Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article
Santé

Prostate : le traitement rend-il forcément impuissant?
Publié le dimanche 24 mai 2015  |  Agence de Presse Labor




Les pathologies liées à la prostate sont fréquentes à partir de 50 ans. Les réponses aux questions que vous vous posez le plus fréquemment, par le Professeur Bernard Debré, chef du service urologie de l’hôpital Cochin
1. Quelles sont les pathologies liées à la prostate ?

Il existe trois pathologies.
Il y a d’abord la prostatite ou infection aiguë de la prostate. Elle peut survenir à tout âge. Elle se traduit par de la fièvre, des frissons, des brûlures lors de la miction (le fait d’uriner) ou lors de l’éjaculation. Cette infection est fréquente. Ce n’est pas un signe de vieillissement.
Seconde pathologie : l’adénome de la prostate, aussi appelé adeno-myo-fibrome prostatique ou hypertrophie bénigne de la prostate (HPB). C’est une tumeur bénigne. Elle est très banale chez l’homme à partir de 45 – 50 ans. Elle se traduit par une faiblesse du jet urinaire, des mictions impérieuses, des levées nocturnes pour uriner, un besoin de pousser pour uriner. L’adénome ou hypertrophie bénigne peut multiplier par 10 le poids de la prostate qui passe de 15 à 150 grammes.
2. Est-ce qu’elle se dérègle forcément avec l’âge ?

Non pour la prostatite aiguë qui peut apparaître à tout âge, aussi bien à 15 ans qu’à 70 ans. Mais oui pour l’adénome ou le cancer.
L’adénome apparaît vers l’âge de 40 – 50 ans. Les symptômes (envies d’uriner impérieuses et difficilement contrôlables) peuvent être très perturbants. La fréquence de cette pathologie augmente avec l’âge. Elle évolue lentement et progressivement. Elle atteint 20 % des hommes à partir de 40 ans. Plus d’un homme sur deux en souffre aux alentours de 70 ans. En France, 6 millions d’hommes en seraient atteints et 100 000 se font opérer chaque année. L’adénome peut être silencieux ou occasionner une gêne mineure. De fait, ce n’est pas une maladie et certaines personnes peuvent très bien vivre avec.
3. Une tumeur est-elle toujours maligne ?

L’adénome est une tumeur bénigne. Elle n’est pas maligne, c’est-à-dire qu’elle ne se cancérise pas. En revanche, la tumeur cancéreuse de la prostate est évidemment maligne.
Il y a des échelles de dangerosité pour chaque tumeur. 20 % des hommes à partir de 50 ans développent un petit cancer qui sera non révélé. C’est-à-dire sans aucun symptôme pour celui qui en est atteint Il progressera avec l’âge. A 80 ans, on estime que 80 % des hommes ont un cancer de la prostate. A 100 ans, pratiquement 100 % des hommes l’ont contracté. Il est quelquefois asymptômatique (pas de signes visibles de son apparition) et sans danger, donc ne nécessitant pas forcément de traitement.
En revanche, pour les cancers dits agressifs, il y a deux pics d’âge, le premier vers 50 – 60 ans. Ils doivent entraîner un traitement curateur. Autre pic d’âge, vers 70 ans et plus, c’est en général un cancer beaucoup plus calme. Il ne nécessite pas d’être soigné s’il n’est pas virulent. Le cancer de la prostate reste toujours aujourd’hui la seconde cause de mortalité par cancer chez l’homme
4. Comment soigne-t-on la prostate ?

La prostatite se soigne par un traitement antibiotique (pendant 4 semaines) souvent associé à un anti-inflammatoire (pendant 6 jours).
Pour l’adénome, le traitement est fonction du trouble urinaire. Si le patient est peu gêné, un traitement médicamenteux à base de permixon (un dérivé de plantes) sera prescrit. Si le dérangement est beaucoup plus important, le traitement sera à base d’alpha lythiques, très efficaces mais qui peuvent entraîner des effets secondaires (hypotension, vertiges).
Enfin, un troisième type de médicaments intervient : les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase. Ces derniers empêchent les hormones mâles d’agir sur la prostate. Ils diminuent les troubles ainsi que le volume de la prostate. Enfin, si les médicaments ne sont plus efficaces, l’acte chirurgical (adénomectomie) sera préconisé. Ce n’est pas l’ablation de la prostate en entier mais de sa partie malade.
5. Comment traite-t-on le cancer ?

Pour le cancer de la prostate, la première phase consiste à évaluer l’échelle de dangerosité (échelle de Gleason) en calculant le PSA. S’il est diagnostiqué trop tard, le traitement sera palliatif (à base d’anti-hormonaux). Il permet de rallonger la durée de vie de 3 à 15 ans.
S’il est diagnostiqué plus précocement, il est possible de le guérir par curithérapie ou prostatectomie pour les moins de 75 ans ou par radiothérapie pour les plus âgés.
6. Est-ce que je vais devenir impuissant ?

Vous avez un adénome. Il n’y a pas d’impuissance si vous n’avez pas de traitement. Si on vous a prescrit des alpha lythiques, il n’y a pas de troubles sexuels, sauf quelquefois une éjaculation rétrograde. C’est-à-dire que le sperme prend le chemin inverse en direction de la vessie au lieu d’être renvoyé vers l’extérieur. Les anti-hormonaux tels que les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase (pour l’adénome) annihilent la libido dans 20 % des cas. En cas d’intervention chirurgicale, l’érection reste normale mais il y a quasiment toujours une éjaculation rétrograde. Le sujet devient donc stérile.

Vous avez le cancer et on vous a prescrit des LHRH agonistes, il y a castration chimique, donc impuissance. Dans le cas d’une prostatectomie (ablation de la prostate), il y a d’une part risque d’incontinence, et d’autre part risque d’impuissance pour 30 à 40 % des cas. Il est toutefois possible de rendre possible l’érection par injections intra-caverneuses. L’homme se fait lui-même une piqûre (d’edex cavergex par exemple) dans la verge pour obtenir une érection instantanée. Il n’aura en revanche pas d’éjaculation, car il n’y a plus de prostate ni de liquide séminal. En cas de radiothérapie, l’impuissance est beaucoup plus rare. Et très rare en cas de curithérapie.
Commentaires