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Affaire Thomas Sankara: exhumation des restes sous «haute tension»
Publié le mardi 26 mai 2015  |  FasoZine
Exhumation
© Autre presse par DR
Exhumation des restes de Thomas Sankara : la presse tenue à l`écart le premier jour
Lundi 25 mai 2015. Ouagadougou. Cimetière de Dagnoën. L`exhumation des restes de l`ancien président du Conseil national de la révolution (CNR), Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 en compagnie de douze de ses compagnons, a débuté sans la présence de la presse fermement tenue à l`égard par les forces de sécurité




L’exhumation des restes de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons tués le 15 octobre 1987 lors du coup d’Etat a débuté ce lundi 25 mai 2015 dans la matinée à Ouagadougou. Un important dispositif technique et médical se trouve à l’intérieur du cimetière de Dagnoen où seraient enterrés les corps depuis 28 ans. La zone a été quadrillée par les forces de l’ordre et l’accès à l’intérieur et à la devanture a été interdit aux journalistes et au public. Ce qui n’a pas manqué d’irriter les populations riveraines pour qui la presse devait au moins avoir accès au lieu.

Lundi 25 mai 2015. Cette date à n’en point douter restera gravée dans le marbre de l’histoire politique du Burkina Faso. En effet, c’est dans la matinée de ce jour qu’a commencé l’exhumation des restes du leadeur de la révolution d’aout 1983 et de ses 12 compagnons, tous assassinés le 15 octobre 1987 lors du coup d’Etat qui a porté l’ancien président Blaise Compaoré au pouvoir.

Après donc l’audition de la veuve du défunt président du Faso (1983-1987), Mariam Sankara le lundi 18 mai dernier, les autorités judiciaires en charge de l’enquête ont débuté ce lundi à 8 heures au cimetière de Dagnoen les travaux d’exhumations des restes du capitaine Sankara et de ses 12 camarades sous haute protection de la gendarmerie nationale.

Sécurité oblige, l’information qui était difficile à avoir, se livrait au compte-goutte : selon des informations recueillies sur place vers 13 heures, l’exhumation d’une deuxième tombe avait commencé, celle de Sankara n’était pas encore ouverte. Il resterait au total 11 tombes.

Boureima Diallo, un des rares journalistes qui a eu accès au lieu nous avait confié vers 11 heures que « l’opération d’exhumation avançait à petits pas et que cela n’a pas l’air de vraiment bouger… ».

Zone interdite

Ce qui est néanmoins sûr, selon notre propre constat, c’est que les autorités judiciaires en charge de l’enquête -dont le juge d’instruction militaire François Yaméogo-, les pompes funèbres, la police technique et scientifique, les avocats du dossier, les familles des victimes, trois experts – deux médecins légistes burkinabè et un français-, sont tous à l’intérieur afin de mener à bien les opérations d’exhumation qui peuvent prendre plusieurs heures voire quelques jours.

Jusqu’à notre départ, la devanture du cimetière était toujours interdite d’accès aux journalistes et aux preneurs d’images des différents médias ayant effectué le déplacement. Les rares images obtenues ont été faites à l’insu des éléments de la sécurité postés devant le lieu de la sépulture. Manœuvre qui a irrité les populations riveraines et les citoyens ayant effectué le déplacement. Pour marquer leur mécontentement, ils ont décidé de protester par la tenue d’un rassemblement spontané devant le cimetière.

« Ils sont venus et ils nous ont écarté des lieux. Qui est ce qui prouve que les juges qui sont dedans vont nous dire la vérité ? On n’a pas confiance. Comment comprendre qu’ils écartent ceux qui ont chassé Blaise Compaoré et ils s’enferment entre eux pour dire qu’ils veulent travailler en tranquillité ? Ils peuvent ne rien voir et nous dire après que Thomas Sankara est bien là-bas. S’ils n’ont rien à se reprocher, comment comprendre que vous les journalistes, vous n’ayez pas accès au lieu même à la devanture ? », nous laisse entendre un des mécontents.

« C’est flou et c’est flou »

Les propos de ce dernier qui seront renforcés par Solange Sangaré/Kamouni, sœur du journaliste Babou Paulin Bamouni, (directeur de la presse présidentielle à l’époque des faits, Ndlr), l’une des douze personnes tuées avec Thomas Sankara. « Rien ne prouve qu’ils sont en train de travailler dedans. C’est flou et c’est flou, je voulais que la presse soit à l’intérieur. Comme cela, elle montrera la vérité à tous le Burkina… », a-t-elle laissé entendre avant d’ajouter que quelques membres de sa famille sont à l’intérieur.

En dehors de ces revendications apparemment maitrisées jusqu’au moment où nous quittions les lieux, la zone restait toujours quadrillée et la gendarmerie avait dressé un impressionnant cordon de sécurité.

En rappel, c’est le 15 octobre 1987 que le président Thomas Sankara et plusieurs de ses compagnons avaient trouvé la mort au cours d’un coup d’Etat qui avait porté Blaise Compaoré, au pouvoir. Vingt-huit ans après, les circonstances de sa mort et le lieu exact de leurs tombes n’étaient pas connus, faute d’une authentification par analyse ADN. Après donc des années de blocage judiciaire, l’enquête sur l’assassinat du président Thomas Sankara vient de connaitre en ce jour un tournant décisif avec l’exhumation des restes.

Dimitri Kaboré
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