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Mercure : Ces politiciens sans conviction
Publié le mercredi 27 mai 2015  |  Sidwaya




Le nomadisme politique est un phénomène vieux et récurrent au Burkina Faso. Pour diverses raisons, il arrive qu’un ou plusieurs militants quittent un parti pour un autre, tantôt avec fracas, tantôt sans tambours ni trompettes. Et le scénario n’a pas changé depuis les années 70, point de départ du nomadisme politique au « pays des Hommes intègres », avec la démission de Moussa Kargougou du Rassemblement démocratique africain (RDA), pour créer les « indépendants de Kaya ». Les va-et-vient des militants n’ont guère cessé, à observer les mouvements sur la scène politique. L’avènement de l’insurrection populaire a d’ailleurs permis une fois de plus de constater cet état de fait. Certains militants de premier rang ou de base ont quitté l’ex-parti majoritaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), pour intégrer d’autres formations politiques ou en fonder. Puisque le vent a changé de direction, comme dirait l’autre, ils ont préféré aller ailleurs, où bon leur semble. Et ainsi va le nomadisme politique, considéré par d’aucuns comme un signe de vitalité démocratique. Mais on a bien peur que cette considération, fondée sur la liberté d’aller et de venir garantie par la Constitution, ne soit théorique. C’est plutôt une vitalité de principe, car à y voir de près, le nomadisme sape les efforts des partis politiques et révèle le manque criant de conviction de ses adeptes. Ce phénomène désorganise les formations, qui sont contraintes de se réorganiser, à chaque départ de militants. Ça a l’air d’être un perpétuel recommencement, puisque le nomadisme désoriente et peut contribuer à affaiblir sérieusement un parti. L’homme politique Achille Tapsoba n’avait-il pas eu raison de dire que le nomadisme politique est un « phénomène malheureux et cancérigène pour la démocratie » ? On ne peut pas construire et organiser un parti avec des militants instables, prêts à sauter ailleurs à cause d’éventuelles divergences ou par la force de manœuvres politiciennes. Ce n’est pas concevable. Pareille situation est porteuse d’instabilité, même pour les formations d’accueil des nomades. Parce qu’ils ont migré d’un parti à un autre, ceux-ci peuvent encore rééditer, pour peu que leurs intérêts soient menacés. Bien souvent, on s’est rendu compte que les nomades se meuvent plus du fait de leurs propres intérêts, que de leurs convictions. Parce qu’ils ont échoué à avoir un bon positionnement sur une liste à l’orée d’une élection ou qu’ils n’ont pas eu de poste dans un bureau lors d’une assemblée générale ou d’un congrès, ils tournent systématiquement dos à leur parti. Comme si on faisait de la politique pour soi-même et rien d’autre. Alors que c’est un domaine où on doit vendre des idées pour éveiller les consciences ou changer la destinée d’une nation. La politique n’est malheureusement pas perçue ainsi sous nos tropiques. Certains militants adhèrent aux partis, avec des arrière-pensées, sans aucun courant de pensée à défendre ni idéologie. Ils y viennent, soit pour se faire pistonner pour accéder à un poste quelconque ou pour se faire des sous, comme on le découvre souvent. Sinon, on ne peut pas s’y prendre autrement. Si l’on milite dans un parti par conviction, les intérêts personnels ne devraient pas prendre le dessus. On devrait plutôt résister aux coups et aux frustrations, en attendant son heure. Tout est question de patience dans la vie, et cela vaut aussi en politique. Des leaders, tels Nicolas Sarkozy ou François Hollande, pour ne citer que ces dirigeants français, ont mis 30 ans avant de briguer la magistrature suprême. Ils n’ont pas claqué la porte à leurs partis, pendant tout ce temps, mais Dieu seul sait ce qu’ils ont enduré au sein de leurs familles politiques. Mais les réalités sont tout autres au Burkina Faso, où nombre de politiques sont des opportunistes. Les intérêts passent avant l’idéal chez les intéressés. Et c’est la preuve, que ce ne sont pas des politiciens mais des saprophytes. Raison pour laquelle, la loi anti-nomadisme, votée en 2009 et qui déchoit un député démissionnaire d’un parti de son poste, en cas de démission en cours de mandat, est salutaire. On ne vient pas en politique comme si on partait faire des emplettes au marché. La transhumance politique n’est pas de nature à renforcer la démocratie.

Kader Patrick KARANTAO
stkaderonline@yahoo.fr
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