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L’Observateur N° 8331 du 13/3/2013

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Exactions de l’armée malienne : Les tirs de l’ONU se précisent
Publié le jeudi 14 mars 2013   |  L’Observateur




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«Il n’y a pas de guerre propre, il n’y a pas de guerre sans risques, il n’y a pas de guerre sans souffrances. Une guerre est toujours une tragédie», affirmait, à l’envi, l’ex-ministre français de la Défense Gérard Longuet, à propos des risques de victimes civiles lors de l’intervention de la coalition internationale en Libye. Les récentes accusations du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDC) contre des soldats maliens semblent lui donner raison.

En effet, les conclusions d’une mission d’observation, menée par l’agence onusienne depuis le 18 février dernier au Mali, relèvent une «augmentation des représailles contre des personnes qui sont prises pour cibles» par l’armée régulière. Des exactions menées notamment contre les membres de groupes ethniques tels que les «Peulhs, Touaregs et Arabes» ou encore des personnes «étant perçues comme ayant soutenu les groupes armés» qui ont pris le nord du Mali, précisent les fins limiers du HCDC. Le rapport cite des cas de «corps retrouvés au fond de puits» et de «violences sexuelles contre des femmes appartenant à ces minorités - notamment des femmes de la communauté bella - qui sont aujourd’hui stigmatisées, notamment celles qui tombent enceintes, à la suite de ces viols».

Ainsi donc, les tirs de l’ONU se précisent contre l’armée malienne, épinglée pour des crimes contre des populations dont la seule faute serait leur appartenance ethnique ou la couleur de leur peau. La voie ouverte donc à un génocide.

Il n’en fallait pas plus pour faire réagir Bamako à travers son ministre de la Justice, Malick Coulibaly. Sans pour autant faire dans la dénégation, ce dernier impute les faits à un petit cercle de brebis galeuses : «Ces exactions sont le fait d’actes isolés dont les auteurs seront poursuivis et punis. Le Mali n’est pas en guerre contre une ethnie, une race, une religion ou une région». Annonçant dans la foulée que les suspects ont été déjà remis à la justice malienne.

Des propos somme toute mesurés, comparés à ceux du président par intérim, Diounconda Traoré. Interrogé sur les accusations portées contre son armée, le chef de l’Etat malien affirme ne pas avoir «connaissance de tant d’exactions que cela». Mieux, il estime que «les médias ne devraient pas se faire l’écho d’affirmations qui ne correspondent pas à la réalité » et parle plutôt «d’exactions imaginaires».

Accordons volontiers au locataire du palais de Koulouba le bénéfice de la bonne foi lorsqu’il affirme de pas avoir connaissance de tant d’exactions. Mais dans ce cas, serait-ce la chaîne de commandement qui ne lui transmettrait pas fidèlement ce qui se passe sur le théâtre des opérations ? Si oui, cela confirme le diagnostic des experts militaires européens sur l’état de l’armée malienne : une institution en déliquescence totale.

Mais quand on sait qu’avant le HCDH d’autres organisations internationales de défense des droits de l’homme, comme Human right Watch et Amnesty international, avaient déjà tiré la sonnette d’alarme, on ne peut que s’inquiéter du traitement réservé actuellement à certains groupes ethniques au nord du pays de Modibo Kéita.

Par ailleurs, ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu ?

Et en l’espèce, on n’imagine pas l’agence onusienne porter d’aussi graves accusations sans en avoir ne serait-ce que des bribes d’éléments de preuves.

L’Etat malien, à commencer par son premier responsable, gagnerait plus à travailler contre la tentation de l’armée de se venger coûte que coûte des groupes islamistes qui lui avaient infligé des revers humiliants. Avec le risque de prendre pour cible des communautés ethniques qui n’ont rien à voir avec ce qui s’est passé.

Utiliser les méthodes de guerre abominables des djihadistes n’est pas digne de forces régulières dont l’une des missions cardinales est la protection des populations civiles.

Plutôt que d’ajouter au sentiment d’injustice sociale qu'ont les communautés vivant au Nord, les autorités intérimaires devraient travailler à mettre en place une politique de réconciliation. C’est seulement à ce prix que le Mali retrouvera le chemin qui mène à la nécessaire unité nationale.

Hyacinthe Sanou

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