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Lettre ouverte à Son Excellence Sheriff Sy, président du CNT
Publié le jeudi 2 avril 2015  |  FasoZine
CNT
© aOuaga.com par A.O
CNT : c`est parti pour l`unique session de 10 mois
Lundi 22 décembre 2014. Ouagadougou. Hôtel du député. Le Conseil national de la transition (CNT) a ouvert solennellement sa session unique qui va durer 10 mois




L’auteur de cette lettre ouverte adressée au président du Conseil national de Transition, Sheriff Sy, attire l’attention sur les dangers qui guettent le Burkina Faso au cas où certaines personnes seraient arbitrairement exclues des élections à venir pour leur position politique.


« Cher grand frère.

Nous sommes à un tournant décisif de notre histoire politique et démocratique, vous avez la charge de l’organe délibératif de la transition, le CNT.

Au vu des développements qui prônent l’exclusion d’une partie du peuple au processus électoral en cours, nous avons l’obligation d’attirer votre attention sur ses dérives.

Vous connaissez mieux que quiconque les enjeux des élections car vous étiez -même candidat malheureux au législatives tête de liste au YATENGA avec le Front des Force Socialistes ( FFS ).

Vous connaissez votre popularité au village, dans votre propre village ISSIGUI commune de Ouahigouya où vous avez obtenus moins de 3o voix avec le FFS avec l’appui de Ouattara Mamadou actuel SG MPP du YATENGA , lui aussi candidat malheureux de votre parti aux législatives dans les années 1990 et 2000.

Vous imaginez si à l’époque, vous étiez exclu tout simplement de vos positions Sankariste ?

L’exclusion est le lit de toutes les frustrations et des conflits,Excellence Sy Cherrif !

Ainsi à quelques mois de l’élection présidentielle prévue pour le 11 octobre 2015, des voix s’élèvent ici et là pour appeler à l’exclusion de certains citoyens de la compétition électorale. Vous même en tête en croire le journal l’événement n 300 du 25 mars2015….. Ce débat si l’on y prend garde envenimera la vie de la nation et ébranler la cohésion sociale, la paix et la stabilité de l’Etat.

Pour la réussite de la transition et pour des élections apaisées, nous devons nous souvenir que l’état de droit démocratique auquel aspire le peuple burkinabé nous impose le respect de la loi, le sens de la justice , du pardon et l’acceptation de l’autre dans sa différence. Si le peuple est souverain, il faut laisser ce peuple sanctionner les politiciens.

Votre légitimité est mise en rude épreuve car vous n’êtes pas un élu mais choisi entre vos confrères de la presse.

En se référant à certaines presses dont vous représentez et non le peuple entier, ils ne sont pas d’accord avec votre décision unilatérale qui s’apparente à un règlement de compte personnel.

Cette presse vous reproche d’un manque absolu compte rendu à la base et dit que vous agissez comme si vous étiez partis au CNT à titre individuel et non en leur nom à tous.

Vous avez déclarez qu’il faut commencer par déstructurer le régime Compaoré» (Sheriff Sy, DP de Bendré, avant d’ajouter qu’en le RSP est un corps d’élite sur les ondes de radio omega .

Nous avons contribué à chasser Blaise Compaoré.

Il est parti, ne divisons pas le pays ! vivons en paix !

C’est le lieu ici d’interpeller les autorités coutumières et religieuses sur les dangers que court notre pays si certains de ses fils sont exclus de par leurs opinions politiques.

Grand Frère SY, ne nous amène pas à regretter Blaise Compaoré, personnage que je n’ai jamais aimé dans ma vie.

La Constitution du 02 juin 1991 garantit les droits fondamentaux et les libertés individuelles, y compris la liberté d’expression et le droit d’être électeur et éligible, il importe de souligner que lesdits droits et libertés s’exercent dans les conditions prévues par la loi.

En matière électorale, la Constitution du 2 juin 1991 dispose en ses articles 11 et 12 que :

Art. 11. Tout burkinabè jouit des droits civiques et politiques dans les conditions prévues par la loi.

Art. 12. Tous les burkinabè sans distinction aucune ont le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat et de la société. A ce titre, ils sont électeurs et éligibles dans les conditions prévues par la loi.

A sa suite, le Code électoral en ses articles 123 et 134, stipule que :

Article 123 : Tout candidat aux fonctions de Président du Faso doit être burkinabè de naissance et né de parents eux-mêmes burkinabè et être âgé de trente-cinq ans révolus à la date du dépôt de la candidature et réunir toutes les conditions requises par la loi. Les candidatures peuvent être présentées, soit à titre individuel, soit par un parti, un collectif de partis ou un regroupement de formations politiques légalement reconnus.

Article 134. Tout Burkinabè qui a la qualité d’électeur, peut être élu Président du Faso sous les réserves énoncées à l’article 123 ci-dessus.

Les cas d’inégibilité sont expressément cités à l’article 135.

Article 135. Sont inéligibles :

1) les individus privés par décision judiciaire de leurs droits d’éligibilité en application des lois en vigueur ;

2) les personnes pourvues d’un conseil judiciaire ;

3) les individus condamnés pour fraude électorale.

Nous avons défendu cette constitution au prix des vies de nos camarades, il faut donc respecter cette même constitution gage de paix et de stabilité.

Vouloir la violer ou la tripatouiller à des fins personnelles ou au gré de certains politiciens qui ont peur du peuple, c’est faire pire que le régime déchu que nous avons tous combattu.

La Charte de la transition, qui complète la Constitution du 2 juin 1991 et qui, dans son préambule, vise la construction d’un véritable Etat de droit démocratique, édicte dès son article 1 que : « Outre les valeurs affirmées par la Constitution en son préambule, la présente

Charte consacre les valeurs suivantes pour guider la transition, ses organes et l’ensemble des personnalités appelées à la conduire:

le pardon et la réconciliation;
•l’inclusion;
•le sens de la responsabilité ;
•la tolérance et le dialogue;
•la discipline et le civisme;
•la solidarité;
•la fraternité ;
•l’esprit de consensus et de discernement. »
Ces dispositions explicites de notre loi fondamentale, de la Charte de la transition et du Code électoral devraient inspirer le débat sur l’exclusion de x ou de y. En d’autres termes, nous nous devons de transcender nos ressentiments pour appeler au préalable au respect des lois afin de permettre une vie en société organisée et d’éviter le développement de la loi « du plus fort ». Autrement alors, on serait dans une situation proche d’une véritable anarchie, chacun agissant selon son bon plaisir, sans souci de la règle commune. L’obligation pour tous les citoyens de respecter les lois est la meilleure assurance que la liberté, les droits et la sécurité de chacun d’eux sont garantis de manière effective.

Nous devons appeler les autorités à juger les personnes incriminées et c’est le juge qui dira si elles doivent être exclues de la compétition électorale. Encore qu’à ce niveau, il y a ceux qui ont poussé le bouchon avant de sauter de la barque.

Concernant les personnalités militaires, aucun texte à notre connaissance, législatif ou règlementaire ne les prive de leur droit d’être éligible, à condition qu’elles obtiennent leur mise en disponibilité. N’érigeons pas nos peurs, nos convictions ou nos désidératas en textes de loi applicables dans l’immédiat. Sur ce point, l’on pourrait appeler à prendre des textes qui règlementent leur situation. Mais ici encore, même si le principe de la non rétroactivité des lois doit entrer en ligne de compte, nous aurons l’avantage de disposer pour l’avenir.

Dans l’ensemble, pour construire le véritable Etat de droit démocratique que revendique le peuple sorti les 30 et 31 octobre les mains nues, il nous faudra nous inscrire résolument dans l’esprit de la Constitution et de la Charte de la transition et en conséquence, revisiter ou prendre des lois tout en ayant à l’esprit qu’un bon texte de loi qui connait une mauvaise application et une mauvaise loi qui connait une bonne application produisent les mêmes effets. Evitons à tout prix de reproduire ce qui a conduit le régime de Blaise COMPAORE à sa chute.

Il faudra surtout avoir à l’esprit que partout où des guerres ont germé ou éclaté, où l’instabilité politique s’est installée, une poignée d’hommes politiques et ou de la société civile en ont été les instigateurs. Ils sont alors soutenus en cela par une foule de militants, de coreligionnaires, de parents ou amis zélés, prêts à tout pour voir triompher leur parti, leur idole, leur fils et surtout leurs intérêts personnels. L’on se souviendra aussi qu’à certaines étapes charnières de la vie des nations, surgissent des penseurs en quête de points de chute alimentaires qui soutiendront avec force qu’ils pensent pour la société, mais à y voir de près, les faits sont là pour les contredire : sociétés en crise cherchent toujours penseurs. L’auteur d’un feu de brousse connaît le point de départ du feu, mais en ignore totalement le lieu où il va s’arrêter.

Alors, oui à l’exclusion sur la base de décisions judiciaires, oui à l’exclusion sur la base de textes de loi.

Excellence Mr Le Président, un petit frère écrit à son grand frère, compte tenu de l’urgence la forme et peut être le fond ne vous plairont pas, je m’excuse ?

Grand Frère ! Faites tout pour retirer de cette loi, les germes de la division, de l’exclusion.

Votre Petit frère depuis Ouahigouya »

Rasmané BARRY
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