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Me Mamadou Traoré, bâtonnier de l’Ordre : «les avocats n’ont pas fait vœu de pauvreté »
Publié le mardi 5 mai 2015  |  L`Observateur Paalga
Sanctions
© aOuaga.com par Séni Dabo
Sanctions d`avocats : le bâtonnier s`explique
Mercredi 19 février 2014. Ouagadougou. Le bâtonnier de l`Ordre des avocats, Me Mamadou Traoré, a animé une conférence de presse sur les sanctions de radiation et de suspension prises contre des avocats. Photo : Me Mamadou Traoré, bâtonnier de l`Ordre des avocats




C’est un bâtonnier visiblement remonté contre la récente sortie du ministère de la Justice qui a rencontré la presse dans la soirée du 4 mai 2015 au siège de l’Ordre. En rappel, pendant le point de presse animé le 30 avril dernier, le secrétaire général du ministère, Paulin Bambara, avait annoncé que les assises criminelles, qui devraient se tenir du 4 mai au 26 juin 2015, ont été reportées sine die, le temps de trouver un accord avec les avocats, qui exigeraient le triplement des honoraires de la commission d’office.

Pendant plus d’une heure d’horloge, le président de l’Ordre des avocats du Burkina, Mamadou Traoré, n’en décolérait pas, lui qui estime avoir été surpris de lire dans la presse que « les avocats veulent prendre les assises criminelles en otage» pour des raisons seulement pécuniaires alors qu’il s’agit d’un vieux problème qui n’a même pas été évoqué lors des dernières rencontres avec les différentes parties. A l’écouter, il est vrai que cette revendication est inscrite dans les doléances, mais il y a de « vieux problèmes » encore plus importants au sein de la Justice que le Barreau souhaite voir réglés pour une justice du riche et du pauvre. C’est le cas de certains dossiers pendants, notamment ceux impliquant des magistrats, des dossiers d’assises transmis aux avocats commis d’office à quelques jours de début des sessions, ce qui ne facilite pas un système efficace de défense, la notion d’ancienneté de mandat lors des jugements, etc.

Du reste, Me Traoré ne trouve rien à redire sur la volonté de revoir à la hausse les honoraires de la commission d’office, qui est de 100 000 francs CFA. « Les magistrats sont payés, les journalistes et les ministres également. Soyons réalistes : si les avocats demandent une amélioration de leurs honoraires, où est le problème ? En matière de citoyenneté et de patriotisme, nous n’avons de leçon à recevoir de personne ». Et d’énumérer les différentes prestations et assistances judiciaires offertes gracieusement par l’Ordre, non sans comparer les honoraires de la commission d’office reçues au Burkina à ceux d’autres pays comme le Bénin (300 000 FCFA) et le Sénégal (500 000 FCFA). « Nous, on s’en fout que le dossier Guiro soit dans ces assises. Nous ne sommes pas dans un enjeu politique. Nous ne voulons pas faire de la figuration dans ces assises, qui concernent des prévenus qui risquent la peine capitale ou la prison à vie. Vous savez que les assises, ce n’est pas seulement à Ouagadougou. Il y en a à Koudougou, Bogandé, Dori, etc. Vous savez combien d’avocats ont cassé leur voiture en rejoignant ces juridictions, et qui n’ont jamais été dédommagés ? Et les frais aux compléments de dossier, les frais d’hôtel, de carburant ? Vous imaginez que si l’avocat est absent de son cabinet, la vie s’arrête quelque peu. Nous sommes une profession libérale. Nous devons payer le loyer, nos employés, et sommes assujettis aux impôts comme tout autre».

Parce qu’un journaliste a demandé si dans une circonstance exceptionnelle (Transition), l’Ordre des avocats ne peut pas surseoir à cette revendication, Me Benao Batibié a bondi de son siège et fait cette remarque qui, visiblement, donne à réfléchir. «Parce que nous sommes en transition, vous voulez que l’on passe par pertes et profits cette revendication dans l’espoir de lendemains meilleurs ? Quand on raconte qu’il n’y a pas d’argent, je n’ai jusque-là pas vu où est parti l’argent de ce pays. Jusque-là, à ma connaissance, je n’ai pas lu de noms de personnes qui seraient parties avec une bonne partie du budget du Burkina. J’aurais compris si on nous avait dit où est parti l’argent. L’Etat fonctionne toujours ». Et le bâtonnier de venir à sa rescousse en disant : « Soyons réalistes. De même qu’on paie une 4×4 pour les missions d’un ministère, de même on doit permettre à l’avocat de défendre efficacement un client qui risque la peine capitale et n’a malheureusement pas les moyens de se procurer un défenseur. L’Ordre des avocats n’est pas un ordre de moines tibétains. Nous n’avons pas fait vœu de pauvreté».

En résumé, c’est un ordre ferme sur ses positions, pour avoir beaucoup patienté, estime-t-il, qu’il nous a été donné de voir en cet après-midi de lundi. Les assises étant reportées sine die, le bâtonnier a conclu que les tractations se poursuivraient avec les différentes parties, dans l’espoir que leurs préoccupations seront un jour prises en compte.

Issa K. Barry


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