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Fermeture des maquis à Ouagadougou : la version des gérants
Publié le jeudi 30 avril 2015  |  Le Quotidien




Suite à la fermeture des débits de boisson entreprise par la police municipale de la ville de Ouagadougou, les 21 et 22 avril 2015, nous avons rencontré quelques responsables de ces maquis, le mercredi 29 avril 2015. A cette occasion, ceux-ci n’ont pas manqué d’exprimer leur ras le bol en ce qui concerne les méthodes appliquées pour la fermeture de leurs établissements.
Christian Ouédraogo, promoteur du maquis le « Jema »
« Pour une nuisance sonore, vous venez ramasser le matériel sonore et vous nous convoquez, on va venir répondre »
J’ai commencé à travailler au « Jema » en juillet 2013 et c’est le 21 avril 2015 que la police municipale est venue fermer. La police municipale nous accuse de nuisance sonore suite à des plaintes qu’elle a reçues. Elle a fait quelques descentes pour nous le signifier et à un moment donné nous avions arrêté de jouer la musique, chose qui a beaucoup eu un impact sur notre clientèle. Si j’ai bonne mémoire, je pense qu’ils sont arrivés un week-end à 16 heures, un autre à 19 heures et souvent à des heures où j’ai le droit de jouer la musique. Quand je reprenais le bar, je suis allé vers les autorités municipales et j’ai demandé est ce que je pouvais avoir une autorisation en bonne et due forme à mon nom et au nom de mon gérant ? Ils m’ont dit : « Au stade actuel, nous ne délivrons plus d’autorisation ». Mais comme l’établissement a toujours été un bar et a toujours fonctionné avec une autorisation légale qui me permettait d’exercer mon métier, alors j’ai débuté mes activités. Ils disent qu’il y a des clauses qui sont déterminées sur l’autorisation. Il n’y a aucune clause qui dit que si je n’ai plus envie d’exercer dans un établissement, je ne dois pas le louer à quelqu’un. Si eux, ils ont ces textes-là, ils n’ont qu’à mettre sur l’autorisation. Là, au moins, on saurait que si tu as un établissement et que tu veuilles céder à une tierce personne, que celle-ci sache à quoi s’en tenir. Je ne dois à personne. Mes impôts, le BBDA, les services de salubrité, la visite périodique de mes employés, j’ai toujours assuré ces charges. Ce que je déplore, c’est le fait que l’on me reproche de nuisance sonore et qu’on vienne ramasser tout mon matériel. Il n’y a pas de raison. Pour une nuisance sonore, vous venez ramasser le matériel sonore et vous nous convoquez, on va venir répondre. Nous avons fait six mois sans la musique, ce n’est pas pour autant que nous avons fermé. C’est vrai que c’était devenu pénible, mais on s’accrochait. Comme ils disent que la notification de fermeture est une décision ministérielle, on ne peut que se plier au respect des textes. Je pense quand même qu’il aurait fallu une concertation afin d’éviter que l’on en arrive là. Parce que, après tout, on met des gens à la porte, cela crée le chômage, je pense que c’est laborieux.

Zongo Sana Jean Gérant du bar night-club « le Jema » de la Patte d’oie.
«Nous appelons les autorités à avoir un œil regardant par rapport à ces autorisations d’ouverture »
C’est exactement au début de ma prise de fonction, précisément au mois d’octobre, qu’un de mes employés m’a signifié qu’une notification de fermeture est arrivée et je l’ai lue. Un matin j’étais là en train de nettoyer les machines, lorsqu’un agent de la police municipale est venu à moi, me demandant de débrancher les appareils. Ne le connaissant pas, je lui ai dit que je ne le connais pas, donc il ne peut pas me demander de débrancher les appareils. A ce que je sache, j’aurais appris qu’il y aurait une voisine d’origine étrangère et un autre détenteur de lieu de culte qui se sont plaints de nuisance sonore et à l’issue desquels la police a fait maintes descentes dans le maquis pour constater les faits. Dans un premier temps, je lui ai demandé s’il détenait un papier qui l’autorisait à effectuer cela. C’est en ce moment donc, que je me suis rendu compte que c’était toute une équipe qui était présente. Ainsi, l’agent a donné l’ordre à ses compagnons de ramasser le matériel. Ensuite, il m’a ordonné d’ouvrir la boite, je lui ai dit que je ne possédais pas la clé. Là, il a défoncé la porte, et commencé à ramasser tout ce qui était à l’intérieur. Pendant qu’ils ramassaient, je leur ai demandé si en pareille circonstance, on ne permettait pas de faire l’état des matériels avant qu’on emporte ? Il ne m’a pas répondu. Ils ont fini au niveau du bar, ils sont venus au niveau du billard et après ils sont sortis dans la cour. Et là, il a failli avoir une altercation entre eux et certains clients. Mais j’ai intervenu pour calmer la situation. Lorsque les agents ont fini, ils sont rentrés et mon patron a, aussitôt, entrepris les démarches auprès de la mairie et de la police municipale, qui lui ont donné leur accord de principe consistant à pouvoir maintenir le bar ouvert mais, nonobstant le respect de la sonorisation. Nous nous sommes donc attelés à cela d’où la fermeture, d’ailleurs, de la boite avant l’intervention de la police municipale. C’est vrai il nous arrivait de jouer la musique, mais dans un cadre très restreint en fonction des heures qui nous ont été indiqués. En ce qui concerne l’autorisation d’ouverture, nous l’avons, à part la licence que nous ne possédons pas. Et je pense qu’elle est individuelle et ne peut être livrée qu’à une seule personne dans une localité bien déterminée. Administrativement, nous sommes en règle. Nous employons une quarantaine de jeunes dans le maquis. A la suite de la fermeture, mon patron a entamé les démarches de négociation et la police lui a dit de rester à l’écoute. Avant la fermeture, nous étions en voie de déménagement. Je dirais que force reste à la loi et que nul n’est censé ignorer la loi. Nous appelons les autorités à avoir un œil regardant par rapport à ces autorisations d’ouverture des débits de boissons. Car, lorsque l’on acquiert une autorisation d’ouverture dans une zone urbaine ou d’habitation, en long terme, cela va créer un problème. J’estime que cela devrait se faire à la suite d’une enquête avec l’entourage en vue de garder un climat serein avec le voisinage. A notre ouverture, nous avons pris attache avec les voisins qui nous ont, d’ailleurs, exprimé leur soutien. Voilà qu’aujourd’hui, nous sommes dans une situation de fermeture laissant dans la nature des employés, ne sachant à quoi se vouer, ce qui n’augure pas un avenir radieux pour cette jeunesse. Il faut que l’on en arrive à une réglementation de la profession dans les maquis. Il ne faut pas laisser ouvrir et après venir fermer de la sorte. Pour ce qui est du recrutement de notre personnel, nous sommes très regardants sur l’âge. La croix rouge est venue nous voir et nous leur avons fait comprendre que nous ne recrutons pas de mineur. A titre illustratif, la plus jeune de l’équipe que nous avions avait 23 ans.

Le responsable du maquis Ying –Yang
« Officiellement, nous n’avons pas reçu de notification d’annulation d’autorisation d’ouverture, depuis notre reprise en mars 2014 »
Selon les raisons avancées par la police municipale, le Yin-Yang a été fermé à cause d’une nuisance sonore, mais pas pour défaut d’autorisation d’ouverture. A ce niveau je dirai qu’il existe une incompréhension entre la mairie et nous, parce que nous pensons avoir une autorisation. En effet nous avons racheté le maquis avec le premier promoteur qui nous a remis l’autorisation d’ouverture. Mais entre temps, nous avons décidé d’arrêter en 2012 et louer le maquis à une nouvelle personne. C’est lui, qui durant son fonctionnement a reçu une notification d’annulation d’autorisation d’ouverture, et devait fermer le 30 octobre. Il ne nous a pas fait cas de cela quand il fermait le maquis en janvier 2014. Il a plutôt dit que c’est parce que le maquis ne marche pas. Hormis cela, depuis que nous avons repris a fonctionné en mars 2014, nous n’avons reçu aucune notification de fermeture. Nous avons, certes, eu une mise en demeure d’un exploit d’huissier de la part de la mairie, nous demandant de préciser nos heures d’animation. Chose qui a été faite, et nous avions même remis des exemplaires à tous le voisinage. Et je peux assurer que le Yin-Yang est le seul maquis à Ouaga qui ne joue pas de la musique en cours de semaine, ce n’est que dans le week-end qu’on anime. Ce que je n’arrive toujours pas à comprendre et qui est contradictoire, c’est que durant tout ce temps la mairie ne nous a pas fait cas de cette notification délivrée auparavant. Elle nous a plutôt toujours donné l’autorisation d’occuper la voie publique lors de nos grands évènements comme «Vacances passion ». Maintenant je ne comprends pas pourquoi elle a agi ainsi. J’encourage le travail de mise en ordre qu’elle exécute, parce que nous même nous ne voulons pas travailler dans l’anarchie. Mais je pense qu’elle aurait pu adresser une lettre aux différents responsables pour leur signifier le problème avant de procéder à la fermeture. Nous officiellement, nous n’avons pas reçu de notification d’annulation d’autorisation d’ouverture depuis notre reprise en mars 2014. Tout ce que je demande aux autorités c’est l’indulgence et la compréhension, afin qu’on puisse rouvrir les maquis et sauver les emplois des uns et des autres
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