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Victimes de l’insurection populaire : Des procédures judiciaires contre des anciens dignitaires du régime Compaoré
Publié le mercredi 1 avril 2015  |  Le Pays
Crimes
© aOuaga.com par A.O
Crimes commis lors de l`insurrection populaire : le MBDHP porte plainte tous azimuts
Mardi 31 mars 2015. Ouagadougou. Centre national de presse Norbert Zongo. Le Mouvement burkinabè des droits de l`homme et des peuples (MBDHP) a animé une conférence de presse pour annoncer qu`il a porté plainte auprès du Tribunal de grande instance de Ouaga et de la Haute cour de justice dans le cadre des crimes commis lors de l`insurrection populaire des 30 et 31 octobre et 2 novembre 2014. Photo : Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP




Le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) a organisé le 31 mars 2015, une conférence de presse au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ). Ce, afin de s’entretenir avec la presse sur « les suites de procédures relatives aux dossiers des martyrs et blessés de l’insurrection populaire, de Norbert Zongo et compagnons ».

« Je m’appelle Abas Ilboudo. Je fais la classe de 4e à Loumbila. J’ai entendu dire qu’il y avait une insurrection populaire, je me suis dirigé vers la ville. On marchait et c’est vers l’aéroport que j’ai entendu un coup de feu. Je ne me suis pas rendu compte que c’était moi. Après le coup de feu, je suis tombé dans le trou. C’est quand j’ai voulu sortir du trou que je me suis rendu compte que j’ai été touché par une balle et que ma jambe était cassée. Les gens de bonne volonté m’ont emmené au Centre de santé Saint Camille. De là, on m’a emmené à l’hôpital Yalgado d’où j’ai été transféré à l’hôpital pédiatrique Charles De Gaulle. Je dois subir une intervention mais l’hôpital ne dispose pas de matériel adéquat. Alors que si dans les prochains jours je ne suis pas opéré, je risque de perdre ma jambe.»

Ce témoignage émouvant est celui d’Abas Ilboudo, qui résume la souffrance des victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre et du 2 novembre 2014. Jusqu’à présent, ces victimes, du moins celles en vie, continuent de souffrir le martyre dans leurs familles respectives, sans qu’aucune autorité ne daigne leur apporter du secours. En témoigne le représentant des victimes, Dramane Ouédraogo, conférencier, qui nous a confié que les victimes de l’insurrection populaire « sont délaissées et l’Etat doit faire quelque chose pour que les choses ne dégénèrent pas ». Le MBDHP ne les a pas oubliés.

C’est la raison pour laquelle il a organisé ce point de presse, afin d’égrener les activités qu’il va entreprendre dans le cadre du soutien aux victimes de l’insurrection populaire. Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP, affirme que « devant l’inertie du pouvoir de la Transition suite aux crimes des 30, 31 octobre et 2 novembre 2014, le MBDHP a décidé de saisir les juridictions et autorités compétentes afin que la vérité sur les assassinats et tentatives d’assassinats perpétrés pendant cette période, soit établie et que justice soit rendue à ces martyrs ».

Il continue. Aussi, le MBDHP tient à informer le peuple burkinabè qu’un collectif d’avocats constitué par ses soins, et avec la collaboration du Syndicat national des avocats (SYNAF), a initié les procédures suivantes : une plainte au nom du MBDHP et des victimes blessées par balles, déposée ce jour 31 mars 2015, entre les mains du doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance de Ouagadougou (TGI), pour assassinats, tentatives d’assassinats, complicité d’assassinats et de tentatives d’assassinats, et ce contre François Compaoré, Assimi Koanda et une plainte contre X. Une requête aux fins de demande de donner ordre de poursuite contre les généraux Gilbert Diendéré et

Honoré Nabéré Traoré et une plainte contre X. Une lettre de demande de mise en accusation de Blaise Compaoré, Beyon Luc Adolphe Tiao et Jérôme Bougouma devant la Haute cour de justice pour les mêmes faits d’assassinats et tentatives d’assassinats, également déposée ce jour 31 mars 2015 entre les mains du président du Conseil national de la Transition. Sur l’affaire Norbert Zongo et ses compagnons, le MBDHP tient à rappeler qu’il a officiellement introduit auprès du Procureur du Faso près le TGI de Ouagadougou, le 19 décembre 2014 sous le numéro 5737, une demande de réouverture du dossier.

A la question de savoir pourquoi c’est après 5 mois que ces poursuites interviennent, Me Prosper Farama explique : «Il y a plusieurs raisons. Ce dossier est assez complexe, nous le reconnaissons en tant que techniciens. On nous a accusés d’être constamment dans la confrontation. Lorsque nous avons commencé le dossier au début, nous avons été les premiers à dire qu’il était inconcevable qu’après une insurrection, ceux qui ont payé du prix de leur vie n’aient pas obtenu justice. On a été incompris. Les gens ont pensé que nous voulions attiser le feu, surtout que les membres de la Transition disaient qu’eux-mêmes voulaient faire justice. Alors nous nous sommes dit que dans ces conditions, il est bon de ne pas se précipiter.

Malheureusement, nous avons eu l’impression qu’on nous faisait tourner en bourrique. C’est dans ce cadre que nous avons fait appel à la coordination des associations pour l’assistance et le secours, pour recenser les blessés à travers la ville, pour auditionner les victimes. Cela a pris du temps. Récemment, il y a eu des déclarations de la ministre de la Justice, du Premier ministre et du président. Nous avions cru qu’enfin, nous étions au bout du tunnel. Un mois après, nous avons constaté qu’il n’y avait aucune volonté. Et c’est là que nous nous sommes dit qu’il faut y aller, advienne que pourra ».

Par ailleurs, le nombre total des victimes décédées de l’insurrection populaire s’élève à 34 morts.

Françoise DEMBELE
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