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L’Observateur N° 8329 du 11/3/2013

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A djandjoba, djandjoba et demi…
Publié le mardi 12 mars 2013   |  L’Observateur




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L’encre indélébile de la CENI, je m’en souviendrai. Je vous le dis, si on m’avait prévenu, je n’aurais pas voté à ces législatives et machins couplés du 2 décembre. Ou j’aurais voté mais c’est plutôt mon pouce que j’aurais plongé dans leur encre au lieu de l’index. Dites donc ! C’est quoi cette histoire ! Figurez-vous que plus de trois mois après le scrutin, j’ai toujours de l’encre sur le doigt. Ils auraient mieux fait d’utiliser de l’encre de Chine de Zeph au lieu de cette encre de Nongr-Massom.

De l’encre indélébile, votre truc ? De l’encre éternellement indélébile plutôt oui ! La providence faisant bien les choses, je n’ai pas participé aux élections complémentaires comme ils disent. Comment aurais-je pu puisque j’étais à l’hosto ? Et même si j’avais pris part à cette seconde phase, j’aurais exigé que les scrutateurs et moi soyions d’accord sur un point : nul doigt dans nulle encre. C’est à prendre ou à laisser. D’ailleurs, ce scrutin de rattrapage ne m’apporte pas grand-chose.

A l’heure où je parle, je ne sais pas de quel arrondissement je relève ni qui est mon nouveau maire. On leur avait dit de supprimer ces histoires de secteur et d’arrondissement à numéros et de revenir à nos bons vieux quartiers de Bilibambili et de Tiédpalogo. Ça fait plus historique et plus tropical. Et tout ce qu’ils ont trouvé à faire c’est de multiplier les secteurs et arrondissements par dix. Moi je n’ai pas vu la photo de mon ancien maire dans le journal. J’en déduis qu’il a fait les frais du fameux congrès du Tukguili.

A cause de mon hospitalisation, j’ai aussi échappé à la Saint-Valentin de cette année. Le 14-Février est en effet une des journées que j’abhorre le plus. Cette journée où, pour faire de la nègrerie nous nous habillons de blanc pour faire comme les Blancs. Karissa !

J’ai échappé au 14-Février, mais je n’ai pas échappé au 8-Mars. Ce disant, je n’insinue pas que je n’aime pas non plus le 8-Mars. Quoique… Je ne suis pas un pourfendeur de djandjoba. Il vaut mieux du djandjoba que pas de djandjoba. Parce que plus on a de djandjoba, plus on rigole.

Grâce au ciel, cette année pour les pagnes, il n’y a pas eu de guerre des coloris. Vert pour toutes ! Il aurait pu en être autrement si la fête devait se dérouler peu avant la campagne électorale des législatives. Sinon, à la place d’un ou deux djandjobas géants, on aurait plutôt assisté à une multitude de djandjobas modestes dans les fiefs. Tout le monde s’y mettrait, surtout les nouvelles «jeunes louves» du Congrès. Djandjoba à Yako… hum ! Djanjoba à Léo… hum ! Djandjoba à Pabré… hum ! Djandjoba à Réo… hum ! A djandjoba, djandjoba et demi. A quota genre, quota genre et demi.

Et puis, ce fût une bonne idée de célébrer la fête à Manga.

J’ai failli me rendre à Manga pour la commémoration officielle aux côtés du Tout-Ouaga et du Tout-quota genre. C’est André Eugène Ilboudo qui m’en a dissuadé. Il m’a dit que si je me rendais à Manga, je risquais d’y laisser ma peau et il semblait savoir de quoi il parlait. J’ai donc regardé la cérémonie à domicile. A la télé je voyais de milliers de Mangalaises, avec des monts et des vallons là où il en faut. Et j’avais des idées dans la tête.

Les pagb-naabas de Manga, avec leurs larges et longues cicatrices me connaissent bien. Toégui ? Parlez-leur de Toégui et elles vous en diront des nouvelles. Je vais tout vous dire. Les pagb-naabas à cicatrices du Zounwéogo, c’est mon péché mignon. Lorsque j’en rencontre une, je suis dans tous mes états. Mes yeux commencent aussitôt à briller de haut en bas et de gauche à droite. Et je me mets à me pourlécher les babines. Si vous me voyez dans cet état, il faut vite me lier sans vous poser de questions.

Je pense à un petit bonhomme de mes amis. En lisant ces lignes, il va se dire : «Ce Toégui, il fait comme s’il élucubrait alors qu’en réalité il est comme ça».

Petit gars, tu me connais, je te connais aussi. Mais j’ai raison non ? Jamais je n’avais vu autant de pagb-naabas rassemblées en un même lieu.

Noufou Ouédraogo a fait ses adieux à l‘agitation active. A l’occasion il a déclaré qu’il a eu à déjeuner avec Bernard Tapie et Sylvie Berlusconi. Tiens ! Où ça ? Quand ? Comment ?

Un autre Ouédraogo qui ne fait plus parler de lui, c’est Chacré Cheydou le Bakariseur. Aurait-il lui aussi mis fin à la Bakarisation ?

Il n’y a rien à dire, la commémoration du 8-Mars à Manga fut un succès. Mais dites-moi, vous avez vu ce groupe de chasseurs, bardés de gris-gris, dans leur uniforme de sorciers ? Ils tiraient des coups de fusil, chantaient, exécutaient des pas de warba à vous donner le frisson. Celui qui menait la danse portait au cou un coq vivant qui, au fil des pas de danse se transformait tantôt en pintade, tantôt en… épervier. Des maléfices. Trois jours après le 8-Mars, j’en sais toujours gré à André Eugène Ilboudo de m’avoir mis en garde.

Le succès de la fête est indéniable. Mais il y a tout de même quelque chose qui m’étonne. On nous dit que le 8-Mars vient de Chicago. De Chicago ou d’Atlanta, je ne sais plus. Pourtant j’ai bien regardé la télévision d’Amérique ce 8-Mars. Il n’y avait nulle part ni djandjoba, ni défilé, ni agapes, ni pagnes, ni journée chômée et payée. Et dit-on qu’à Paris non plus il n’y a rien eu qui rappelle le 8-Mars.

La nègrerie… On a tous chacun un bout de nègrerie tapi au fond de nous. Moi qui vous parle, j’élucubre hoba hoba, mais j’ai ma nègrerie à moi. J’ai une large tonsure au sommet du crâne. En mars-avril et même au-delà, le soleil me fait si mal que parfois j’ai le vertige et je me refugie à l’ombre, ou je me protège la tête des deux mains. La logique voudrait que je porte un chapeau de Saponé, mais non, la nègrerie me tient. Je marche crâne nu.

Carton vert à l’UPC. Le Parti du lion a tenu sa première journée parlementaire à Léo, et a décidé de s’attaquer à ces exploitants agricoles qui ne sont pas des agriculteurs et qui mettent en péril l’existence de nos forêts. Haro sur ces grands commis de Ouaga qui veulent transformer les champs de nos cultivateurs en haciendas. Si en Argentine, on peut être grand fonctionnaire de l’Etat et exploitant agricole à la fois, tel n’est pas le cas au Faso.

Retour à Manga. A la fin de la manifestation, le Maître de Cérémonie a pris sa plus belle voix pour inviter le Directeur Marketing de la société de téléphonie mobile AIRTEL à se présenter à la tribune officielle pour remettre son cadeau : il s’agissait de 2 000 actes d’état-civil offerts à 2 000 femmes de Manga. Cet énorme coup de publicité était la mauvaise note de la journée.

Un opérateur économique privé, œuvrant dans un secteur concurrentiel n’avait pas sa place dans une manifestation d’Etat présidée par la Première Dame, le Premier ministre et bien d’autres ministres de la République. Chapeau à la société AIRTEL qui a décroché un tel marché publicitaire mais haro à la structure qui a autorisé ce partenariat.

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