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Dr Bindi Ouoba, membre du Bureau exécutif national du MPP : « Eddie Komboïgo se moque du peuple»
Publié le dimanche 24 mai 2015  |  Le Pays
CDP
© aOuaga.com par A.O
CDP : la nouvelle direction face à la presse
Mardi 19 mai 2015. Ouagadougou. Palace hôtel. La nouvelle direction du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-parti au pouvoir) a rencontré les hommes et femmes de média à l`occasion d`un déjeuner de presse. Photo : Eddie Komboigo, président du CDP




La mise en place du nouveau Bureau exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), continue de susciter des réactions au sein de l’opinion publique et de la classe politique. Pour le Secrétaire chargé des questions de santé et de populations du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Bindi Ouoba, la composition de ce bureau constitue une « trahison du peuple ». Du reste, celui-ci a critiqué ouvertement les responsables du CDP qu’il accuse de n’avoir pas fait une bonne autocritique après l’insurrection populaire en désignant notamment Blaise Compaoré comme président d’honneur du Haut conseil national du parti. C’était lors d’un entretien accordé aux Editions « Le Pays », le vendredi 15 mai 2015, à Ouagadougou. Les échanges avec le docteur en pharmacie, Bindi Ouoba, membre du Bureau exécutif national (BEN) du MPP lui ont permis de se prononcer sur les arrestations des anciens dignitaires du régime déchu, le nouveau Code électoral, les relations entre le MPP, le CDP et l’UPC, la suspension des émissions interactives par le CSC et sur d’autres sujets d’actualité.

« Le Pays » : Vous êtes membre du Bureau exécutif national du MPP, quel est l’état d’esprit qui vous anime dans ce parti à quelques mois des élections de 2015 ?

Bindi Ouoba : C’est un esprit de combat qui nous anime. Nous voulons voir réussir la rupture que nous avons faite en quittant le CDP. Et nous avons pour ambition de bien corriger l’espace démocratique de notre pays.

Le MPP a effectué des tournées dans les régions auprès de ses militants de base, qu’est-ce qui ressort de vos rencontres avec les populations ?

J’ai participé à ces tournées et je garde un sentiment d’une très grande satisfaction par rapport aux messages que nous avons pu passer jusque-là. Nous pensons avoir été compris par la population. Bien sûr qu’il reste beaucoup encore à faire. Notre parti n’a que 2 ans et pour combattre un état d’esprit qui a prévalu durant 27 ans, ce n’est pas facile. Mais les tournées montrent que les populations ont des préoccupations qu’il faille arriver à résoudre avec elles. Car ce qui a été fait dans le passé n’a pas pu résoudre leurs problèmes. Les populations ont vraiment besoin de changement dans leur façon d’être gouvernées et d’avoir des ambitions réelles pour leur vie quotidienne.

Les responsables du CDP n’ont pas fait une bonne autocritique
Etes-vous confiant quant à la conquête de Kosyam au vu des réalités constatées sur le terrain?
Dans le combat politique, il ne faut jamais penser que l’on est gagnant et non plus, on ne peut pas se faire de l’auto-flagellation. Nous avons du travail à faire. Mais ce que nous voyons déjà sur le terrain, nous rassure et nous donne beaucoup d’espoir par rapport à la conquête du pouvoir même s’il reste beaucoup à faire.

Le CDP a tenu son congrès ordinaire qui lui a permis de mettre en place un nouveau bureau exécutif national. Quelle lecture faites-vous de la composition de ce bureau ?
La tenue du congrès du CDP est une activité ordinaire comme pour tous les autres partis. Ce sont les résultats du congrès qui sont une trahison du peuple. C’est du mépris par rapport à la lutte que le peuple a menée, de part la composition de leurs organes, notamment le Haut conseil national de ce parti. S’ils n’avaient pas de mépris pour le peuple, il y a des noms qui ne devraient pas figurer sur la liste des membres, qu’ils soient d’honneur ou quelle que soit leur place dans les organes du parti. Le nom de François Compaoré et celui de Blaise Compaoré ne devraient pas y figurer. Blaise Compaoré a failli à ce pays de même que le CDP. Les responsables du CDP n’ont pas fait une bonne autocritique. Ils ont dit qu’ils ont fait une erreur d’appréciation. Pour un parti qui a conduit le pays dans l’abîme, on aurait pu se passer de tout cela, car nous sommes dans une période de transition. Voyez tous les opérateurs économiques qui sont bloqués aujourd’hui parce que nous sommes dans la transition. Voyez l’état de l’économie de notre pays parce que nous sommes dans la Transition. Et qui en est responsable ? On aurait pu se passer de tout cela. Mais les responsables du CDP ne reconnaissent même pas cela. Et ils jouent au chat et à la souris avec les Burkinabè. Quand Eddie Komboïgo dit que dans un stade de 45 000 personnes, on ne peut pas identifier qui a soutenu ou pas le référendum, c’est dire qu’eux-mêmes ne reconnaissent pas avoir soutenu la modification de l’article 37. C’est quand même se moquer du peuple. C’est du mépris pour l’insurrection populaire et pour tout ce qui a été fait. Et tenir un langage arrogant comme ça pour dire que de toute façon, votre loi, mettez-la là où vous voulez, parce que vous ne pourrez jamais savoir qui a voulu modifier l’article 37, c’est très grave.

Vous parliez tantôt de trahison du CDP, en quoi la composition du nouveau bureau de ce parti constitue-t-elle concrètement une trahison du peuple ?

La trahison, c’est d’avoir reconduit les mêmes personnes. Même s’il y a eu changement, c’est un changement de jeu musical. Ce n’est pas le changement de personnes qui est le problème, mais celui de la vision. Les responsables du CDP ont dit qu’ils ont fait une erreur d’appréciation mais une erreur d’appréciation est minime par rapport à ce qui s’est passé. Ils ont trompé et trahi le peuple qui avait confié son avenir au CDP depuis longtemps puisque le parti l’a dirigé pendant 27 ans. Ils ont trompé le peuple et ça, c’est très grave. Il aurait fallu qu’ils commencent par là : nous vous avons trompé, nous avons trahi votre confiance, nous avons failli à l’espoir que vous avez placé en nous. Parce que nous avons conduit le pays à l’abîme. C’est ça l’autocritique. Mais on ne va pas dire que l’on a fait des erreurs d’appréciation. Cela veut dire tout simplement que les responsables du CDP se reprochent d’avoir mal manipulé et d’avoir mal perdu le pouvoir. C’est tout. Mais ils méprisent ce que le peuple a vécu.

D’aucuns estiment que Blaise Compaoré tire toujours les ficelles du CDP, qu’en dites-vous ?
De toute façon, quelles que soient les personnes qu’ils auraient mises, c’est toujours Blaise Compaoré qui est derrière. Puisque le CDP est une création de Blaise. S’ils voulaient que le peuple reconnaisse qu’il y a une mue, il aurait fallu même changer le nom de ce parti. Parce que le CDP sent la mal gouvernance, la mauvaise gestion, l’arrogance. Et ça, le peuple s’en souvient.
Comment peut-on gérer 27 ans durant un pays pour se retrouver dans un lambeau d’université ou avec des délestages ?

Quoi qu’il en soit, il y a eu une mobilisation au palais des sports de Ouaga 2000 à l’occasion du congrès du CDP, est-ce que cela n’inquiète pas outre mesure le MPP ?
Notre ambition, c’est d’avoir un bon espace démocratique. Sur ce point, qu’il y ait de la mobilisation autour du congrès du CDP, cela ne nous gène pas. Je voulais surtout dire qu’il vaut mieux être témoin de sa propre destruction que de se laisser compter. Ceux qui ont effectué le déplacement au congrès, c’est normal qu’ils le fassent. Ils sont des victimes innocentes comme nous l’avons été depuis longtemps. Ce sont des gens qui croient. Malheureusement, on fait toujours la confusion entre l’ivraie et la bonne graine. C’est cela le problème du CDP. Les gens pensent qu’ils ont à faire à un bon parti, mais c’est de l’ivraie. Un parti qui n’a jamais eu de politique de cadres. Aujourd’hui, tous les délestages que nous connaissons, la situation économique dans laquelle nous sommes, l’émiettement, les lambeaux d’années universitaires, qui en est responsable ? C’est le CDP. Comment peut-on gérer 27 ans durant un pays pour se retrouver dans un lambeau d’université ou avec des délestages ? C’est quand même grave.
Mais le MPP a aussi une part de responsabilité dans cette situation d’autant plus que nombre de ses leaders étaient également du côté du pouvoir ?

Oui, sauf que ceux dont vous parlez ont, à maintes reprises, signalé et attiré l’attention de Blaise Compaoré lui-même sur la mal gouvernance. Et la dernière fois, cela a failli être jugée comme un scandale. C’était quand Salif Diallo (ndr : 1er vice-président du MPP, chargé de l’orientation politique) a écrit sur la patrimonialisation du pouvoir. Ce sont des mots forts et justes, tenus au bon moment. Nous avons participé, c’est vrai, mais nous avons eu à attirer l’attention des premiers responsables sur la dérive démocratique de notre pays.
L’actualité nationale reste toujours marquée par l’arrestation des anciens dignitaires du régime déchu. Comment avez-vous accueilli cette initiative des autorités de la Transition ?
Je l’apprécie positivement parce que dans ce pays, il ne faut plus que l’on laisse l’impunité se développer. Nous sommes un pays pauvre. Les ressources que nous avons doivent être bien gérées. Et si l’on responsabilise des gens pour gérer les ressources communes, il faut que ce soit fait en tenant compte de l’éthique politique qui est exigeante dans ce pays. Le fait d’avoir interpellé certaines personnes soupçonnées de malversations, est un bon début. Mais ce n’est pas nouveau. L’exigence de la bonne gouvernance existe depuis 1966. Le président Maurice Yaméogo a été jugé pour malversations. Au temps des Comités nationaux de la révolution (CNR), on a jugé des directeurs, même des présidents pour malversations. Donc, c’est une suite normale des choses. C’est ce qu’il aurait fallu continuer, il n’aurait jamais fallu que l’on laisse l’impunité s’installer car l’on avait déjà bien commencé à mettre en place des instruments, notamment les interpellations pour que la chose publique soit bien gérée. Mais Blaise Compaoré a installé la corruption. Son système de gestion était la corruption pour pouvoir tenir les gens en laisse au mépris des intérêts du pays. Son problème, était de rester au pouvoir en laissant les gens faire ce qu’ils veulent, puiser là où ils veulent pourvu qu’ils ne touchent pas à son pouvoir.
Les arrestations ont atteint les rangs du MPP, est-ce que cela ne perturbe pas la quiétude des responsables de votre parti ?

Pas du tout. Nous sommes des Burkinabè et nous devons tous répondre devant la loi. Cela est tout à fait normal. On ne peut pas faire de la sélection. Si nous sommes coupables de mauvaise gestion, nous devons répondre comme tous les autres Burkinabè. En cela, je peux dire que nous ne sommes pas perturbés. Ce que les gens ignorent, c’est que les premiers responsables du MPP ont été politiquement conscients des situations depuis longtemps. Prenez l’exemple de Simon Compaoré qui a géré la mairie centrale pendant longtemps. Il y a eu des maires d’arrondissement accusés d’avoir fait des malversations dans les parcelles ; je peux vous dire que Simon Compaoré, malgré le nombre de parcelles qu’il y avait, n’a pas de parcelle à Ouagadougou. Il n’en a pas.
Sur quelle base faites-vous ces affirmations ?
Parce que je le connais et je mets au défi quiconque peut sortir une parcelle pour dire qu’elle porte le nom de Simon Compaoré à Ouagadougou. Je mets au défi la personne.
Le nouveau Code électoral frappe d’inéligibilité toutes les personnes ayant soutenu la modification de la Constitution. Que répondez-vous à ceux qui crient à une exclusion manipulatrice suite au vote de cette loi et qui estiment que son application posera un problème de cohésion sociale ?
C’est l’impunité et l’injustice qui peuvent être sources de troubles sociales, mais pas la justice. La loi dit que, l’insurrection dit que (puisque la loi est l’aboutissement de l’insurrection), tous ceux qui ont failli politiquement, qui ont trompé le peuple politiquement (c’est l’esprit hein !), on ne doit pas leur permettre de tromper une nouvelle fois ce peuple qui leur avait fait confiance. On ne peut plus leur donner l’occasion de tromper encore le peuple. C’est une faute très grave qu’ils ont commise et qui a amené le peuple à l’insurrection. Ceux qui pensent qu’ils ont commis la faute, ceux qui respectent et aiment le peuple, qui ont encore un peu de dignité en eux, doivent savoir se conduire. C’est ce qu’on leur demande. Mais il ne faut pas se foutre de ce peuple, soit disant que l’on ne peut pas identifier qui a soutenu l’article 37. C’est tout le peuple qui était à Azalaï hôtel pour aller voter ? Pourquoi des gens se sont-ils sentis obligés d’aller dans un hôtel pour dormir avec la sécurité autour ? C’était pourquoi ?

Certains responsables de partis politiques comme Djibrill Bassolé de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), ont affirmé ne pas du tout se sentir concernés par l’inéligibilité et qu’ils seront candidats aux élections. Comment expliquez-vous leur attitude suite à l’adoption du Code électoral ?
Je voudrais demander à Djibrill Bassolé où est-ce qu’il était au Conseil des ministres qui a adopté le projet de loi portant révision de l’article 37. Où était-il ? Est-ce qu’il a été visible au cours de ce conseil des ministres ? Est-ce qu’à la sortie de ce conseil, il y a eu un ministre ou bien Djibrill Bassolé qui s’est démarqué de l’adoption de ce projet ? Qu’il le dise parce qu’il avait le loisir de le faire.

Mais il susurre qu’il a donné, en tant que haut gradé de la gendarmerie, des instructions pour qu’il n’y ait pas un bain de sang.
Mais ça c’est ce qu’il dit, il ne peut pas nous le prouver. Et puis, ce n’est pas quand l’insurrection devient ingérable que chacun va se mettre à dire qu’il a fait ceci ou cela. Et avant cela ? Tout le monde voyait l’insurrection venir. Qu’ont-ils fait avant cela ? Est-ce qu’ils ont arrêté le processus ? Ils ne l’ont pas fait. Quand l’insurrection est devenue ingérable, à partir de ce moment, que tu dises aux gens de ne pas tirer, c’est parce que c’est ingérable, ce n’est pas parce que tu as une conscience politique qui ne veut pas qu’il y ait des troubles politiques, je suis désolé. Il avait le loisir avant que l’on en arrive là, d’arrêter tout pour que l’insurrection ne se produise pas.
L’épouse de feu Thomas Sankara est rentrée au pays pour être auditionnée sur le dossier concernant l’assassinat de son mari et participer au congrès des sankaristes. Comment avez-vous accueilli le retour au bercail de Mariam Sankara ?

Son retour au pays est une bonne chose parce qu’elle participe d’abord au renforcement de l’espace judiciaire et démocratique. Elle participe de la recherche de la vérité. Quand un pays comme le nôtre a connu tant de souffrances, de troubles, de violences politiques et que l’on ne sait pas qui a fait quoi, c’est difficile de le stabiliser socialement. Donc, l’arrivée de Mariam Sankara doit participer à la recherche de la vérité et de la justice de l’histoire récente du pays. Sur le plan politique, c’est un renforcement de la démocratie et il faut saluer cela. C’est du reste l’ambition du MPP. Nous ne pouvons que saluer cette arrivée de l’épouse de Thomas Sankara.
L’arrivée de Mariam Sankara peut-elle favoriser l’unité des partis sankaristes ?
Il y a toujours dans un parti ou dans un regroupement humain, des gens qui sont fédérateurs. Si Mariam Sankara peut être un élément fédérateur, c’est une bonne chose pour notre pays de façon générale. Je ne pense pas que l’émiettement de ceux qui répondent de l’idéologie sankariste participe à une bonne visibilité de son message. Si elle peut être un élément fédérateur, ce sera bien pour le peuple burkinabè.

Nous ne sommes pas dans un combat fratricide mais un combat d’idées et il faut rester à ce format-là

Au PDS/Mètba, l’espoir de l’union semble voler en éclats, le divorce politique étant consommé entre le nouveau président du parti, Philippe Ouédraogo et l’ancien vice-président, Etienne Traoré qui a rendu le tablier. Comment analysez-vous cette donne issue de leur dernier congrès ?

Il m’est difficile d’apporter un jugement sur le fonctionnement d’un parti politique en tant que tel. Mais je pense que l’on gagnerait toujours au Burkina Faso, à faire plus preuve de tolérance et d’écoute les uns envers les autres pour avoir la confiance de la population. C’est surtout cela. Quand on passe le temps à se diviser, on désoriente totalement la population par rapport à la chose politique. C’est cela seulement que je peux dire sinon, c’est difficile de savoir ce qui s’est passé. Mais le constat que l’on peut faire, c’est que ça ne participe pas à la bonne visibilité du combat politique.

Etienne Traoré serait accusé de vouloir soutenir le MPP avec le PDS/Mètba. C’est ce qui constituerait la pomme de discorde avec une partie des militants. Que dites-vous à ce sujet ?
Je ne connais pas les causes de leur scission. Que se soit pour soutenir le MPP ou pas, je n’en sais rien. Dans tous les cas, le MPP est ouvert à tout parti, à toute personne ou tendance politique qui comprend notre combat politique et qui peut le soutenir. Sur ce point, on reste ouvert.
Quelles sont vos relations actuelles avec les responsables du CDP ?

Au sein du CDP, il y a des gens avec lesquels nous avons évolué pendant longtemps, parfois 30 ans, voire plus. On a des relations sociales mais on ne fait pas la confusion entre la lutte politique et les relations personnelles que l’on peut avoir avec les uns et les autres. Ces relations doivent toujours rester. On ne doit pas sacrifier les relations personnelles sur l’autel de la politique. Ce n’est pas bon parce que ça ne construit pas le pays. Nous ne sommes pas dans un combat fratricide mais un combat d’idées et il faut rester à ce format-là. Parce que c’est un combat d’idées, pas de personne à personne.

Est-ce qu’il arrive que vous échangiez entre vous, avec les responsables du CDP et que vous vous disiez certaines « vérités » ?

C’est évident, on ne peut pas éviter cela. Puisque ce sont des personnes qui ont été des « camarades de lutte», il est normal que s’il y a des divergences, elles sont là, quand on se retrouve, on revienne sur ça. On en parle, chacun essaie de convaincre l’autre.

Et qu’en est-il de vos relations avec Zéphirin Diabré puisque la réplique du discours politique entre l’UPC et le MPP, semble montée d’un cran à l’approche des élections ?

Les relations entre l’UPC et le MPP sont celles de deux partis qui cherchent le pouvoir. L’UPC cherche le pouvoir et nous aussi. C’est ce type de rapport qui existe entre nous. C’est un combat d’idées également, donc forcément, il y a des observations que nous pouvons faire sur leur façon de voir les choses et vice-versa. A ce niveau, c’est un combat démocratique, républicain, politique qui n’a rien de particulier.

Le MPP est souvent accusé de soutenir beaucoup d’Organisations de la société civiles (OSC) qui travailleraient pour le compte de ce parti. Que répondez-vous à ces accusations ?

Dire que les OSC travaillent pour le compte du MPP, ce n’est pas cela, c’est leur faire une injure. A un moment donné, nous pouvons avoir une convergence d’intérêts avec les OSC. Par exemple, le départ de Blaise Compaoré a été une convergence d’intérêt politique pour nous et elles aussi, recherchaient la bonne gouvernance. A ce niveau, il y a eu une convergence. Cette convergence peut continuer sur d’autres aspects et ça, c’est tout à fait normal, car les OSC constituent un autre pouvoir. Et il faut que désormais, on le sache dans ce pays. C’est d’ailleurs parce qu’il y a un contre-pouvoir que l’on arrive à faire partir des régimes. Ce qui s’est passé par exemple le 3 janvier 1966, c’était la société civile qui a fait partir Maurice Yaméogo.

Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a suspendu pour trois mois les émissions interactives. Comment avez-vous accueilli cette décision qui fait l’objet de polémique ?
Pour ma part, je pense que la décision prise par le CSC n’est pas opportune. Parce que ce mode d’expression fait partie de celui de la culture burkinabè. Il faut respecter notre culture. Les gens ont l’habitude de vouloir s’exprimer comme ça. C’est pour cela que les émissions interactives étaient acceptées et prisées. Maintenant, s’il y a des débordements, c’est cela qu’il faut encadrer. Et ça, c’est le devoir des responsables d’émissions de pouvoir encadrer cela pour que l’on ne puisse pas porter atteinte à la moralité d’une personne, d’un individu. Mais en tant qu’instrument d’expression, on ne devrait pas supprimer ces émissions. Je ne pense pas que ça participe au renforcement de la démocratie. Parce que si les gens ne s’expriment pas, qu’est-ce qu’ils vont faire alors qu’ils ont besoin de s’exprimer ? On ne peut pas étouffer la parole des gens. Il faut les laisser s’exprimer pour tout le monde, pour le gouvernement, pour les hommes politiques pour savoir exactement les préoccupations réelles des populations. Quand vous partez à un meeting, c’est vous qui parlez, est-ce que la population parle ? Vous ne savez pas ce qu’elles pensent. C’était des instruments qui permettaient au citoyen de s’exprimer sur la marche de son pays, sur la prise de certaines lois, etc. Et c’est aux gouvernants de les écouter à l’orée des élections.

Quel message donnez-vous aux populations et à vos militants en particulier dans un contexte préélectoral ?

Nous souhaitons que nos militants se mobilisent davantage. Et qu’ils ne prennent pas pour acquis ce qu’il y a déjà. Qu’ils sachent que le combat politique ne fait que commencer. Nous souhaitons que ce combat se passe dans la paix sociale. La lutte politique n’est vraiment pas une guerre civile. Il faut que les uns et les autres se départissent de comportements qui peuvent remettre en cause la stabilité et la paix sociale. Qu’ils comprennent que c’est juste un combat politique, d’idées et non de personne car nous gagnons tous à ce que ça se passe bien.

Interview réalisée par Saïdou ZOROME
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