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Insécurité: « Kogl-wéogo », un tribunal populaire inquiétant
Publié le samedi 16 mai 2015  |  Sidwaya




Une structure locale de sécurité appelée « Kogl-wéogo » est en train de prendre du terrain dans la province du Ganzourgou. Mise en place récemment dans la commune de Zorgho, elle a appréhendé pour la première fois des présumés voleurs de bétails qu’elle a punis publiquement conformément au «code» de la structure. C’était le mercredi 13 mai 2015 dans le village de Soubdougou à la sortie nord de la ville de Zorgho.

Il est presque 18h lorsque nous arrivons ce 13 mai 2015 dans le village de Soubdougou à quelques 5 km du centre ville de Zorgho. Sur une clairière hors des habitations du village, grouille un grand monde qui fait penser à un marché. Au milieu de ce beau monde, au pied d’un arbre, un jeune homme (Abdou Kaboré) de forte corpulence, torse nu et couvert de poussière fait l’objet du spectacle.

A voir son dos ensanglanté et les traces de corde sur ses poignets, l’on s’imagine déjà la souffrance que ce monsieur a endurée, d’autant plus que cela durerait depuis le matin.Pour mieux comprendre et sans nous attirer la colère du groupe (puisque nous avons appris que les photos et enregistrements sont proscrits sur les lieux), nous cherchons à voir un des leaders.

On nous conduit devant un groupuscule à l’écart. Après notre profession de bonne foi, un homme du nom de Moussa Kafando, fusil de chasse en bandoulière nous explique au milieu d’un cercle d’auditeurs qui ne faisait que s’agrandir. Celui-ci nous confirme qu’il s’agit de l’association Kogl-wéogo de Zorgho, mise en place, il y a moins d’une semaine, qui a appréhendés des présumés voleurs de bétail et est en train d’appliquer les règles de la structure.

En effet, selon les explications, Abdou Kaboré, originaire du village de Nabitenga (Zorgho) a été appréhendé la veille par les membres de la jeune association en train de dépecer un mouton dans le marché de Bassem, village situé à une dizaine de km au nord de Zorgho.

Face aux difficultés qu’avait Abdou Kaboré pour joindre celui qui lui a vendu l’animal (selon lui, un peulh du village de Kodémendé), il a été conduit devant le responsable de l’Association et conformément à leurs lois, il a été ligoté et fouetté publiquement. A travers ce supplice, il a dénoncé quatre autres personnes que les membres de l’association ont pu ramener et infliger le même sort.

Selon Moussa Kafando, ces derniers ont été libérés après avoir payé l’amende qui leur a été imposée. Quant à Abdou Kaboré, il est toujours gardé parce que les investigations ont montré que celui-ci détient deux armes à feu. La première, un fusil de chasse a été retrouvé mais la seconde, un pistolet artisanal est introuvable.

Les deux femmes de Abdou Kaboré ont été emmenées devant leur mari et ont subi un interrogatoire à ce sujet sans résultat. Celui-ci supplie de le laisser rentrer afin de ramener l’arme. Il a confessé qu’il y a deux ans, il avait déjà été impliqué dans une affaire de vol de bœuf.

Tout en déplorant le manque de communication pour expliquer le fonctionnement de l’association, le présumé voleur a indiqué que cette action va mettre fin au vol car quiconque voit ce qu’ils ont enduré sait que c’est une activité qui empêche le développement et conduit à une mort prématurée. « Si je quitte ici, j’intègrerai cette association », a-t-il dit.

Comment fonctionne l’association Kogl-wéogo ?Selon Moussa Kafando, cette initiative est née dans le Bazèga plus précisément dans le village de Rassamkandé pour lutter avec les forces de sécurité contre les divers vols dans les villages, principalement les vols de bétails et de volaille.

Dans sa démarche, elle s’attaque aux vols postérieurs à sa mise en place et se base sur les faits avérés. Selon lui, au regard de l’efficacité des actions menées dans ce village, plusieurs localités s’en sont inspirées et ont mis en place leurs structures. Les différentes structures travaillent en réseaux et suivant le lieu, elle a plusieurs appellations : «Kiisid Na yan» (traduction : celui qui nie verra), Kogl-wéogo (protection de la brousse), « Ri-mdila » (consommons ce qui nous appartient)…

La mise en place de ces structures implique plusieurs villages et fait l’objet d’une publication. Le bureau de l’association comporte les responsables, les « juges », « les conseillers », «les bourreaux »… Les voleurs et leurs complices sont punis de la même façon : achat de corde à 5000F pour être ligoté et fouetté, amende de 15 000f pour un œuf volé, 50 000 f pour un poulet, 150 000 F CFA pour un petit ruminant et 300 000 F pour un bœuf.

Si l’animal n’est pas retrouvé, son propriétaire fixe son prix qui devrait être payé en sus de l’amende.Comme base légale de l’association, on évoque simplement une autorisation que le Chef de Rassamkandé aurait obtenue du Mogho Naba et des chefs coutumiers de la localité, tout en envisageant entreprendre les démarches pour officialiser la structure auprès de l’administration.

Pour mémoire, les membres de Koglwéogo de Mankarga V5 dans la commune de Boudry avait eu maille à partir avec les forces de sécurité autour d’actions semblables en avril dernier.

Face alors à cette soif populaire de sécurisation des biens dans la localité mais qui peut avoir des dérapages, il est temps que les plus hautes autorités se penchent sur la question afin de l’encadrer avant que la situation ne devienne incontrôlable.

Sidgomdé
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