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© L’Express du Faso par Evrard Ouédraogo
Insurrection populaire : la nation reconnaissante aux martyrs Samedi 30 mai 2015. Ouagadougou. Mémorial aux héros nationaux. Le président de la transition, président du Faso, Michel Kafando, a présidé la cérémonie nationale d`hommage aux martyrs de l`insurrection populaire de fin octobre 2014 |
Le 30 mai 2015, sur l’esplanade du monument des Martyrs sis à Ouaga 2000, émouvant était cet hommage à l’adresse de ceux qui ont perdu la vie au cours de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, qui a emporté le régime Compaoré. Au cours d’une cérémonie savamment orchestrée et ponctuée de discours des jours spéciaux, ils ont été élevés au rang de héros nationaux et il y a eu la pose de la première pierre d’une stèle en leur mémoire.
Enfin, les martyrs de la révolte des 30 et 31 octobre 2014 ont eu droit à une journée qui leur est exclusivement dédiée ! peut-on s’exclamer après sept mois d’attente et la petite guerre des tranchées sur le choix du jour entre l’autorité publique et une partie de la société civile. Il nous souvient que l’Etat avait initialement décidé de célébrer ces morts à la date anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, soit le 13 décembre.
C’était pour l’autorité une manière de faire d’une pierre deux coups. Sauf qu’une partie de l’opinion ne l’entendait cependant pas de cette oreille, considérant cette décision comme une volonté de noyer les activités commémoratives du 13-décembre dans un autre événement tout aussi important, mais différent et très récent. Finalement, l’Etat a mis beaucoup d’eau dans son vin et le 30 mai de chaque année a été adopté.
Et qui passait aux environs du Rond-point des Martyrs la veille du 30 mai 2015 savait qu’il se mijotait quelque chose de spécial, tant il y avait une certaine effervescence aux alentours. Et les invités qui arrivaient le jour de l’événement n’ont visiblement pas été déçus, tant la décoration a donné un visage tout autre à l’endroit, et rappelle les grandes célébrations de pays socialistes ou révolutionnaires à l’image de la Chine ou de la Corée du Nord.
Quatre discours ont ainsi été prononcés dans ce décor somptueux. Sont passés à la tribune : le représentant des blessés de l’insurrection, Dramane Ouédraogo ; celui de l’association des familles des martyrs, Babou Bamouni ; des chefs coutumiers et religieux, le pasteur Henri Yé ; et le président du Faso, Michel Kafando.
«Votre sacrifice n’aura pas été vain. Le changement que vous avez voulu est en marche. Le Burkina Faso ne vous oubliera jamais. Nous prenons l’engagement de vous instituer une journée de souvenir et, croyez-moi, justice sera rendue. Du fond de vos sépultures, dormez en paix», s’est adressé aux morts, Michel Kafando, la voix étreinte par l’émotion.
Et que dire des propos du représentant des martyrs, qui a perdu une proche (Joséphine Kambiné) dans l’insurrection, et qui a relaté ses dernières paroles sur terre, qui étaient : « Maman, tu vois, ma respiration ne descend plus. Je suis en train de mourir. Priez pour moi ».
Des propos qui ont certainement ému même les cœurs les plus endurcis. Autre moment d’une rare solennité, c’est quand le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a égrené par ordre alphabétique les noms des victimes, qui sont au nombre de 28, parmi lesquelles des élèves nés en 1999, deux dames et un professeur à la retraite.
Chaque nom était accompagné du roulement des tambours militaires de la Garde nationale. Le clou de la cérémonie aura été le rituel des décorations à titre posthume des désormais héros nationaux suivi de la sonnerie au mort et de la pose de la première pierre de la stèle qui sera construite en bas du monument des martyrs. D’une hauteur de 4 mètres, elle portera trois symboles que sont l’union, la révolte et le changement.
Issa K. Barry
Encadré
La liste des 28 martyrs, morts pour la patrie
- Abdourahmane Aboubakar, né le 13 mars 1966, mécanicien (une femme et 6 enfants)
- Aouedri Arsène, 13 mars 1970, propriétaire de garage, (une femme, 3 enfants)
- Bélem Aboul Mouabarak, 6 janvier 1996, aide-plombier, célibataire
- Béré Inoussa, 11 novembre 1992, aide-cuisinier, célibataire
- Bouda Bertrand Wendpuiré, 11 décembre 1999, élève, célibataire
- Bonsa Saïdou Mohamed, 6 octobre 1993, apprenti-tailleur, célibataire
- Cissé Boubacar, 1983, cultivateur, (deux épouses, quatre enfants)
- Dera Issaka, 11 décembre 1999, élève, célibataire
- Boubacar Hama, 1987, cultivateur, (une femme, un enfant)
- Hamadi Mahamoudou, 1983, (une femme, cinq enfants)
- Ilboudo Ablassé, 31 décembre 1982, commerçant (une femme, deux enfants)
- Kabré Amidou, 25 juilllet 1968, laveur de moto (une femme)
- Kalmogho Albert, 1er août 1990, gérant de buvette (un enfant, célibataire)
- Kambiné Joséphine, 30 juillet 1986, élève, célibataire
- Karambiri Gaston, 31 décembre 1977, (une femme, un enfant)
- Koanda Rasmané, 1er janvier 1973, commerçant (deux femmes, 6 enfants)
- Fofané Mariam, 31 mars 1980, commerçante (un mari, 4 enfants)
- Ouédraogo Ousmane, 25 juillet 1989, étudiant, célibataire
- Ouédraogo Salifou, 31 décembre 1942, professeur à la retraite (une femme, deux enfants)
- Ouédraogo Saïdou, 1997
- Ouoba Fabrice, 2 octobre 1993, artiste-musicien, célibataire
- Sama Issa, 6 octobre 1997, apprenti-mécanicien, célibataire
- Sawadogo Abdoul Rachid, 30 octobre 1996, élève, célibataire
- Sérémé Landry
- Tondé Jacob Wempanga, 31 octobre 1985, étudiant, célibataire
- Traoré Ousmane, 15 avril 1971, vulcanisateur, (une femme, un enfant)
- Ouango Issouf, 1er janvier 1979, commerçant (une femme, trois enfants)
- Ouoba Amado, 1980, cultivateur, (deux femmes, 6 enfants)
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