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Abraham Nignan, président du RPF : «Je suis déçu parce que Mariam Sankara est venue sans ses enfants»
Publié le dimanche 24 mai 2015  |  Le Pays




L’homme est connu pour ses prises de position. Abraham Nignan, président du Rassemblement patriotique du Faso (RPF), puisque c’est de lui qu’il s’agit, dans une interview accordée à notre rédaction le 20 mai dernier, se dit déçu de la venue de Mariam Sankara. Il est aussi revenu sur la récente convention du renouveau sankariste qui a porté son choix sur Me Bénéwendé Sankara comme candidat unique des partis sankaristes à la présidentielle prochaine. Quant à l’élection de Eddie Komboïgo comme président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Abraham Nignan dit « n’avoir pas de commentaire à faire ». Car, dit-il, « c’est parce que les militants du CDP pensent qu’Eddie Komboïgo peut faire leur affaire qu’ils l’ont mis à la tête de leur parti »

« Le Pays »: L’actualité est marquée par la venue de Mariam Sankara au Burkina, quel commentaire en faites-vous ?

Abraham Nignan : Je suis animé par un sentiment mitigé par rapport à l’arrivée de Mariam Sankara au Burkina. Je suis d’abord content et même très content qu’elle revienne au pays, une première après la chute de Blaise Compaoré. Elle vient donc en femme libre. L’autre sentiment qui m’anime, c’est un sentiment de déception. Je suis déçu parce que la dame est venue sans ses enfants. Lorsque j’ai appris pour la première fois que Mariam Sankara venait au Burkina, j’ai tout de suite cru qu’elle viendrait avec ses enfants. Malheureusement, ceci n’a pas été le cas. Je pense que c’était une occasion pour elle de revenir avec les enfants qui, depuis 1987, n’ont plus remis pied au Burkina. Il faut qu’ils reviennent pour que le peuple les voie, les accueille publiquement, comme cela a été fait avec leur maman et pour que le peuple sache effectivement que Thomas Sankara a des enfants. Lorsque vous dites que Thomas Sankara a des enfants, il y a des gens qui doutent parce que tout simplement, ils n’ont pas encore eu l’occasion de les voir.
L’objectif principal de la venue de Mariam Sankara était de participer à la convention des sankaristes. Une convention qui s’est déroulée les 16 et 17 mai derniers et au cours de laquelle Me Bénéwendé Sankara a été désigné candidat unique des formations politiques et des associations qui se réclament de l’idéal sankariste ; qu’en pensez-vous ?

Je n’ai pas de commentaire à faire sur la désignation de Me Sankara comme candidat unique des partis sankaristes. Tout ce que je peux dire, c’est lui souhaiter bonne chance pour la présidentielle à venir. Par rapport à la convention, je trouve qu’elle n’a pas été bien organisée. Je pense que les organisateurs auraient pu lancer un appel pour demander à tous ceux qui épousent les idées de Thomas Sankara de venir à la convention. A mon avis, les responsables de l’Union des Sankaristes manquent de discours d’unité à l’endroit de tous ceux qui se réclament sankaristes. Ceux-là qui ont participé à la convention ne sont pas plus sankaristes que moi. Mais comme je n’ai pas reçu d’invitation et qu’il n’y a pas d’appel qui a été lancé pour inviter tous les sankaristes à la convention, je suis resté chez moi.

Mariam Sankara a été entendue le 18 mai dernier par le juge d’instruction en charge du dossier Thomas Sankara ; pensez-vous comme bon nombre de personnes que c’est un bon début pour la manifestation de la vérité ?

C’est une comédie, cette affaire de jugement des auteurs de l’assassinat de Thomas Sankara. Tant que c’est la justice burkinabè qui va se charger de ce dossier, je ne crois pas à un aboutissement. C’est de la plaisanterie. Vous savez bien comme moi que si ce dossier aboutit, il y a des hautes autorités actuelles de la transition, mais aussi des personnalités de l’opposition qui seront arrêtées parce qu’elles ont participé d’une manière ou d’une autre à cet assassinat. Pour les auditions, je pense qu’on devrait d’abord commencer par Blaise Compaoré. Si j’étais à la place de Mariam Sankara, je n’aurais même pas accepté de répondre à la convocation du juge d’instruction tant que Blaise Compaoré n’est pas présent. C’est lui le principal accusé, qu’on l’entende d’abord.

Vous pensez à qui exactement lorsque vous parlez d’arrestations ?

Je veux parler de Simon Compaoré, de Salif Diallo qui sont actuellement dans l’opposition et de Gilbert Diendéré et bien d’autres personnes. Si la justice doit bien faire son travail, ce sont des personnes que le juge doit entendre. Jusqu’à présent, cela n’a pas été fait, pas à ma connaissance, en tout cas.

Oui mais, c’est une procédure qui a été enclenchée et il est fort probable que les personnes dont vous parliez soient aussi entendues !

Si c’est le cas, tant mieux. Mais moi, je pense qu’on aurait dû commencer par ces personnes-là d’abord.

L’ancien parti au pouvoir, je veux parler du Congrès pour la démocratie et le progrès, vient de porter Eddie Komboïgo à la tête de son bureau politique national ; quel est votre commentaire ?
Je n’ai pas de commentaire à faire sur ce choix. C’est parce que les militants du CDP pensent que Eddie Komboïgo peut faire leur affaire qu’ils l’ont mis à la tête de leur parti ; cela n’engage qu’eux. Je les invite seulement à faire attention aux propos incendiaires que certains ont tenus bien avant la chute de Blaise Compaoré. Je vais terminer par demander au peuple burkinabè de faire un effort dans la construction d’un Burkina nouveau. Notre premier combat a été d’empêcher Blaise Compaoré de mettre en place le sénat, nous l’avons remporté. Notre deuxième combat était d’empêcher Blaise Compaoré de modifier l’article 37 de la Constitution. Ensemble, nous l’avons réussi. Notre troisième combat était de ne pas permettre à Blaise Compaoré d’être à nouveau le président du Faso après les élections de 2015 ; ensemble nous avons réussi à le chasser avant même les élections. Alors notre quatrième combat est celui de l’organisation d’une élection libre, transparente et crédible. Pour la réussite de ce combat, je demande au peuple burkinabè de s’unir, de se donner la main, d’éviter des comportements qui peuvent nous plonger encore dans une crise, surtout après les élections.

Propos recueillis par Yannick SANKARA
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