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Le Pays N° 5197 du 17/9/2012

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Violences politiques a tougan : Une quarantaine de femmes blessées et des maisons vandalisées
Publié le lundi 17 septembre 2012   |  Le Pays




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Chaude, la journée du 13 septembre 2012 l’a véritablement été à Tougan dans la province du Sourou. La marche de soutien à la candidature de la députée sortante, Saran Séré/Sérémé, organisée par ses partisans, a dégénéré en violences. Un groupe de jeunes du quartier Samogoking, qui contestent cette candidature, armés d’armes blanches (machettes, fouets et gourdins), ont flagellé et blessé plus d’une quarantaine de femmes favorables à la députée. Cette horde de jeunes dont personne n’a voulu assumer une quelconque responsabilité de la contre-marche, s’est muée en véritable pyromane, en saccageant le siège provincial du CDP, trois maisons et en mettant le feu au domicile de l’honorable députée.

C’est un spectacle désolant que des jeunes, hostiles à la candidature de Saran Séré/ Sérémé, ont offert aux populations de Tougan, dans la journée du 1 3 septembre 2012. Armés de machettes, de fouets et de gourdins, ces jeunes ont pourchassé, agressé et blessé plus d’une quarantaine de femmes, favorables à la candidature de la députée sortante et qui lui manifestaient un soutien à travers une marche. Pire, ils ont saccagé le siège de la section provinciale du CDP du Sourou, deux domiciles et celui de la députée, où ils ont mis le feu après avoir endommagé trois motos appartenant aux pro-Saran.

Ne pas céder à la provocation

Selon Yssouf Simboro, l’un des initiateurs de la marche, les agresseurs sont instrumentalisés par des politiciens, responsables de la municipalité de Tougan, en panne de notoriété. La marche, a-t-il affirmé, se voulait pacifique et visait à répliquer à une prétendue assemblée générale du 7 septembre dernier et qui conteste la légitimé de Saran. Ces propos ont été confirmés par Seydou Touré qui a indiqué que la mobilisation était des grands jours et que les manifestants étaient composés de femmes de plusieurs communes de la province, de vieux, de jeunes et de nombreux producteurs motorisés. De la genèse des faits, il ressort que les vagues de la provocation ont commencé à se soulever avant même le début de l’appréciation des candidatures par la base des listes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) pour les élections couplées du 2 décembre 2012. « L’idée d’organiser une marche de soutien nous est venue seulement le 12 septembre. Le 13 au soir, la décision a été prise et nous avons informé les camarades des autres communes qui ont battu le rappel des militants CDP de leurs localités. La marrée noire qui est partie du siège pour battre le pavé a d’abord reçu de la part de deux jeunes des injures de toutes sortes. Nous avons tout fait pour ne pas céder à la provocation des propos va-t-en-guerre des jeunes du quartier Samogoking, non pas par couardise, mais par respect et sur instruction de Saran Séré. Malgré tout, ils ont attaqué les femmes vers l’hôpital et ont blessé plus d’une quarantaine d’entre elles. Tout le monde s’est dispersé pour se retrouver au domicile de la députée », a témoigné Yssouf Simboro.

Des journalistes menacés et agressés

Témoins de cette chasse poursuite, nous avons commencé à faire des images, lorsque les croquants s’en sont pris virulemment à nous. Notre confrère de L’Observateur a même reçu un coup de fouet sur le bras. De même, celui du Quotidien a également été intimidé et menacé au moment du saccage du domicile de la députée. Nos appareils photographiques ont failli être broyés. Fort heureusement, nous avons réussi à retirer les cartes mémoires sans grands dommages. Ces agressions n’ont entaché en rien le moral des journalistes que nous sommes et nous avons continué notre travail tout en mettant à l’abri nos engins, car le risque en valait la peine.

L’onde de choc

La violence exercée sur les femmes a provoqué une onde de choc chez les pro-Saran qui se sont retrouvés au domicile de cette dernière après la débandade. Lorsque nous avons cherché à nous entretenir avec les organisateurs de la marche, nous avons trouvé certains jeunes qui se préparaient pour la riposte. « Armés de gourdins et de toutes sortes d’armes blanches, nous allons riposter », a lâché un jeune. Aussitôt, le téléphone de Simboro sonne. Ce dernier décroche et après une longue communication, il fait savoir à l’assistance que la députée demande de ne pas riposter afin d’éviter un éventuel carnage. Selon lui, Saran Séré préfère tenir le flambeau au fardeau. Pour se défouler, quelqu’un suggère qu’au lieu d’aller en guerre, il vaut mieux faire une petite parade à moto en ville. Une idée acceptée et plus d’une trentaine de grosses motos communément appelées « séeimba » démarrent et comme lors des mariages, font le tour et reviennent. Cette sortie en grande pompe a-t-elle irrité les agresseurs ? L’on ne saurait le dire. Toujours est-il que quelques instants après, les croquants sont arrivés au domicile où, ils ont tout saccagé, avant de revenir deux heures plus tard pour y mettre le feu. Tout ce qui s’y trouvait a été léché par les flammes. Malgré la bonne volonté de certaines populations, les dégâts sont énormes car le feu n’a pas pu être maîtrisé à temps. Selon un octogénaire qui a requis l’anonymat, Tougan a toujours connu des échauffourées politiques depuis le temps du RDA et du PRA mais jamais, cette ville cosmopolite n’a enregistré de telles violences, ni connu une telle antipathie à l’égard d’un politicien. C’est pourquoi a-t-il conclu : « Si Tougan voit aujourd’hui des vertes et des pas mûres en politique, c’est que les jeunes agresseurs sont instrumentalisés ». Et à Bintou Zerbo d’ajouter que Saran a dû suer sang et eau pour que Tougan atteigne le niveau de développement qu’il a actuellement. Nous avons tenté vainement d’avoir le son de cloche des contestataires. Malheureusement, personne n’a voulu porter le chapeau. A notre corps défendant, nous avons quitté Tougan vers 16h au moment où la tension était toujours vive. Selon certaines sources, quatre jeunes qui ont été reconnus coupables ont été arrêtés le 14 septembre par les forces de sécurité, puis libérés le lendemain sous la pression de leurs camarades qui ont menacé de marcher sur le commissariat de police. La même source indique qu’il a fallu l’intervention des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) de Dédougou pour rétablir l’ordre et la tranquillité.

Des femmes molestées sans assistance

S’il y a un fait et non des moindres qui a aussi attiré notre attention, c’est bien la non-assistance des femmes molestées par les jeunes dont l’âge dépasse largement celui de leur génitrice, de leur grand-mère et de leur arrière-grand-mère. Nous avons vu des femmes, mains nues, recevoir des coups de fouets sans que personne, surtout pas les forces de sécurité, ne leur portent secours. Au vu des armes blanches dont étaient munis les jeunes, on sentait visiblement de l’électricité dans l’air. Sans être des spécialistes du maintien d’ordre, nous pensons que l’on aurait pu anticiper et éviter ou circonscrire les violences de Tougan. Malheureusement, les forces de sécurité de cette ville ont brillé par leur immobilisme, même face au danger qui planait. Peut-on de nos jours continuer à laisser des citoyens violenter d’autres citoyens dont le seul crime est d’avoir un choix politique ? Ce qui nous a été donné de voir à Tougan n’est ni plus ni moins qu’une non- assistance à personne en danger. En tout cas, plus jamais ça !

SC

Serge COULIBALY

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