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Sidwaya N° 7365 du 27/2/2013

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Transport urbain : Les taxis-motos, en maîtres à Fada N’Gourma
Publié le jeudi 28 fevrier 2013   |  Sidwaya




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L’usage des motos communément appelé « taxis-motos », pour le transport public, est bien développé dans la ville de Fada N’Gourma. Beaucoup de jeunes se sont engagés dans cette activité qui vient combler l’inexistence de taxis « ordinaires » dans cette ville du Burkina. Le métier a fait rêver à ses débuts, mais son avenir reste incertain.

Fada N’Gourma, capitale de la région de l’Est, située à 220 Km de Ouagadougou, présente une singularité dans le domaine du transport urbain, depuis près de quatre ans : le taxi-moto. Un mode de transport à ne pas confondre avec les tricycles (destinés au transport de bagages) qui ont pignon sur rue dans bien d’autres villes du Burkina. Ici, il s’agit plutôt des motos à deux roues utilisées pour le transport de personnes. Dans cette ville d’environ 82 mille âmes (recensement général de la population et de l’habitation de 2006) du pays gourmantché, le citoyen peut se faire transporter d’un bout à l’autre de la cité, moyennant la somme de 300 FCFA. Pour aller hors de la ville, dans les localités environnantes, le client doit débourser entre 1000 et 1500 FCFA, selon la distance.
Ces taxis-motos se laissent distinguer dans la cité de Yendabili. La chemise jaune-vert du conducteur et le numéro d’ordre de mise en circulation de l’engin inscrit sur un morceau de métal fixé sur le garde-boue de la roue avant, attirent facilement l’attention. Le travail rigoureusement bien organisé, même si les « professionnels » du domaine, assurent que le métier est ouvert à tout le monde. Il y a des exigences à satisfaire, vis-à-vis de l’administration. Et ce, dans le souci, disent-ils, du respect des textes en la matière et de la qualité du service. C’est ce qui a motivé, entre autres, la mise en place de l’Association des conducteurs de taxis-motos (ACTM) de Fada N’Gourma, en fin 2009.

Une organisation appréciable

Selon le Secrétaire général (SG) de l’association, Ali Diallo, l’heure limite de circulation est fixée « à 22 heures ; le travail doit s’arrêter parce qu’au-delà, il y a le problème de sécurité qui se pose (des risques d’agression) ». Il reconnaît toutefois que cela n’est pas toujours respecté. « C’est difficile parce que certaines
personnes descendent très tard et doivent rentrer chez eux en taxis », souligne-t-il, en faisant allusion aux filles qui servent dans les débits de boisson. L’autre raison évoquée est l’insuffisance de la recette journalière. « Mon patron m’a fixé 21 heures, alors que parfois, jusqu’à 20 heures, je n’ai pas les 2 000 FCFA que je dois lui verser. Je suis donc obligé d’atteindre une heure du matin », se défend Lardja Traoré, un conducteur. Ainsi, de cinq heures du matin à zéro ou une heure, l’on peut s’offrir les services de ces « zémidjans », comme on les appelle au pays de Mathieu Kérékou.
Outre l’ACTM, organe régulateur qui regroupe tous les acteurs du domaine, y compris les propriétaires des engins (les patrons), les conducteurs, disposent de leur propre cadre de concertation à travers lequel ils tentent de résoudre, tant bien que mal les problèmes auxquels ils sont confrontés. En plus, la structure-mère (l’ACTM) travaille en étroite collaboration avec les polices municipale et nationale. La première est chargée de veiller à ce que tous les conducteurs et propriétaires de taxis-motos soient enregistrés dans son fichier afin de savoir qui interpeller en cas de besoin. La police nationale, pour sa part, mène les enquêtes de moralité. C’est elle qui doit donner quitus à la mairie de délivrer l’autorisation de mise en circulation.
Un processus jugé très long par les intéressés qui déplorent le fait que certains dossiers s’égarent en cours de traitement, les contraignant à reprendre. Le commandant adjoint de la police municipale de Fada, Abdoulaye Nassouri, admet que le processus est long, mais pour lui, c’est parce que « la police tient à ce que le travail soit bien fait ». Il confesse que le temps moyen pour obtenir une autorisation est de trois mois.
Selon Abdoulaye Nassouri, 130 taxis-motos à deux roues et 15 tricycles sont enregistrés dans leurs fichiers et la plupart des conducteurs ont le permis de conduire A1. Du reste, M. Nassouri soutient que le taxi-moto est un métier porteur que les autorités doivent prendre au sérieux. « L’avènement de ce métier a permis à la commune de se développer et contribue à lutter contre la pauvreté et le chômage car beaucoup de jeunes y gagnent leur vie », a-t-il affirmé.

Les taxes, un frein au développement du métier

De toute évidence, le taxi-moto a connu du succès au cours des deux premières années (2009-2011), mais il fait face actuellement à des difficultés qui risquent de ralentir son évolution. Sur ce point, les acteurs pointent du doigt les taxes qui, selon eux, sont élevées. « De 2009 à 2010, on était à 110 motos et de 2010 à 2011, le nombre est passé à 130, mais les taxes sont maintenant très élevées pour nous et certains ont dû abandonner pour faire autre chose. Il reste environ 80 engins fonctionnels », a diagnostiqué le SG, Ali Diallo. A l’entendre, la première année, qui se présentait comme une période d’expérimentation, les autorités ont exempté les engins de toute taxe pour permettre à l’activité de s’enraciner, avant d’appliquer les textes avec la plus grande rigueur possible. « La commune nous a permis de travailler une année sans taxe parce que le métier était nouveau, mais par la suite, la situation est devenue difficile car pour chaque moto, il faut débourser 32 000 F CFA par an », a-t-il précisé. Cette somme jugée excessive est répartie entre la mairie, les services des impôts et du Trésor public à raison de 12 000 FCFA pour les impôts et 10 000 FCFA pour chacun des deux autres.
Avec les taxes auxquelles est venue s’ajouter l’augmentation du prix du carburant, l’ACTM a revu le coût du transport à la hausse. Il est passé de 200 à 300 FCFA en 2012. Un facteur de dissuasion pour les usagers et qui explique, en partie, la baisse de l’engouement constaté aux premières heures.
Tout en déplorant le coût des taxes, Bassirou Barry, un conducteur, estime que l’accroissement du nombre de taxis a eu un impact négatif sur les recettes.
« Je me débrouille comme je peux, sinon ça ne marche plus. Avant, je pouvais avoir 5 000 F CFA par jour, mais maintenant, j’arrive à faire à peine 3 000 FCFA de recettes alors que je dois verser quotidiennement 2 000 FCFA à mon patron », se lamente-t-il. Il précise qu’il faut deux à trois litres de carburant pour la journée de travail. Du carburant payé cash quand les affaires marchent ou pris à crédit auprès des vendeurs à la criée et payable à la fin de la journée, si le marché de la veille n’a pas été fructueux.

Des aspects à revoir

Les clients ont une appréciation mitigée des taxis-motos. Pour bon nombre d’entre eux, les taxis-motos rendent un énorme service à la population. Cependant, ils ne manquent pas de leur reprocher quelques griefs.
Rasmata Ouédraogo déclare que les prix (qui se négocient) sont parfois élevés quand il s’agit d’aller hors de la ville de Fada. « Le taxi-moto, c’est bien, mais c’est souvent cher », dit-elle. Elle a témoigné avoir payé 1 500 FCFA en aller-retour au 34e Régiment interarmes (RIA), situé à environ 7 Km de la ville. En plus, Mme Ouédraogo souligne que les taximen circulent mal en ville et provoquent de nombreux accidents.
De son côté, le Directeur régional (DR) des infrastructures, du désenclavement et des transports de l’Est, Ousmane Badini, salue l’initiative, même s’il pense qu’il y a des aspects à améliorer. Il indique que « c’est une belle initiative en ce qui concerne la mobilité urbaine. Sans les taxis-motos, on se demande ce qu’allaient devenir la gare routière et le marché à bétail ».
Ces lieux sont situés à la sortie de la ville (route du Niger) et un nombre important de ceux qui s’y rendent vont en taxi-moto. Il souhaite que le milieu soit organisé davantage. M. Badini a affirmé avoir évoqué le problème en conseil de cabinet et reçu un écho favorable de ses supérieurs. « Il y a eu l’adoption du décret portant organisation des taxis-motos et tout récemment, on a introduit les textes d’application en conseil des ministres », a-t-il relevé. C’est après la finalisation de ces textes que les forces de sécurité pourront faire respecter la loi, comme il le faut. Par exemple, en lieu et place du permis de conduire A1, c’est le A qui sera exigé. Le permis A correspond aux véhicules de plus de 125 centimètres cubes (CC) et inclut la conduite et le code, alors que le permis A1 est destiné aux engins dont la capacité n’excède pas 125 CC et se limite seulement au code de la route.
En plus de ce recadrage au niveau des permis de conduire, le respect de la vitesse constitue une préoccupation à prendre en compte. Selon les textes, les taxis-motos ne doivent pas dépasser 40 Km/h, alors que certains conducteurs vont jusqu’à 100km/h. Tous ces manquements amènent le DR à être d’avis avec ceux qui affirment que les taxis-motos sont à la base de beaucoup d’accidents de la circulation.
Pour ce qui est des taxes, le Directeur régional (DR) des infrastructures, du désenclavement et des transports de l’Est, Ousmane estime que c’est la contrepartie des mesures de protections prises par l’administration à l’endroit des taximen. Il a souhaité que tous ceux qui désirent entrer dans le métier, prennent d’abord attache avec sa direction ou toute autre structure indiquée, pour avoir des notions sur la conduite afin de minimiser les risques d’accident.

Daniel ZONGO

danielzongo62@yahoo.fr

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