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Sit-in des médias devant le CSC: la présidente refuse de recevoir le message des manifestants
Publié le mercredi 27 mai 2015  |  FasoZine
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© aOuaga.com par A.O
Suspension des émissions interactives : un sit-in devant le CSC pour la levée de la mesure
Mercredi 27 mai 2015. Ouagadougou. Les acteurs des médias ont organisé un sit-in devant le Conseil supérieur de la communication (CSC) pour exiger la levée de la mesure de suspension des émissions d`expression directe pendant 3 mois sur les radios et les télévisions




Les organisations professionnelles des médias ont manifesté ce 27 mai 2015 devant le Conseil supérieur de la communication (CSC) pour exiger la levée sans conditions de la mesure de suspension des émissions d’expression directes sur les radios. Cependant, ils n’ont pas pu remettre leur message, la présidente de l’institution ayant refusé de le recevoir.

Les raisons ce refus nous ont été expliquées sur place par Sidiki Dramé, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’information et de la culture (Synatic). « Les organisateurs ont prévu un scénario : il y avait le sit-in qui devait se dérouler jusqu’à 10h. À la fin ils devaient remettre un message à la présidente du CSC ou un de ses représentants. Mais le CSC nous a fait savoir qu’il ne pouvait pas recevoir le message parce que notre manifestation était illégale et interdite parce qu’elle avait lieu dans une zone rouge », explique le journaliste.

Du reste, ajoute t-il, « celui-là même qui a instauré les zones rouges (Simon Compaoré, Ndlr) marche avec l’opposition et les organisations de la société civile pour plus de démocratie. Nous avons purement et simplement annulé la remise. Cela ne nous gêne pas du tout. »

Justin Coulibaly, un autre responsable syndical, renchérit et promet : « Elle a refusé de nous recevoir en traitant presque de petits délinquants. Nous allons tirer les leçons de son attitude et elle aura la suite ».

Savoir ce qui cache derrière la mesure
En attendant cette suite, la manifestation a bien eu lieu. Dans une zone bouclée par les CRS, journalistes, animateurs, mais aussi représentants de la société civile et de partis politiques se sont rassemblé. Alors que le CSC annonce qu’il va lever la mesure le 30 et conditionne cette annulation par la signature d’une charte de bonne conduite, les manifestants eux martèlent leur volonté de voir cette mesure levée sans conditions.

« On veut museler la presse. Quand il n’y a plus de presse, plus de démocratie, on ne peut pas être d’accord avec ça. Surtout que le CSC est en train de jouer à un jeu trouble pour nous diviser. Il a fait plusieurs déclarations mensongères. Il fallait donc à venir clarifier les choses et répéter que nous sommes contre la décision de suspendre les émissions d’expression directe », fait observer Evelyne Salembéré, fondatrice avec sa sœur Carine de radio Femina FM.

Pour elle, « C’est grâce à ce type d’émissions que l’on peut prendre le pouls de ce que pense la population. On ne peut pas comprendre pourquoi, à cause d’une radio qui aurait eu à dérailler, on musèle tout le monde. Nous voulons savoir ce qui cache derrière tout cela.»

Même constat pour Alpha Barry, le promoteur de la radio Omega FM. Il regrette que « C’est quand l’histoire du Burkina Faso s’écrit que l’on choisi d’arracher la parole aux populations ». Il explique aussi que les émissions interactives sont semblables aux bulletins de vote. « Elles ont valeur de sondage pour les dirigeants, pour chacun de nous. Elles permettent de voir les positions qui se dégagent dans les différents débats. Le Burkina aujourd’hui est dans un grand débat politique. C’est donc le bon moment pour ce genre d’émissions. Nous ne comprenons pas pourquoi on pend des mesures aussi liberticides, qui consacrent le recul de la démocratie, de la liberté de presse », dit-il.

Il rejette aussi les arguments de manque de professionnalisme évoqués par le CSC pour justifier la mesure. « Nous ne comprenons pas cette position parce qu’il y a des textes qui encadrent ces émissions. Notamment un arrêté de 2003 du CSC qui indique clairement comment ces émissions doivent être conduites et quelles sont les sanctions qui guettent ceux qui enfreignent les règles. S’il y a des problèmes, le CSC doit appliquer cet arrêté. Il faut sanctionner les émissions ou les radions concernées. Mais une mesure collective n’est pas appropriée», dénonce t-il.

Négocier la levée d’une mesure illégale
Le président de la Société des éditeurs de presse, Lookman Sawadogo, lui juge la mesure illégale et rejette les conditions imposées, notamment la signature d’une charte de bonne conduite, par le CSC. « Sur la nomenclature de sanctions du CSC, il n’y a pas cette mesure, assure t-il. Nous sommes dans un Etat de droit. On ne peut pas prendre cette prendre une mesure illégale et vouloir que sa levée soit conditionnée par quelque chose. Il n’y a pas de raison qu’il y ait une charte ou un code de bonne conduite parce qu’il y a suffisamment de textes qui encadrent les émissions interactives et l’activité médiatique en général ».

M. Sawadogo se défend de vouloir promouvoir l’anarchie dans les activités de médias. « Si des gens ont commis une faute, qu’ils soient sanctionnés, avance t-il. On ne peut pas imposer une sanction collective. On ne peut pas non plus négocier la levée d’une mesure illégale. Si ça doit être le cas, cela veut dire que le CSC n’a pas sa raison d’être. N’importe qui peut à ce moment réguler les médias. Si les CSC est là, c’est parce qu’il est assis sur des textes et possède des instruments pour pouvoir réguler. On ne peut pas conditionner la levée de la suspension à la signature d’un quelconque document. C’est un non sens. »

Le message n’a pas pu être remis, mais il a été lu publiquement. Les manifestants sont convaincus qu’il sera entendu par les autorités par voie de presse. « Tout à l’heure nous ferons un point à chaud. Si la mesure n’est pas levée, nous passerons à la vitesse supérieure avec des actions plus musclées », annonce Sidiki Dramé.

DTS
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