur départ à la retraite parce que la Poste n’est pas un métier courant ! En dehors d’être recruté par un concurrent ou un transporteur privé qui va faire la Poste, le postier monnaie difficilement sontalent. Donc, on adécidé de les former. La dernière formation a eu lieu, il y a un mois et ça concernait une trentaine de retraités qui vont partir à la retraite en fin décembre 2015,pour leur donner des rudiments pour créer une entreprise, une affaire. Aujourd’hui tout ce qu’ils vont gagner comme salaire et avantage, ils peuvent le mettre de côté en attendant leur indemnité de retraite pour financer le business qu’ils vont avoir à faire. En tout cas, la formation consiste à montrer aux uns et aux autres comment il faut créer une entreprise. C’est une innovation qui est appréciée par l’amicale des retraités de la SONAPOST. On a créé avec la direction des systèmes d’informationet le département de la communication le « poste-alerte-info » qui nous permet d’envoyer des sms à tous les agents dans les 10 minutes. Tous les agents ont apprécié.Cela leur permet d’avoir l’information en temps réel. Je rappelle que la SONAPOST compte plus de mille agents.

Est-ce que la SONAPOST est actionnaire dans des sociétés ou banques ?
Oui nous sommes actionnaire dans une filiale que nous avons, nous-mêmes créée et que l’on appelleEMS-Chronopost international-Burkina. Nous détenons 60% des actions de cette entreprise. C’est une entreprise qui fait du courrier express à l’international et ça marche bien. Le DG de la SONAPOST en est le président du Conseil d’administration. On a créé cette entreprise avec ChronopostFrance qui détient 40% des actions.Nous sommes aussi actionnaire à Coris Banque et à la Banque Atlantique

A combien s’élèvent vos actions à Coris Banque ?
Nous sommes dans la fourchette de 10 à 15% d’actions. Ce qui est sûr, on n’est pas actionnaire majoritaire

Il semble que se sont des fonds de la SONAPOST qui ont été utilisés principalement pour constituer le capital de création de Coris Banque à l’origine FIB (Financière du Burkina). A défaut, de pouvoir créer une banque postale, on a utilisé cet argent pour créer Coris Banque. Qu’en est-il exactement ?
Peut-être que je ne maîtrise pas très bien l’histoire de la naissance de Coris banque, mais ce que j’en sais déjà, nous ne sommes pas actionnaire majoritaire. Peut-être que si on était actionnaire aujourd’hui à 30 ou 40%, je peux appréhender qu’effectivement les fonds qui avaient été mis au départ fussent d’une extrême importance au point de participer à la création de Coris Banque. Il y a d’autres sociétés d’Etat qui y ont plus d’actions que la SONAPOST. De ce que j’ai entendu, ce n’était pas la question d’une banque postale mais utiliser les guichets de la SONAPOST pour offrir du crédit. C’est-à-dire qu’un client postal qui veut du crédit pouvait venir monter son dossier à la Poste. Ce dossier devrait ensuite être reversé à Coris et si le dossier est bon, qu’on lui octroie le crédit. C’était donc l’utilisation des guichets et des agences du réseau de la SONAPOST pour offrir le crédit. C’est la compréhension que j’ai eu dans ce partenariat au départ aussi bien pour Coris que pour la BRS (Banque régionale de Solidarité). Dans sa création, on avait dit que c’était une banque de l’UEMOA et que c’était une banque qui devait travailler avec la Poste. A l’époque, on ne parlait pas de banque postale. Je le sais parce que sur ce dossier je peux m’étendre beaucoup. Je me suis retrouvé au ministère de 2007 à 2013 et j’ai géré le dossier de la réforme du système postal. J’étais l’interface entre le cabinet international français qui a été recruté pour l’étude sur la réforme du secteur postal et l’Etat burkinabè. C’est en 2009 qu’une étude a été faite et qui a débouché sur un projet de réaction de banque postale. Tout ce qui s’est fait avant, il n’y a aucun document qui parle de banque postale.

Combien ces dépôts rapportent annuellement à la SONAPOST ?
Tout dépend du chiffre d’affaires ! Ce qui nous rapporte aujourd’hui l’activité sur le plan courrier ne dépasse pas en gros 4milliards de Franc CFA.

De ces différentes banques qu’est-ce que vous accordez à vos déposants dans leurs comptes au niveau de la CNE/CCP ?
Au temps où les Fonds des tiers étaient au trésor, c’était rémunéré à 10% par le trésor et l’Etat. Mais à un moment donné, les institutions monétaires et la banque mondiale ont trouvé que ces 10% étaient trop, et on l’a ramené à 6%. Donc on marchande avec les différentes institutions bancaires qui nous permettent de prendre la différence entre le taux de rémunération et le taux que nous allons servir aux clients, qu’il y ait quand même une petite marge. Ensuite, l’Etat nous appelle pour financer les entreprises publiques.Aujourd’hui nous avons mis près de 15 milliards dans le financement du développement des EPE. Nous n’avons pas une participation d’une autre structure dans le capital de la SONAPOST c’est l’Etat qui est le seul actionnaire de notre entreprise. Les travailleurs aussi n’en sont pas actionnaires.

Il semble que la SONAPOST est largement plus riche que l’ONATEL, vous le confirmez ?
Pas du tout. Je crois que l’ONATEL, pour 2014, a fait plus de 20milliards de résultat bénéficiaire. Apparemment le résultat de l’ONATEL correspond au chiffre d’affaires de la SONAPOST. Eux, ils font des résultats de plus de 20 milliards. On n’a pas les mêmes richesses.
Comment la répartition du patrimoine a été opéréeau moment de la scission ?
Il se trouve que ce sont des entités qui travaillaient ensemble, et il y a eu privatisation de l’ONATEL. Il y a eu donc une commission de répartition du patrimoine. Comme c’est un privé qui a pris l’ONATEL, il faut que les choses soient claires. Que l’on sache qu’est-ce qui revient à la SONAPOST qui est restée une société d’Etat après la vente de l’Onatel. Le partage a été fait, les choses sont claires aujourd’hui, en terme de patrimoine. Ce qui est sûr, l’Onatel et nous sommes de bons partenaires.

Pourquoi les concours d’entrée à l’ENAPOSTE sont toujours centrés à Ouagadougou pendant que la SONAPOST est une Société d’Etat ?
Je suis d’accord avec vous que le Burkina Faso ne se limite pas à Ouagadougou.La fonction publique travaille à ouvrir des centres des concours et d’examens sur toute l’étendue du territoire. Nous devons aussi trouver des techniques pour le faire. Nous essayons de communiquer, quand il y a le concours pour que tous ceux qui sont dans les provinces et qui désirent participer, puissent faire le déplacement pour déposer le dossier ou demande à quelqu’un de le déposer. Donc ont reçoit des dossiers des personnes qui ne sont pas forcement de Ouagadougou. Il se trouve aussi que, contrairement à ce qui se fait à la fonction publique, on recrute des centaines de candidats. L’autre concours où on recrute le maximum de candidats, c’est le concours des agents de bureau. On recrute de plus 40 agents de bureau. Si vous allez mobiliser des centaines, des milliers de personnes pour recruter 40 agents de bureau, ça pose problème. Au départ, nous prenions les dossiers de tous ceux qui venaient s’aligner on se retrouvait avec des milliersde dossiers qui nous causaient énormément de problèmes dans l’organisation pratique du concours. On est allé s’inspirer des expériences de l’ANPE (tirage au sort). Donc quand vous êtes candidat, vous venez vous-même. Même si vous êtes pluieurs candidats, on procède à des tirages au sort. Pour l’instant, on est toujours à la recherche d’une meilleure formule pour recruter des agents compétents. Nous sommes en train de voir si nous pouvons avoir un logiciel qui nous permettra de faire des recrutements directs probablement à partir de 2016. L’idée, c’est de permettre à tous les Burkinabè de pouvoir postuler à partir de chez eux. L’application se chargera de trier les candidats Là, on aura la chance d’avoir des candidats de toutes les régions du Burkina. Le problème aujourd’hui, est que les recrutements coûtent cher. Vous formez la personne et une année après elle va ailleurs. La stratégie, c’est de rationnaliser, de moderniser et surtout de minimiser les coûts de recrutement. Pour l’instant on a des difficultés pour trouver la bonne formule1

Interview réalisée par
Salifou OUEDRAOGO
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