Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Interpellation d’anciens dignitaires : l’UPC pour une opération « mains propres non sélective »
Publié le samedi 11 avril 2015  |  Le Pays
Projet
© aOuaga.com par G.S
Projet de révision de la Constitution : l`opposition à nouveau dans la rue le 28 octobre
Mercredi 22 octobre 2014. Ouagadougou. L`opposition regroupée autour du chef de file a animé une conférence de presse pour annoncer l`organisation d`une journée nationale de protestation, le 28 octobre 2014, contre le projet de loi portant modification de la Constitution introduit à l`Assemblée nationale par le gouvernement. Photo : Zéphirin Diabré, président de l`UPC et chef de file de l`opposition politique. Photo : Zéphirin Diabré, président de l`UPC et chef de file de l`opposition politique




Dans le texte ci-dessous, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) dit se réjouir de voir enfin le combat contre l’impunité se traduire en actes concrets, à travers l’interpellation d’anciens dignitaires du régime déchu. Toutefois, elle invite les autorités de la transition à s’entourer du maximum de précautions juridiques pour bâtir des dossiers inattaquables.
Depuis quarante-huit heures, le gouvernement de la transition procède à l’interpellation d’anciens ministres du gouvernement déchu, ainsi que d’anciens maires, dans ce qui s’apparente clairement à une « opération mains propres ». En effet, les chefs d’accusation présentés évoquent selon le cas, les surfacturations dans la passation de marchés publics, la mauvaise gestion de projets ou de sociétés d’Etat, la mauvaise gestion des parcelles, les écritures en faux, etc.
Tout en respectant la traditionnelle présomption d’innocence qui s’impose dans ce genre de cas, et en attendant que la justice donne son verdict, l’Union pour le Progrès et le Changement salue cette décision des autorités de la transition, d’exiger que les comptes soient rendus, dans tout ce qui a touché à la gestion de notre patrimoine commun.
La lutte contre la mal gouvernance et la gestion crapuleuse du bien public a toujours constitué une priorité pour notre parti qui, depuis sa création, n’a eu de cesse de dénoncer le comportement de nombre de responsables de notre pays (ministres, DG, DAF, chefs de projets, etc..) dont le sport favori était la course à l’enrichissement illicite, ponctué d’un rythme de vie dispendieux et tapageur.
Fort de cela, l’UPC ne peut que se réjouir de voir enfin le combat contre l’impunité commencer de se traduire en actes concrets dans la démarche de la transition. Depuis l’avènement de l’insurrection victorieuse des 30 et 31 Octobre 2014, l’impatience des burkinabè était grande de voir les fossoyeurs et autres vampires de notre richesse nationale rappelés à leurs responsabilités. Ils sont, du reste, nombreux à penser que les choses ont même un peu traîné, et que cette opération mains propres aurait pu commencer plus tôt. Les choses commencent donc maintenant, et c’est tant mieux !
Il est maintenant important que cette opération mains propres produise les résultats attendus et tienne toutes ses promesses. Pour ce faire, la première condition, c’est le respect scrupuleux des procédures de droit. Notre pays, même sous transition, demeure un Etat de droit. L’interpellation et la sanction d’un citoyen doit se faire selon les règles de l’art, et en conformité avec les prescriptions de la loi, dans le fond comme dans la forme. C’est pour cela que l’UPC invite les autorités de la transition, à s’entourer du maximum de précautions juridiques pour bâtir des dossiers inattaquables. Car les Burkinabè se souviennent de ce qui s’est passé avec les TPR sous la révolution Sankariste. La précipitation mise dans l’interpellation des détourneurs, et le non-respect des procédures ont entrainé un nombre très important de révisions de procès et de dédommagements faramineux qui ont beaucoup coûté aux contribuables.
A la lecture des communiqués officiels, on a le sentiment que les personnes interpellées l’ont été sur la base d’enquêtes récentes. Or, de nombreux rapports d’enquêtes effectuées par les corps de contrôle s’empilent depuis des décennies dans des tiroirs ; ces enquêtes ont identifié des opérations délictueuses et les personnes qui en sont coupables. Le montant de leurs forfaits est même connu. Dans le cas de l’ASCE et de la Cour des Comptes, ou des corps d’inspection des ministères, ces rapports ont même été publiés, y compris dans la presse nationale avec un listing nominatif des personnes concernées. A son arrivée, la transition a pris connaissance de ces rapports pour lesquels aucune enquête supplémentaire n’était nécessaire. Pourquoi n’avoir pas alors procédé immédiatement à l’interpellation des personnes concernées, dont certaines continuent de circuler allègrement dans le pays ? S’il est fortement indiqué d’interpeller ceux qui sont mis en cause par les enquêtes récentes, que fait- on des autres dont les forfaits ont été découverts depuis longtemps, et actés par les corps de contrôle dans le cadre des enquêtes anciennes? Que deviennent toutes les personnes citées dans ces rapports anciens ? Ont-ils remboursé ? Sont-elles en prison ? Nul ne le sait !
Notre parti remarque aussi que toutes les personnes interpellées appartiennent soit au gouvernement déchu, soit à l’ancienne majorité, soit aux derniers conseils municipaux, toute chose qui peut donner l’impression d’une justice des vainqueurs. La transition doit faire attention à cet aspect car les délits de surfacturation, le détournement des fonds de projets, la gestion mafieuse des parcelles ou la mise à genoux de sociétés d’Etat ont commencé longtemps, avant que le dernier gouvernement de Blaise Compaoré ne soit nommé, ou avant que les derniers maires ne prennent fonction. Ce sont des pratiques anciennes qui ont pris progressivement corps dans notre pays, depuis le 15 octobre 1987. Si on veut une vraie opération mains propres, alors il faut remonter aussi loin que possible et que tout le monde soit concerné. S’il est par exemple indiqué de demander des comptes pour la gestion de la Sonabel, pourquoi ne le fait-on pas pour les autres sociétés d’Etat dont des anciens DG, notoirement connus pour avoir mis à sac leurs entreprises, continuent de se promener allègrement en ville ? S’il est indiqué de demander des comptes sur la gestion des parcelles, pourquoi certains maires sont interpellés pendant que d’autres, connus pour être des grands dealers, continuent d’être libres ?
Cette approche sélective crée un certain trouble dans notre opinion publique, qui exprime d’ailleurs sa frustration sur les radios FM et les réseaux sociaux. Pour elle, pendant que l’on pourchasse des gens, c’est comme si on cherchait à protéger d’autres, tout simplement parce qu’ils appartiennent au camp des vainqueurs. Pour être crédible, l’opération « mains propres » que viennent de lancer courageusement nos autorités, doit éviter d’être sélective. Elle doit concerner tout le monde, quel que soit le camp politique auquel on appartient. Elle doit se baser exclusivement sur les actes de gestion posés par les uns et les autres, dans le cadre de leurs responsabilités!
L’UPC soutiendra sans faille la transition dans cette action très courageuse de salubrité publique et de lutte implacable contre l’impunité, dès lors que tout le monde est mis sur le même pied d’égalité. Mais notre parti ne cautionnera jamais une opération mains propres sélective, dans laquelle on laisse de côté des gens qui ont des comptes à rendre.
Signé
Dénis Nikiéma
Premier Vice-Président
Commentaires