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Occupation de réserve administrative à Kaya : la responsabilité de l’administration locale engagée
Publié le mercredi 29 avril 2015  |  Sidwaya




Il habite depuis plus de soixante-dix ans sur les collines de Kougrin, quartier situé au secteur n°4 de Kaya. Casanier, il n’a pour seul contact avec l’extérieur qu’une radio et les quelques rares visites qu’il reçoit. Ce vieillard, c’est Mahamoud Ouédraogo, qui va perdre la cour qui l’a vu grandir et l’environnement qui lui a tout donné : femmes, enfants, bétail. Pour quelle raison ? Parce que sa concession est située sur l’axe choisi pour le défilé du 11-Décembre 2015 à Kaya.

Trois cents (300) ménages traînent le pas à déménager de l’axe du défilé du 11 Décembre 2015 à Kaya. Après une première date butoir de déguerpissement lancée par madame la gouverneure du Centre-Nord, Nandy Somé (17 avril 2015), on attend toujours que les occupants de l’axe libèrent les lieux. C’est un véritable casse-tête chinois pour la première responsable de la région qui s’est confiée à nous dans son bureau. « La préoccupation essentielle pour nous dans l’organisation est que le site de l’axe du défilé soit effectivement libéré», déclare Mme Somé. A la même période, les occupants du site dénoncent un déficit de communication de l’administration. « Nous avons été à neuf à la mairie (lundi 13 avril) pour nous informer de l’effectivité du délai de déguerpissement du 17 avril mais le secrétaire général de la mairie, Louis Maxime Ouédraogo, nous a rassurés que la mairie n’a pas fait une note concernant le départ du site », renchérit Yacouba Ouédraogo, éleveur d’une trentaine d’années.
Il est 11h30 et le soleil est déjà au zénith entraînant une chaleur suffocante durement ressentie par notre équipe de reportage. En entretien avec un, deux occupants du site, c’est tout un attroupement de chefs de famille que nous avons créé. Des remerciements de part et d’autre de la population sont adressés aux hommes de médias que nous sommes pour relayer leurs peines. Pour plus de gage du bien-fondé de leur revendication relative à leur relogement, nous sommes conduits auprès d’un octogénaire, Mahamoud Ouédraogo. Il est agriculteur et est installé depuis belle lurette sur le lieu avant qu’il ne soit érigé en réserve administrative. Il appelle les autorités à engager un dialogue pour ne pas frustrer les «anges-gardiens de l’aérodrome » qu’ils sont.
« Notre cour est installée là il y a environ 80 ans et j’y suis né. C’est dans les années 1962 que le site a été identifié pour servir d’aérodrome et l’administration nous a demandé de prendre bien soin du site. Quand l’administration a voulu construire le conseil régional, il n’y a pas eu de problème ; pourquoi l’axe du défilé doit en créer un ? Personne n’est au-dessus de la loi et nul ne peut prétendre une quelconque raison pour ne pas quitter un lieu quand l’administration lui demande. Mais il faut dialoguer avec les concernés. La nuit, on ne peut même plus dormir car on ne sait pas quand les tracteurs terrasseront nos concessions », s’inquiète-t-il.
La véritable problématique de l’axe du défilé se résume aux conditions de déménagement des occupants. L’administration considère que c’est une réserve administrative et non un non-loti et par conséquent, « ils ne peuvent pas prétendre à un droit d’accompagnement», souligne madame la gouverneure.
Depuis le choix du site en 2014, aucune mesure n’a été prise par le conseil municipal de Kaya pour favoriser le départ de la cinquantaine de familles longtemps installées sur cet espace communément appelé en langue mooré « silg puugo » qui signifie aérodrome. Cette manière de gérer les affaires publiques a été décriée par plus d’une personne et la gouverneure Somé n’est pas en reste : « Il aurait fallu que les autorités locales en son temps puissent adjoindre la fermeté aux décisions ». Une source proche du conseil municipal nous apprend que la mairie ne voit pas l’organisation du 11-Décembre comme une préoccupation communale mais plutôt régionale. Et de ce fait, il n’est pas de son devoir de garder ni le site ni de dire à la population installée de libérer les lieux. Cette position, soutenue par le secrétaire général de la mairie, ne s’inscrit pas dans la logique du secrétaire permanent du 11-Décembre, colonel-major Komyaba Pascal Sawadogo. « S’il a manqué un peu de vigilance de la part de certaines structures administratives locales, c’est la mairie qui devrait veiller au moins à la sécurité du site », affirme le colonel-major Sawadogo.

Relogement des occupants du site, le véritable problème

Pour des observateurs avisés, le conseil municipal élu en 2014 a caressé la population dans le sens du poils et surtout, a préféré sauvegarder son électorat au détriment de l’intérêt suprême de la commune. Abriter les festivités de la fête nationale dans une localité entraîne des responsabilités de la part des autorités locales et ce n’est pas Kaya qui dira le contraire ; en témoignent les manifestations du 23 décembre 2013 contre l’organisation de la fête dans la région du Plateau central. La situation actuelle de l’axe du défilé impose un dialogue franc entre la gouverneure, les occupants du site et les autorités coutumières. «Notre appel n’est pas tout à fait entendu », reconnaît Mme Nandy Somé.
La région du Centre-Nord s’étend sur une superficie de 18212 km2 avec 1,5 million d’habitants en 2013, selon la prévision de la direction régionale de l’Institut national de la Statistique et de la Démographie. Sa capitale Kaya est située au Nord-Est à 100 km de Ouagadougou. La route nationale n°3 est la seule voie bitumée qui mène à Kaya ; les voies d’accès aux deux autres provinces (Bam et Namentenga) qui, ensemble, constituent la région, ne sont pas bitumées. C’est dans cette région que se tiendra la 7e édition de la fête tournante du 11-Décembre avec ses avantages et ses inconvénients. Des désagréments certes, que l’on peut éviter pour peu que l’on accepte le dialogue et que l’on soit franc sans arrière-pensée ni calcul politique de l’administration locale.
Sur plus d’une dizaine d’hectares s’étale l’espace réservé pour la construction de l’aérodrome de Kaya. N’appartenant pas traditionnellement au canton de Kaya, cette partie de Kougrin a premièrement été occupée par les Peulhs avant que n’arrivent les musulmans (marabouts et leurs talibés) dans les années 1900. A mi-chemin du centre-ville de Kaya et du village de Louda, cette idée d’aérodrome est en passe d’être dépassée, vu le désir de la population de s’y installer et surtout, l’érection du siège du Conseil régional sur le terrain par l’administration. Cette réserve est un terrain situé un peu en hauteur par rapport au reste de la ville. Et à la faveur de la fête nationale du 11-Décembre, elle va faire peau neuve en servant d’espace du défilé et cela, à condition que l’autorité régionale fasse plus de concessions.
Ce site héberge des populations de divers horizons, c’est-à-dire des autochtones et d’autres venues d’autres régions du Burkina pour des raisons diverses. Ce qui contredit ce qu’avancent les autorités locales pour qui, le site n’est occupé que par des personnes étrangères à la ville de Kaya. Salif Mamboné est âgé de 44 ans et habite le site il y a juste une année. Fleuriste à Abidjan, M. Mamboné a rejoint la patrie suite à la crise ivoirienne ; il a parachuté dans la ville de Kaya par l’intermédiaire d’un compatriote qu’il a connu en Côte d’Ivoire. Ebouriffé, trapus, avec une taille d’environ 1m60, c’est un chef de famille de dix membres qui nous raconte ses soucis.
« J’ai acheté le terrain et j’ai élevé la clôture de la maison. Je n’étais pas informé que le site doit abriter le défilé car quand je construisais, personne ne m’a dit que c’est interdit et je n’ai point vu de signe d’interdiction de construction. Si j’étais seul, je pouvais me débrouiller mais avec toute la famille et mes deux parents, c’est compliqué. Je n’ai pas de parentsmù^^-)ici à Kaya car je suis originaire de Bittou. Mes voisins décoiffent leurs toits pour s’en aller. Moi, si j’enlève les miens, où est-ce que je vais amener ma famille ? », se plaint-il.


Waliou Adéola
ADEGUEROU
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